Mathurin PICHAUD1865 - 1934
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1838
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1889 - 1934 (Hanoi)
Biographie
[1838] PICHAUD Mathurin, Auguste, Joseph
Missionnaire
Tonkin Occidental (Hanoï) - Haut Tonkin (Hung-Hoa)
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Mathurin, Auguste, Joseph PICHAUD naquit le 22 septembre 1865,dans un foyer de cultivateurs, à Saint Hilaire de Loulay, diocèse de Luçon, département de la Vendée. Pendant la révolution, sa famille avait hébergé plusieurs prêtres réfractaires. Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire des Sables d'Olonne. Celles-ci terminées, il se dirigea vers le grand séminaire de Luçon.où il s'adonna durant plusieurs années, à l'étude des sciences écclésiastiques.
Il demanda à Mgr. l'Evêque du diocèse l'autorisation de partir aux Missions Etrangères. La permission lui fut refusée; il fut nommé surveillant d'étude au petit séminaire des Sables d'Olonne. Le 17 décembre 1887,il reçut le diaconat.
Sa demande ayant été enfin agrée, il entra au Séminaire des Missions Etrangères, le 25 août 1888. et y termina ses études de théologie. Ordonné prêtre le 7 juillet 1889, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) et partit rejoindre sa Mission le 7 août 1889.
Mgr. Gendreau, coadjuteur de Mgr. Puginier, fut heureux d'accueillir son jeune compatriote que l'on envoya apprendre la langue viêtnamienne dans la paroisse de Bai-Vang. En 1890, tout en continuant sa formation pastorale, il devint vicaire dans la région de Phat-Diem, où il resta jusqu'en 1893. Il reçut alors une destination pour la Haute Région. Il s'installa à la cure de No-Luc, à 10 kms de Vietri .Dans cette dernière localité,il y avait un poste militaire et une infirmerie importante. M.Pichaud en eût la charge spirituelle, tout en s'occupant des chrétientés de Hoang-Xa, Ha-Tach, et Hung-Hoa. De 1895 à 1899, il exerça aussi les fonctions d'aumônier militaire à Tuyên-Quang.
Il passa dans le nouveau Vicariat Apostolique du Haut-Tonkin, (Hung-Hoa) détaché du Tonkin Occidental (Hanoï), en Juin 1895. Cette nouvelle mission confiée à Mgr. Ramond comprenait les provinces de Son-Tây,Tuyên-Quang, et Hung-Hoa.
En 1896, M.Pichaud avait en charge les chrétientés de Lang-Lang, Lap-Lan, Giau-Hong, Phu-Lo sur la rive droite de la Rivière Claire, et celle de Song-Chay située sur un affluent de la Rivière Claire qui porte ce nom. Cette dernière qui avait compté une trentaine d'année auparavant, quelques trois mille chrétiens, avait durement souffert des incursions des Pavillons Nors,et des pirates.
En 1897, Il fut curé de Bau-No, et chef de ce très vaste district, qui comptait plus de trois mille chrétiens. La paroisse de Bau-No la plus rapprochée de Hung-Hoa et l'une des plus anciennes du Vicariat, donna asile à St. Jean-Charles Cornay au temps des persécutions. Il rétablit la chrétienté de Kim-Lang, et reconstitua celle de Song-Chay. En 1900,laissant Bau-No à M.Hue, il s'installa à Lang-Lang, sur les bords de la Rivière Claire, région.où avait travaillé St. Augustin Schoeffler. Son district comprenait alors 10 chrétientés éloignées les unes des autres. Il resta 34 ans dans ce district. Les dernières années, il établit sa résidence à Da-Thanh, où il construisit une chapelle.
M.Pichaud passa sa vie à instruire et à évangéliser cette population plus ou moins délaissée. Il fonda plusieurs nouvelles chrétientés, mais il eût à supporter quelques tracasseries de la part des non chrétiens. Sa patience fut souvent mise à l'épreuve. La flore du pays lui avait livré tous ses secrets. Il connaissait le nom et les propriétés de chaque plante.et avait plus ou moins goûté aux lianes et tubercules de la contrée, et expérimenté herbes ou racines.
