Herman METGE1858 - 1892
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1607
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1884 - 1892 (Penang)
Biographie
[1607]. METGE, Herman-Pierre-Jean-François (Armand), vint au monde le 23 juillet 1858 dans la paroisse d'Arjac, commune de Saint-Cyprien-sur-Dourdon (Aveyron). Après ses études classiques faites au petit séminaire de Saint-Pierre, il se présenta au Séminaire des M.-E. le 11 septembre 1880, fut ordonné prêtre le 20 septembre 1884, et envoyé le 5 novembre suivant au Collège général de Pinang, où il demeura sept ans. Voici les fonctions qu'il y remplit : décembre 1884, chargé de la bibliothèque ; 5 juillet 1885, professeur de liturgie ; 24 novembre 1885, professeur de théologie ; 19 juin 1888, secrétaire du Conseil tout en restant professeur.
Rappelé en France le 8 janvier 1892 par le Séminaire des M.-E., comme directeur du séminaire de l'Immaculée-Conception à Bièvres, il quitta Pinang le 26 février suivant, et débarqua à Port-Saïd pour faire un pèlerinage à Jérusalem, d'où il rapporta des germes de fièvre typhoïde. Le lendemain même de son installation à Bièvres, il s'alita ; et le 7 mai 1892 il rendait son âme à Dieu. Il fut inhumé dans le cimetière situé dans le parc du séminaire de l'Immaculée-Conception. A une belle intelligence, il joignait un caractère plein de douceur et une grande modestie. "
Nécrologie
M. METGE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE, DIRECTEUR DU COLLÈGE GÉNÉRAL
Né le 23 juillet 1858.
Parti le 5 novembre 1884.
Mort le 7 mai 1892.
M. Armand Metge a été un des plus brillants élèves du petit sémi¬naire de Saint-Pierre (sous Rodez). L’Annuaire de cet établissement a consacré à sa mémoire une notice nécrologique, dont nous re¬produisons à peu près intégralement le texte, nous contentant d’encadrer dans le récit quelques détails complémentaires.
Le P. Metge était né à Arjac, petite paroisse du canton de Conques, d’une famille très aisée, plus chrétienne encore, fort estimée dans le pays. Tout enfant, il montra beaucoup d’intelligence et d’heu¬reuses dispositions à la piété. Après les premières leçons reçues au village, il fut envoyé au petit séminaire de Saint-Pierre, en oc¬tobre 1872. Entré d’abord en huitième, il se distingua aisément parmi ses petits condisciples, et n’eut pas de peine à occuper le pre¬mier rang, qu’il ne céda jamais, qu’il conserva jusqu’à la fin de sa rhétorique, pendant les huit ans qu’il passa au petit séminaire.
En juillet 1880, nous le voyons sortir avec grand honneur de la maison, littéralement chargé de couronnes que lui valaient les quinze prix de sa dernière année. Ses succès, dans toutes les bran¬ches de l’enseignement, étaient relevés par un grand amour du tra¬vail, par un caractère plein d’énergie, et, ce qui vaut mieux encore, par une tendre et solide piété.
Pendant ces années du petit séminaire, son âme concevait déjà la pensée de devenir missionnaire, pensée qu’il se plaisait à nourrir par de fréquentes lectures, où il se prenait d’enthousiasme pour la vie apostolique. Aussi, au sortir de la rhétorique, renonçant aux grades universitaires qu’il aurait pu facilement conquérir, il s’empressa d’entrer au Séminaire des Missions-Étrangères de Paris, où l’avaient précédé plusieurs de ses anciens condisciples, parmi lesquels le jeune Auguste Séguret, qui devait quelques années plus tard, dans le Laos Tonkinois, être mis à mort pour le nom de Notre-Seigneur Jésus-¬Christ, en haine de la Foi et de la France.
Le séjour de M. Metge au Séminaire des Missions-Étrangères dura quatre ans, et se passa dans l’étude sérieuse de toutes les sciences ecclésiastiques, dans les exercices de la piété la plus fer¬vente, dans la plus entière régularité. Le cours des études achevé, le jeune aspirant ordonné prêtre recevait sa destination pour le Col¬lège Général de Pulo-Pinang.
Avant de s’embarquer pour sa lointaine mission, une visite à son pays, à sa famille, au petit séminaire lui fut accordée.
Nous le reçûmes avec bonheur. Il était heureux lui-même de nous revoir dans un bien court passage.
Nous le trouvâmes mûri par les années de son séminaire, et sain¬tement impatient d’aller enseigner dans un grand Établissement où sont admis de jeunes enfants venus de la Corée, du Japon, de l’An¬nam, de la Birmanie, etc., pour suivre les leçons du latin qui est leur langue commune, et les cours de philosophie et de théologie. C’est là que le P. Metge a passé huit ans, professant d’abord la langue latine, et bientôt la Théologie dogmatique et morale, dont il a été chargé jusqu’à la fin.
Nous ne connaissons rien de plus particulier sur le séjour du P. Metge au Collège Général : nous savons seulement que par sa science, sa piété et toutes ses belles qualités de l’esprit et du cœur , il y faisait le plus grand bien.
