Yves GUILLOU1875 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2533
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1900 - 1909 (Saigon)
- 1911 - 1919 (Saigon)
Biographie
[2533] Yves-Marie GUILLOU naquit le 18 Juin 1875, au hameau de Diron, sur la commune de Kersaint-Plabennec, diocèse de Quimper, département du Finistère.Ses parents l'envoyèrent d'abord au pensionnat des Frères à Landerneau, puis, en 1889, M.Le Bail recteur de Kersaint le fit entrer au Collège de Lesneven où il fut un élève sérieux, docile et travailleur.
En 1894, ses études secondaires terminées, il passa au Grand Séminaire de Quimper où il fut ordonné prêtre le 25 Juillet 1899. Les notes écrites au cours de ses retraites spirituelles disent son souci constant de sanctification personnelle.
Le 16 Septembre 1899, il entra jeune prêtre au Séminaire des Missions Etrangères. Après une année de probation, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Occidentale (Saïgon) qu'il partit rejoindre le 24 Octobre 1900.
Arrivé à Saïgon le 28 Novembre 1900, il remplit les fonctions de vicaire à la cathédrale pendant quelques semaines, et devint ensuite aumônier intérimaire de l'hôpital militaire. Deux mois après, on le nomma vicaire de M.Combalbert à Dât-Do, puis on le chargea des chrétientés de Xuyên-Moc et de Lang-Lon. A la suite de voyages pénibles dans les montagnes, à travers la forêt, il tomba malade et dût prendre quatre mois de repos forcé, au Cap St. Jacques.
En Mai 1903, il reçut en charge la chrétienté de Cai-Nhao, dans le district de Cai-Mong. Il fit ensuite de nombreux intérims plus ou moins longs dans différents postes. En 1907, il prit la direction du district de Tha-La où il passa deux ans se donnant tout à tous, plein de zèle pour développer la ferveur de ses chrétiens. En 1909, affaibli par une dysenterie opiniâtre, il partit se soigner au sanatorium de Béthanie à Hong-Kong. Aucun mieux sensible ne s'étant manifesté, il dût se résigner à partir pour la France.
Au début de 1911, de retour dans sa mission, il fut nommé à Tan-Dinh, comme vicaire de M.Génibrel. pour le travail paroissial et l'imprimerie de la Mission. Le 25 Mai 1914, M.Génibrel mourut; M.Guillou Yves lui succéda comme curé, mais il fut déchargé des travaux de l'Imprimerie. Au service de tous, il eût soin d'instruire ses catéchumènes et de procurer à ses chrétiens les moyens de persévérance et de sanctification.
M. Guillou Yves était un homme d'une grande bonté, admirable de douceur et de patience. Son bonheur était de rendre service à quelqu'un et de lui faire plaisir. D'une nature droite et simple, il ajoutait facilement foi à ce qu'on lui disait. Il ne se figurait pas qu'on veuille le tromper.
Vers la mi-février 1919, la dysenterie étant réapparue, et une affection cardiaque s'étant déclarée, M. Guillou dût se résigner à quitter son poste pour entrer à la clinique du Dr. Angier, à Saïgon. C'est là que le 07 Mars 1919, à trois heures du matin, il s'endormit dans la paix du Seigneur.
Ses funérailles, présidées par Mgr. Quinton, Evêque Coadjuteur, eurent lieu le lendemain.
Nécrologie
M. GUILLOU
MISSIONNAIRE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
M. GUILLOU (Yves-Marie), né à Kersaint-Plabennec (Quimper, Finistère), le 13 juin 1875. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères le 16 septembre 1899. Parti pour la Cochinchine occidentale le 24 octobre 1900. Mort à Tandinh le 7 mars 1919.
M. Guillou naquit au Diron, hameau de la commune de Kersaint-Plabennec, dans le diocèse de Quimper, le 18 juin 1875, d’une de ces familles profondément chrétiennes, nombreuses encore en Bretagne. Dès le lendemain, il fut présenté aux fonts-baptismaux où il reçut le nom de Yves-Marie. Ses parents veillèrent assidûment sur ses premières années et ne négligèrent rien pour l’instruire dans la crainte du Seigneur. Elevé dans un tel milieu, l’enfant, de nature simple et douce, se porta naturellement au bien, et son cœur s’ouvrit de bonne heure à la piété.
