Pierre GODAIS1853 - 1889
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1331
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1877 - 1889 (Pondichéry)
Biographie
[1331]. GODAIS, Pierre-Marie-Julien, vint au monde le 11 février 1853 à Saint-Jean-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine). Après avoir fait ses études au collège de Vitré, et passé quelque temps au grand séminaire de Rennes, il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 22 septembre 1874, reçut la prêtrise le 24 février 1877, et le 19 avril suivant fut envoyé à Pondichéry. D'abord professeur au collège colonial, ensuite missionnaire dans le district de Manalour comprenant 2 500 à 3 000 chrétiens, il éleva l'église du chef-lieu, en commença une autre à Ammanpettey, et son administration donna de bons résultats. En 1889, il fut chargé du district de Cottapaleam. C'est dans le village de ce nom que la fièvre typhoïde l'enleva le 24 novembre de la même année : « La carrière du P. Godais, a écrit Mgr Laouënan, n'a été ni bruyante, ni variée ; c'était un homme timide, simple, humble, maladif, ce qui ne l'empêcha pas d'être un de nos plus excellents confrères. »
Nécrologie
M. GODAIS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 11 février 1853.
Parti le 19 avril 1877.
Mort le 24 novembre 1889.
M. Pierre-Marie-Julien Godais naquit, le 11 février 1853, à Saint-Jean-sur-Vilaine, au lieu dit la métairie d’Epineray, diocèse de Rennes ; il fut baptisé le lendemain de sa naissance. « Il était le second des sept enfants accordés par le ciel à ses pieux parents, car, écrit M. l’abbé Huchet, à Epineray les traditions chrétiennes étaient en honneur. Aussi, la première enfance du jeune Godais se passa-t-elle joyeuse et sainte ; son père, chrétien du bon vieux temps, aimait ce fils entre tous ses autres enfants, à cause de son naturel doux et tranquille.
« Dès qu’il fut en âge d’aider quelque peu, on lui confiait la garde des bestiaux. Là, dans la solitude et le silence de la campagne, à l’ombre des grands arbres qui entouraient la maison paternelle, il aimait à dresser un oratoire champêtre, et à y prier, pour demander à Notre-Seigneur la grâce de le bien aimer toujours ; et déjà on entrevoyait chez lui une piété précoce et les indices d’une vocation, qui, un jour, lui ferait regarder avec un suprême dédain les sourires de la vie, et dans la beauté de ses vingt ans, consacrer à Dieu tant de pureté, d’intelligence et d’amour.
« A l’école mixte des Sœurs, où il apprit à lire at à écrire, il se fit remarquer par sa bienveillance envers ceux de son âge, sa docilité et son application. Ses amis d’enfance ont gardé le souvenir de son extrême obligeance, qui ravissait tout le monde ; c’était alors le bon petit Godais, et ils ont répété, devenus hommes, à la nouvelle de sa fin prématurée : « Le bon Monsieur Godais est mort ! »
« Je ne lui ai connu qu’une ambition, être le premier au catéchisme lorsqu’il en suivait les leçons, pour se préparer à sa première communion, qui eut lieu à Saint-Jean-sur-Vilaine, le 2 juin 1864.
« Cette année fut pour le jeune Godais, marquée par un deuil qui influa sur le reste de sa vie. Le 9 décembre, il perdait son père qui l’avait tant aimé, et avait espéré le voir prêtre un jour ; et sa mère ayant contracté un nouveau mariage, il ne trouva plus à la maison les égards et l’intérêt affectueux qui avaient été le privilège de sa première enfance, mais il demeura toujours l’enfant soumis et respectueux.
« Sa modestie et sa piété du jeune âge, aussi bien que la délicatesse de ses procédés, qui lui avaient conquis l’affection et l’estime de tous, me l’avaient fait distinguer aussi, et, comme son directeur spirituel, j’admirais les voies de Dieu sur sa jeune âme. Sa mère, à ma prière, me l’abandonna entièrement, et je commençai à compléter ses premières études assez rudimentaires ; ses progrès furent sensibles, et , en 1867, je le plaçai au Collège de Vitré, où il acheva ses humanités, pour entrer en 1872 au grand séminaire de Rennes.
« Le délaissement où il s’était trouvé, après la mort de son père, le préparait à la vie de privations et de sacrifices du missionnaire. Son cœur aimant souffrait de n’être plus auprès de sa mère, de ses frères et de ses sœurs, mais il ne se plaignait jamais. Au collège de Vitré, il a laissé la réputation d’un bon élève par son application au travail, et d’un bon camarade par une vertu forte et aimable, et il aimait à redire que saint Innocent, jeune saint dont les reliques sont en vénération au collège, était son protecteur, et lui faisait gagner les prix qu’il remportait à la fin de chaque année scolaire, pendant le cycle de ses études classiques.
« Quand je fus nommé recteur, en 1871, de la paroisse de Saint-Didier, voisine de Saint-Jean-sur-Vilaine, il retrouvait chez moi, pour ses vacances, une autre maison paternelle, sans être trop loin de sa famille, et il en bénissait le Seigneur.
« Déjà il pensait devant Dieu au ministère des Missions, et l’une de ses lectures favorites était celle des Annales de la Propagation de la Foi, où il aimait à savourer d’avance tous les sacrifices qu’il aurait à faire un jour. Pénétré du désir de sauver des âmes, beaucoup d’âmes, il appelle les lumières de Dieu dans une bonne retraite, et cette nature impressionnable en sort avide d’immolations généreuses, et il me dit ensuite, à moi qui lisais dans son âme : « Dieu me veut ailleurs que dans le ministère paroissial. » Il s’était formé par l’obéissance et la générosité au bon combat, et éclairé du pur rayon du sacrifice, et transfiguré par la prière, il répondait à l’action divine de la grâce, et se présentait au seuil des Missions-Étrangères, où l’attiraient, dans l’expansion de sa charité pour le salut des âmes, ses pensées généreuses de dévouement et de sacrifice. »
Entré au Séminaire de Paris, le 22 septembre 1874, le P. Godais y fut ordonné prêtre le 24 février 1877. Deux mois plus tard, il partait pour la mission de Pondichéry. La fatigue de la traversée lui valut une première fièvre, dont il ressentit les atteintes à Pointe-de-Galles.