En décembre 1891, une place de Directeur au Séminaire de l’Im¬maculée-Conception de Bièvres étant devenue vacante par la mort du regretté P. Favreau, c’est à ce poste de confiance et de dévoue¬ment que fut appelé le P. Metge.
Qui pourrait dire les déchirements de son cœur, à la séparation de ses chers élèves de Pinang, auxquels il croyait avoir donné sa vie sans retour ? — Cependant l’obéissance le rappelait à Paris, et il se soumit comme un enfant.
Le voilà qui reprend le chemin de la France, venant se dévouer à la formation des jeunes aspirants à l’apostolat.
Débarqué à Port-Said, sa piété le porta à faire le pèlerinage de Jérusalem, bientôt suivi de celui de Rome.
Il arrive enfin à Marseille, écrit de là à sa famille une lettre qui la combla de joie, joie, hélas ! sitôt changée en amère tristesse.
Il rapporte de ces saintes pérégrinations le germe de la maladie qui va le conduire si rapidement au tombeau.
Le lendemain même de son installation au Séminaire de Bièvres, le lundi 25 avril, il s’alite et ne se relève plus. Dès le début, notre cher malade eut comme le pressentiment de sa mort prochaine. On avait beau chercher à combattre cette idée fixe en lui, lui affirmer que sa maladie n’offrait pas de danger, que c’était simplement une affaire de temps, il répondait : « Je voudrais bien chasser cette idée, mais je ne puis, elle revient toujours. »
Un aspirant, son compatriote et son cousin, nous a dit : « De tous les confrères, j’étais le seul, en qualité de petit cousin, à avoir entrée libre chez le malade. C’est de bien grand cœur que je me rendais auprès de lui, parce que à chaque fois je pouvais rapporter quelque bel exemple d’édification et de soumission parfaite à la volonté céleste. Il ne voyait en tout que la volonté du bon Dieu. « Comme le bon Dieu voudra, disait-il. » Le premier jour du mois de mai, je lui dis : « Nous allons bien prier la très sainte Vierge pour vous, mon Père. » — « Vous me ferez grand plaisir, car ici je ne puis même pas prier, tellement mon esprit est troublé. Je ne puis m’arrêter à aucune pensée, sans me fatiguer beaucoup. C’est toujours la même idée (de sa mort prochaine) qui me revient. »
Cependant on avait pensé tout d’abord que la fièvre ne provenait que de l’excès des fatigues éprouvées au cours du pèlerinage de Jéru¬salem et de Rome, et on espérait que quelques jours de repos en au¬raient facilement raison. Hélas ! cet espoir ne dura guère. Dès les premiers jours, la fièvre typhoïde se déclare et revêt bientôt les caractères les plus alarmants. Malgré les soins si intelligents et si dévoués du P. Holhann, qui se trouvait providentiellement à Bièvres en ce moment, le mal fait des progrès rapides. Au bout d’une douzaine de jours, le 7 mai, premier samedi du beau mois de Marie, aux premières vêpres du Patronage de saint Joseph, le cher malade rendait paisiblement son âme à Dieu, dans les sentiments les plus admirables de piété et de sainte résignation. Voici ce qu’a relaté par écrit le témoin de ses derniers moments :
Je le vois encore se tourner vers moi, le sourire sur les lèvres. « Ah ! mon cher ami, me dit-il, si vous saviez combien je suis content, combien je suis heureux de mourir ! Que j’ai de joie d’aller à Dieu ! Dieu ne peut pas me faire plus grand plaisir que de m’ap¬peler. » Puis, fixant les yeux sur le crucifix qu’il avait toujours eu avec lui depuis son entrée au Séminaire des Missions-Étrangères, il commença et continua pendant plus d’une heure la belle prière suivante :
« O mon Dieu, je vous adore, je vous aime de tout mon cœur , et me soumets sans réserve aucune à votre très adorable volonté. Je vous appartiens, faites de moi tout ce que vous voudrez ; si c’est la mort, je vous loue ; si c’est la souffrance, je vous bénis ; si c’est la guérison, je vous rends grâces. — Puis il récitait le Gloria in excelsis. — Mon Jésus, je crois en vous, j’espère en vos mérites infinis, je vous aime de tout mon cœur , sans réserve : Oh ! que je voudrais vous aimer davantage ! Que je regrette de vous avoir offensé, et d’avoir été si tiède dans mes exercices de piété ! — O mon très doux Jésus, que vous avez été bon pour moi ! Que de grâces vous m’avez données ! et moi, j’y ai si peu répondu ! Votre infinie bonté me fait espérer que vous ne rejet¬terez pas l’ouvrage de vos mains. Venez, ô Jésus ! me recevoir, je me jette en toute confiance entre vos bras ; je m’abandonne tout entier à votre Providence ; je me cache dans votre divin Cœur avec tous mes défauts, mes imperfections, et le peu de bien que j’ai fait. — O sainte Vierge, qui m’avez toujours gâté, veillez sur moi, assistez-moi, donnez-moi la force d’aller jusqu’au bout. — O Mère des Missionnaires, j’ai bien peu travaillé à la vigne du Seigneur, recevez ma bonne volonté. Oh ! que je vais être heureux au ciel, quand vous m’y introduirez. — Janua cœli, ara pro me nunc et in hora mortis. — Oh ! bientôt voir Dieu face à face, me perdre en son immensité, habiter avec Jésus, Marie, Joseph, les Anges, les Martyrs, les Apôtres et tous les Saints ! — Oh ! qu’il me tarde de quitter cette misérable terre où il y a tant de mal !... Il faut, il est vrai, des ouvriers ; mais, ô Marie, recevez le sacri¬fice de ma vie pour qu’ils soient nombreux, et surtout excellents, vraiment des hommes du bon Dieu. »
C’est par ces paroles, et grand nombre d’autres non moins ferventes, que pendant plus d’une heure il exprima sa joie et son espérance. — Puis il recommençait sans cesse. — Il eut un mot aussi pour sa famille, et le nom de sa mère mêlé à celui de sa Mère du ciel fut souvent prononcé. — Puis il me dit qu’il se fatiguait à parler, et me pria de l’exhorter à recevoir les derniers sacrements, de lui parler du bon Dieu, de la sainte Vierge.
