Henri DEMANGELLE1868 - 1929
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2026
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1892 - 1928 (Tokyo)
Biographie
[2026] DEMANGELLE Henri, Virgile, Wilhem, Anatole, naquit le 24 avril 1868 à Besançon (Doubs). Il fit ses études à l'Institution Sainte Marie, tenue par les Marianistes. En 1881, il entra à la Maîtrise Saint Jean. Reçu comme aspirant aux Missions Étrangères le 13 septembre 1889, il fut tonsuré le 28 septembre 1890. Minoré le 21 février 1891, sous-diacre le 27 septembre suivant, diacre le 12 mars 1892, il fut ordonné prêtre le 2 juillet. Destiné à la mission de Tokyo, il partit le 12 octobre de cette même année et arriva le 28 novembre au terme de son voyage.
Accueilli par Mgr Osouf, il fut envoyé à Nagoya pour étudier la langue et s'initier au ministère pastoral. Puis, en novembre 1893, rappelé à Tokyo, il seconda le Père Rey à l'orphelinat de Sekiguchi. Le Père Demangelle dut revenir en France en 1901 pour raison de santé. Reparti le 11 janvier 1903, il fut dès son retour nommé à Kamakura, mais on lui confia à nouveau la charge de l'orphelinat de Sekiguchi (Tokyo). Dix ans plus tard il dut encore revenir en France pour rétablir sa santé. Après un long repos, il rentra au Japon et desservit successivement Kôfu, en 1922, puis Shizuoka et, en 1923, Kamakura. À cette date, victime d'un accident d'automobile il revint à Sekiguchi où il fut chargé de la direction du chant. En avril 1927 il dut être hospitalisé à l'hôpital de Keio, et, finalement s'embarqua pour la France en juin 1928. Arrivé très fatigué, il dut de nouveau entrer à l'hôpital de Besançon où il décéda le 19 mars 1929.
Nécrologie
M. DEMANGELLE
MISSIONNAIRE DE TOKYO
M. DEMANGELLE (Henri-Anatole-Wilhelm), né à Besançon (Doubs), le 24 avril 1868. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 13 septembre 1889. Prêtre le 3 juillet 1892. Parti pour le diocèse de Tokyo le 12 octobre 1892. Mort à Besançon le 19 mars 1929.
Dans le parterre de la Sainte Eglise, Henri Demangelle nous apparaît comme le rosier grimpant, dont les roses parfumées couronnent des tiges armées d’épines parfois très mordantes, mais jamais vénéneuses.
Henri Demangelle naquit à Besançon le 24 avril 1868, rue de la Préfecture où son père exerçait la profession de tapissier-décorateur. Il fut baptisé le 26 du même mois à l’église paroissiale de Saint-Maurice, où pendant sa jeunesse il remplit avec une rigoureuse assiduité les fonctions d’enfant de chœur. Sa sœur Marie, qui devait entrer chez les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, et qui recevra son dernier soupir, nous dira sa piété profonde pour la Sainte Vierge, et l’influence heureuse qu’il exerça sur ses frères Raoul, Armand et Paul.
De bonne heure il entra à l’Institution Sainte-Marie dirigée par les Marianistes. Il y fit sa première communion le 22 mai 1879, avec la ferveur d’une âme prédestinée. Le caractère de l’enfant se retrouvera dans l’homme fait. Le jeune Henri, primesautier, impulsif, artiste, sentimental, dominait difficilement le premier mouvement de son âme quand il se présentait un contre-temps, une difficulté, une contrariété. L’expérience qu’apportent les années n’arrondira pas toujours les angles de son caractère. Spiritus vadens et non rediens, il dira, ore rotundo, sa pensée entière, tout d’un coup, sans souci de plaire ou de déplaire, sans réfléchir que très souvent il y a plusieurs points de vue sur la même question.
Entré à la maîtrise de Saint-Jean en 1881 à l’âge de treize ans, il y acquit, avec la formation morale et scientifique que l’on trouve dans les collèges, une formation musicale de tout premier ordre qui lui permit, en mission, d’organiser et de diriger une chorale qui aurait eu les éloges de son ancienne Alma mater. Il y noua de précieuses amitiés, en particulier avec un autre Franc-Comtois bien en vue dans notre Société.
