François LAURENT1851 - 1930
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1307
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1877 - 1930 (Mandalay)
Biographie
[1307] LAURENT François, Jules, est né à Breuches-les-Luxeuil, dans le diocèse de Besançon (Haute-Saône), le 20 janvier 1851. Il fit ses études au célèbre Séminaire de Luxeuil d'où deux futurs évêques de la Société sortirent : Mgr. Mossard et Mgr. Cardot.
Quand éclata la guerre de 1970, le Séminaire dut fermer ses portes et les élèves se dispersèrent. La guerre terminée, le jeune François rentra de nouveau à Luxeuil puis de là, il se dirigea vers la rue du Bac. Il fut ordonné prêtre le 23 septembre 1876 et quitta Paris le 30 novembre suivant pour la Birmanie septentrionale, Mandalay. Il partit avec le Père Haillez destiné à la même Mission.
Pendant les premières années, le Père Laurent étudia la langue et exerça son ministère dans les anciens villages de Nabet, Chaungu, Chanthaywa, Chaungyo. Puis il fut envoyé à Bhamo, mais malade, il dut revenir à Mandalay.
Quand le vicariat de Mandalay fut formé, le Père se trouvait installé à Chaungyo, non loin du Père Charles Pregno Oblats de Marie, italien, qui lui se trouvait à Monlha. En novembre 1882, tous deux se mirent en route pour la retraite annuelle. Mais le Père Oblat mourut en route.
Lors de la conquête de la Haute Birmanie par les Anglais, en 1885-1886, le Père Laurent se trouvait à Monlha. La sécurité des lieux laissait à désirer à cause des brigands. Enfin, il parvint à se mettre en sécurité dans la ville de Shwebo.
De 1890 à 1893, le Père est installé chez les Chins. Mais vu les difficultés rencontrées avec les Anglais, le Père dut revenir au point de départ. Avec lui se trouvaient les Père Jarre et Accarion. A son retour, le Père Laurent s'en retourna à Monlha-Chaungyo et il y demeura pendant près de vingt ans. Sévère pour ses ouailles, il était néanmoins aimé de tous, parce que tous le voyaient dévoué à eux corps et âme.
En 1914, le Père Laurent est âgé de 63 ans. Pour lui éviter la fatigue des voyages, Mgr. Foulquier lui proposa le petit village de Nabet et c'est dans ce village que le Père passa les seize dernières années de sa vie missionnaire.
En 1926, il avait cinquante ans de prêtrise. Des Noces d'Or sacerdotales : jamais on avait vu cela dans la Mission de Mandalay. Aussi, après la retraite, tous les missionnaires, évêque en tête, prenaient le chemin de Nabet. Le 24 novembre fut vraiment une belle journée.
La fête terminée, le Père reprit son petit travail ; mais il s'affaiblissait. En 1928, Mgr. Foulquier lui donna un jeune prêtre comme compagnon et comme aide. Le 7 septembre 1930, le Père Laurent rendait son âme au Seigneur.
L'homme, chez le Père Laurent, ne fut pas exempt de défauts. Comme prêtre il fut irréprochable. Il demeura au milieu de ses chrétiens pendant près de 54 ans sans un seul congé en France. Une seule fois il quitta la Birmanie, ce fut pour aller à Singapour revoir son vieil évêque, Mgr. Bourdon.
Nécrologie
[1307] LAURENT François (1851-1930)
Notice nécrologique
M. LAURENT
MISSIONNAIRE DE BIRMANIE SEPTENTRIONALE
M. LAURENT (François-Jules), né à Breuches-les-Luxeuil (Besançon, Haute-Saône), le 20 janvier 1851. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères, le 22 septembre 1873. Prêtre le 23 septembre 1876. Parti pour la Birmanie Septentrionale, le 30 novembre 1876. Mort à Nabet, le 7 septembre 1930.
Notre cher et vénéré doyen M.Laurent vient de s’éteindre bien paisiblement à Nabet, la veille de la Nativité de la Très Sainte Vierge, à l’âge de soixante-dix-neuf ans et huit mois. C’est le premier missionnaire de cette Mission qui ait atteint cet âge. Malgré sa vieillesse, il administrait encore sa paroisse, aidé par un prêtre indigène. Rien ne nous avait préparés à recevoir la nouvelle de sa mort ; en fait, il est mort à la tâche, sans maladie.
