Jean GABILLET1855 - 1937
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1411
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1879 - 1937 (Pondichéry)
Biographie
[1411] GABILLET, Jean Louis naît le 18 avril 1855 à Billio, dans le diocèse de Vannes (Morbihan). Il entre laïque au Séminaire des Missions Étrangères le 17 septembre 1875 et est ordonné prêtre le 8 mars 1879. Destiné à la Mission de Pondichéry, il part le 18 avril de la même année. Il débarque à Pondichéry le 7 mai 1879.
Inde (1879-1937)
Son évêque, Mgr Laouénan, le nomme professeur au Petit séminaire de Pondichéry. Après quelques mois, il est envoyé en paroisse à Attipakam (1), où il s'initie à la langue tamoule. Il apprend vite cette langue, surtout en parlant beaucoup avec les gens, s’intéressant peu aux règles de grammaire, le cadet de ses soucis.
Prêt à travailler dans la brousse, il est envoyé comme assistant du P. Darras à Chetpet (2) dans le North Arcot. A cette époque, la paroisse de Chetpet intègre également Vellantangal et Gingee (3). Alors le P. Darras demande au P. Gabillet d'aller s'installer à Vellantangal, village composé d'anciens chrétiens, remuants et difficiles à conduire. Après quelque temps, il est nommé curé de Gingee. Il se trouve là au milieu de nouveaux chrétiens dispersés dans plusieurs villages et d'anciens chrétiens installés là de père en fils et qui, selon la tradition, remontent à saint Jean de Britto.
Il n'y a point de presbytère, point d'église. Tout est à faire. Le P. Gabillet, plein d'énergie, commence, tout en s'adonnant à l'instruction de ses ouailles, la construction du presbytère près du village et d'une église provisoire qui sert aujourd'hui d'école.
Pour assurer l'avenir de ses nouveaux chrétiens, il achète des champs avec l'argent reçu de sa famille et quelques aumônes. Il donne ces terrains en friche à ses chrétiens pour les exploiter, fournissant semences et attelage de deux petits boeufs pour labourer avec l'espoir que la récolte rapportera de quoi payer l'impôt. Mais il connaît des difficultés, ce qui pourtant ne le décourage jamais. Ce qu'il essaie à Gingee, il le refera plus tard à Cheyyur (4) et à Ravattanallur (4).
De Gingee, il est muté à Sittamur où il ne fait que passer. Il est en effet transféré à Cheyyur dans le North Arcot, une paroisse avec plusieurs dessertes : Tatchur, Puther et Manthurantakam. Il doit assurer les messes dans tous ces endroits. Qu'il pleuve, qu'il vente, rien n'arrête l’intrépide Breton : voilà trois jours qu'il pleut à verse ; la rivière qui sépare Tatchur de Manthurantakam déborde alors que la messe doit être célébrée le dimanche à Tatchur. C'est samedi et la pluie ne cesse pas. Les chrétiens se disent : ‘‘Le Père ne viendra pas, car il est impossible de traverser la rivière’’. Mais le lendemain à 6 heures du matin, le P. Gabillet sonne la cloche afin d'appeler chrétiens à la confession et à la messe, avec sermon et catéchisme comme d'habitude. Le missionnaire a simplement traversé la rivière à la nage.
Sa santé finit par se détériorer et, en 1898, il doit retourner en France pour se soigner. Il revient au bout de trois mois, frais et dispos. Connaissant ses goûts pour la vie des champs, Mgr Gandy l'envoie sur la montagne de Yerkaud (5) s'occuper de la plantation de café San José. Il n’y reste pas longtemps, la Mission craignant qu'il n'abîme la plantation du fait de ses méthodes très personnelles. Il redescend donc dans la plaine à Ravanattanallur (4). Puis, en 1929, après la célébration du cinquantième anniversaire de son sacerdoce, Mgr Morel le rappelle à Pondichéry où il réside à l'évêché. Le 26 octobre 1937, il rend son âme à Dieu.
D’une originalité certaine, le P. Gabillet n’en est pas moins un vaillant et dévoué missionnaire, dur à la fatigue, zélé pour le salut des âmes et fidèle à ses exercices de piété. Toujours à la disposition de ceux qui s'adressent à lui, chrétiens aussi bien que non chrétiens, il a le talent d'attirer les âmes à lui et même de susciter des mouvements de conversions. Du haut du Ciel, il ne peut que continuer à prier pour ses chrétiens tant aimés et pour la Mission et l'Église.
1 – A l’est de Pondichéry.
2 – Au nord-est de Pondichéry.
3 – Distant de plus de 20 km de Chetpet.
4 – Au nord de Pondichéry.
5 – Dans les Shivaroy Hills au nord de Salerne.
Nécrologie
M. GABILLET
MISSIONNAIRE DE PONDICHÉRY.