De santé fragile,en avril 1926,il fit un assez long séjour à la clinique St. Paul de Hanoï, suivi d'un temps de repos à Béthanie à Hong-Kong. En décembre 1933, il vint à Hung-Hoa et y resta jusqu'àprès les fêtes de Pâques 1934. Le mercredi de Pâques, se croyant mieux, il rentra à Da-Thanh, sa résidence habituelle.
A la fin du mois d'août, se sentant plus fatigué, sur les conseils d'une religieuse infirmière, il descendit à Hanoï et fut hospitalisé à la clinique St. Paul. C'est là que le 4 septembre 1934, à 17 heures, il rendit son âme à Dieu. Le lendemain , à la même heure,après l'absoute donnée par Mgr. Gendreau son compatriote, dans la chapelle de la clinique, sa dépouille mortelle fut conduite au cimetière de la Mission de Hanoï.
En 1939, le cimetière de la ville de Hanoï fut désaffecté; les restes mortels de M.Pichaud et de huit autres confrères à savoir MM. A.Robert, Richard, Idiart-Alhor, Laisi, Brossier, Antonini, Granger, Méchet, furent transférés, le samedi 2 décembre 1939, dans le cimetière de la paroisse de Son-Tây. .A cet effet, deux caveaux furent construits dans le dit cimetière, de chaque côté de la Croix.
Nécrologie
M. PICHAUD
MISSIONNAIRE DE HUNGHOA
M. PICHAUD (Mathurin-Auguste-Joseph) né le 22 septembre 1865 à Saint-Hilaire de Loulay (Luçon, Vendée). Entré diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 25 août 1888. Prêtre le 7 juillet 1889. Parti le 7 août 1889 pour le Tonkin Occidental. Mort à Hanoï le 4 septembre 1934.
C’est à Saint-Hilaire de Loulay, en Vendée, que naquit le 22 septembre 1865, M. Mathurin-Auguste-Joseph Pichaud. Ses parents, honnêtes cultivateurs, avaient, à défaut d’autres richesses, celles de la vertu et des vieilles mœurs chrétiennes. Pendant la tourmente révolutionnaire, ils donnèrent l’hospitalité à plusieurs prêtres non assermentés au risque de cruelles représailles ; aussi, Dieu les récompensa-t-il en appelant à son service plusieurs membres de cette valeureuse famille.
Joseph fit ses études au petit séminaire des Sables-d’Olonne et déjà à cette époque de sa vie, ses pensées et son cœur s’orientaient vers le sacerdoce ; il voulait être missionnaire, afin de pouvoir se dévouer au salut des infidèles.
Ses classes terminées, il entra au grand séminaire de Luçon, se livrant de tout cœur à l’étude de la philosophie et de la théologie, tout en s’appliquant à se rendre de plus en plus digne de la vocation apostolique. Le dogme l’intéressait particulièrement et c’est à cette source que, toute sa vie, il puisera constamment pour la préparation de ses sermons et de ses catéchismes.
Pensant que le moment était venu de réaliser son dessein, il demanda à l’évêque de Luçon l’autorisation d’entrer aux Missions-Étrangères. Non seulement il ne l’obtint pas, mais à la rentrée suivante, il fut nommé surveillant d’étude au petit séminaire des ¬Sables-d’Olonne. Ce ministère lui avait beaucoup plu et, plus tard, prêchant aux catéchistes et aux petits séminaristes dans sa Mission, il les faisait profiter des connaissances acquises durant ce temps
passé aux Sables.
L’autorisation si longtemps attendue lui fut enfin accordée. M. Pichaud entrait au Séminaire de la rue du Bac, pour y terminer ses cours de théologie et y recevoir les Saints-Ordres. Le 7 juillet 1889, en la Fête du Précieux-Sang, il était ordonné prêtre, et partait le 7 août pour la Mission du Tonkin occidental où il arrivait un mois après. S. Exc. Mgr Gendreau, alors Coadjuteur de S Exc. Mgr Puginier, fut heureux de voir arriver ce jeune missionnaire, son compatriote, plein de santé et de bonne volonté.
C’est dans la paroisse de Bai-Vang que notre confrère étudia la langue annamite, aimant à s’entretenir fréquemment avec les chrétiens et surtout avec les enfants ; aussi, arriva-t-il à posséder rapidement cette langue. De plus, il s’appliqua à acquérir une parfaite connaissance de leurs us et coutumes, ainsi que des règles de la politesse annamite, ce qui lui donnera un accès facile auprès d’eux et lui permettra d’en recevoir un accueil presque toujours aimable.
