Jean-Claude DELORME1873 - 1923
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2460
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1899 - 1923
Biographie
[2460] DELORME Jean-Claude naquit le 25 juin 1873 à Araules, diocèse du Puy (Hte Loire). Il fit ses études primaires chez les Frères, dans sa paroisse, et ses études secondaires au Petit Séminaire de Verrières. Entré le 9 octobre 1899 aux Missions Étrangères, il fut ordonné prêtre le 25 juin 1899. Il reçut sa destination pour une mission du Sud de la Chine et partit pour le Kouangtong, le 2 août 1899.
Il resta à Canton près d'un mois pour l'étude de la langue chinoise, et fut envoyé dans le district de Kiayingtchéou, où il restera de 1899 jusqu'à 1923, date de sa mort. Il se fit d'abord constructeur, car il dut se bâtir un presbytère convenable. Puis, son apostolat se déploya dans une mission difficile. En effet, cette villa sous-préfecture était un centre de brassage d'affaires et d'argent, et il eut à remettre certains chrétiens dans la droiture. Il s'aperçut aussi que bon nombre de jeunes chrétiens ne savaient presque rien de leur catéchisme. Ils durent l'apprendre. Il fit régulièrement la préparation au baptême et au mariage. Il s'occupa de la bonne marche de ses écoles, et tous les ans, donna une préparation sérieuse aux enfants de la Première Communion.
Aux environs de la ville, les petits postes avaient ordinairement une chapelle, mais ce n'était pas le cas pour tout le district. Alors, il pourvut d'oratoires plusieurs centres, comme Tsiuonggnien, Liounggna et Tsiahang.
En 1911, une chute de cheval lui causa une hernie, et il dut aller à Hongkong pour une opération chirurgicale. Il revint dans son district après deux mois, et essaya de reprendre son travail, mais son intestin continua à le faire souffrir et il ne put bientôt plus visiter ses chrétiens comme il le voulait. Le 11 décembre 1923, en célébrant la sainte Messe, il ressentit une vive douleur du côté droit de l'aine. On constata une grosseur anormale au dessus de la cicatrice. C'était une tumeur qui nécessitait une nouvelle opération. On le transporta alors à l'hôpital, et l'opération eut lieu, mais le docteur constata plusieurs déchirures à l'intestin. L'espoir de guérison alla s'amenuisant, et le Père demanda de retourner chez lui, car il voulait mourir au milieu de ses chrétiens. Il reçut les derniers sacrements, et de son côté le docteur ne put que lui faire des piqûres pour le soulager.
Le 21 décembre au soir, la respiration devint plus difficile, et le malade s'éteignit doucement, comme une lampe qui n'a plus d'huile. La sépulture eut lieu le 2 décembre 1923, au milieu d'un grand concours de chrétiens, accourus de tous les points du district. La vie missionnaire du Père Delorme ne dura que 24 ans, mais ce fut une vie exemplaire, de sacrifice et de dévouement, au service de l'Église de Chine.
Nécrologie
M. DELORME
MISSIONNAIRE DE SWATOW
M. DELORME ( Jean-Claude ), né à Araules ( Le Puy, Haute-Loire ), le 25 juin 1873. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 octobre 1895. Prêtre le 25 juin 1899. Parti pour le Kouangtong le 2 août 1899. Mort à Kiayingtcheou, le 21 décembre 1923.
Jean-Claude Delorme naquit à Arles, diocèse du Puy, le 25 juin 1873 et fut baptisé le même jour. Ses parents étaient foncièrement chrétiens ; plusieurs Delorme, cousins ou cousines, font partie de diverses congrégations religieuses.
Dès l’âge de quatre ans il fut confié aux Sœurs de la paroisse ; à sept ans, il commençait ses études chez les Frères et passa de là au Petit Séminaire de Verrières. Il y eut pour condisciple M. Antoine Douspis, qu’il retrouvera plus tard au Kouangtong et avec lequel il se lie d’une amité qui ne se démentit jamais. Comme tant d’autres, c’est à Verrières qu’il découvrit sa vocation de missionnaire et il se rendit de là au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 octobre 1895. Ordonné prêtre le 25 juin 1899, il recevait sa destination pour le Kouangtong.
