Claude MAIRE1848 - 1931
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1417
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1880 - 1931
Biographie
[1417] MAIRE Claude, Henri, est né le 9 juin 1848 à Mandeure, diocèse de Besançon (Doubs). Il fit ses études au Petit et au Grand Séminaire de Besançon. Il fut ordonné prêtre le 31 août 1873, et pendant cinq ans il exerça son ministère comme vicaire dans son diocèse. Il entra aux Missions Étrangères le 16 octobre 1878. Il resta une année au Séminaire de la rue du Bac et partit pour le Yunnan le 3 septembre 1879. Le voyage fut assez long, car il dut attendre à Shanghai d'autres confrères pour partir ensemble vers la Chine occidentale. Ce n'est que dans les premiers mois de 1880 qu'il arriva à Long-ky, résidence de Mgr Ponsot, vicaire apostolique du Yunnan.
Il commença l'étude de la langue chinoise et il fut bientôt envoyé à Kutsin, à l'est de Yunnanfu, région qui venait de s'ouvrir à l'Évangile. Malgré des débuts difficiles, on comptait alors des milliers de Chinois habitant la plaine, avec des indigènes montagnards, pour lesquels M. Maire éprouva une prédilection spéciale. Il travailla comme vicaire du Père Oster, établi à Pe-tchai-kéou, à une journée de Kutsin. Le district était vaste et exigeait beaucoup de déplacements. Aussi, le Père Maire choisit comme résidence le bourg de O-yuen-tchang, grosse agglomération de mille familles. Là, il dut ouvrir des écoles et des catéchuménats pour adultes. Il eut la joie d'administrer de nombreux baptêmes de 1881 à 1884. Mais devant l'hostilité des gens de ce bourg, il se décida à aller s'installer à quelques kilomètres plus loin, à Yo-fong.
En 1890, il fut transféré au poste de Tong-tchouan. C'était un district difficile, et il n'eut pas beaucoup de consolations, tant de la part des Chinois que des indigènes. Il retourna donc à Kutsin, heureux de retrouver les indigènes et les tribus, par exemple, celles des Long-jen. Puis à Tou-dza, il donna beaucoup de baptêmes. Il resta dans la région de Mong-tse jusqu'en 1923. Malgré tout, l'évangélisation n'alla pas sans déboires, et cela le fit souffrir. Il alla se reposer à Hongkong en mars 1923 et revint dans sa mission en janvier 1924.
Il manifesta le désir de se retirer à Y-leang, ville sur la voie ferrée à 60 kilomètres de Yunnanfu. Il passa là les dernières années de sa vie. Dans le courant de mai 1931, il fut indisposé pendant trois jours par une dysenterie qui l'affaiblit beaucoup. Le 9 juin, alors qu'il se préparait à fêter son entrée dans sa 84ème année, sa faiblesse fut telle qu'il dut garder le lit. La dysenterie fit place à l'entérite et le malade ne se fit plus d'illusion sur sa fin prochaine. Il reçut les derniers sacrements avec un grand esprit de foi. Le 24 juin sa faiblesse augmenta et il rendit le dernier soupir le 25 juin 1931 à une heure du matin. Pendant 52 années, M. Maire fournit un dur labeur dans la mission du Yunnan, sans avoir jamais revu la France.
Nécrologie
M. MAIRE
MISSIONNAIRE DE YUNNANFU
M. MAIRE (Claude-Henri), né le 9 juin 1848, à Mandeure (Besançon, Doubs). Entré prêtre au Séminaire des Missions-Etrangères le 16 octobre 1878. Parti le 3 septembre 1879 pour la Mission du Yunnan. Mort à Yunnanfu le 25 juin 1931.
M. Maire (Claude-Henri), qui vient de nous quitter pour aller à Dieu, était couramment appelé parmi nous « le Père Henri », cela pour éviter toute confusion et le distinguer de son homonyme M. Ernest Maire, Provicaire de la Mission. Né le 9 juin 1848 à Mandeure, diocèse de Besançon, il dut se sentir de bonne heure attiré vers l’état ecclésiastique ; les vocations n’étaient pas rares dans sa famille qui, à un certain moment, comptait quatorze prêtres, dont un Vicaire Général.
