Louis LEGENDRE1863 - 1895
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1783
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1888 - 1895 (Mandalay)
Biographie
[1783]. LEGENDRE, Louis-Magloire, né dans la paroisse Saint-Germain-des-Prés, à Paris (Seine), le 22 septembre 1863, fit ses études primaires chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, ses études secondaires au collège des Barnabites à Gien, et au petit séminaire de Versailles ; puis il entra au grand séminaire de cette ville d'où il passa, encore laïque, au Séminaire des M.-E. le 11 décembre 1884. Il fut ordonné prêtre le 25 février 1888, et partit le 4 avril suivant pour la Birmanie septentrionale.
Après avoir étudié la langue à Monhla, il fut chargé du district de Ye-u. Mgr Simon le nomma ensuite aumônier des troupes anglaises à Mandalay, et, en avril 1890, lui confia le poste de Schwebo où il éleva une église et une résidence. En 1891, le missionnaire revint à Monhla qu'il administra bien ; c'est alors qu'il entreprit une traduction birmane, demeurée manuscrite, du Memoriale vitæ sacerdotalis, pour l'usage du clergé indigène. En 1894, le poste de Yemethin lui fut donné ; il travaillait à fonder une nouvelle chrétienté non loin de là, lorsque, le 3 septembre 1895, étant allé à Meiktila, il eut une attaque de choléra, et succomba le lendemain, 4 septembre, dans cette même ville.
Nécrologie
M. LEGENDRE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA BIRMANIE SEPTENTRIONALE
Né le 22 septembre 1863.
Parti le 4 avril 1888.
Mort le 4 septembre 1895.
On nous écrit de Mandalay :
Le sacrifice et les épreuves sont le terrain où germent et gran¬dissent les œuvres du bon Dieu ; aussi peut-on espérer que l’avenir, préparé par les souffrances du passé, sera un jour prospère pour la Birmanie septentrionale. Hier, nous pleurions Mgr Simon, MM. Le¬comte, Cadoux et Fercot, ces vétérans dont les vertus et les exemples ont laissé un impérissable souvenir en Birmanie. Aujourd’hui, à peine remis du deuil où nous avait plongés la mort si prématurée de M. Bérard, nous venons de creuser une nouvelle tombe pour M. Legendre, emporté lui aussi dans le plein épanouissement de la jeu¬nesse et du zèle apostolique.
M. Louis-Magloire Legendre naquit à Paris le 22 septembre 1863. Il fut confié de bonne heure aux soins des Frères de la rue Blomet. Il passa ensuite à l’école des Frères de Saint-Roch, où il fit ses études primaires. En 1875, nous le trouvons au collège des Barna¬bites, à Gien.
Déjà l’idée de se dévouer au bien de ses semblables avait mûri dans son cœur, et il se rendit au noviciat des Frères des Écoles chrétiennes de la rue Oudinot ; mais la Providence avait d’autres vues sur lui. En 1877, il entrait au petit séminaire de Versailles où il se fit remarquer par ses succès dans les études et les saillies de son esprit vraiment parisien. En 1883, il franchit le seuil du grand sémi¬naire, et c’est là qu’à l’ombre du sanctuaire, le bon Dieu lui fit con¬naître clairement qu’il l’appelait à la vie apostolique. Au mois de novembre 1884, il prenait place au milieu des aspirants des Mis¬sions-Étrangères à Meudon.
Le 26 février 1888, il reçut la prêtrise et fut destiné à la Birmanie septentrionale. Sa première pensée, au départ du train de Paris pour Marseille, fut de fixer au haut de son compartiment une petite statue d’ivoire de la sainte Vierge qui ne le quittait jamais.
Ses compagnons de départ n’ont pas oublié la joyeuse traversée qu’ils firent avec lui. Toujours gai, il avait le mot pour rire et savait distraire agréablement ceux-là même que le mal de mer fatiguait de ses étreintes. La gaieté fut toujours la marque distinctive de son caractère, et longtemps on se rappellera les soirées passées en sa compagnie.
Cependant, comme il n’était pas né marin, il ne dissimula pas sa joie, le jour où il mit le pied sur la terre birmane. Le 24 mars 1888, il arrivait à Mandalay avec M. Jarre, juste à temps pour assister à la consécration du nouvel évêque, Mgr Simon, qui devait donner à notre Mission un nouvel essor. A partir de ce moment, en effet, les difficultés du passé disparurent peu à peu et laissèrent le champ ouvert aux grandes entreprises.