Le jeune Yves fut d’abord envoyé au pensionnat des Frères à Landerneau, puis M. Le Bail, alors recteur de Kersaint, frappé de son intelligence en même temps que de son goût pour l’étude et la piété, le fit entrer au collège de Lesneveu en 1889. Là, Yves fut ce qu’on attendait de lui : un élève docile, studieux, tout entier au devoir à remplir.
En 1894, ayant achevé ses études au collège, il quitta Lesneveu pour le grand Séminaire de Quimper. L’appel de Dieu s’était fait entendre à son cœur de jeune homme et il y répondait avec autant de joie que de reconnaissance. Les années du Séminaire furent pour lui une ascension continuelle et un progrès constant vers l’idéal sacerdotal auquel il devait vouer sa vie. Nous pouvons deviner par les manuscrits qu’il a laissés avec quelle application il se livra à l’étude des sciences ecclésiastiques : et les notes écrites au cours de chaque retraite démontrent combien il avait à cœur sa sanctification personnelle, combien était grand et vif son désir de devenir un prêtre selon le cœur de Dieu.
Ordonné prêtre le 25 juillet 1899, il sollicita et obtint son admission au Séminaire des Missions-Étrangères. Après une année de probation, il reçut sa destination pour la Mission de la Cochinchine Occidentale où il arriva le 28 novembre 1900.
Les premières années d’apostolat du jeune missionnaire se passèrent en mouvements incessants d’un poste à un autre à travers la Mission : tantôt comme intérimaire, tantôt comme vicaire d’un missionnaire fatigué par la maladie ou trop surchargé de travail. Homme de beaucoup d’abnégation et d’une grande humilité, M. Guillou se plia toujours avec la plus parfaite soumission à la volonté de ses Supérieurs. Si ces nombreux changements lui furent parfois pénibles il n’en fit rien paraître et ne s’en plaignit jamais.
Dès son arrivée à Saïgon, il remplit les fonctions de vicaire à la cathédrale pendant quelques semaines et devint ensuite aumônier intérimaire de l’hôpital militaire. Deux mois après, on le nomma vicaire du P. Combalbert à Datdo, puis on le chargea des chrétientés de Xuyenmoc et Langlon.
A la suite de fatigues occasionnées par un long et pénible voyage qu’il dut entreprendre dans les montagnes, à travers la forêt, par des sentiers souvent impraticables et pendant lequel, lui-même l’a noté, sa vie se trouva plus d’une fois en danger, il tombe malade et doit prendre quatre mois de repos forcé au cap Saint-Jacques.
Au mois de mai 1903, nous le retrouvons à Caignao, petite chrétienté du district de Caimong, et il y reçoit son diplôme d’agrégation à la Société des Missions-Étrangères. A cette occasion il jette sur le papier les notes suivantes : « C’est un bien grand honneur pour moi d’être admis dans le sein d’une Société si vénérable. C’est aussi une nouvelle grâce que Dieu daigne ajouter à tant d’autres faveurs dont sa divine bonté m’a comblé jusqu’ici. J’en suis d’autant plus touché que je me rends parfaitement compte, combien je le mérite peu, ayant été jusqu’à ce jour un serviteur inutile. Ces trois années écoulées, loin d’être de quelque profit à ma Mission, ont plutôt été pour elle une vraie charge. Par mes négligences trop fréquentes et mes fautes toujours plus nombreuses et plus grandes, au lieu de réparer mon incapacité, trop souvent, au contraire, j’ai paralysé devant Dieu et rendu inutiles pour les âmes, les messes, les prières que j’ai pu dire ainsi que les petites peines que j’ai pu rencontrer durant ces années. Ex abundantia cordis, je dis donc Deo gratias ! et je veux espérer que l’avenir sera meilleur que le passé pour la gloire de Dieu, pour ma sanctification et pour le salut des âmes. Désormais mon chemin est tout tracé. Pour le suivre, hélas ! je n’ai que ma bonne volonté, je prie Dieu de daigner l’accepter et la bénir. Conformément à ma feuille d’agrégation, je me propose d’avoir toujours à l’égard de mes Supérieurs la plus parfaite soumission et une obéissance entière. Ce sont des vertus qui ont besoin de soutien, de lumière et de direction. Je les attends des prières, des exemples, des conseils de mes vénérés Supérieurs et de mes confrères. Puissent-ils ne me les jamais ménager ! »
Après de nouveaux intérims plus ou moins longs dans différents postes, M. Guillou fut appelé en 1907 à prendre la direction du district de Thala. Ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’il accepta ce poste important. Défiant de lui-même à l’excès, il s’effrayait de la responsabilité à encourir et se l’exagérait, car il était très impressionnable. « Je suis fait pour être en second, disait-il souvent, mon grand désir est de rester vicaire toute ma vie. »
M. Guillou passa deux ans à Thala, se donnant tout entier à son troupeau et n’épargnant ni son temps, ni sa peine, ni son argent ; Dieu seul sait tout le zèle qu’il déploya pour conserver et développer la ferveur chez ses chrétiens. Pour lui la fatigue ne comptait pas quand il s’agissait de ramener au bercail une brebis égarée.
