Jean-Baptiste REMANDET1867 - 1924
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2087
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1894 - 1924 (Mandalay)
Biographie
[2087] REMANDET Jean-Baptiste, naquit à Saint-Germain-du-Plain, dans le diocèse d'Autun, en Saône et Loire, dans une famille nombreuse de huit enfants. L'un de ses jeunes frère devint prêtre dans le diocèse d'Autun. Vers l'âge de 13 ans, il prit ses premières leçons de latin auprès du vicaire de la paroisse. Puis ce fut un séjour à l'école du Sacré Coeur à Tournuset, de là le Petit Séminaire d'Autun où il se fit remarquer par sa bonté et sa franche gaîté. Dès le Petit Séminaire, le Jeune Jean-Baptiste manifesta son désir d'aller aux Missions, mais ses parents mirent des obstalces quasiment insurmontables. Ce ne fut qu'après sa première année au Grand Séminaire d'Autun que l'abbé Remandet obtint de son directeur, puis de ses parents, la permission d'entrer au Séminaire des Missions Etrangères, où il arriva le 15 septembre 1890.
Aussi pouvait-il écrire :Me voici dans ce lieu tant désiré. Merci Seigneur." Il poursuivit donc ses études à la rue du Bac et c'est le 15 octobre 1893 qu'il fut ordonné prêtre et il fut envoyé à la Mission de Birmanie septentrionale, Mandalay. Il partit le 19 décembre 1893 et arriva à Mandalay dans les derniers jours de janvier 1894.
Mgr. Usse, nouveau vicaire apostolique de Mandalay, confia le Père Remandet au Père Faure alors titulaire de Chanthaywa, afin de l'initier à l'étude de la langue birmane.
Nous sommes toujours dans le vaste district de Swebo. Le Père Remandet se dévoua surtout dans le poste de Payan. Il y construisit une église, un presbytère, et une école. Puis, pendant plusieurs années, le Père fut appelé à faire des intérims ici ou là pour revenir enfin à Swebo. Finalement, en novembre 1906, Mgr. Foulquier l'envoya à Chaungu où il devait travailler pendant près de dix-huit ans et y mourir en 1924.
Chaungu était un village de vieux chrétiens. Il ne passait pas pour une chrétienté exemplaire. Le Père fit de son mieux pour y remedier. Grâce à lui, de nombreux chrétiens revinrent dans la bonne voie.
Vers la fin du mois de juillet 1924, le Père Remandet se mit en route pour visiter les chrétiens du Haut-Chindwin. C'est probablement là qu'il contracta la maladie qui devait l'emporter en quelques jours. Revenu vers le 10 août 1924 à Chaungu, le Père se plaignit de violents maux de tête. Malgré ses efforts, il ne put aller rendre visite à son confrère voisin à Nabek.
Le Père put dire encore une Messe pour l'Assomption ; ce fut sa dernière Messe. Le soir, on retrouva le Père près de son prie-Dieu. Il était alors sans connaissance. Il décéda le 17 août 1924. Les Pères Laurent, Herr l'ami de toujours et le Père Lafon ne purent arriver que pour les obsèques de leur ami et confrère. Le Père Remandet repose dans le petit cimetière paroissial de Chaungu.
Ainsi se terminait une vie toute donnée aux Missions et surtout à la Mission de Mandalay.
Nécrologie
M. REMANDET
MISSIONNAIRE DE BIRMANIE SEPTENTRIONALE
M. REMANDET (Jean-Baptiste), né à Saint-Germain-du-Plain (Autun, Saône-et-Loire), le 3 novembre 1867. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 15 septembre 1890. Prêtre le 15 octobre 1893. Parti pour la Birmanie Septentrionale le 19 décembre 1893. Mort à Chaungu, le 17 août 1924.
Jean-Baptiste Remandet naquit à Saint-Germain-du-Plain, diocèse d’Autun. Il était le troisième d’une famille de huit enfants ; un de ses frères, de dix ans plus jeune que lui est prêtre dans le diocèse d’Autun. Le jour de son baptême il fut consacré à la Sainte Vierge et « voué au bleu », comme il était d’usage dans la famille, ainsi que dans les familles chrétiennes. – Les petits enfants étaient ceints d’un ruban bleu en l’honneur de la Sainte Vierge. – Comme ses autres frères, il fut enfant de chœur de la paroisse et servit la messe assez tôt.
Vers l’âge de treize ans, il prit ses premières leçons de latin auprès du vicaire de la paroisse » ; il passa deux ou trois ans à l’Ecole du Sacré-Cœur à Tournus et de là au Petit Séminaire d’Autun. « Par sa bonté et sa franche gaîté, il sut gagner l’affection de ses condisciples qui ont toujours conservé bon souvenir de lui, ainsi que ses premiers camarades d’enfance. Le peu de monnaie dont il pouvait disposer s’en allait aux pauvres ; il faisait partie, à Autun, de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul ».