Le dimanche matin, il avait encore reçu la sainte communion, empêché qu’il était souvent de célébrer la sainte messe, avait réglé quelques questions paroissiales avec les anciens du village, cela sans gêne apparente. Vers dix heures il se sentit la poitrine oppressée et, selon son habitude, il appela son domestique pour le masser un peu. Comme le massage n’avait pas produit le résultat accoutumé, il resta au lit et ne parut pas à table à midi. Vers une heure il fit appeler le prêtre indigène, et lui dit à brûle-point : « Donnez-moi l’Extrême-Onction. » Le sacrement une fois administré, il dit encore : « Maintenant donnez-moi aussi l’indulgence plénière. » Le jeune vicaire, bouleversé, sans doute, ne parvenait pas à trouver la page du rituel. Le mourant eut encore la force de lui faire un petit sermon sur la nécessité de bien connaître son rituel. A peine avait-il reçu l’indulgence qu’il sembla s’assoupir : c’était le sommeil de la mort. Le village de Nabet étant plutôt déshérité au point de vue des communications, ce n’est que tard dans la nuit que le télégramme nous apporta la nouvelle. M. Lafon eut le temps de partir et d’arriver à temps pour présider les funérailles, assisté des PP. Georges et Joseph.
Né à Breuches-les-Luxeuil, au diocèse de Besançon, le 20 janvier 1851, François-Jules Laurent fit ses études au célèbre Séminaire de Luxeuil en même temps, ou à peu près, que deux futurs Evêques de notre Société, NN. SS. Mossard et Cardot. Quand éclata la guerre de 1870, le Séminaire de Luxeuil dut fermer ses portes et les élèves se dispersèrent. Le jeune Laurent rentra à Breuches, qui bientôt eut à subir l’occupation allemande. Devenu missionnaire, il ne parlait jamais de l’année terrible sans rappeler que les Allemands avaient emporté son rasoir. Ah ! ce rasoir, il l’eut sur le cœur jusqu’à son dernier jour.
La guerre terminée, il rentra à Luxeuil pour y finir ses humanités, puis se dirigea vers la Rue du Bac. Il fut ordonné prêtre le 23 septembre 1876, et quitta Paris le 30 novembre de la même année, à destination de la Birmanie, en compagnie de M. Haillez, destiné à la même Mission et qui mourut à Bhamo en 1881 après cinq ans de Mission.
Pendant ses premières années, M. Laurent étudia la langue et s’exerça au ministère dans les anciens villages de Nabet, Chaungu, Chanthaywa, Chaungyo. Puis Mgr Bourdon l’envoya à Bhamo ; il n’y resta que sept mois : la fièvre l’avait mis dans un tel état qu’il fut rappelé d’urgence à Mandalay. A partir de cette époque, sa vie se passa presque tout entière dans les anciennes chrétientés.
Quand le Vicariat de Birmanie Septentrionale fut formé et confié à notre Société, deux religieux italiens Oblats de Marie restèrent dans la Mission. M. Laurent, installé à Chaungyo, se trouvait être le plus proche voisin de l’un d’eux, le P. Charles Pregno d’Isola, qui avait sa résidence à Monhla. En novembre 1882, tous deux se mirent en route pour assister à la retraite annuelle à Man¬dalay. A peine avaient-ils franchi la première étape dans la traditionnelle charrette à bœufs, que le P. d’Isola fut subitement atteint du choléra et mourut à Halingyi, gros village païen près de Shwebo. M. Laurent enterra son compagnon et continua sa route. Quelques années après, avec la permission des autorités, ce fut lui encore qui alla exhumer les restes du P. d’Isola pour leur donner une sépulture convenable dans le cimetière chrétien de Monhla.
Lors de la conquête de la Haute Birmanie par les Anglais en 1885-1886, M. Laurent se trouvait à Monhla. Profitant du désarroi général, des bandes de brigands se mirent à parcourir le pays, brû¬lant, pillant, rançonnant. Les villages chrétiens eurent beaucoup à souffrir. Avec son petit troupeau, M. Laurent vécut des jours pleins d’angoisse, se réfugiant dans les bois à la moindre alerte et restant blotti dans les fourrés. Cela dura jusqu’au moment où le gouvernement anglais ayant envoyé de troupes régulières, M. Laurent parvint à rejoindre une des colonnes, qui le ramena sain et sauf à Shwebo. Il fallait l’entendre raconter l’histoire de cette période que dans son langage à lui, il appelait « la débâcle ».
De 1890 à 1893, nous trouvons M. Laurent installé chez les Chins. Mgr Simon l’avait envoyé là pour voir ce que l’on pourrait tenter auprès de ces peuplades. Deux jeunes missionnaires MM. Jarre et Accarion, lui furent adjoints. Mais le Gouvernement britannique vit de mauvais œil cette tentative de missionnaires européens dans un pays mal pacifié, où leurs vies couraient trop grands risques : ils reçurent l’ordre de quitter la contrée.