A son arrivée à Canton, il resta près d’un mois auprès de son évêque, Mgr Chausse, son compatriote. La mort de M. Combes venait de laisser le district de Kiaingtcheou sans titulaire. C’est là que M. Delorme fut envoyé et il se trouva si bien à sa place que c’est là que s’est écoulée toute sa vie apostolique de près de vingt-cinq ans. Il partit avec un ancien séminariste qui devait être son maître de langue et arriva à Kiayng vers la fin d’octobre.
« Votre résidence n’est pas fameuse, lui avait dit son évêque ; mais quand vous saurez la langue, vous pourrez construire un petit étage et vous serez logé comme un prince. » Pendant dix ans, M. Delorme économisa pour avoir cet étage, et il l’eut. Ce ne fut pas sans peine. Pour plus d’économie, il ne prit comme ouvriers que des apprentis sachant à peine manier la truelle et le rabot. Toujours le premier sur le chantier, il était à la fois architecte, contremaître et même terrassier. Aussi était-il fier d’une œuvre qui lui avait tant coûté ; il ne manquait pas de la faire admirer à ses hôtes de passage et souriait discrètement aux compliments qu’on lui en faisait. De fait, si la résidence est loin d’être princière, elle est du moins saine et même assez agréable avec le jardin qu’il y ajouta.
La construction d’une résidence n’était pas, est-il besoin de le dire, le seul souci de M. Delorme, ni même le principal ; il y avait le district.
Kiayngtcheou avait la réputation d’être un des postes les plus difficiles de la Mission … et l’a encore. « Kiayng retors » dit un dicton populaire, et « retors » ne répond que de très loin à l’expression chinoise. Cette sous-préfecture avait et a encore le privilège de fournir de scribes, avoués, avocats et autres à tous les mandarinats de la province. Envers eux, la méfiance devient une vertu. M. Delorme s’en aperçut vite et réagit vigoureusement. Il n’hésita pas à dénoncer au sous-préfet et à faire mettre pour quelques jours sous les verrous trois ou quatre chrétiens « brasseurs d’affaires ». Leçon salutaire pour eux, et pour d’autres, qui lui valut une grande réputation de droiture.
Doué d’un grand bon sens, d’un sang-froid imperturbable, tenace dans ses desseins, M. Delorme eut bientôt acquis un grand ascendant sur ses chrétiens. Il le fit tourner à leur grand bien.
Il avait remarqué que jeunes gens et jeunes filles en trop grand nombre ignoraient leur catéchisme : ils durent l’apprendre. Nul n’était admis au baptême s’il ne savait très bien les quatre parties du catéchisme. Les jeunes gens qui se préparaient au mariage devaient aussi le réciter. Il a toujours tenu ses écoles sur un bon pied et forcé les parents à y envoyer leurs enfants qui se préparaient à la première communion, malgré les sacrifices de tous genres que cela lui coûtait. Au besoin, il refusait les sacrements aux parents. Les chrétiens, de prime abord, jetèrent de hauts cris ; il les laissa crier, mais il tint bon. Aujourd’hui, ils reconnaissent que son système avait du bon et lui en sont reconnaissants.
Les petits postes des environs de Kiayn avaient chacun leur petite chapelle ; mais il n’en était pas ainsi dans tout le district. M. Delorme se mit à l’œuvre et, dix ans après, Tsiuonggnien, Lioungnga, Tsiahang, Tsioungheou avaient aussi leur oratoire. Celui de Tsioungheou lui coûta trois ans d’efforts ; avec sa ténacité coutumière et ne voyant que le but, il ne se découragea pas et finit pas réussir.
En 1911 une chute malheureuse de cheval lui causa une hernie ; il dut aller à Hongkong et subir une opération. Deux mois après il était de retour et reprenait le cours de ses travaux. Mais depuis lors l’intestin laissa à désirer ; il ne pouvait plus aller à cheval, la chaise même le fatiguait. Cette fatigue alla en s’accentuant ; les voyages devinrent de plus en plus pénibles et il ne put plus visiter ses chrétiens comme il l’aurait voulu.