Pendant toute sa vie apostolique M. Pichaud travailla à se per¬fectionner dans une connaissance plus approfondie de la langue, aussi aimait-il à donner souvent aux jeunes confrères le charitable conseil de s’adonner, dès le début, à une étude sérieuse de l’annamite.
Après quelques mois passés à Bai-Vang, le jeune missionnaire fut envoyé vicaire dans la région de Phat-Diem, pour y continuer auprès d’un confrère expérimenté sa formation apostolique. Plusieurs années se passèrent et on découvrit bien vite en lui l’étoffe d’un chef de district. Il reçut dont sa nouvelle destination pour la Haute-Région, qui, en 1895, devait devenir la Mission de Hung-hoa. Avant la fondation du nouveau Vicariat, il travaille, avec zèle dans les paroisses de Nô-Luc, Hoang-Xa, Ha-Thach, c’est lui qui est chargé de la chrétienté de Hung-hoa, future résidence épiscopale et qui ne compte qu’une trentaine de chrétiens.
M. Pichaud devait rester dans cette région jusqu’à sa mort. En dehors des quatre ou cinq années qu’il passa comme aumônier militaire à Tuyên-Quang, il s’occupa, durant 34 ans, de la paroisse de Lang-Lang. C’est dans cette contrée broussailleuse et difficile d’accès, que quelques chrétientés dispersées dans la forêt et éloignées les unes des autres, avaient eu à souffrir des incursions des Pavillons-Noirs. Il fallait instruire cette population plus ou moins délaissée. Le généreux apôtre s’y donna de tout cœur : catéchisme, instructions claires et pratiques, encouragements, tout lui servait pour consoler, diriger et former ses paroissiens.
Son grand esprit de foi et son amour pour le divin Maître lui faisaient trouver doux et aimable tout ce qui tenait de près ou de loin au service de Dieu. La Vie des Saints faisait ses délices ; il en savait par cœur toutes les légendes, dont il émaillait sans cesse ses sermons et ses conversations. Le rayonnement de cette foi et de cet amour de Dieu et des hommes le faisait vénérer des fidèles ; c’est à cette source qu’il puisait la force et le courage nécessaires pour supporter toutes les fatigues et trouver courtes les plus longues courses, les visites aux malades, etc.
Dans cette paroisse, il eut la consolation de fonder quelques nouvelles chrétientés ; mais, que de soucis, que de tracasseries de la part des païens du voisinage, voire même de quelques mauvais chrétiens. La patience de notre confrère fut souvent mise à l’épreuve par ses enfants ; et il lui arrivait parfois de dire, dans un moment de mécontentement, que telle chrétienté ne lui donnait que des tracas, mais le lendemain elle était devenue meilleure que les autres !
Depuis de longues années, il avait quitté le centre de la paroisse de Lang-Lang pour s’installer à Da-Thanh, à trois ou quatre heures de chemin. Aidé de ses chrétiens, il y construisit une chapelle. Ce fut très laborieux, mais il y arriva, et ainsi les chrétientés de ce groupe purent plus facilement assister à la messe le dimanche.
Malheureusement sa santé était depuis plusieurs années assez précaire. Entérite, rhumatismes, migraines, douleurs des reins, l’obligèrent parfois à un repos prolongé à Hongkong ou à la clinique Saint-Paul de Hanoï ; il n’en revint jamais bien guéri, et quelques mois après, ces malaises recommençaient.
En décembre 1933, M. Pichaud se sentant plus fatigué, vint à Hung-hoa et y resta jusqu’après les fêtes de Pâques 1934. Les reins surtout le faisaient souffrir jour et nuit. Il suivit les prescriptions de son médecin indigène, mais sans amélioration appréciable. Le mercredi de Pâques, se croyant mieux, il voulut procurer à ses chrétiens les fruits de la visite du temps pascal, et rentra donc à Da-Thanh, sa résidence habituelle. Notre confrère avait trop présumé de ses forces.