Elève brillant, la discipline pesait beaucoup à sa nature espiègle. Ses voisins de classe avaient en lui une cause toujours en action de distractions et d’amusantes dissipations. Il le rappellera à son frère Raoul dans une lettre qu’il lui écrivit en 1928. Il avouait avoir gardé longtemps une impression pénible de deux scènes où sa personne était en jeu : alors qu’il était en cinquième, l’abbé Daguet livrant au Supérieur, M. le Chanoine Bailly, les notes de la semaine qui devaient être lues en public, on entendit ce jugement sans palliatif : « M. Demangelle cause sans s’en apercevoir. » Ce fut un éclat de rire général, et le jeune Henri fut pro¬fondément mortifié de cette déclaration pourtant vraie à la lettre.
Une autre fois, à une répétition générale de la messe en si bémol de Haydn, le petit Henri, grand soliste avec sa splendide voix de soprano, se moquait copieusement du solennel et grave maître de chapelle M. Wachneider, quand celui-ci, dont la pa¬tience n’était pas illimitée, lui appliqua sur la tête un magistral coup d’archet. Le sang gicla et lui fit voir dix mille chandelles. Henri, ne se possédant plus, de s’élancer sur le chef de la chorale avec un de ces mots qu’un vieux grenadier n’aurait pas adressé à un homme respectable ! La scène aurait pu devenir tragique, si son ami, s’interposant, ne l’avait calmé en lui disant : « Henri, tais-toi, ne fais pas la bête. » Demangelle dira plus tard : « Ayant à diriger une chorale, je comprends maintenant combien j’ai dû être énervant pour le chef de la chorale de la Maîtrise. » Aucune amertume ne resta d’ailleurs dans le cœur du soliste non plus que dans celui du professeur de musique. Le jour de la première messe solennelle de Demangelle, l’organiste sera le vénérable M. Wachneider.
Quand sa vocation de missionnaire se dessina, tout porte à croire que le jeune homme n’avait pas le consentement de son père. Il quitta nuitamment la maison paternelle le 13 décem¬bre 1889, et vint frapper à la porte du Séminaire des Missions¬-Etrangères, où il était admis depuis quelques jours. Sa pieuse mère avait accepté le sacrifice dès la première heure, et son père était trop bon chrétien pour contrarier une vocation qui s’affirmait d’une façon aussi absolue.
Le jeune aspirant n’était déjà plus le bouillant éphèbe de quinze ans, terreur de ses maîtres d’études et de ses professeurs. Il s’était assagi, ayant généreusement travaillé à réformer son caractère. Pendant les trois années qu’il passera au Séminaire des Missions-Etrangères, tout en gardant sa nature aimable et pleine d’entrain, il sera un modèle de piété et d’exactitude. Ordonné prêtre le 3 juillet 1892, il est destiné à la Mission de Tokyo où il arrive le 28 novembre. Son Archevêque, le vénérable Mgr Osouf comprit dès la première heure son jeune missionnaire. Rien ne pourrait mieux rendre l’affection du vieillard pour ce Benjamin et l’attachement respectueux du missionnaire pour son Archevêque qu’en disant que l’Archevêque fut le chêne et Demangelle le lierre. Toute la vie du missionnaire était dans les sentiments de piété filiale qu’il professait pour son Supérieur qu’il se plaisait à appeler la « bonne maman Osouf ».
M. Demangelle fut envoyé à Nagoya chez M. Tulpin pour y apprendre la langue japonaise. Il eut pour maître un jeune employé de la préfecture, Augustin Banno, âme droite et pure qui fit faire à son élève de rapides progrès. En novembre 1893, il fut envoyé à l’orphelinat de Sekiguchi pour seconder M. Rey alors fatigué et souvent malade. C’était bien là que M. Demangelle devait donner sa mesure. Il se consacra corps et âme à cette œuvre de formation de la jeunesse, si bien que l’orphelinat de Sekiguchi sera pour lui ce que Jérusalem était pour les anciens Juifs. Jamais il ne comprendra qu’il ait pu être nommé à d’autres postes, et s’il le quitte, toujours il se croira exilé, soupirant après un retour dans cet établissement, comme les captifs de Babylone soupiraient après leur patrie,
M. Demangelle fut pour M. Rey, auquel il était très attaché, un collaborateur précieux, dévoué, entièrement occupé à diriger les enfants dans les tâches fort diverses de leurs activités : boulangerie, menuiserie, travail de construction, etc... Il avait en outre à s’occuper de l’éducation et de l’instruction des orphelins, à veiller à leur formation religieuse, à entendre les confessions, à expliquer le catéchisme. L’orphelin doit être suivi dans la vie, il faut, quand le moment est arrivé, lui trouver une situation, s’occuper de son avenir. Ce fut là le ministère aimé de M. Demangelle qui eut pour aide, après le départ pour cause de santé de M. Rey, le jeune et pondéré M. Beuve.