A son retour de cette expédition malheureuse, M. Laurent s’en retourna à Monhla-Chaungyo. Pendant plus de vingt ans, il administra ces deux chrétientés, et l’on peut dire que c’est là qu’il a laissé son cœur. Sévère pour ses ouailles, élevant souvent la voix plus qu’il n’était nécessaire, il était néanmoins aimé de tous, parce que tous le voyaient dévoué à eux corps et âme. Les enfants avaient ses prédilections : enseigner le catéchisme, former les jeunes âmes à la vie chrétienne, c’était là son occupation favorite, dont il n’au¬rait jamais consenti à se décharger sur d’autres. Régulier comme une horloge, il était toujours là à l’heure fixée pour la leçon de catéchisme, et chaque jour il fut fidèle à ce devoir pastoral jusqu’à la fin. Chaque dimanche, c’était encore le catéchisme qu’il expliquait aux grandes personnes à l’église.
En 1914, M. Laurent avait soixante-trois ans. L’administration des deux villages de Monhla et de Chaungyo lui devenait pénible à cause de la distance et du mauvais état des voies de communication. Pour lui éviter la fatigue des voyages en charrettes à bœufs, Mgr Foulquier lui proposa le petit village de Nabet ; l’offre fut acceptée, mais il lui en coûta beaucoup de se séparer de ses enfants.
C’est à Nabet que M. Laurent passa les 16 dernières années de sa vie. Il y continua le même bon travail, avec la même régularité et le même zèle. En 1926, il avait cinquante ans de prêtrise. Des noces d’or sacerdotales : jamais on l’avait vu cela dans notre Mission. Aussi à l’issue de la retraite, tous les missionnaires, Evêque en tête, prenaient le chemin de Nabet. La cérémonie, fixée au 24 novembre, fête de nos Martyrs, eut un éclat splendide. Les pluies torrentielles ne parvinrent pas à ralentir l’enthousiasme. Entouré d’une vingtaine de confrères, le vénéré jubilaire célébra une messe solennelle avec diacre et sous-diacre, et le soir, à la bénédiction, un Te Deum fut chanté à pleins poumons.
La fête terminée, M. Laurent reprit son petit travail ; mais il s’affaiblissait, et même ne pouvait plus dire la messe tous les jours. Il n’était guère prudent de le laisser seul plus longtemps ; aussi, en 1928, Mgr Foulquier décida-t-il de lui donner un jeune prêtre indigène, qui serait en même temps son aide et son compagnon : sage décision, en vérité, et comme inspirée par la Providence, puisque sa mort fut si soudaine qu’aucun prêtre du voisinage n’aurait pu arriver à temps pour lui administrer les derniers sacrements.
L’homme, chez M. Laurent, ne fut pas exempt de défauts. D’humeur naturellement violente, il avait peine quelquefois à rester maître de lui-même ; en certaines circonstances on voyait un rude combat se livrer en lui. L’âge et la grâce de Dieu avaient fini par adoucir son caractère et ceux qui l’avaient connu dans la force de la jeunesse, auraient eu peine à le reconnaître en ses dernières années. Comme prêtre, il fut irréprochable : zèle, piété, régularité, esprit surnaturel, rien ne lui manqua de ce qui fait le bon prêtre. La Mission perd avec lui un bon ouvrier. Il a travaillé à la vigne pendant cinquante-quatre ans sans arrêt, sans un seul congé en France. Une seule fois il quitta la Birmanie, ce fut pour aller à Singapore revoir son vieil Evêque Mgr Bourdon. Ayant mis la main à la charrue, il n’a jamais jeté un regard en arrière, et c’est pourquoi le Maître, nous en avons l’espérance, a dû le bien recevoir là-haut !
Références
[1307] LAURENT François (1851-1930)
Références biographiques
AME 1917 p. 96. 1930 p. 218. CR décembre 1876 p. 46. 1881 p. 93. 94. 1885 p. 115. 1886 p. 118. 1888 p. 170. 1889 p. 204. 1890 p. 163. 1891 p. 207. 1892 p. 223. 351. 1893 p. 235. 1894 p. 263. 301. 1895 p. 289. 361. 1896 p. 281. 1897 p. 233. 1898 p. 224. 1900 p. 201. 202. 1901 p. 212. 1903 p. 242. 1905 p. 292. 1907 p. 253. 1908 p. 228. 1910 p. 246. 1911 p. 224. 1920 p. 68. 1922 p. 137. 1923 p. 148. 1924 p. 219. 1925 p. 126. 1927 p. 190. 1930 p. 38. 196. 320. 1947 p. 154. 158. 1951 p. 175. BME 1925 p. 645. 1927 p. 58. photo p. 193. 1930 p. 820. 1934 p. 452. 453. 883. 1956 p. 920. 924. 940 sq. 949. 1022. 1959 p. 646. 1960 p. 729. EPI 1969 p. 423. MDA 1949 p. 182. EC1 N° 205.