Auguste GAUTHIER1868 - 1927
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 2105
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1894 - 1927
Biographie
Auguste GAUTHIER, fils de Marius et de Virginie Bresse, naît le 26 mai 1868, à Monteil, dans la commune de Saint-Haon, canton de Pradelles, diocèse du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Il a à peine quatre ans, quand il perd son père âgé de vingt-huit ans. Sa mère se remarie, son beau-père est très bon pour lui et pour ses deux frères. Il commence ses études primaires à l'école du village, les continue à Saint-Haon, au pensionnat de Paradis, et suit le cycle secondaire du petit séminaire de la Chartreuse.
Le 12 septembre 1890, il entre laïc au séminaire des MEP. Tonsuré le 27 septembre 1891, minoré le 24 septembre 1892, sous-diacre le 15 octobre 1893, diacre le 17 février 1894, il est ordonné prêtre le 1 juillet 1894, et reçoit sa destination pour la préfecture apostolique du Kouang-tong, qu'il part rejoindre le 15 août 1894.
Chine (1894-1927)
Vers la fin novembre 1894, le P. Gauthier arrive dans sa mission. Mgr Chausse, préfet apostolique, l'envoie à Ko-chaw, où, sous la conduite du P. Fleureau, il acquiert une bonne connaissance de la langue, ce qui lui permet de devenir plus tard un des meilleurs sinologues de la mission. Il fonde la chrétienté de Nam-fu-tong, tout près de cette ville, la dote d'une chapelle et d'une résidence.
Mao-meng
En 1896, le P. Gauthier est mis à la tête du district de Mao-meng, voisin de celui de Sun-i, confié au P. Le Tallandier, dans la sous-préfecture de Ko-chaw. Malgré les brigands et les troubles qui agitent la région, il baptise 60 adultes. Vers 1898, il crée le poste missionnaire de Yeung-Kong, un territoire infesté de voleurs et de pirates, qui englobe les trois arrondissements de Yeung-Kong, Yeung-tchan et Tin-pak .
« J'entrais dans la ville de Tin-pak », écrit- il dans un long compte-rendu de 1899, « tout le monde criait: "Mort au diable d'étranger!" L'auberge où je m'arrêtai fut aussitôt envahie par une foule compacte dont les paroles n'étaient rien moins que sympathiques.."
Malgré cela, il réussit à se faire accepter, se conciliant les esprits les moins bien disposés. En 1902, il déclare vivre en bon termes avec les mandarins du pays. Dans le voisinage immédiat de la ville de Yeung-Kong, iI construit chapelle et résidence. Le 27 mai 1900, à Pok-lo, il prend part à la cérémonie de translation, dans un nouveau cercueil, des restes mortels du P. Chanès, son compatriote, tué à Pak-tong le 14 octobre 1898. En juillet 1900, malade, il va se reposer à Béthanie (Hong Kong). Son district ne souffre pas trop, lors de la révolte des Boxers. Durant l'année 1902, il baptise 130 adultes.
Peu d'années plus tard, nommé directeur de l'orphelinat des jeunes filles et supérieur du Collège du Sacré-Cœur à Canton, le P. Auguste Gauthier fait de cet établissement récemment fondé, un des meilleurs centres scolaires de la ville. Il compte quelques 240 élèves en 1908.
Shun-tak
En 1909, le P. Auguste Gauthier chargé de Shun-tak, chrétienté vieille de trois cents ans au sud de Canton, élève une chapelle à Tai-Leung, craignant toutefois que la persécution ne disperse les chrétiens de Mat-saï. Pour stimuler la ferveur de ses fidèles, il établit diverses confréries dont celle du Rosaire. Parlant parfaitement la langue, bien au courant des us et coutumes, d'une politesse exquise, il a de bons rapports avec les autorités civiles.
Au début de l’année 1911, répondant à l'invitation du P. Boulanger, et en accord avec Mgr Mérel, il accepte la charge d'économe de la maison de Nazareth, tout en s'occupant de la petite paroisse chinoise qui regroupe surtout le personnel travaillant à Nazareth et à Béthanie. Pendant son séjour à Hong-Kong, il prend un congé en France, puis reprend ses fonctions ordinaires d'économe et de curé.