En juillet 1901, M. Demangelle fut obligé d’aller demander au climat de France les forces suffisantes pour continuer son ministère, et à son retour il resta positivement très affligé de n’être pas rappelé à la direction de l’orphelinat de Sekiguchi. Le cœur malade et l’esprit inquiet, il se rendit au poste de Kamakura qui venait de lui être confié , mais ayant toujours les yeux fixés sur Sekiguchi, où il fut rappelé, Dieu sait avec quelle joie pour lui : il a soigneusement noté, dans son curriculum vitae, la date de sa rentrée à l’orphelinat, 13 janvier 1907. Il y restera dix ans, en compagnie de M. Drouart de Lezey chargé de la paroisse. Pendant cette période, sa piété pour la Sainte Vierge s’affirma par la construction d’une magnifique grotte de Lourdes, reproduction exacte de celle de Massabielle, d’après les plans détaillés qu’il fit prendre en France.
De nouveau très fatigué en 1917, il vint se reposer en France, et plus ou moins bien rétabli, rentra au Japon en 1920. Il desservit tour à tour les postes de Kofu, Shizuoka et même Fukuoka pendant la maladie de M. Boehrer. En 1923, il revenait dans son ancien district de Kamakura, puis desservit son ambulance de Yokohama. Victime d’un accident d’automobile en 1923, après le tremblement de terre, il dut résigner son poste et vint s’établir à Sekiguchi où il fut chargé de la direction du chant. Mais l’âge et les infirmités faisaient leur œuvre. En avril 1927, il entrait d’urgence à l’hôpital de l’Université de Keio, où l’enflure des jambes et l’hydropisie accusèrent une maladie de foie grave. Il y resta jusqu’en juin 1928 sans amélioration bien appréciable, puis s’embarqua pour la France ; il arriva très fatigué, mais confiant dans son étoile et toujours persuadé qu’il retrouverait assez de santé pour retourner dans sa Mission.
Il demanda à Vichy le secours de ses eaux salutaires, et à Lourdes une guérison complète de toutes ses infirmités. Mais la terre et le ciel ne répondirent pas à ses espérances. La Sainte Vierge qu’il avait tant aimée et priée, le voulait auprès d’elle en paradis. Sœur Marie, qui reçut ses dernières confidences à l’hôpital général de Besançon, nous dit avec quelle patience, quelle générosité, et quel esprit de résignation et de sacrifice, il supporta ses souffrances. Son Eminence le Cardinal Binet vint lui donner une dernière bénédiction ; et après une agonie calme et paisible, il rendit son âme à Dieu le 19 mars 1929, à la tombée de la nuit. Ses obsèques eurent lieu le 22, fête de la Compassion de Marie.
Quand on eût reçu à Tokyo la nouvelle de sa mort, on célébra à la cathédrale, le 25 mars, un service solennel auquel assistèrent les confrères de Tokyo et les nombreux fidèles dont il avait été le bienfaiteur et le pasteur. Ses anciens élèves manifestèrent, par des prières ferventes, les marques de reconnaissance et de respect qu’ils avaient pour celui qui avait été véritablement un père pour eux.
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Références
[2026] DEMANGELLE Henri (1868-1929)
Références bio-bibliographiques
AME 1893 p. 627. 1911 p. 275. 1913 p. 107. 1923 p. 205. 1929 p. 132. CR 1892 p. 274. 1899 p. 19. 1901 p. 15. 1902 p. 13. 1905 p.8. 1909 p. 9. 1911 p. 13. 1913 p. 19. 1915 p. 8. 1916 p. 9. 1920 p. 3. 1922 p. 8. 1923 p. 3. 1927 p. 2. 1929 p. 3. 306. 1930 p. 254. 1932 p. 332. 1938 p. 3. 1954 p. 12. BME 1923 p. 637. 720. 1925 p. 229. 295. 1927 p. 43. 369. 684. photo p. 713. 1928 p. 428. 1929 p. 284. 1935 p. 254. 1959 p. 764. EC1 N° 159. 173.
Bibliographie
Tokyo Seika" (Saints Chants catholiques), Yokohama, 1911, 262 p.