Ces notes trop succinctes que nous avons pu recueillir sur la première enfance de notre confrère, marquent l’influence de la première éducation sur l’éclosion et le développement d’une vocation : Bonté d’âme, gaîté franche, amour des pauvres qui furent les qualités caractéristiques de l’enfant, furent aussi celles du missionnaire.
Dès le Petit Séminaire, le jeune étudiant manifestait son désir d’aller aux Missions ; mais les parents mirent des obstacles qui parurent d’abord insurmontables, à la réalisation de ce projet ; leur résistance finit néanmoins par céder aux exigences de leur foi chrétienne. Ce ne fut que durant la première et unique année du Grand Séminaire à Autun que l’abbé Remandet obtint de son directeur de conscience, M. Picard, Supérieur du Grand Séminaire, puis de ses parents, la liberté d’entrer au Séminaire des Missions-Étrangères, où il arriva le 15 septembre 1890.
« Enfin, écrit-il quelques jours après, me voici dans ce lieu tant désiré, ce lieu béni après lequel je soupirais depuis longtemps. Merci au Bon Dieu d’abord de m’avoir amené à bon port jusqu’ici … Impossible de dire la charité qui anime l’esprit de cette maison. Ici nous nous sommes tous frères … C’est une charité franche et gaie. Oh ! que je bénis la Providence de m’avoir amené dans ce milieu ! » Avec cet amour du milieu qui en rend l’adaptation facile, les jours du Séminaire s’écoulent vite ; la vie du Séminaire ne diffère pas de la vie du Cénacle où Jésus préside, distribue ses enseignements jusqu’au jour où il « envoie » : « Ite docete omnes gentes » ; c’est le jour de l’ordination à la prêtrise.
Ce jour vint pour M. Remandet, le 15 octobre 1893 et il fut « envoyé » à la Mission de Birmanie Septentrionale.
Dans les derniers jours de janvier 1894, il arriva à Mandalay où il fut reçu par Mgr Usse qui venait d’être élu évêque et Vicaire Apostolique de la Mission. Le sacre eut lieu le 1er avril et immédiatement après, Monseigneur confia le jeune missionnaire à M. Faure, alors titulaire du poste de Chanthaywa, afin de l’initier à l’étude de la langue birmane. Lui-même a souvent raconté que les débuts lui parurent pénibles ; le professeur, linguiste distingué, ne mettait pas ses leçons assez à la portée d’un élève débutant et d’autre part, l’élève n’avait que des aptitudes très ordinaires pour l’étude des langues. « Labor improbus omnia vincit » : les premières difficultés furent vaincues et, dans les premiers mois de 1895, M. Remandet commençait à comprendre et à se faire comprendre.
En Mission, quand on en est arrivé là, on est tout de suite jugé bon à desservir un poste. M. Herr, qui réclamait des auxiliaires à cor et à cri pour les nouveaux villages qu’il fondait dans le district de Schwebo, obtint de Mgr Usse que M. Remandet lui fût adjoint. Dès ce moment se noua entre les deux missionnaires une des ces amitiés que ni la séparation ni les années n’ont pu refroidir. Longtemps après avoir quitté Schwebo, une des plus grandes joies de M. Remandet était encore d’y retourner visiter son vieil ami et, de son côté, M. Herr savait se soustraire de temps en temps à ses occupations multiples pour aller voir son ancien vicaire dans son poste de Chaungu ; ce fut lui qui fut le premier averti par télégramme de la dernière maladie de notre regretté confrère.
Les années qu’il passa à Schwebo avaient laissé au cœur de M. Remandet un bien doux souvenir ; la chaleur avec laquelle il en parlait le faisait assez voir. Payan et Tabougon furent les deux villages où il fit ses premières armes ; ces deux postes, de fondation récente, n’étaient guère composés que de néophytes. Le jeune missionnaire s’y donna corps et âme et si Tabougon dut être abandonné, ce ne fut certs pas faute de zèle et de démarches de toutes sortes de sa part. Payan devint dès lors le centre de toute son activité ; il y construisit église, presbytère, école ; l’instruction religieuse y fut activement poursuivie. A l’heure actuelle, c’est le meilleur village de néophytes du district de Schwebo et un des meilleurs de toute la Mission ; heureux résultat, auquel on peut affirmer, sans crainte d’être contredit, que M. Remandet a eu la plus large part.
Quatre ou cinq années durant, il se consacra ainsi aux néophytes, puis fut appelé successivement à faire des intérims à Monhla, Mandalay, Chanthayva, pour revenir à Schwebo encore, à ses premières amours. Finalement, en novembre 1906, Mgr Foulquier l’envoya à Chaungu où il devait travailler dix-huit ans et mourir.