Le 28 avril 1916, Mgr de Guébriant est nommé vicaire apostolique de Canton. Le P. Auguste Gauthier vient se mettre à sa disposition, et il reçoit la mission d'initier et de guider les premiers missionnaires de Maryknoll qui viennent prendre en charge la région de Kong-moon (Jiangmen) jadis évangélisée par lui. Tout en s'adonnant à cette tâche, il reçoit pour la seconde fois, la direction du district de Shun-tak.
Vicariat apostolique du Kouantong occidental, Fort Bayard
En août 1920, la région s'étendant depuis la préfecture de Kocheou jusqu'aux frontières du Tonkin et l'île de Haïnan sont détachées du vicariat apostolique de Canton, et, en mai 1921, ce nouveau vicariat apostolique appelé "Kouangtong Occidental" est confié à Mgr Auguste Gauthier, qui reçoit la consécration épiscopale le 25 mai 1922, fête de l'Ascension, à la cathédrale de Hong-Kong des mains de Mgr Pozzoni, vicaire apostolique de ce territoire, assisté de Mgr Rayssac, vicaire apostolique de Swatow, du P. Fourquet, supérieur de la Mission de Canton. Le 1 juillet 1922, il fait son entrée officielle à Fort-Bayard, sa ville épiscopale, sur le territoire de la concession française de Kouang-tcheou-wan. C'est là que Mgr Gauthier passe les trois premières années de son épiscopat. "In itineribus saepe" telle est sa devise.
En novembre 1922, Mgr Gauthier participe à Hong-Kong à la réunion des évêques de la 5ème région de Chine, puis en mai-juin 1924, au "concile" de Shanghai. En 1923, les "Acta Sanctae Sedis" annoncent le transfert de la résidence du vicaire apostolique de Fort-Bayard à Pakhoi.
Pakhoi
Mais, dans cette ville, la mission ne possède pas les établissements nécessaires. Après de nombreuses négociations, Mgr Gauthier réussit à acquérir l'ancien consulat de Grande Bretagne à Pakhoi dont il fait son évêché, et où il s'installe le 1er février 1925. Mais il faut tout construire et organiser : maison pour les missionnaires, séminaires, maisons de formation, et cela dans un climat de guerres civiles, de piraterie, de xénophobie, de grèves, de troubles suscités par le bolchevisme révolutionnaire et anti-religieux...
En 1922, la grande île de Hainan est érigée en mission nouvelle confiée aux pères Picpuciens. Le 30 novembre 1923, Mgr Gauthier a la joie de recevoir dans l’île, les trois premiers pères de cette congrégation ; cette même année, à l'issue de la retraite des prêtres chinois, à Fort-Bayard, il ordonne depuis le sous-diaconat jusqu'au sacerdoce, Vincent Tsiu, premier prêtre autochtone du vicariat de Pakhoi.
Le 3 juin 1925, Mgr Gauthier s'embarque à Haiphong pour son voyage "ad limina". Son retour en Chine se fait via l'Amérique et le Canada où il se fait quêteur. Il arrive à Hong-Kong, le 14 juillet 1926, et enfin à Pakhoi pour la fête de l'Assomption. En novembre 1926, le départ pour la France du P. Grégoire, fatigué, oblige Mgr Gauthier à s'occuper personnellement des séminaristes, leur consacrant chaque jour trois heures de classe effective, en plus de la préparation des cours.
Béthanie
Accablé par des préoccupations de toutes sortes et le surcroît de travail, Mgr Auguste Gauthier doit se rendre à Béthanie pour se soigner, vers avril 1927. C'est là que le 12 mai 1927, un peu avant minuit, entouré de cinq de ses missionnaires et de tous les hôtes de Béthanie, il décède, atteint d'un cancer à l'estomac. Ses funérailles ont lieu le 14 mai 1927. Le doyen des missionnaires de Pakhoi célèbre la messe, l'absoute est donnée par le vicaire apostolique de Hong-Kong.
La dépouille mortelle de Mgr Auguste Gauthier est inhumée dans le cimetière de Béthanie.
Nécrologie
NÉCROLOGE
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Mgr GAUTHIER
VICAIRE APOSTOLIQUE DE PAK-HOI.
