Augustin MAYRAND1866 - 1949
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1863
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1890 - 1949 (Tokyo)
Biographie
[1863] MAYRAND Augustin, Placide, naquit le 5 septembre 1866 à Cuzac, au diocèse de Cahors (Lot), dans une famille paysanne. Il entra laïque au Séminaire des Missions Étrangères le 19 septembre 1885. Tonsuré le 26 septembre 1886, il reçut les ordres mineurs le 21 septembre de l'année suivante. Ordonné sous-diacre le 22 septembre 1888, diacre le 3 mars 1889, le 20 septembre il reçut l'onction sacerdotale. Destiné à la mission du Japon septentrional, le jeune Père Mayrand partit le 27 novembre 1889.
Au bout de deux ans d'étude de la langue et des coutumes japonaises, il fut nommé à Hachiôji, alors petite ville de campagne à quelques heures de marche à l'ouest de la capitale. Il devait y rester quarante quatre ans. Son tempérament paysan s'en accommoda. C'est près de lui que les jeunes missionnaires et les prêtres japonais de l'archidiocèse de Tokyo étaient envoyés pour se former à la vie sacerdotale et apostolique. Durant un certain temps, il fit partie du Conseil Épiscopal. En 1936, Mgr. Chambon lui demanda de quitter sa paroisse pour remplir la fonction de directeur spirituel des religieuses de la Congrégation des Bernadettes", récemment fondée par le Père Flaujac pour prendre soin des tuberculeux. Le Père Mayrand vint donc s'installer à Kiyose, dans la banlieue de Tokyo, au lieu dit "Bethléem".
Durant treize ans, il travailla à la formation des religieuses, tout en s'occupant de la paroisse. C'est à "Bethléem" que le 2 novembre 1949 il s'endormit paisiblement dans la paix du Seigneur.
Nécrologie
P. MAYRAND
MISSIONNAIRE DE TOKYO
P. MAYRAND (Placide-Augustin) né le 5 septembre 1866 à Cuzac, diocèse de Cahors (Lot). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 19 septembre 1885. Prêtre le 21 septembre 1889. Parti pour le Japon septentrional le 27 novembre 1889. Mort à Kyose le 2 novembre 1949.
Le P. Mayrand était né au diocèse de Cahors, sur les confins du département du Cantal, le 5 septembre 1866. C’était un Auvergnat issu d’une famille très chrétienne, entraînée au dur travail de la terre. C’est au moins ce que font conjecturer les rares confidences du missionnaire sur sa famille et son caractère fortement marqué par cette éducation terrienne des vieux paysans français. Une seule fois, ses paroissiens l’entendirent parler brièvement des siens, lorsqu’il leur demanda de prier pour le repos de l’âme de sa mère qui venait de mourir. Le P. Mayrand, parti le 27 novembre 1889 pour la Mission de Tôkyô, ne devait jamais revoir son pays natal.
Comme tous les paysans de France, il aimait la stabilité, et la Providence voulut que, pendant ses soixante ans d’apostolat au Japon, il n’occupât que deux postes. Après deux ans d’étude de la langue et des coutumes japonaises, il était nommé, au mois d’octobre 1892, curé de Hachioji, alors une toute petite ville de campagne, à quelques heures de marche à l’ouest de Tôkyô. Il devait y rester quarante-quatre ans, occupé à y former un solide noyau de familles chrétiennes, autant que possible bien attachées au sol, bien instruites de la religion, qui devait former la base de la chrétienté de Hachioji.
Un autre missionnaire se serait peut-être laissé vivre tranquille au milieu d’un petit groupe de chrétiens de ferveur moyenne, qui au Japon spécialement, aiment à choyer leur Père ; mais le P. Mayrand était un homme de devoir, veillant à ne jamais s’attacher à quoi que ce soit qui pût le détourner de son ministère. Sa paroisse très étendue comprenait un département et demi, du moins au début, qu’il fallait parcourir à pied en portant sur le dos la lourde valise-chapelle. Il reste encore maintenant, dans les campagnes environnantes de Tôkyô, un bon nombre de ces familles converties par lui, qu’il visitait une fois par mois si elles étaient proches et quatre fois par an si elles étaient plus éloignées.