M. GABILLET ( Jean-Louis ) né le 18 avril 1855 à Billio, diocèse de Vannes ( Morbihan ).
Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 17 septembre 1875. Prêtre le 8 mars 1879. Parti pour Pondichéry le 16 avril 1879. Mort à Pondichéry le 26 octobre 1937.
Quand, le 7 mai 1879, le nouveau venu se présenta devant Mgr Laouënan, celui-ci ne put s’empêcher de manifester sa joie : « A la bonne heure, voilà un nouveau bien bâti, florissant de santé, qui travaillera longtemps dans la Mission ». La prédiction de Mgr Laouënan se réalisa, car M. Gabillet, arrivé à Pondichéry le 7 mai 1879, y mourut le 26 octobre 1937, après 58 ans de mission, dont 50 de vie apostolique active.
Il fut d’abord placé, c’était l’habitude alors, au petit séminaire comme professeur ; mais il s’aperçut bien vite, et ses supérieurs aussi d’ailleurs, qu’il n’avait rien d’un intellectuel ; et, après quelques mois de professorat, il fut envoyé à Attipakam où, sous la conduite de M. Prieur, il devait s’initier à la langue tamoule et aux mœurs et coutumes du pays. Ce fut bientôt fait : il était doué d’un don d’assimilation plus qu’ordinaire. Les livres ne lui disaient pas grand’chose. Il se mit à causer avec les chrétiens et les enfants, et comme il ne manquait pas d’audace, grammaticalement ou non il parlait quand même : il est vrai que son langage n’eut jamais rien d’académique, et que les règles de la grammaire tamoule furent toujours le cadet de ses soucis.
Sachant son jeune missionnaire suffisamment prêt à travailler dans la brousse, Mgr Laouënan l’envoya comme assistant à M. Darras, l’apôtre du North Arcot qui, à cette époque, toujours par monts et par vaux, fondait Chetpet, s’occupait de Vellantangal et convertissait Gingee. C’était beaucoup, c’était trop pour le zélé, disons mieux, l’héroïque missionnaire que fut M. Darras. M. Gabillet, jeune et plein de santé, ne plaignant pas sa peine, arrivait à point. C’était l’homme de la situation. M. Darras l’installa à Vellantangal, village composé d’anciens chrétiens, remuants et difficiles à conduire. Sous la conduite d’un tel maître. M. Gabillet avait encore beaucoup à apprendre. Mais il était d’un caractère assez indépendant et se pliait difficilement aux manières de voir de ses aînés. Il y eut divergences d’idées entre le curé et le vicaire. M. Darras était trop saint homme pour s’en froisser, et en psychologue avisé, il s’aperçut vite que le meilleur parti à tirer de M. Gabillet était de lui laisser les mains libres, quitte à venir à son secours, le cas échéant. C’est ce qui eut lieu et M. Gabillet, par décision de l’autorité, fut nommé curé de Gingee.
Là et dans les environs, M. Darras avait déjà baptisé un certain nombre de catéchumènes qui, dispersés dans plusieurs villages, réclamaient une administration plus assidue, les visites plus fréquentes des missionnaires. Dans deux ou trois villages, il y avait aussi des anciens chrétiens installés là de père en fils et qui, dit-on, remontaient au Bx Jean de Britto qui, dans ses voyages apostoliques, se serait arrêté dans ces régions.
La Mission possédait alors sur le bord de la rivière une pauvre maisonnette très antique et en ruines, peut-être un ex-pagodin qui servait de résidence au missionnaire. Pas de presbytère, pas d’église : tout était à faire. Il y avait là de quoi satisfaire l’activité débordante du jeune M. Gabillet. Il se mit de suite au travail, et tout en s’adonnant à l’instruction de ses ouailles, il commença la construction du presbytère dans un terrain acheté pour cela, plus près du village, et d’une église provisoire qui sert aujourd’hui d’école.
En instruisant ses catéchumènes, M. Gabillet pensait surtout à leur avenir. Breton, fils de cultivateurs, il avait conservé au fond du cœur un grand amour de la vie des champs et de l’agriculture ; il vit là, malgré quelques déceptions qu’il n’avoua jamais du reste, un moyen sinon d’enrichir ses chrétiens du moins d’assurer leur existence. Avec l’argent qu’il recevait de sa famille, à l’aide des aumônes qui lui venaient de divers côtés, il achetait des champs. Il adressait pétitions sur pétitions au gouvernement anglais pour obtenir des terrains en friche qu’il donnait à ses chrétiens pour les mettre en rapport. N’ayant jamais douté de rien, ni de lui-même, M. Gabillet allait de l’avant, fournissant semences, attelage de deux petits bœufs pour labourer, avec espoir de rattraper sur la récolte au moins de quoi payer l’impôt. Mais il y avait souvent loin de la coupe aux lèvres, et jamais notre confrère ne s’est enrichi à ce métier, ni lui, ni ses chrétiens. Un autre que lui se serait découragé, aurait tenté une méthode différente ; lui, jamais. Ce qu’il fit à Gingee, il le fera à Cheyur, et 10 ans plus tard, il recommencera à Ravattanallur.