Mgr GAUTHIER (Auguste), né à Saint-Haon (Le Puy, Haute-Loire), le 26 mai 1868. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 12 septembre 1890. Prêtre le 1er juillet 1894. Parti pour le Kouangtong le 15 août 1894. Evêque de Dobero et Vicaire Apostolique de Pak-Hoi en 1921. Mort à Hongkong le 12 mai 1927.
Auguste Gauthier naquit au village de Monteil, commune de Saint-Haon, canton de Pradelles (Haute-Loire) le 26 mai 1868, de Marius Gauthier et Virginie Bresse, l’un et l’autre appartenant aux familles les plus en vue dans la région pour l’aisance, la culture intellectuelle et l’esprit franchement chrétien. L’enfant connut l’épreuve de bonne heure : il avait à peine quatre ans quand il perdit son père âgé seulement de vingt-huit ans ; il avouait plus tard que ce souvenir, tout vague qu’il lui fût resté, ne se présentait jamais à son esprit sans une impression d’amère douleur.
Cette mort modifia bien des choses au foyer ; sa mère se remaria, mais son beau-père fut très bon pour lui et pour ses deux frères. De nature aimante, timide, Auguste, en grandissant, eut beaucoup à souffrir, mais il cachait sa douleur. Plein d’entrain au jeu, d’une grande délicatesse de conscience, le plus sage, le plus pieux de tous, assidu aux leçons du catéchisme, il mérita, peut-on dire, l’appel spécial de Dieu. A ces qualités d’ordre intime venaient s’ajouter, sur un plan inférieur si l’on veut, d’autres qualités bien précieuses aussi : obéissant, actif, adroit en tout, plus tard dirigeant les domestiques et s’en faisant aimer, il était déjà l’homme pratique, l’homme d’action.
Ces heureuses dispositions s’affirmèrent encore au cours de ses études primaires et secondaires : soit à l’école du village, soit à celle de Saint-Haon, au pensionnat de Paradis ou au Petit Séminaire de la Chartreuse, ses maîtres sont unanimes à louer son esprit de docilité, son intelligence, son application ; avec cela beaucoup d’entrain pour le bien, des manières très liantes, une franche piété, bref, tempérament et formation s’harmonisaient pour présager un futur missionnaire. Au Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, il conquit vite l’estime et l’affection de ses Supérieurs : ceux-ci auraient pu facilement signer les déclarations, élogieuses des anciens maîtres, et y auraient ajouté volontiers une note caractéristique : beaucoup d’allant, et remarquable savoir-faire sur le terrain des choses pratiques. M. Gauthier reçut sa destination pour la Mission du Kouangtong ; il y arriva sur la fin de septembre 1894.
Il fit ses premières armes sous la direction de MM. Fleureau et Le Tallandier dans la préfecture de Kotchao Il y acquit rapidement une connaissance suffisante de la langue, qu’il mania plus tard avec tant d’aisance qu’il put passer à juste titre pour l’un des meilleurs sino-logues de la Mission. Il fonda la chrétienté de Nam-Fu-Tong, tout près de la ville, la dota d’une chapelle et d’une résidence. A cette époque Mgr Chausse, Préfet Apostolique, cherchait un ouvrier jeune et habile pour ouvrir au catholicisme la région de Yeunkong ; il jeta son dévolu sur M. Gauthier. Celui-ci réussit à se faite accepter dans ce milieu déjà touché par le protestantisme, et malgré les menées des intellec¬tuels du temps. En deux ans il avait groupé un certain nombre de fidèles, et construit chapelle et résidence convenables dans le voisinage immédiat de la ville. C’est là qu’il subit, l’assaut boxeur qui, au reste, lui occasionna plus de craintes que de dommages. La confiance de Mgr Mérel vint le chercher dans ce poste pour lui confier le Collège du Sacré-Cœur, de fondation récente, dont on voulait faire un établissement modèle ; les soucis ne manquèrent pas aux responsables, Supérieur et professeurs, mais là encore les qualités de M. Gauthier obtinrent plein succès, et bientôt ce Collège prit sous sa direction l’importance que l’on sait ; bon nombre de ses anciens élèves ont tenu à conserver avec leur Supérieur des relations aussi cordiales que confiantes.
