Jean-Marie CHAVANOL1866 - 1937
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1871
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1890 - 1937 (Pondichéry)
Biographie
[1871]. CHAVANOL Jean (1889-1937), né à St-Chamond (Loire) le 21 septembre 1889, entra au Séminaire des Missions Étrangères le 18 septembre 1886, fut ordonné prêtre le 7 juillet 1889 et partit pour la mission de Pondichéry le 11 décembre 1889. Après létude de la langue ta-moule, il fut nommé vicaire à Karikal en 1891, puis à Tindivanam. Il fut ensuite envoyé à la nouvelle paroisse de Mel Sittamour, où il travailla pendant 44 ans. Il y construisit des écoles pour les enfants et un dispensaire pour les ma-lades. En 1935, il tomba malade, et alla se faire soigner à l'hôpital de Pondichéry, puis au sanatorium de Wellington. Il mourut à Bangalore le 16 septembre 1937.
Nécrologie
[1871] CHAVANOL Jean (1866-1937)
Notice nécrologique
M. CHAVANOL (Jean-Marie) né le 4 février 1866 à Saint-Chamond (Loire), diocèse de Lyon. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 18 septembre 1886. Prêtre le 7 juillet 1889. Parti pour Pondichéry le 11 décembre 1889. Mort à Bangalore le 16 septembre 1937.
M. Chavanol naquit à Saint-Chamond, paroisse Saint-Pierre, le 4 février 1866, d’une famille très chrétienne. Jean-Marie se fit remarquer de bonne heure par sa piété. Il servait la messe à la chapelle des Sœurs de Saint-Vincent de Paul dont il était voisin, et la Mère Supérieure l’avait déjà en grande estime.
D’abord élève de l’école primaire, où il s’est trouvé sur les même bancs que l’anarchiste Ravachol, puis de l’école cléricale Saint-Pierre, il acheva ses études secondaires au petit séminaire de Verrières, et entra au séminaire de philosophie ; c’est là qu’il entendit l’appel de Dieu pour les Missions. Voici ce qu’un de ses confrères nous écrit à ce sujet : « J’ai connu M. Chavanol à Verrières, où il me précédait d’une classe. Je l’ai connu au séminaire de philosophie avant son entrée au Séminaire des Missions-Etrangères, et j’ai toujours vu en lui un séminariste profondément pieux, observateur de la règle, studieux, aimable pour ses confrères et zélé pour le salut des âmes. Déjà à cette époque, il rêvait des missions lointaines et parlait souvent de son désir d’évangéliser les Indiens avec une telle flamme, que certains de ses amis le surnommaient « l’Indien ». Tel séminariste fut M. Chavanol, tel missionnaire il sera jusqu’à la mort.
Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 18 septembre 1886, il fut ordonné prêtre le 7 juillet 1889 et partit pour la Mission de Pondichéry le 11 décembre suivant. Comme tout jeune missionnaire il désirait beaucoup aller travailler dans la brousse à ramener de nombreuses âmes au sein de l’Eglise ; mais il fut déçu lorsque son supérieur lui assigna la charge de professeur au petit séminaire de Pondichéry. Plus tard, il fut nommé vicaire à Karikal, d’où il dut bientôt revenir à Pondichéry auprès de M. Desaint chargé des confrères malades. Là, sa charité et son dévouement purent se donner libre cours. Il eut la douleur alors de voir un jeune confrère, son compagnon de départ, M. Muller, expirer subitement entre ses bras. L’impression qu’il en éprouva fut si forte qu’elle ébranla sa santé, et l’on jugea qu’un retour en France lui était nécessaire. Au bout de quelques mois de repos au pays natal, il fut suffisamment guéri pour rentrer dans sa Mission, et c’est alors que commença vraiment sa vie de missionnaire.