Levé chaque matin à trois heures et demie, il avait le temps jusqu’à l’heure de la messe de faire oraison, lecture de l’Ecriture sainte, de se mettre en avance pour le bréviaire, afin de pouvoir consacrer sa journée à l’apostolat. Une courte maladie contractée à 80 ans et les conseils qui lui furent donnés de se ménager, firent retarder son lever d’une demi-heure. Il mettait beaucoup de régularité à suivre son règlement : le quart d’heure de visite au Saint-Sacrement avant chaque repas notamment n’était jamais omis. Toujours fidèle à tous les rendez-vous, il ne faisait d’exception qu’en raison des confessions, qu’il regardait comme le ministère le plus important, par lequel il pouvait former les âmes, et jamais il ne se pressait, même si l’heure de la messe était arrivée.
Le P. Mayrand s’appliqua tout particulièrement à donner une instruction solide à ses chrétiens et à la formation de familles vraiment chrétiennes. Trois fois chaque semaine, les enfants devaient venir entendre ses leçons de catéchisme pendant une heure souvent prolongée, et, le dimanche, après-midi, c’était le tour des grandes personnes qui avaient déjà entendu le matin un sermon de longueur respectable. Chaque année, tous, petits et grands, étaient soumis à des examens jusqu’à l’âge de 60 ans ; et, si quelqu’un ne se présentait pas au jour fixé, le Père allait dans la famille interroger le récalcitrant. Quant aux enfants, un échec à l’examen leur valait une année supplémentaire de catéchisme. Sa méthode d’enseignement consistait à répéter sans cesse les mêmes explications pour qu’elles pénètrent bien, même dans les têtes un peu dures ; mais tous étaient touchés par la conviction et la foi profonde avec lesquelles il affirmait la vérité.
En second lieu, le Père s’efforça de former des familles foncièrement chrétiennes, dont le bon exemple s’étendra à tout son immense district. Pour cela, il s’employa souvent à mettre en relations les jeunes filles et les jeunes gens de divers villages ; les parents le savaient bien, et venaient fréquemment le consulter ¬quand ils avaient un de leurs enfants en âge de se marier. Ces familles ainsi formées, il continuait de les soutenir par ses bons conseils dans la pratique de la vie chrétienne et de l’éducation des enfants, que les parents ne corrigent pas suffisamment ; aussi le Père dut insister souvent sur ce devoir de combattre les défauts de la jeunesse. Les enfants le trouvaient bien un peu sévère, mais ils le savaient aussi très bon et les parents lui gardent une grande reconnaissance pour ses judicieux conseils. Du reste, à cette époque, où tout le Japon était concentré dans un effort continu pour la grandeur nationale, n’était-ce pas la véritable adaptation que de bien diriger les énergies vers une cause autrement plus haute et plus belle, celle de Dieu et de son Eglise ? Evidemment, dans ses tournées à la campagne, les méthodes variaient, mais partout il cherchait à atteindre le même but. C’est ainsi que, arrivant l’après-midi dans un village où se trouvaient quelques chrétiens, le mis-sionnaire commençait par instruire les enfants, et s’ils ne savaient pas bien leur leçon, la maman était réprimandée. Le soir seulement, quand tout le monde était de retour des champs, il expliquait la doctrine aux adultes jusqu’à une heure avancée de la nuit. Puis, le lendemain, levé de bonne heure, il entendait les confessions, célébrait la sainte messe, de manière à ne pas retarder le travail de ses chrétiens. Son souvenir est resté profond parmi ces braves gens qui voyaient venir le Père de loin et à pied et se contenter de leur nourriture on ne peut plus simple.