Chaungu, village de vieux chrétiens, ne passe pas pour une chrétienté exemplaire. Poignée de commerçants perdus au milieu de 10.000 païens, les chrétiens de Chaungu se laissent trop facilement influencer par les mauvais exemples qui les entourent. Le dogme n’en a pas trop souffert, mais on ne peut en dire autant de la morale. Combien de situations matrimoniales irrégulières ! C’est dans ce milieu que M. Remandet exerça son zèle pendant les dix-huit années de sa vie. L’exerça-t-il en pure perte ? Non certes. Beaucoup d’unions furent régularisées par ses soins ; instructions, corrections, punitions, tout fut mis en œuvre. La partie sainte du troupeau s’est sérieusement augmentée et nombreux sont ceux qui s’approchent fréquemment des sacrements et prient pour la conversation de leurs frères égarés.
Vers la fin de juillet dernier, M. Remandet se mit en route pour l’administration des chrétiens du Haut-Chindwin. C’est probablement là qu’il contracta la maladie qui devait l’emporter en quelques jours. Revenu à Chaungu le 10 août, il se plaignit le lendemain de violents maux de tête. Néanmoins, le 11, il fit seller son cheval pour aller chez son confrère voisin, M. Laurent, à Nabek. A la dernière minute, il ne se sentit pas la force d’affronter ce voyage de seize milles ; il y renonça, pensant que quelques jours de repos suffiraient à le remettre sur pied. Arriva la fête de l’Assomption qui est la fête patronale de la chrétienté et se célèbre très solennellement chaque année. Un prêtre indigène, M. Thomas, sans savoir du reste que le Père était indisposé, vint l’aider à entendre les confessions la veille de la fête et chanta la grand’messe le jour de l’Assomption. M. Remandet, lui, dit une messe basse et distribua plus de cent cinquante communions. Ce fut sa dernière messe ! Le soir, il ne put assister à la procession, mais le lendemain samedi, il se leva comme d’habitude, alla à son prie-Dieu et se prépara à dire la messe en assistant à celle de M. Thomas. Celui-ci, sa messe finie, s’étonna fort de ne pas voir le Père venir se revêtir des ornements. Il s’approcha du prie-Dieu et trouva M. Remandet, la tête penchée en avant ; il ne put avoir de lui ni un mot ni un signe ; il avait complètement perdu connaissance. Les chrétiens le transportèrent dans sa chambre ; il resta dans le coma toute la journée et s’éteignit dans la nuit vers une heure et demie du matin, sans avoir repris ses sens MM. Laurent, Herr et Lafon ne purent arriver que pour les obsèques qui eurent lieu le lundi 18, dans le cimetière parossial.
La mort ne l’a pas certainement pris au dépourvu : nous avons tous été ici les témoins de la sainteté de sa vie sacerdotale. Nul plus que lui ne fut plus constamment fidèle à ses exercices de piété. Chaque jour il consacrait un temps considérable à se préparer à la sainte Messe et son action de grâces se prolongeait souvent au delà de la demi-heure. Combien de fois n’a-t-on pas dû aller l’avertir à ces moments d’adoration fervente que le train qu’il avait à prendre ne l’attendrait pas !
La bonté formait comme le fond de son âme ; cela explique pourquoi il fut tant aimé. Plusieurs en abusèrent, c’est certain ; entre autres cet enfant qu’il avait élevé, dont il avait fait son cuisinier et qui le volait sans scrupule. Plus d’une fois il fut pris sur le fait, mais pleurait… et le Père pardonnait. Très charitable, notre confrère était toujours assiégé d’une foule de quémandeurs auxquels il ne savait guère refuser ; sa bourse facilement s’ouvrait. Toujours égal à lui-même jamais on ne l’a vu s’emporter : il était vraiment l’homme doux, l’homme humble qui s’efface et fait le bien sans ostentation, sous le seul regard de Dieu.
En évoquant le souvenir des dons surnaturels dont était doué notre confrère, nous sentons encore davantage la perte que nous avons faite, mais aussi nous sentons s’accroître l’assurance que le Bon Dieu lui a déjà mis au front la couronne méritée par trente années d’apostolat.
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Références
[2087] REMANDET Jean-Baptiste (1867-1924)
Références biographiques
AME 1894 p. 195. 1917-18 p. 97. 1924 p. 197. 1939 p. 108. CR 1893 p. 267. 1895 p. 287. 288. 1896 p. 278. 279. 1897 p. 233. 1898 p. 225. 1900 p. 203. 1903 p. 242. 1907 p. 253. 1908 p. 228. 1910 p. 247. 1911 p. 225. 1915 p. 134. 1919 p. 102. 1920 p. 68. 1922 p. 137. 1923 p. 145. 1924 p. 114. 117. 217. 1930 p. 279. BME 1923 p. 329. 1924 p. 681. 805. 1925 p. 57. EC1 N° 68.