Il fit toutes ses études, au Petit et au Grand Séminaire, dans son diocèse. Prêtre le 31 août 1873, il fut nommé vicaire, et ce n’est qu’après cinq ans de vicariat qu’il vint frapper à la porte du Séminaire des Missions-Etrangères. Après une épreuve d’un an à la rue du Bac, il reçut sa destination pour le Yunnan ; il quitta le Séminaire le 3 septembre 1879, et dut attendre à Shanghai ceux de ses jeunes confrères qui, destinés comme lui aux Missions de la Chine Occidentale, ne devaient quitter Paris que le 29 octobre suivant. Ce n’est que dans les premiers mois de 1880 qu’il arriva enfin, en compagnie de M. Vial, à Long-ky, résidence de Mgr Ponsot, Vicaire Apostolique du Yunnan.
Après s’être reposé quelque temps et s’être assimilé les pre¬miers éléments de la langue chinoise, M. Maire fut envoyé dans la Préfecture de Kutsin, à l’est de Yunnanfou, région qui venait de s’ouvrir à l’Evangile ; depuis quelque douze ans, des mission¬naires, trop peu nombreux malheureusement, y travaillaient avec entrain. M. Pourias, dans son livre Huit ans au Yunnan raconte les débuts pleins de promesses de l’évangélisation dans ce pays ; les comptes rendus de 1881 à 1884 relatent avec satisfaction l’empressement des populations à venir au catholicisme ; en une seule année 25 villages s’étaient convertis et l’on comptait les catéchumènes par milliers. Dans la plaine les habitants étaient Chinois, mais dans la partie montagneuse, on avait affaire à des gens que, par opposition aux Chinois, on appelait indigènes : ces indigènes ne sont pas sans défauts, mais leur simplicité les rend sympathiques.
C’est parmi ces montagnards encore dans toute la ferveur des débuts que le nouvel arrivé était appelé à faire ses premières armes. De suite il fut conquis, et toute sa vie il conserva pour eux une prédilection marquée ; il n’eut pas, d’ailleurs, à apprendre leur langue, car il comprenait presque tous le chinois, un chinois qui est loin d’être pur ; aussi M. Maire, tout en se perfectionnant dans le maniement de la langue usitée dans cette région, ne pouvait y devenir un sinologue éminent, son âge quelque peu avancé n’était pas pour lui faciliter la tâche.
M. Maire était donné comme aide à M. Oster qui venait d’ouvrir la région de Pe-tchai-keou à une journée de Ku-tsin. La Mission possédait dans ce village une petite maison couverte en chaume ; le confortable y était inconnu ; cela ne pouvait gêner en rien notre confrère qui, par ailleurs, était presque toujours en campagne : on venait le chercher de trois côtés différents de Se-tsong, à trois journées au sud, d’Igny, à deux journées au sud-est, d’Y-o-fong, à une journée à l’est. Il songea bien à transférer son quartier général dans un centre plus favorable que Pe-tchai-keou, pensa à Y-o-fong, et finalement se décida pour le bourg de O-yuen-tchang grosse agglomération de mille familles, chinoises ou mahométanes ; profitant d’une occasion, il y fit l’acquisition d’une habitation convenable. Il n’y résida guère : quatre districts à évangéliser, c’est plus qu’il n’en faut pour absorber toute son activité. Il doit ouvrir des écoles pour les enfants, des catéchuménats pour les adultes ; le personnel enseignant dont il dispose est des plus réduits ; et puis il est difficile de dispenser l’instruction, les gens vaquant à leurs occupations dans les champs tout au long du jour et n’en revenant qu’à la tombée de la nuit. Le missionnaire vint à bout de toutes les difficultés et nombreux furent les baptêmes qu’il administra de 1881 à 1884. Ne se serait-il pas montré quelque peu facile pour la collation du baptême, et n’aurait-il pas dû exiger une instruction plus approfondie ? Il convient de reconnaître que ceux de ses confrères qui travaillaient sur les mêmes éléments et dans les mêmes conditions n’ont pas cru devoir se montrer plus sévères, estimant sans doute que les convertis trouveraient dans leur nombre même un soutien pour leur persévérance.