De Gingee, il fut transféré à Sittamur où il ne fit que passer. M. Mignery, curé de Cheyur, Tatchur, Puthur, et du nouveau poste qu’il venait de fonder à Manthurantakam, ayant été nommé à Wandivash, ce fut M. Gabillet qui lui succéda. Le district, d’une grande étendue, comprenait alors quatre fortes chrétientés populeuses possédant chacune une église et un presbytère. Grâce à son activité, M. Gabillet qui ne craint ni les longues courses à cheval, ni les longs trajets à pied n’hésitera pas, malgré la distance, à assurer la messe, un dimanche sur quatre, à chacune de ces chrétientés. Le premier dimanche, ce sera à Manthurantakam, dont il fait sa résidence à cause des catéchumènes, le second à Puthur, le troisième à Tatchur, le quatrième à Cheyur. Qu’il pleuve, qu’il vente, rien n’arrête notre intrépide Breton. Voilà trois jours qu’il pleut à verse ; la rivière qui sépare Tatchur de Manthurantakam est débordante ; la messe doit avoir lieu dimanche à Tatchur : c’est samedi et la pluie ne cesse pas. Les chrétiens se disent : « Le Père ne viendra pas, car il est impossible de traverser la rivière. » Et le lendemain à 6 heures du matin, M. Gabillet sonnait la cloche afin d’appeler ses chrétiens pour la confession et la messe : il y eut sermon et catéchisme comme d’habitude. Le missionnaire avait simplement traversé la rivière à la nage.
Mais les forces humaines, même soutenues par une volonté énergique, finissent par diminuer. M. Gabillet en fit l’expérience, et en 1898, sur les conseils du médecin, il retourna en France d’où, après un séjour de trois ans, il nous revint frais et dispos. Connaissant ses goûts pour la vie des champs, Mgr Gandy, successeur de Mgr Laouënan, crut bon de le charger de la plantation de San-José. Mais, tel il était parti au pays natal, tel il nous était revenu avec ses idées à lui et ses méthodes personnelles pour cultiver les plants de café et augmenter la production. Là où les autres plantaient, lui arrachait, si bien que si on l’avait laissé faire, les plants de café auraient fini par disparaître tous, ou à peu près de la plantation.
Des hauteurs de Shevaroyhilla, il redescendit dans la plaine à Ravattanallur où il recommença à prêcher, catéchiser, convertir et… acheter des terrains pour donner à ses chrétiens anciens et nouveaux les moyens de devenir moins pauvres, et leur permettre de manger la poule au riz tous les dimanches, du moins l’espérait-il. Là encore il fut déçu, mais pas découragé, et il aurait continué de ce train si, en 1929, après la célébration de son cinquantenaire de sacerdoce, Mgr Morel, archevêque de Pondichéry après la mort de Mgr Gandy, ne l’avait rappelé près de lui pour jouir d’un repos bien mérité. C’est là que le 26 octobre 1973 il rendit paisiblement son âme à Dieu. Il avait reçu les derniers sacrements en pleine connaissance le 21 janvier 1936. Et c’est la grâce insigne que Notre-Seigneur accorda à son vaillant serviteur, car de ce jour jusqu’à sa mort, il vécut en enfance la plus complète, sourd, à moitié aveugle, incapable de comprendre ce qu’on lui disait.
M. Gabillet fut peut-être un peu original, mais un vaillant et dévoué missionnaire, dur à la fatigue, zélé pour le salut des âmes et fidèle à ses exercices de piété. Toujours à la disposition de ceux qui s’adressaient à lui, païens aussi bien que chrétiens. Il avait un réel talent pour attirer les âmes à lui, créer un mouvement de conversions. Du haut du ciel, il continuera de prier pour ses chrétiens tant aimés et pour la Mission de Pondichéry.
Références
[1411] GABILLET Jean (1855-1937)
GABILLET Jean-Louis.
Références biographiques
AME 1894 p. 132. 134. 1938 p. 47. CR 1879 p. 75. 1890 p. 184. 1901 p. 231. 236. 1902 p. 262. 1912 p. 286. 1914 p. 164. 166. 1922 p. 146. 147. 1923 p. 159. 1925 p. 148. 1936 p. 278. 1937 p. 234. 304. 1938 p. 279. BME 1927 p. 769. 1929 p. 305. 1934 p. 885. 1936 p. 307. 1937 p. 891. 1938 p. 64. EC1 N° 367.