Joseph CUAZ1862 - 1950
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 1673
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Biographie
[1673] Marie-Joseph Cuaz est né le 8 décembre 1862 en la paroisse Saint François de Lyon (Rhône). Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de l'Argentière. Entré laïc au Séminaire des Missions Etrangères le 17 septembre 1881, il est ordonné prêtre le 27 septembre 1885 et destiné au Siam. Il part en mission le 18 novembre suivant.
De 1886 à 1899, il est curé de Chanthabun et y construit une église. En 1886, il fonde la chrétienté de Paknam. Le 13 mai 1899, il est nommé premier vicaire apostolique du Laos, détaché de la Mission du Siam. Préconisé évêque d'Hermopolis le 22 juin, il est sacré le 3 septembre 1899 à Bangkok.
Mgr. Cuaz s'installe à Nong Seng sur la rive siamoise du Mékhong, poste que le P. Berthéas, arrivé au Siam l'année précédente et venu avec l'évêque, transformera en un centre important avec tous les bâtiments nécessaires à la vie d'une mission. De ce centre, Mgr. Cuaz rayonne en tous sens, visitant ses missionnaires et leurs chrétientés, encourageant et soutenant toutes les œuvres, se donnant tout entier à son ministère, enseignant lui-même les nouveaux missionnaires pour lesquels il a composé plusieurs livres en laotien : dictionnaire franco-laotien, manuel de conversation franco-laotienne.
Ce surmenage porte atteinte à sa santé, si bien qu'en 1908, il doit rentrer en France : il va y rester encore quarante-deux ans. En 1912, il donne sa démission et se retire à Lyon chez sa sœur; à la mort de cette dernière, il entre en 1933 ou 1934 au Sanatorium de Montbeton où il restera encore dix-sept an .
En septembre 1950, sa santé se détériore ; le 16 novembre de cette même année, il rend son âme à Dieu. Il est enterré le 18 novembre au cimetière du Sanatorium de Montbeton.
Nécrologie
Mgr CUAZ
ANCIEN VICAIRE APOSTOLIQUE DU LAOS
Mgr CUAZ (Marie-Joseph) né le 8 décembre 1862 à Lyon (Rhône). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 17 septembre 1881. Prêtre le 27 juillet 1885. Parti pour le Siam le 18 novembre 1885. Evêque d’Hermopolis et Vicaire apostolique du Laos en 1899. Démissionnaire en 1912. Mort au sanatorium de Montbeton le 16 novembre 1950.
Il est un peu difficile à un missionnaire du Laos de retracer convenablement la longue vie du premier Vicaire apostolique de cette Mission. La raison en est que Mgr Cuaz a été peu connu au Laos. Il y arriva après quatorze ans passés au Siam et il n’y resta que neuf années, obligé par la maladie de s’éloigner de sa Mission où il ne reparut jamais durant les quarante-deux ans que devait encore durer sa vie. Mon plus lointain souvenir concernant notre digne et saint évêque remonte au temps où, étant encore au Séminaire, mais déjà destiné au Laos, un vieux missionnaire, le P. Holhann, Supérieur de Béthanie à Hongkong, me disait : « Soyez heureux d’être envoyé au Laos, un si saint évêque vous y attend. » Et c’était bien vrai. Saint et humble, ne parlant jamais de lui, ni de son pays, ni de Sa famille, on n’a jamais rien pu savoir de son curriculum vitae ! Tout ce que livrent les archives du Séminaire, c’est que Marie-Joseph Cuaz naquit à Lyon, paroisse Saint-François, le 8 décembre 1862, fête de l’Immaculée-Conception, pour laquelle il professa toujours un culte si tendre et si filial.
Après avoir terminé ses études au petit Séminaire de l’Argentière, il entra au Séminaire des Missions-Étrangères. Ordonné prêtre le 27 juillet 1885, il partit pour le Siam le 18 novembre de la même année. Il laissait à Lyon un frère aîné, prêtre du diocèse.