Deux mois après son arrivée, M. Legendre allait faire ses premières armes à Monhla, sous la direction de M. Laurent. Sa formation ne fut pas longue, et le jeune missionnaire se vit bientôt chargé du district de Ye-u. Il commençait à parler convenablement la langue du pays quand le Vicaire apostolique le rappela à Mandalay pour s’occuper des troupes. Là, son premier souci fut de se perfectionner dans la connaissance de l’anglais. Le succès couronna ses efforts ; mais tous ces travaux si variés et si absorbants avaient ébranlé sa santé : une forte fièvre altéra pour toujours sa robuste consti¬tution. Un moment, M. Huysman, qui lui prodiguait ses soins, le crut perdu et jugea prudent de lui donner l’extrême-onction. Le malade néanmoins parvint à se remettre et demanda qu’on voulût bien ouvrir une nouvelle carrière à son zèle. Le 7 avril 1890, il était envoyé à Shwebo, l’ancienne capitale des rois Birmans, où il séjourna pendant un an. On lui doit l’église et la résidence de ce poste important. Mais il ne tarda pas à retourner à Monhla ; Chaung-yo relevait aussi de son administration. C’est dans cette dernière station qu’il déploya les ressources de son talent et de son goût pour la décoration des églises. Jadis, au séminaire de Paris, nous l’avions félicité des élégantes niches de dentelles dont il ornait la statue de la sainte Vierge. Le petit autel qu’il a fait cons¬truire pour son humble église de Chaung-yo, est admiré de tous comme un chef-d’œuvre d’art.
Cependant, notre confrère étudiait à fond le birman et entrepre¬nait la traduction du Memoriale vitœ sacerdotalis pour l’usage du clergé indigène.
Après son sacre (1er avril 1894) Mgr Usse plaça M. Legendre à Yemethin. Yemethin est une petite ville charmante et très saine, située sur la ligne du chemin de fer de Rangoon à Mandalay. Il devait y refaire sa santé, et prendre soin de quelques centaines de catholiques anglais, eurasiens et indiens. En peu de temps, il vit grandir le petit noyau de Birmans chrétiens qui s’y trouvait ; mais son zèle n’était pas satisfait, et il rêvait de fonder une nouvelle sta¬tion parmi les cultivateurs des villages environnants. Il travailla avec ardeur à l’exécution de son plan, et il était à la veille de recueillir les fruits de ses labeurs quand la fièvre vint le forcer au repos. Nous espérions néanmoins le voir revenir à la santé, et Monseigneur l’avait quitté en pleine convalescence, le 2 septembre.
Le lendemain, M. Legendre eut la bonne inspiration d’aller voir M. Jarre, son intime ami, à Meiktila. Le domestique de M. Jarre lui demanda : « Père, quelle importante affaire peut bien « nous valoir l’honneur de votre visite ? — Je viens pour que vous m’enterriez », répond M. Legendre en riant. Et c’était vrai. Au dîner, M. Legendre mangea de bon appétit, et les deux amis passèrent gaiement la soirée : « Pensez-vous que je doive vivre encore long-temps ? » interroge M. Legendre en plaisantant. — « Oh non, certes, répond M. Jarre sur le même ton, « vous êtes déjà usé et presque un vieillard. Faites vos paquets, car vous n’irez pas loin. » M. Legendre fut pris pendant la nuit de coliques et de vomissements : c’était le choléra. Il souffrit beaucoup sans vouloir réveiller son hôte qui dormait paisiblement dans la chambre voisine. Vers 5 heures du matin, vaincu par la souffrance, il l’appelle. M. Jarre accourt au chevet du malade et se rend compte du danger. Une potion arrête les progrès du mal ; mais notre confrère, déjà exténué par la fièvre, ne pouvait résister à une attaque aussi violente.
Le médecin anglais, appelé en toute hâte, déclara qu’il n’y avait aucun espoir, et le mourant reçut les derniers sacrements en pleine connaissance avec beaucoup de foi et de résignation. A trois heures et demie du soir, il s’éteignait doucement en invoquant la sainte Vierge pour laquelle il avait toujours eu une dévotion vraiment filiale.
Les obsèques du cher défunt eurent lieu à Meiktila avec la plus grande solennité possible. Autour de MM. Jarre et Ruppin se pres¬saient les chrétiens de Yemethin, accourus pour donner un dernier témoignage d’affection à leur pasteur bien-aimé.
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Références
[1783] LEGENDRE Louis (1863-1895)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1888, p. 170 ; 1893, p. 232 ; 1894, p. 260 ; 1895, pp. 282, 360. - M. C., xxiii, 1891, p. 315.
Notice nécrologique. - C.-R., 1895, p. 360.