Il invoqua aussi souvent Notre-Dame de Lourdes : « Certainement, disait-il, elle peut me guérir ; elle m’a bien accordé d’autres faveurs plus précieuses. »
Ensuite s’adressant à son bon ange, il lui demanda pardon de l’ou¬blier, le remercia de l’avoir si visiblement protégé, et le pria de l’as¬sister tout spécialement aux derniers combats.
La fièvre redoublant alors d’intensité, le délire s’empara de lui, et il ne cessa plus de parler de son cher Pinang, où il voulait à toute force retourner, du ciel et du purgatoire.
Durant le cours de la dernière nuit qu’il passa sur cette terre, on aurait dit que quelque vision céleste lui apparaissait. Je le vois, les yeux constamment fixés sur le même point, sourire plusieurs heures consécutives, tendre les bras comme pour saisir un objet dont la beauté se trahissait dans la joie de son visage.
C’est à peine si une fois il sembla avoir peur. Comme il tremblait, je lui adressai la parole pour le tirer de ce mauvais rêve. Ses mains repoussèrent alors comme un objet hideux, et je saisis distinctement ces paroles : « Va-t’en, méchant, malin, tu n’as rien à faire avec moi » ; et de nouveau le sourire s’épanouit sur son visage, et ses yeux se fixèrent en haut.
Durant tout le temps de son agonie, il eut les yeux fixés sur le même point ; elle fut assez longue, mais très douce. Enfin il s’endormit dans le Seigneur entre midi et midi et demi, le samedi 7 mai, veille du Patronage de saint Joseph, patron spécial de la Société des Missions- Étrangères.
Ainsi est mort le P. Armand Metge à peine âgé de trente-quatre ans.
Que les jugements et les desseins de Dieu sont différents de ceux des hommes ! Qui aurait pu soupçonner que ce cher P. Metge, encore bien jeune, plein de vie et de santé, arriverait du fond de l’lndo¬-Chine à ce Séminaire des Missions juste pour y mourir, et se coucher dans la tombe à côté de celui dont il venait prendre la place ? — En disparaissant de ce monde, il laisse sa communauté et ses nombreux amis dans une grande tristesse ; il plonge son père, sa mère, ses frères, sa sœur , dans la désolation la plus profonde.
Que tous se consolent à la pensée de sa vie si bien employée au ser¬vice de Dieu et des âmes, à la pensée de sa mort qui a été celle d’un véritable saint...
C’est au pied d’une statue de la Vierge Immaculée, dans l’enclos même du Séminaire de Bièvres, qu’ont été solennellement déposés, le 9 mai 1892, les restes du cher Père que nous pleurons, à côté des restes du P. Favreau. Ils attendront là leur résurrection glorieuse, tandis que de nombreuses générations de jeunes aspirants à l’apos¬tolat iront chaque jour les vénérer, y déposer leurs prières, et y respirer le parfum des vertus qui font le véritable missionnaire de Jésus-Christ.
Références
[1607] METGE Herman (1858-1892)
Bibliographie. - Les deux opuscules suivants ont été imprimés à l'imprimerie de Nazareth, Hong-kong.
Cæremoniale ministri missæ privatæ secundum ritum romanum. - 1890, in-18, pp. 35 ; 2e édit., 1898, in-18.
Cæremoniale duorum acolythorum, ministris sacris deficientibus. - 1891, in-18, pp. 34.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1892, p. 256. - Rev. rel. Rodez et Mende, 1892, pp. 318, 366. - Annuair. petit sém. Saint-Pierre, 1877-78, p. 130 ; 1881-82, p. 193 ; 1891-92, Sa mort, p. 174.
Notice nécrologique. - C.-R., 1892, p. 340.