De 1886 à 1899 il fut curé de Chanthabun et y construisit l’église. En 1886, il fonda la chrétienté de Pak-Nam. Ce fut le 12 mai 1899 qu’il fut choisi par le Saint-Père comme premier Vicaire apostolique du Laos, détaché de la Mission du Siam. Préconisé évêque d’Hermopolis le 22 juin, il fut sacré le 3 septembre à Bangkok.
Mgr Cuaz s’installa alors à Nong-Seng, sur la rive siamoise du Mékong. Presque tout était à faire. Il avait amené avec lui un jeune compatriote, le P. Berthéas, arrivé au Siam en 1898. Plein d’allant, habile à dresser des plans et à les réaliser au meilleur compte, procureur « défendant sa caisse comme la tigresse défend ses petits », le P. Berthéas fit rapidement de Nong-Seng un centre important comprenant tous les bâtiments nécessaires à la vie d’une mission, avec orphelinat, écoles, couvent de Sœurs indigènes. C’est de là que Mgr Cuaz rayonnait en tous sens, visitant ses missionnaires et leurs chrétientés, encourageant et soutenant toutes les œuvres, se donnant tout entier à son ministère. Les confrères qui l’accompagnaient dans ses chevauchées racontaient qu’avec lui les déplacements n’étaient pas de tout repos. Petit, nerveux, monté sur son pur sang, il faisait de longues courses interrompues parfois par une culbute trop précipitée, heureux encore quand le cheval ne posait pas le sabot sur la figure de sa victime ! Mais on peut être sans honte médiocre cavalier tout en étant saint évêque. Et, après chaque incident, on commentait gravement les causes de la chute : chemin défectueux et glissant !…
A l’évêché sa porte était toujours ouverte à tout venant, missionnaire ou chrétien. C’est là qu’il donnait lui-même aux nouveaux confrères les premières leçons de langues, siamoise et laotienne. C’est là que j’ai pu admirer son inébranlable patience pour inculquer à ses honorables élèves la prononciation avec les tons particuliers. Il leur faisait composer de petites phrases de langage courant qu’il corrigeait devant eux avec simplicité, douceur, patience, des compliments même : c’était toujours bien !
Il avait déjà composé quelques livres en laotien pour aider les missionnaires dans leur tâche : dictionnaire franco-laotien, manuel de conversation franco-laotienne qui rendaient de précieux services aux jeunes missionnaires et même aux anciens. Il avait des prédispositions particulières pour ces langues (annamite, siamois, laotien), et on peut dire que toute sa vie il y travailla d’arrache-pied, corrigeant, raturant, s’enquérant des nouveautés linguistiques en usage au Siam et au Laos. Il fut la Providence de ceux qui voulaient apprendre ces langues et on ne peut qu’admirer sa compétence et son acharnement à faire toujours mieux.
Le surmenage qu’il s’imposa dans ce domaine et dans l’accomplissement de ses devoirs d’évêque d’une jeune Mission, porta si fortement atteinte à sa santé, qu’en 1908, il fut obligé de rentrer en France. En 1912, prévoyant qu’il ne pourrait pas se rétablir, il donna sa démission. Il me souvient encore de la lettre émouvante qu’il envoya à ses missionnaires à cette occasion. — « Inutile de vous apitoyer sur mon sort, écrivait-il, priez pour moi qui reste toujours votre confrère. » Et il vécut toute sa vie de la pensée du Laos, de ses vicissitudes, de ses progrès, s’intéressant à tout et à tous, se souvenant pendant de longues années des noms de villages et de chrétiens qu’il avait connus. Quelles souffrances morales le saint évêque ne dut-il pas subir de l’éloignement forcé de sa chère Mission !