Nous admirons notre confrère qui, sans se décourager, a travaillé presque toute sa vie dans un poste de nouveaux chrétiens, où ses efforts semblent avoir été stériles. Certes, belle et méritoire est la vie de l’apôtre qui convertit et baptise de nombreux païens. Et pourtant celle du missionnaire chargé des néophytes est peut-être plus pénible encore. Ces âmes qui lui ont été confiées et qu’il a adoptées, il devra les former à la vie chrétienne et veiller à ce qu’aucune ne se perde. Or , ces nouveaux chrétiens passeront par ce qu’on appelle l’âge ingrat, puis l’âge critique. A un moment ou à un autre, ces néophytes se souviendront des « oignons d’Egypte ». Des apostasies passagères ou définitives sont à craindre ; la ferveur qui a suivi le baptême diminuera ; et, avec cela l’esprit de foi, d’obéissance, la fierté d’être chrétien s’évanouiront peut-être. Que de soucis pour le pasteur ! M. Chavanol allait les éprouver, puisque à part deux ou trois villages d’anciens chrétiens, son district ne comprenait que des nouveaux baptisés, dont il cherchait continuellement à augmenter le nombre.
Dès son retour de France, en effet, il fut d’abord vicaire de M. Borey, à Tindivanam, pendant six mois, puis devint curé de la nouvelle paroisse de Mel-Sittamour à laquelle fut rattachée une partie des nombreux chrétiens, nouveaux baptisés de M. Fourcade. Il en fut le pasteur pendant 44 ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. C’est grâce à son amour des âmes, à son esprit d’obéissance envers ses Supérieurs, et à sa merveilleuse constitution qu’il put occuper si longtemps ce poste. Pendant 25 ans, il n’eut pour presbytère que la sacristie basse, étroite et mal aérée de sa petite église.
Bon, patient, souffrant avec ceux de ses chrétiens qui souffraient, il était plus que leur serviteur, il était leur esclave. Il s’oubliait lui-même, donnant tout ce qu’il avait ; jamais fatigué des importunités des uns, jamais découragé par l’indifférence des autres, il vivait d’espoir de baptiser celui-ci ou de ramener celui-là dans le bon chemin : que n’a-t-il pas fait pour le salut des âmes qui lui étaient confiées !
Pour la formation chrétienne de enfants et la conversion des païens, il établit plusieurs écoles. Si elles ne donnaient pas les résultats attendus, il espérait toujours atteindre son but en stimulant ses maîtres d’école et ses catéchistes, en les harcelant à chaque instant « opportune et importune », et ne cessait cet entraînement qu’après leur avoir inspiré son esprit de zèle. Mais ce qui était impressionnant en lui, c’était de le voir extrêmement soucieux de ses chrétiens : jour et nuit, partout où il se trouvait, même en visite chez un confrère, il ne pouvait s’empêcher de penser à eux. Se distraire, oublier ses peines, jouir d’un moment de repos, lui était moralement impossible. Il pouvait lui aussi répéter avec l’apôtre « Quis infirmatur et ego non infirmor ? Quis scandalizatur et ego non uror ? » Pour soulager ses chrétiens quand ils étaient malades, pour approcher les païens et administrer quelques baptêmes « in articulo mortis », il tenait lui-même un petit dispensaire, ouvert à toute heure du jour et de la nuit. Il ne se contentait pas d’aller donner les derniers sacrements aux malades qui se trouvaient dans les villages éloignés : que de courses longues, pénibles, en plein soleil, ne s’est-il pas imposées pour leur porter des remèdes. Quand il manquait de médicaments, il se gardait bien de le dire, car les malades ne seraient plus revenus ; il donnait simplement un peu de thé ou quelque drogue des simples du pays, en ayant bien soin d’imposer la diète pendant deux ou trois jours. C’était un bon remède puisque la diète était prescrite, pensait le malade, lequel repartait content.