Du collège M. Gauthier fut quelques années après transféré au poste¬ de Shuntak ; cette chrétienté, vieille de trois cents ans, demandait malgré sa foi vraiment solide, une main prudente et experte pour la conduire. Il y fit un très grand bien. Voici ce qu’en dit l’un de ses successeurs : « Mon vénéré prédécesseur n’eut pas d’histoire au Shuntak, transiit benefa-ciendo. Il a laissé la réputation d’une homme connaissant parfaitement la langue, et parlant comme un Chinois. Il était bien au courant des us et coutumes, d’une politesse exquise, ce qui
lui permettait d’aborder les autorités civiles. Sa bonté lui avait gagné dès l’abord le cœur des enfants, et c’est là peut-être la meilleure pierre de touche d’un missionnaire. » Il insistait sur, la prédication fréquente, formait des choristes, édifiait une chapelle à Tailung, établissait la confrérie du Rosaire. Il n’eut pas que des consolations, et comme beaucoup d’autres, il dut boire aussi à la coupe de la calomnie. Il occupa ce poste jusqu’au début de 1911, où répondant à l’invitation de M. Boulanger d’accord avec Mgr Mérel, il accepta de venir renforcer le personnel un peu trop réduit de l’importante maison de Nazareth. On lui confia la charge d’économe, et de plus, il prit la charge de personnel indigène des deux maisons de Pokfulum.
Comme économe, il fut un modèle. Il n’attendait pas qu’on lui demandât quoi que ce fût : il faisait de temps à autre son petit tour et d’un œil discret voyait ce qui manquait, et savait le pro¬curer. Si l’on s’adressait à lui pour demander quelque chose, on était sûr d’avance d’être accueilli par un sourire, et de recevoir tout ce qu’il pouvait accorder dans la limite de ses attributions. Bref, dans cette fonction délicate il parvint à se concilier la sympathie de tous. Comme curé de la petite paroisse chinoise, il se retrouva le prêtre-missionnaire qu’il avait été dans la Mission de Canton. Il se fit aimer de ses ouailles, réorganisa le service qui laissait quelque peu à désirer faute de missionnaires parlant bien la langue, établit une surveillance discrète mais efficace, rehaussa le niveau de l’instruction chrétienne par ses prédications, instructions et catéchismes soit aux enfants soit aux adultes, resserra le contact entre le pasteur et le troupeau par ses visites fréquentes aux chrétiens, et aux enfants de l’école. Le côté matériel, d’autre part, ne fut pas négligé : il s’ingénia pour fournir aux femmes du travail à domicile, améliora les logements, poursuivit la passion du jeu, apparaissant à l’improviste chez les joueurs et ramassant cartes et enjeux, puis envoyant tout le monde se coucher. Per-sonne ne lui en voulait : le Père faisait son devoir, et c’était pour le bien de tous, après tout !
Ce fut à l’époque où il faisait partie du personnel de la maison de Nazareth que M. Gauthier partit pour la France où l’appelaient de graves intérêts de famille, mais il ne cachait pas sa joie à la pensée de pouvoir embrasser la vieille maman, de revoir le pays natal. Quel-ques mois de détente dans la patrie, et il retourne docilement à Naza¬reth reprendre ses fonctions d’économe et de curé. Il se trouvait heureux dans cette maison, et il le disait, sans cacher toutefois qu’il avait laissé son cœur en face de l’île de l’autre côté de l’eau. Un jour vint où il lui fut donné de quitter le poste que lui avait assigné la bonne Providence ; tout étant réglé, il vint se mettre à la disposition de Mgr de Guébriant qui l’accueillit à bras ouverts : il était redevenu missionnaire.