Retiré chez sa sœur à Lyon, sa demeure familiale devint une maison d’accueil pour les missionnaires mobilisés de la guerre 1914-1918 ou de passage à Lyon. S’il rencontrait un confrère du Laos, il était enchanté de le revoir et de parler de tous les postes chrétiens dont il a gardé le souvenir des lieux et des gens.
D’après les renseignements fournis par le sanatorium de Montbeton, Mgr Cuaz y arriva en 1933 ou 1934. Il venait de Lyon où il vécut de nombreuses années en compagnie de sa sœur. A la mort de celle-ci, il demanda à se retirer à Montbeton et s’installa définitivement au sanatorium pour y attendre l’heure du Bon Dieu. Cette heure devait se faire attendre dix-sept ans. La vie de Monseigneur dans cette maison fut calme et tranquille. Le matin, il célébrait la messe avec une profonde piété et prolongeait longuement son action de grâces. Vers dix heures, il descendait à la chapelle et passait un bon moment en adoration devant le Saint-Sacrement. A seize heures, il ne manquait jamais de faire se visite à l’Hôte divin.
Pendant son séjour à Lyon, il acceptait volontiers de remplacer les évêques pour les ordinations ou poux les tournées de confirmation, en particulier dans les diocèses de Cambrai et de Montauban. Ce furent ses derniers travaux. Puis il vécut dans le calme le plus complet, fidèle au règlement de la communauté, exact à tous les exercices et donnant ainsi toujours le bon exemple. Il ne permettait pas qu’on eût des égards particuliers pour sa personne. Lors de ses noces d’or, il n’accepta pas qu’on le fêtât. « Je ne le mérite pas », disait-il. Il préféra passer ces journées à Lourdes dans le recueillement aux pieds de la Bonne Mère, la priant de l’aider à remercier son divin Fils des grâces reçues pendant ces cinquante ans de sacerdoce.
En 1945, malgré les pressantes instances des missionnaires, il ne permit pas qu’on fît une solennité en son honneur à l’occasion de ses noces de diamant. D’une humilité peu commune, il tenait à vivre ignoré et caché, ne voulant nullement se distinguer de ses confrères. Les dernières années de sa vie, devenu sourd, et ne pouvant plus suivre les conversations, il demanda à prendre ses repas dans sa chambre, passant son temps à prier, à faire de pieuses lectures, à réviser et compléter ses dictionnaires. Jusque-là son état de santé était assez bon. Ce n’est qu’en septembre 1950, que ses jambes commencèrent à enfler. Le médecin lui donna des remèdes et l’obligea à un régime fort sévère qui ne produisit pas grand effet. Un autre traitement plus sévère encore que le premier eut de bons résultats, mais le fatigua beaucoup : l’appétit disparut, les forces diminuèrent et finalement il dut s’aliter. Au début de novembre, Mgr Cuaz reçut avec grande piété les derniers sacrements. A partir de ce moment-là, le vénéré malade déclina rapidement. Le 16 au soir, il rendit doucement son âme à Dieu, sans souffrance apparente.
Le 18 novembre à dix heures, le P. Massard, compatriote de Mgr Cuaz, célébra la messe des funérailles. Etaient présents Mgr Lemaire, Supérieur général de la Société des Missions-Etrangères ; Mgr de Courrèges, évêque de Montauban ; Mgr Bourdeaux, son Vicaire général et M. le Chanoine Cancel, curé de Montauban ; M. le Chanoine Liste, ancien missionnaire à La Réunion et plusieurs prêtres de la maison de retraite du diocèse de Montauban ; tous les missionnaires du sanatorium des Missions-Étrangères, les Supérieurs de la maison Bellisson et des Religieuses de trois communautés de la Présentation de Tours à Montbeton et enfin quelques amis de notre sanatorium Saint-Raphaël ; tous accompagnèrent le vénéré prélat à sa dernière demeure où reposent plus de cent trente membres de la Société.
Mgr Cuaz nous laisse l’exemple d’une admirable soumission à la volonté divine et d’une très grande piété.