Visitant souvent ses chrétiens, il voulut avoir une petite chapelle dans chaque village ; s’il y réussit, ce ne fut pas sans peine, car plus d’une fois il eut à lutter contre l’opposition des païens, l’orgueil des gens de caste, la force d’inertie ou même les difficultés créées par de mauvais chrétiens. Si pour une raison quelconque, il n’avait pas fait la visite réglementaire de telle ou telle chrétienté, il ne l’oubliait pas, et n’avait de repos qu’après s’en être acquitté. Apprenait-il que quelqu’un fût malade, il partait sur-le-champ, sans se demander quand et où il devait manger. Inutile de dire que la nourriture de son cheval était le dernier de ses soucis : aussi la pauvre bête n’avait-elle pas une allure fringante. Les chrétiens mettant à sec la bourse de son maître, la monture voyait sa ration diminuer et… ses forces aussi. Heureusement, le cavalier qu’il portait n’aimait pas les courses rapides, parce que le palefrenier devait suivre de près, portant l’inséparable sacoche noire qui contenait les remèdes et le bréviaire, à quoi il joignit pendant longtemps une vieille grammaire anglaise de Robertson.
Si M. Chavanol aimait tant ses chrétiens, il avait aussi une grande charité pour ses confrères. Comme il savait faire l’éloge de ceux que nous n’avions pas connus ! Comme il savait admirer et faire admirer les qualités de ceux qui vivaient encore ! Mgr Laouënan, MM. Fourcade, Darras et Mignery, étaient ceux dont il aimait à répéter les paroles et à célébrer les vertus. S’il croyait avoir besoin de conseils, il s’adressait à tous, même à ceux qui étaient plus jeunes ou avaient moins d’expérience. Le plaisir de se trouver en compagnie de ses confrères le réjouissait, mais il était au comble de la joie lorsqu’était présent M. Godec, d’Alladhy, son voisin et ami de cœur pendant 40 ans. Aussi fut-il très impressionné par la mort subite de celui-ci en 1935 ; et, depuis cette date, remarquent ses confrères, ses forces commencèrent à décliner. D’autre part, plus il avançait en âge, plus la pensée de ses chrétiens lui causait d’anxiété, au point de nuire à sa santé. On espérait bien cependant fêter ses noces d’or en 1939, et le voir compléter ses 50 années de séjour à Sittamour.
L’an dernier, des gens de caste païens de Sittamour lui demandèrent de leur parler de la religion : ce fut pour lui une joie réelle et un sujet de grand espoir. Il leur promit de faire de son école une école primaire supérieure. Au mois d’avril 1937, il commença par ouvrir la sixième classe ; mais hélas ! ce fut un échec, et il dut renvoyer le nouvel instituteur. Celui-ci, par mauvais esprit et avant de quitter Sittamour, excita les chrétiens contre M. Chavanol, à qui quelques-uns osèrent reprocher de n’avoir jamais rien fait pour eux. Le pauvre missionnaire qui n’avait vécu que pour eux, ressentit vivement ce reproche ; il ne s’en plaignit pas, mais le coup le frappa au cœur, bien que ces ingrats fussent venus lui demander pardon. Quelques jours plus tard, il commença à souffrir d’un lumbago. Un séjour à l’hôpital de Pondichéry, puis au Sanatorium de Wellington, ne réussit pas à lui rendre les forces suffisantes pour résister au mal. En juillet 1937, il dut être transporté à l’hôpital Sainte-Marthe à Bangalore où il rendit son âme à Dieu le 16 septembre.
Notre vénéré confrère eut la consolation d’avoir son Archevêque auprès de lui durant les derniers jours de sa vie. « J’ai été heureux de travailler dans la Mission de Pondichéry et je puis assurer que j’ai fait ce que j’ai pu », disait-il à Mgr Colas, quelques heures avant de mourir. Tous ceux qui ont connu M. Chavanol sont heureux de lui rendre ce témoignage, et de faire leurs ces lignes d’un de ses condisciples : Je prie pour lui et je le prie. Il me semble que cette âme si bonne, si délicate, si généreuse, est déjà en possession de la récompense. Au ciel, il ne cessera de nous aimer, de s’intéresser à nous et de nous protéger. En attendant la résurrection, sa dépouille mortelle repose au cimetière des missionnaires, près de l’église du Sacré-Cœur, à Bangalore.