Il ne négligea pas non plus de recruter des vocations au sacerdoce ; quatre de ses enfants sont prêtres. Il eut aussi un rôle important dans la vocation d’un futur préfet apostolique ; un jour, un jeune homme se présentait au presbytère pour y vendre un dictionnaire. Le P. Mayrand engagea la conversation et, peu à peu, amena le sujet religieux. Le jeune homme était de bonne volonté ; il passa la nuit suivante à lire le livre que le Père lui avait donné, et le lendemain matin, il se présenta de nouveau au presbytère : « Est-ce vrai ce qu’on dit des prêtres, qu’ils gardent la chasteté ? » Et sur la réponse affirmative du missionnaire, le jeune homme décida aussitôt de devenir catholique et prêtre. Lorsque les nouveaux prêtres japonais quittaient le séminaire de Tôkyô, la plupart d’entre eux étaient d’abord nommés vicaires à Hachioji pour être formés par le P. Mayrand à la pratique de tous les devoirs sacerdotaux. Conseiller de l’évêché, il soutenait son point de vue avec vigueur, mais demeurait ensuite un exemple de soumission à l’autorité.
En 1931, le P. Flaujac commençait à fonder et à développer son œuvre pour les tuberculeux, et avait choisi pour cela un coin de la campagne aux environs de Tôkyô. Il avait formé un petit groupe de jeunes filles qui devaient s’orienter peu à peu vers la vie religieuse. Tout naturellement le P. Mayrand était tout désigné pour en assumer la direction spirituelle. Mais Bethléem prenait de l’extension, il fallait à demeure un prêtre au jugement sûr. Mgr Chambon fit appel au P. Mayrand pour remplir cette fonction. Il lui en coûta bien un peu de quitter le poste où, durant quarante-quatre années, il s’était donné tout entier à ses ouailles qui, presque toutes, avaient reçu le baptême de ses mains. Toutefois, sans laisser paraître la peine qu’il éprouvait, il partit, n’emportant avec lui que quelques livres et vêtements : tout le reste, il le laissa à la paroisse, à la grande admiration de ses chrétiens. A 71 ans, il allait donc se mettre sous la dépendance d’un plus jeune que lui. Certes, il était bien curé de Kiyose, mais en ce qui concernait l’œuvre du P. Flaujac, qui désormais, constituait la partie la plus importante de son champ d’apostolat il devait prendre les directives et se plier aux méthodes de son confrère. Avec un grand esprit de foi, le P. Mayrand accepta de grand cœur cette nouvelle occasion de faire la volonté de Dieu.
Il retrouvait aux environs de Bethléem quelques vieilles familles qu’il avait baptisées autrefois ; ce sera pour son cœur de Père une véritable joie de les visiter, tout en déplorant que ces isolés dans la campagne aient un peu perdu de leur ferveur. Il y avait aussi aux environs de Tôkyô des hôpitaux qui se multiplieront jusqu’à compter, à sa mort, près de cinq mille malades. Peut-être au début de ce nouveau ministère, éprouva-t-il un grand changement avec celui qu’il remplissait à Hachioji, mais bientôt, comprenant les souffrances de ces pauvres malades, il goûtait le bonheur de pouvoir instruire les nombreux mourants et de les baptiser. Chaque hôpital était muni d’un petit groupe de chrétiens fervents, bien instruits, véritables apôtres par la souffrance et la prière. Pendant les treize années de son séjour à Bethléem, il put baptiser plus de personnes que durant les quarante-quatre années qu’il passa à Hachioji.