Malgré les succès obtenus par le missionnaire dans les districts environnants, son installation à O-yuen-tchang ne donna pas les résultats escomptés : dans cette ville, pas la moindre conversion, hostilité de la part de la population, et même une grêle de pierres sur sa maison ! Il se décida à quitter O-yuen-tchang pour Y-o-fong, et, comme la maison lui plaisait, il la transporta tout bonnement, la distance n’est pas considérable, quatre à cinq kilomètres seulement. Le travail commencé par M. Maire dans cette dernière localité et vigoureusement poussé après lui par M. Tapponier porta ses fruits : ce district est assurément celui qui s’est le mieux conservé et, aujourd’hui encore, le titulaire du poste n’y est pas sans consolations.
En 1890, le missionnaire de Tong-tchouan ayant été choisi comme Provicaire et Supérieur de la région du Bas-Yunnan, M. Maire fut transféré à ce poste devenu vacant. Ce n’est pas sans serrement de cœur qu’il quitta ces populations auxquelles il venait de consacrer dix ans d’un dur apostolat. Il sait la région de Tong-tchouan rebelle à l’évangélisation ; ses prédécesseurs MM. Pourias et Ernest Maire, grâce à un zèle peu ordinaire, ont réussi à réveiller ces esprits apathiques et engourdis bien vite retombés dans leur assoupissement. Le nouveau venu ne perd pas courage : il va travailler sur l’élément indigène ; quelle satisfaction ne serait pas la sienne, s’il se produisait là un mouvement de conversions aussi accentué que dans le pays qu’il vient de quitter ! Par malheur, le tempérament de ces races indigènes varie suivant les régions et les milieux ; ce qu’on obtient aisément chez les indigènes réunis en corps compact affranchi de l’influence chinoise, on ne saurait l’espérer de ceux qui sont disséminés parmi les Célestes : peu nombreux, timorés, inconstants, soucieux de ne pas blesser leurs dominateurs, ces aborigènes n’offrent guère prise à l’évangélisation. Aussi ne nous étonnons pas si M. Maire soupirait après son retour parmi ses indigènes de Ku-tsin. Son désir fut bientôt exaucé ; mais auparavant il dut faire un rapide séjour à Mong-tse ; de son passage dans cette ville, il n’y aurait rien à signaler si, hanté par la pensée de l’évangélisation des indigènes et mettant à profit certaines relations, il ne s’était fait conduire à Ou-se-tchong, dans la tribu des Long-jen. Cette simple apparition ne pouvait avoir de suite immédiate, mais peu après, M. de Gorostarzu, qui venait de quitter la procure, sut en tirer parti : il réussit à s’installer dans cette région, d’autres tribus furent entreprises, et non sans succès, car présentement quatre prêtres y prodiguent leurs soins à quelque cinq mille baptisés, et les ca-téchumènes y sont nombreux. Ici encore, M. Maire aura eu le mérite d’ouvrir la voie ainsi qu’il avait fait à I-o-fong. Il retourue donc avec joie à ses indigènes de Tou-dza. Hélas ; les années ont passé, et avec elles aussi les empressements du début. Il marche néanmoins de l’avant, construit des résidences à Tou-dza et à Pan-kiao-ho, et, à l’occasion, repousse courageusement les brigands qui on l’audace de venir l’attaquer ; il s’ingénie, mais sans grand succès, à réveiller la ferveur des anciens jours.
Sur la fin de 1910, M. Maire est de nouveau à Mong-tse ; l’inaction lui pèse, il voudrait évangéliser encore, mais il n’est plus jeune, les moyens lui font défaut plus que jamais, et l’élément qu’il a sous la main se montre réfractaire ; comme ses prédécesseurs il se résigne, mais il souffre ! En mars 1923, il fait un séjour de repos à Hongkong ; ses 42 années de mission lui donnent bien droit à un petit congé. A la même époque, ses anciens condisciples de Besançon, encore nombreux l’invitent à venir en France pour fêter avec eux le cinquième anniversaire de leur prêtrise, s’offrant à le défrayer des dépenses du voyage : un moment cette proposition lui sourit ; il ne la retint pas cependant : il ne voit pas bien ce qu’il pourrait faire en France à son âge et finalement il estime plus digne et plus apostolique de rester fidèle au poste jusqu’à la fin.