Les premiers missionnaires américains du P. Walsh, auxquels Mgr de Guébriant venait de confier plusieurs districts de l’Ouest de la Mission, arrivaient justement à Canton ; et le champ qui leur était assigné était précisément la région jadis évangélisée par M. Gauthier ; il fallait aux nouveaux arrivants un guide sûr pour leur enseigner la pratique du métier : M. Gauthier était merveilleusement préparé pour ce rôle, il l’accepta avec joie malgré le surcroît de fatigue qu’il prévoyait bien. Son succès dans ce rôle d’initiateur fut absolument remar-quable : des nouveaux confrères venus du Nouveau Monde, il fut non seulement le mentor docilement écouté, mais le confident et l’ami, ainsi qu’en témoignait une lettre de Mgr Walsh, premier Vicaire Apostolique de Kongmoon, qui à la nouvelle de sa mort écrivait qu’il venait de perdre en lui le meilleur de ses amis d’Extrême-Orient. Cette charge certes n’allait pas sans fatigues, mais aussi quelle joie de revoir ces chrétientés dont, jeune missionnaire, il avait été le guide ou même le fondateur ! et que de souvenirs de cet heureux temps il aimait à faire revivre avec ses anciens chrétiens ! Et d’autre part, quels dociles disciples dans ces jeunes Pères américains, toujours attentifs à ses moindres avis, si vaillants et aussi si pleins de prévenances pour leur instituteur ! Aussi quelques jours avant sa mort, Mgr Gauthier pouvait- il écrire en toute vérité au Supérieur de la Société que l’une des grandes joies de sa vie apostolique avait été d’être choisi par la Providence pour être le guide et l’instructeur des premiers pionniers de la Société de Maryknoll.
Tout en conservant ces fonctions de mois en mois moins urgentes, M. Gauthier recevait pour la seconde fois la direction du district de Shuntak, dont les fidèles ne l’avaient jamais oublié. C’est là que vint le trouver en 1921 le choix du Saint-Père pour l’élever à la dignité d’Evêque de Dobero et le nommer premier Vicaire Apostolique de Pak-Hoi. S’il y eut quelqu’un de surpris, ce fut l’élu, qui n’avait jamais envisagé semblable nomination : aussi pensa-t-il d’abord à décliner honneur et charge, il se résigna pourtant. Sur la fin de l’année il vint s’installer à Fort-Bayard, chef-lieu de la concession française de Kouang-Tcheou-Ouan, indiqué comme siège du nouveau Vicariat, lequel comprenait tout l’Ouest de la province de Canton y compris l’île de Hainan. L’administrateur en chef du territoire mit à la disposition de l’Evêque l’une des maisons de fonctionnaires et ceci le dispensait de bâtir, du moins pour un temps ; c’est dans cette habitation promue au titre d’Evêché que Mgr Gauthier passa les trois premières années de son épiscopat. Je ne crois pas exagérer en assurant que le Prélat sut dans cet intervalle garder ou acquérir la sympathie des divers Administrateurs qui se succédèrent dans ce poste, ainsi que des fonctionnaires placés sous leurs ordres, et que, s’il se rencontra des esprits plutôt particuliers, les préventions tombèrent vite devant l’accueil cordial, la simplicité de l’Evêque.
Les bulles de Mgr Gauthier n’arrivèrent qu’au printemps de 1922. On ne pouvait songer, à Fort-Bayard pour la cérémonie du sacre ; Sa Grandeur choisit Hongkong. Elle eut lieu dans la cathédrale le jour de l’Ascension 25 mai. Le Prélat consécrateur fut Mgr Pozzoni, assisté de Mgr Rayssac, de Swatow, et de M. Fourquet de Canton. Une nombreuse assistance de prêtres, de religieux, de fidèles accourus de toutes parts et particulièrement des districts jadis gouvernés par M. Gauthier, fut l’éclatant témoignage des sympathies qu’il s’était partout attirées. Le retour à Fort-Bayard fut triomphal, et chacun s’empressa, Administrateur en tête, de témoigner au Pontife toute la déférence que l’on portait à sa haute dignité.
La nouvelle Mission était créée, mais elle était loin de posséder les ressources de tout genre nécessaires à un développement normal. Et ici se place la principale et la plus pénible difficulté à laquelle eut à se heurter Mgr Gauthier dès le début de son épiscopat, et dont il n’entrevit la solution définitive que quelques jours avant sa mort. Grâce à Dieu et à la bonne volonté de tous, cette question finit par s’arranger, les interventions nécessaires ayant mis en pleine lumière la légitimité des revendications de Sa Grandeur.