Mais son travail le plus important était à Bethléem même. Il y avait là, d’abord la congrégation des Bernadettes à former ; c’est lui, qui, avec le fondateur, a contribué à donner à cette congrégation son esprit de charité, de dévouement tout simple. Il était vraiment comme le second père de ces filles, et maintenant encore, lorsque les Sœurs regardent sa photographie avec sa belle barbe blanche, elles se souviennent qu’elles ont été grondées parfois avec un peu de brusquerie, mais toujours avec une paternelle affection. Il y avait aussi les malades, les employés, les enfants de l’orphelinat ; là encore, du matin au soir, il enseignait le catéchisme, prêchait, baptisait. Tous les gens des environs connaissaient le bon vieillard faisant sa petite promenade à pied. Pendant la guerre, il souffrit bien un peu du manque de ravitaillement, mais surtout, il éprouva une peine profonde de voir augmenter peu à peu l’hostilité contre la religion étrangère ; mais il garda toujours son attitude intransigeante envers ceux qui regardaient l’Empereur comme le seul Dieu sur la terre, ce qui lui valut parfois quelques ennuis.
En 1939, à l’occasion de ses noces d’or, et, en 1949, de celles de diamant tout le clergé de Tôkyô vint fêter le vaillant missionnaire. Mais en 1949 la fête ne fut pas complète ; il ne put chanter la grand’messe. Depuis quelques semaines, il se sentait fatigué et avait dû cesser ses tournées ; il ne pouvait plus que prêcher à ses nombreux visiteurs. Huit jours avant sa mort, il put encore célébrer la messe. Mais le Père, déclinant vers sa fin, une Sœur lui dit : « Mon Père, vous nous avez enseigné qu’il fallait avertir les malades de leur état ; je viens vous dire, que bientôt, peut-être, il vous faudra paraître devant Dieu. » Notre confrère accepta avec un grand esprit de foi cet avertissement, reçut l’extrême-onction et s’endormit tranquillement dans le Seigneur le jour des morts, le 2 novembre. Ses soixante ans de vie missionnaire ne marquent rien d’extraordinaire ; le P. Mayrand restera cependant pour ses confrères un modèle de fidélité constante aux devoirs du missionnaire.
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Références
[1863] MAYRAND Augustin (1866-1949)
Références biographiques
AME 1897 p. 785. 1889 p. 164. 1902 p. 280 (art). 1911 p. 273 (art). 1912 p. 130. 164. 1914 p. 231. 1922 p. 78. 1924 p. 56. 1934 p. 243 (art). 1937 photo p. 37. 1938 p. 214. CR 1889 p. 255. 1891 p. 31. 1893 p. 43. 45. 48. 1894 p. 50. 1895 p. 51. 1896 p. 46. 1897 p. 45. 1899 p. 12. 1900 p. 7. 8. 1901 p. 7. 1902 p. 13. 1904 p. 9. 1905 p. 8. 1906 p. 13. 1908 p. 279. 1909 p. 9. 11. 1910 p. 11. 1911 p. 13. 1913 p. 17. 1915 p. 9. 10. 1916 p. 9. 1918 p. 1. 2. 1920 p. 3. 1923 p. 4. 1928 p. 5. 1930 p. 4sq. 1931 p. 7. 1932 p. 12. 1933 p. 5. 1934 p. 3. 1935 p. 4. 1936 p. 6. 228. 1937 p. 2. 7. 1939 p. 1. 2. 1949 p. 5. 245. 1950 p. 2. 1951 p. 148. 1952 p. 12. BME 1924 p. 523. 724. 1925 p. 163. 769. 1927 p. 245. photo p. 713. 1930 p. 297. 365. 1931 p. 823. 826. 1932 p. 688. 936. 1933 p. 41. 920. 1934 p. 482. 628. 700. 1935 p. 569. 1936 p. 223. 270. 725. 800. 881. 1938 p. 175. 390. 459. 528. 1939 p. 187. 778. 846. 1940 p. 402. 474. 1941 p. 539. 674. 1948 p. 157. 1949 p. 493. 494. 499. 751 (art). 792. photo p. 744. 1950 p. 45 (art). 1951 p. 36. 1952 p. 748. 1953 p. 662. 668. 1958 p. 163. 284. 1959 p. 784. 895. MDA 1950 p. 28. EC1 N° 473. N