Le 11 décembre 1924, en célébrant la sainte Messe, il ressentit une vive douleur au côté droit de l’aine. Le Docteur de la Mission de Bâle appelé constata un peu de fièvre et lui donna des calmants. Le lendemain, la douleur était plus cuisante et le Docteur constata une grosseur anormale au-dessous de la vieille cicatrice. Cette tumeur, malgré bandages et remèdes, augmentant de volume, il jugea une opération nécessaire et fit transporter le malade à son hôpital. L’opération eut lieu le 16 à midi et à son réveil le malade se sentit mieux. Ce mieux ne devait pas durer ; le Docteur comprit qu’il y avait de nouvelles lésions et fit reporter le malade sur la table d’opération où il constata la déchirure de l’intestin en plusieurs endroits.
Entre temps, deux chrétiens étaient allé chercher M. Canac. Celui-ci arrivait le 19 au matin auprès de son confrère et, le trouvant très faible, lui administra les derniers sacrements. Pour mieux surveiller le malade, le Docteur l’avait fait placer dans une chambre à côté de son cabinet de travail ; il gardait encore une lueur d’espoir qui devait s’évanouir bientôt.
M. Delorme accepta avec la plus parfaite résignation la volonté de Dieu et demanda à être transporté à sa résidence. Il voulait mourir au milieu de ses chrétiens. Ceux-ci alarmés arrivaient déjà de tous côtés pour donner une dernière marque d’attachement à leur bien-aimé « Père spirituel ».
Le 21, le Docteur, qui avait soigné le malade avec un grand dévouement, vint encore le voir ; il ne put que faire une piqûre pour adoucir la souffrance.
Vers trois heures du soir, ce même jour, la respiration du malade devint difficile ; à trois heures et demie, M. Delorme récita avec les chrétiens les prières des agonisants et un quart-d’heure après, M. Delorme s’éteignit doucement, comme une lampe qui n’a plus d’huile, en récitant les courtes invocations : Jésus, Marie, Joseph.
Le corps fut exposé à l’église et veillé constamment par les chrétiens jusqu’au jour de l’enterrement. Celui-ci eut lieu le 23 au milieu d’un grand concours de chrétiens, accourus de tous les points du district. Le Docteur qui l’avait soigné et tous les membres de la Mission Suisse y assistaient ; ils avaient voulu donner à notre confrère ce témoignage d’estime.
Dans l’assistance, M. Canac remarqua un vieux chrétien particulièrement désolé ; il versait d’abondantes larmes et longtemps après les autres il resta en prières devant le tombeau. Aux questions de M. Canac, il répondit : « En 1922, une plaie se forma à ma jambe ; malgré tous les remèdes, elle s’agrandissait de jour en jour. Au bout de trois mois, je ne pouvais plus marcher et éprouvais des douleurs intolérables. N’y tenant plus, je me fis transporter à la clinique de la Mission de Bâle. Le Docteur, après avoir essayé tous les remèdes, me déclara qu’il ne pouvait arrêter la gangrène ; il ne restait qu’un moyen, couper la jambe ; mais à cause de mon âge, il craignait que je ne puisse supporter l’opération. Je n’avais donc plus qu’à me préparer à mourir, et je me fis transporter à l’église. Je me confessai ; le lendemain, je reçu la communion et le Père me donna l’Extrême-Onction. Après la réception des Sacrements, je ne ressentis plus les douleurs de la veille et des jours précédents ; je pus dormir toute la nuit. A mon réveil, ne sentant aucune douleur, j’essayai de me lever ; j’y réussis facilement et pus même faire quelque pas. Alors je regarde ma plaie et quel n’est pas mon étonnement ! elle a disparu ; à sa place n’apparaît qu’une croix rouge que catéchistes et chrétiens viennent contempler. Deux jours après la croix disparaît et fait place à un cercle de couleur foncée. Le Docteur vint me voir et me demanda quels remèdes m’avait donnés le Père. « Un remède qui guérit l’âme et le corps » lui répondis-je. Depuis, je me porte bien. »
M. Delorme repose dans le jardin de la résidence, à côté d’un de ses prédécesseurs. M. Hervel.
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Références
[2460] DELORME Jean-Claude (1873-1923)
Références biographiques
AME 1899 p. 232. 1924 p. 39. CR 1899 p. 295. 1900 p. 128. 1901 p. 123. 1902 p. 141. 1909 p. 133. 1911 p. 111. 1913 p. 167. 1919 p. 59. 1920 p. 42. 1923 p. 267. 1924 p. 68. 155. 1929 p. 108. BME 1924 p. 66. 134. photo p. 115. EC1 N° 53.