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Références
[1673] CUAZ Joseph (1862-1950)
Références biographiques
AME 1899 p. 180. 1900 p. 94. 96. 98. 99. 133. 137. 1905 p. 184. 1906 p. 98. 243. 244. 353. 361A. 1907 p. 79. 83. 368A. 1910 p. 168. 234A. 1913 p. 198. 199. 1919-20 p. 357. 358. 439. 1936 p. 103. 284. 1937 p. 105. 106. CR 1885 p. 144. 1889 p. 186. 1890 p. 265. 1899 p. 2. 239. 1900 p. 176. 180. 208 sq. 214. 216. 1901 p. 217. 1902 p. 244. 319. 361. 1903 p. 247. 1904 p. 238. 1905 p. 149. 231. 1906 p. 188. 219. 1907 p. 256. 1908 p. 231. 1909 p. 219. 1910 p. 249. 1911 p. 226. 377. 1912 p. 7. 1913 p. 274. 1920 p. 103. 112. 1921 p. 194. 1927 p. 165. 1931 p. 236. 1934 p. 255. 256. 1935 p. 310. 1936 p. 230. 1940 p. 137. 1947 p. 149. 1950 p. 139 sq. 1951 p. 120. BME 1922 p. 384. 496. 681. 699. 1925 p. 58. 1927 p. 455. 493. photo p. 521. 1933 p. 238. 595. 1934 p. 750. 883. 1935 p. 214. 250. 1936 p. 72. 162. 225. 923. 1937 p. 458. 1940 p. 364. 1957 p. 270. 1958 p. 790. 1959 p. 360. Miss. d' Asie 1950 p. 173A. EC RBac N° 14. 17. 24. 30. 72. 108. 131. 257. 258. 279. 303. 327. 343. 355. 420. 472. 486. 487.
Bibliographie
CUAZ Marie Joseph Mgr (1862-1950)
Etude sur la langue laocienne / par M. J. Cuaz, évêque d'Hermopolis, vicaire apostolique du Laos. - Hongkong : Impr. de la Société des Missions Etrangères, 1904. - 139 p. ; 16°.
Lexique français-laocien / par M.J. Cuaz, évêque d'Hermopolis, vicaire apostolique du Laos. - Hongkong : Impr. de la Société des Missions Etrangères, 1904. - LXXV-490 p. ; 17x22 cm.
Contes siamois et laotiens / trad. par Mgr Cuaz. - Paris : Séminaire des Missions Etrangères, 1906. - 24 cm. In : AME 9 (1906) 98-101, 361-371.
Manuel de conversation franco-laocienne / par M. J. Cuaz, évêque d'Hermopolis, vicaire apostolique du Laos. - Hongkong: Impr. de Nazareth, 1906. - 296 p. ; 1 pl. dépl. h. t. ; 19 cm.
Proverbes laotiens / par Mgr Cuaz, vicaire apostolique du Laos. - Paris : Séminaire des Missions Etrangères, 1907. - [3] p. ; 24 cm. in : AME 10 (1907) 368-371.
Essai de dictionnaire français-siamois / par M. J. Cuaz, évêque d'Hermopolis, vicaire apostolique du Laos. - Bangkok : Impr. de la Mission catholique, 1903. - 28-1012 p. ; 29 cm.
Deux légendes siamoises / traduction par Mgr Cuaz. - Hanoi : Revue indochinoise, 1905. - [3] p.
Extr. de : Revue indochinoise", 1905, p. 855-857.
La Société des Missions Etrangères, Garnier p 258.
"Une Lumière s'est levée", pp. 94-114. par Mgr. Cl. Bayet
"Lexique français-laotien, 440 pages. Nazareth 1904.
Id. Manuel de conversation franco-laotienne, 490 pages. Nazareth 1904.
Id. Lexique français-laotien, 490 pages. Nazareth 1912.
Notice nécrologique
CR 1950 pp. 139-143.