De retour à Yunnanfu en janvier 1924, M. Maire manifesta le désir de se retirer à Y-leang, où il pourrait dans le calme termi¬ner sa carrière, non pas qu’il se crût à la veille de sa mort, car il répétait à qui voulait l’entendre qu’il avait rengagé pour dix ans. A Y-leang, ville située sur la voie ferrée à environ 60 kilomètres de Yunnanfu, la Mission possède une résidence mais, par suite de la pénurie des ouvriers apostoliques, elle n’a encore presque rien tenté au point de vue évangélisation : en 1911 M. Oster s’y était retiré, et était mort en 1914. C’est là que notre confrère passa les dernières années de sa vie. Quelques agents de la Compagnie du chemin de fer, quelques rares chrétiens chinois faisaient parfois appel à son ministère. De temps en temps il montait à Yunnanfou : tous nous admirions sa verte vieillesse et nos compatriotes lui témoignaient une véritable vénération. A voir sa démarche assurée et rapide, on hésitait à se croire en présence d’un octogénaire ; il avait une vie très réglée, sa nourriture, qui n’avait jamais été recherchée, était, des plus frugales, ce qui ne l’empêchait pas d’accueillir avec une réelle satisfaction les petites douceurs que nos compatriotes de Y-leang se plaisaient à lui en¬voyer.
Dans le courant de mai 1931, M. Maire fut indisposé pendant deux ou trois jours par une forte diarrhée qui l’affaiblit beaucoup. On l’invita à venir respirer l’air frais et pur de Yunnanfou ; il y arriva le 5 juin. Dès le lendemain la diarrhée le reprenait ; le dimanche 7 juin il put assister du haut de l’étage à la procession du Saint-Sacrement ; le surlendemain 9 juin, alors qu’il se préparait à fêter son entrée dans sa 84e année, sa faiblesse fut telle qu’il dut garder le lit. On fit le nécessaire pour le soulager, mais il arriva ce que l’on constate souvent chez les vieillards, la dysenterie fit place à l’entérite ; dès lors aucune illusion n’était plus possible, la fin ne pouvait être éloignée. Durant toute sa maladie il fut admirablement soigné par nos religieuses et par nos domestiques. Sa résistance était surprenante bien qu’il ne prît presque pas de nourriture. Il reçut les derniers sacrements avec un grand esprit de foi, tout en avouant que nous étions bien pressés de les lui administrer. Le 24 juin, la faiblesse augmentant, il s’affaissa, en même temps que la langue s’embarrassait. Il s’en alla ainsi tout doucement, et ce n’est que le 25, à une heure du matin, qu’il rendit le dernier soupir.
Le corps fut revêtu des ornements sacerdotaux. Les chrétiens vinrent nombreux réciter les prières des morts. Les funérailles eurent lieu le 27 juin ; nos compatriotes tinrent à y assister, voulant par là donner au vénérable missionnaire un dernier témoignage de respect et de sympathie. M. Maire avait ardemment souhaité revoir son Evêque et recevoir sa dernière bénédiction ; cette consolation lui fut refusée : Son Excellence dut s’attarder quelque peu au Tonkin et n’arriva à Yunnanfou que le 30 juin, trois jours après les funérailles de son vieux missionnaire.
M. Henri Maire disparaît après avoir fourni 52 années d’un dur labeur dans sa Mission du Yunnan, sans avoir jamais revu la France. Il est allé recevoir la couronne promise au bon et fidèle serviteur, et, nous l’espérons, intercéder auprès de Dieu pour ses confrères restés dans l’arène.
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Références
[1417] MAIRE Claude (1848-1931)
Références bio-bibliographiques
AME 1931 p. 185. CR 1879 p. 75. 1881 p. 44. 1882 p. 37. 1884 p. 77. 1888 p. 92. 1891 p. 106. 1894 p. 147. 1895 p. 150. 1899 p. 136. 1900 p. 105. 106. 110. 1903 p. 125. 1905 p. 86. 1908 p. 143. 1909 p. 114. 1910 p. 112. 1912 p. 146. 1931 p. 96. 97. 276. 365. 1933 p. 254. 366. 1947 p. 286. BME 1923 p. 315. 1924 p. 180. 1929 photo p. 496. 1930 p. 806. 1931 p. 597. MC 1948 p. 18 (art.). EC1 N° 224.