Mgr Gauthier eut la joie, vers la même époque, d’installer en Hainan les nouveaux missionnaires auxquels était confiée l’œuvre de la conversion de la grande île, les Pères des Sacrés-Cœurs de Picpus. A la même époque aussi vint de Rome l’ordre de transférer à Pak-Hoi le Siège du Vicariat, grave affaire, car la Mission ne possédait pas là les établissements strictement nécessaires. Après de nombreuses démarches, on réussit à acquérir l’ancien Consulat de la Grande-Bretagne, et cela à des conditions pécuniaires aussi bénignes que possible. Le transfert eut lieu à la fin de janvier 1925, et quelques mois plus tard Mgr Gauthier prenait le chemin de la France où l’appelaient des affaires importantes concernant l’avenir de sa Mission.
Il revit donc le cher pays natal, la famille, les amis, les anciens condisciples. Il revit aussi le sanctuaire de Lourdes, où il recommanda à Notre-Dame sa Mission et ses missionnaires. Mais que dire de l’accueil que lui fit à Rome le Souverain Pontife, accueil tout paternel, souvenir qui fut pour son âme un rafraîchissement durant ses derniers jours, et qu’il se plaisait à évoquer quand ses douleurs lui laissaient quelque répit. Le retour en Chine se fit via Amérique : l’Evêque se fit quêteur ; il trouva dur ce métier, même ingrat, malgré l’accueil chaleureux de Maryknoll ; le Canada par contre le reçut avec sympathie et enthousiasme. Il reprit la mer, arriva à Hongkong en juillet, et enfin à Pak-Hoi vers l’Assomption, plein de vie et de santé.
Brusquement un mal inexplicable se déclara, les forces graduellement diminuèrent, puis ce fut l’amaigrissement. Hâve, décharné, méconnaissable, il lui fallut de toute nécessité aller demander au Sanatorium de Béthanie à Hongkong sinon la guérison, du moins des soins et des adoucissements au mal qui le rongeait. Trois mois de souffrances précédèrent le dernier combat. Sa Grandeur reçut les derniers sacrements en pleine connaissance, avec des sentiments de foi et de piété vraiment admirables, entourée des deux communautés de Nazareth et Béthanie. Quelques jours après, le 12 mai, l’agonie commença : le vénéré patient s’unit avec toute sa foi aux dernières prières, pendant que le Père Supérieur et M. Baldit lui prodiguaient les derniers soins. Au moment de rendre le dernier soupir, il ferma lui-même doucement les yeux comme lorsqu’on s’endort ; encore une respiration et ce fut la fin.
Les funérailles eurent lieu le surlendemain 14 mai : de nombreux prêtres et religieux entouraient le cercueil, la messe fut célébrée par le doyen des missionnaires de Pak-Hoi, et l’absoute donnée par le Vicaire Apostolique de Hongkong. Les Consuls de France et d’Italie, d’autres notabilités laïques encore, avaient tenu à se joindre au cortège, et, à donner ainsi au cher défunt ce suprême témoignage de leur estime. Maintenant la dépouille mortelle de Mgr Gauthier repose en paix dans le cimetière de Béthanie, entourée du respect et des prières des confrères et des chrétiens.
Et maintenant si l’on recherche le mobile de toute la vie du regretté Évêque de Dobero, on trouvera que ce fut incontestablement la passion du devoir, qui se traduisait pour lui dans l’extension du règne de Dieu et le service du prochain. C’est là ce qui fit l’unité de sa vie, et le rendit successivement séminariste irréprochable, missionnaire accompli, Evêque au cœur ardent. Que peuvent bien peser dès lors les défauts de détail que l’on pourrait relever chez lui, et qui furent pour la plupart les exagérations de ses qualités ? jusqu’à cet excès de confiance dont il ne sut pas toujours se défendre, à ses dépens, hélas ! Je ne puis mieux faire, pour clore ces pages, que d’emprunter, au Bulletin de juin 1927 la conclusion du court article nécrologique qui lui fut consacré : « Cher Monseigneur, dormez en paix dans le sein de Dieu qui fit les délices de votre jeunesse et de toute votre vie. ¬Votre devise, in itineribus saepe, n’avait d’application que sur la terre des douloureuses pérégrinations et des labeurs apostoliques. »
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Références
Références biographiques
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Mémorial Mgr GAUTHIER Auguste page 3