Hélas ! la machine était usée ; M. Pichaud n’avait plus de forces et les chaleurs de l’été contribuaient à l’affaiblir encore davantage. Il ne se plaignait pas et ses chrétiens ne le voyaient pas plus fatigué. Dans ce petit coin solitaire, difficile d’accès, il eût pu mourir seul avant l’arrivée d’un confrère. Le bon Dieu ne le permit pas. En effet, à la fin du mois d’août, se sentant plus faible, M. Pichaud écrivit à une Religieuse de la clinique Saint-Paul, qui l’avait déjà soigné, pour lui demander quels remèdes il devait prendre. Les détails donnés dans la lettre suffirent à la Sœur infirmière pour lui faire comprendre la gravité du mal. Sur le conseil de la religieuse, le cher malade dut descendre à Hanoi, afin de s’y reposer.
Il quitta donc Da-Thanh où il ne devait plus revenir ; c’était le dernier adieu à ses chrétiens ! Hospitalisé aussitôt à la clinique Saint-Paul, les médecins reconnurent que le mal ne donnait aucun espoir de guérison. Les reins étaient trop attaqués ; il eût fallu procéder à l’ablation de l’un d’eux, mais, vu le grand âge du malade, c’était impossible. Notre cher confrère était donc condamné par les médecins !
Deux jours après arrivait à Hunghoa une dépêche de la clinique : « M. Pichaud, très fatigué ». M. Massard, aussitôt avisé, se rendit à Hanoi, il allait assister le cher malade dans ses derniers moments.
Avec son grand esprit de foi habituel, il accepta de bon cœur la volonté de Dieu et fit généreusement le sacrifice de sa vie. Après avoir travaillé pendant 45 ans avec zèle pour la gloire de Dieu et le bien des âmes, il pouvait donc avoir toute confiance en la miséricorde divine et compter sur la Sainte Vierge et Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qu’il aimait tant, pour l’aider à sa dernière heure. Il reçut les derniers sacrements en pleine connaissance avec une piété admirable. Bien que ses souffrances fussent à ce moment surtout très cruelles, pas une plainte ne lui échappa, et le 4 septembre, notre confrère alla recevoir au ciel la récom-pense des bons missionnaires
Le lendemain, sa dépouille mortelle recevait, dans la chapelle de la clinique une dernière bénédiction de S. Exc. Mgr Gendreau : prêtres, religieux et religieuses des Missions de Hanoi et de Hung-hoa l’accompagnaient au cimetière de la Mission.
La consolation de ceux qui ont connu et aimé le cher défunt, est de concevoir l’espérance qu’il a déjà reçu la récompense promise ‘aux bons ouvriers apostoliques. Sa mort fut douce et simple, comme l’avait été toute sa vie. Que Dieu lui rende au centuple le bien qu’il a fait, durant sa longue vie de mission et envoie dans sa vigne beaucoup de généreux ouvriers de cette qualité.
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Références
[1838] PICHAUD Mathurin (1865-1934)
Références biographiques
AME 1889 p. 132. 1890 p. 282. 1930 p. 171. 1931 p. 95 (art.). 1934 p. 239. CR 1889 p. 254. 1893 p. 173. 1894 p. 193. 1896 p. 187. 189. 1897 p. 157. 158. 380. 1898 p. 153. 156. 1900 p. 154. 1901 p. 152. 1902 p. 172. 1903 p. 359. 1905 p. 143. 1906 p. 151. 1908 p. 168. 1909 p. 160. 1910 p. 163. 1911 p. 147. 1912 p. 187. 1913 p. 202. 1916 p. 112. 1919 p. 157. 1922 p. 95. 1923 p. 110. 1924 p. 85. 1927 p. 99. 1929 p. 142. 1930 p. 161. 1931 p. 154. 1932 p. 186. 1933 p. 139. 1934 p. 134. 234. 284. 1935 p. 133. 303. BME 1924 photo p. 621. 1926 p. 383. 634. 1929 p. 371. 1930 p. 56. 1931 p. 461. 462. 679. 785. 1932 p. 58. 462. 785. 1933 p. 207. 295. photo p. 452. 1934 p. 53. 275. 349. 715. 1935 p. 276. 1940 p. 130. EC1 N° 296.
Décembre 1994
Mémorial PICHAUD Mathurin, Augustin, Joseph page