« En mission, écrit Monseigneur l’Archevêque de Pondichéry, la carrière du P. Godais n’a été ni bruyante, ni variée ; c’était un homme timide, simple, humble, maladif, ce qui ne l’a pas empêché d’être un de nos plus excellents confrères, bien au contraire. Après avoir passé quelque temps au collège, il fut envoyé dans le district de Manélour, non loin de Kombakonam, dans la riche plaine de Tanjore. Ce district compte entre 2,500 et 3,000 chrétiens, dispersés par petits groupes en une infinité de villages. Manélour même , le chef-lieu n’est qu’une chrétienté assez insignifiante ; mais elle est centrale et d’un facile abord. Quand le P. Godais y arriva, il n’y existait qu’un petit presbytère et les fondations d’une église. Il a construit l’église. Il a en même temps commencé et fort avancé la construction d’une autre église, dans un village nommé Ammampettey, qui constitue la plus forte chrétienté de tout le district, mais qui a le désavantage d’être insalubre et de difficile accès.
« Pendant les dix ou onze ans qu’il administra ce district, il le conserva dans la paix et le bon ordre, aimé et respecté de ses chrétiens et de ceux du voisinage. Aussi, ne fut-ce qu’à regret que je me décidai, après la mort du cher P. Thobois, à l’envoyer à Cottapaléam ( 3,200 chrétiens ), dont je prenais le missionnaire (P. Didier), pour remplacer le cher défunt à Prattacoudy. Il s’y rendit avec joie, et fut bientôt apprécié et aimé des chrétiens de cette mission. Dieu n’a pas jugé à propos de l’y laisser bien longtemps ; il l’a sans doute trouvé mûr pour le ciel, et l’a appelé à lui. Que sa volonté soit faite et bénie ! mais je ne puis m’empêcher d’éprouver un profond chagrin, en perdant ainsi, la même année, trois de mes meilleurs, de mes plus chers collaborateurs : les PP. Ligeon, Thobois et Godais. »
« Venu en septembre à Pondichéry pour y faire sa retraite, écrit le P. Pécheur, il tomba malade de la fièvre. Après quelques jours, se trouvant guéri, il retourna dans son nouveau district, et nous n’avons eu aucune nouvelle de lui jusqu’à la mi-novembre. A cette date, ce cher confrère écrivit une lettre à Monseigneur l’Archevêque, annonçant qu’il avait la fièvre, et demandant son changement immédiat. Il terminait sa lettre en demandant à Sa Grandeur « une bénédiction, qui peut-être, disait-il, sera la dernière. » Avant d’écrire cette lettre, il avait envoyé un exprès au missionnaire le plus voisin, pour le prier de venir à son secours. Celui-ci accourut de suite, du fond de son district, mais en arrivant, il trouva le cher malade sans connaissance. De son côté, Monseigneur l’Archevêque envoya de suite un confrère pour remplacer le P. Godais, et pour plus de précaution, télégraphia à un autre prêtre voisin de se rendre à Cottapaléam.
« Dans l’intervalle, le bon Dieu qui n’abandonne jamais ses missionnaires, qui ont tout quitté pour Lui, fit en faveur du P. Godais, ce qu’on peut appeler un miracle. Un soir qu’il était étendu sans connaissance sur un grand fauteuil, le P. Teyssèdre s’assit à côté de lui, et se mit à prier en silence. Tout à coup, le malade se tournant de son côté, lui dit, en pleine connaissance : « Cher Père, vous ne dites rien. Je vois bien ce qui vous embarrasse. Ne « craignez pas de me dire au juste mon état, et de m’indiquer ce qu’il y a à faire. » Son compagnon, rempli de joie, commence aussitôt à le confesser, et à lui administrer les derniers sacrements, qu’il reçut avec une entière connaissance et une piété admirable. A peine les dernières prières achevées, il retomba dans son délire. De temps en temps, il avait des crises violentes, en sorte qu’il fallait cinq ou six hommes pour le retenir. Quelquefois aussi, il se mettait à chanter des cantiques en l’honneur de la sainte Vierge. Trois confrères se trouvaient réunis autour de lui. Ce n’est que le dimanche, 24 novembre, que notre cher confrère rendit sa belle âme à Dieu, après une longue agonie.
« La maladie qui l’a emporté, est une fièvre typhoïde de la plus mauvaise espèce. Il y a dans le district de Cottapaléam une montagne remplie de forêts vierges, et qui passe pour très malsaine. Plusieurs missionnaires, qui ont tenté d’aller évangéliser les sauvages de cette montagne, en sont revenus avec la fièvre des bois, et quelques-uns sont morts de cette maladie. Ce que voyant, les évêques défendirent à leurs missionnaires de visiter désormais cette montagne, sans une permission expresse.
« Le P. Godais, qui ignorait cette défense, poussé sans doute par son zèle, y fit une simple excursion. Et c’est là, pensons-nous, qu’il aura gagné les germes de la terrible maladie qui l’a emporté. »
Pie Jesu Domine, dona eis requiem !
Références
[1331] GODAIS Pierre (1853-1889)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1908, p. 267. - Sem. rel. Rennes, 1889-90, Notice, p. 568.
Notice nécrologique. - C.-R., 1889, p. 348.