En 1909, la maladie, pour la seconde fois, vint l’arrêter dans son apostolat. Affaibli par une dysenterie opiniâtre, il alla d’abord prendre du repos au Sanatorium de Béthanie à Hongkong ; mais bientôt après, aucun mieux sensible ne se manifestant dans l’état de santé, il dut se résigner à partir pour la France.
De retour dans sa Mission, au commencement de l’année 1911, il fut placé à Tandinh, comme vicaire de M. Génibrel, et pour le ministère de la paroisse et pour le travail de l’Imprimerie. Il ne devait plus changer. En effet, en 1914, il succéda au titulaire à la mort de celui-ci et déchargé des travaux de l’Imprimerie, il continua de diriger la chrétienté que, pendant trois années durant, il avait aidé à administrer. Là comme partout ailleurs, le grand et seul souci de ce bon ouvrier apostolique fut de procurer à ses chrétiens les moyens de conversion, de persévérance et de sanctification. A part le temps consacré à ses exercices de piété, chacune des heures de la journée était employée à entendre les confessions, à instruire des enfants, à visiter des malades. Le soir, son repas achevé, il instruisait encore les catéchumènes que leurs travaux empêchaient de venir à un moment plus propice. Malgré cela, il ne refusa jamais son concours, soit comme prédicateur, soit comme confesseur, à l’occasion d’une retraite ou d’une fête plus solennelle, à un confrère qui le lui demandait ou seulement lui en exprimait le désir.
D’une immense bonté, M. Guillou était admirable de douceur et de charité. Son bonheur était de pouvoir rendre service à quelqu’un ; de lui faire plaisir : tous ceux qui l’ont connu lui rendront ce témoignage. C’est sa charité qui le poussait à soulager les misères aussi bien corporelles que spirituelles de ses chrétiens. Il ne pouvait supporter la vue d’un malheureux, il avait une immense compassion pour ceux qu’il voyait souffrir et une indulgence extraordinaire pour leurs fautes ou leurs défauts. Faut-il s’étonner que certains aient cherché à exploiter cette bonté qu’ils ne comprenaient même pas ? En Cochinchine comme ailleurs, nombre de gens ne viennent trouver le missionnaire que pour exploiter sa bonté. D’une nature droite et simple, M. Guillou ajoutait facilement foi à ce qu’on lui disait : jugeant le prochain d’après lui-même, il ne se figurait pas qu’on voulût le tromper.
Le séjour que M. Guillou fit en France, avait réparé ses forces, mais pas assez pour qu’il pût croire avoir recouvré sa santé de jadis. La dysenterie reparut et malgré le régime alimentaire auquel il se soumit, il ne put qu’en atténuer les progrès. Une affection cardiaque qui se déclara bientôt après, lui rendit encore plus pénible l’exercice du ministère paroissial et lui ôta même le repos de la nuit ; repos dont il avait tant besoin après le labeur de la journée.
Avec une rare énergie, il s’efforça de tenir bon, mais ses forces le trahirent. Vers la mi-février 1919, il dut se résigner à quitter son poste pour entrer à la clinique du docteur Angier. Les soins les plus assidus et les plus dévoués lui furent prodigués par l’éminent docteur et par les Religieuses ; mais il n’y avait plus rien à faire. Dieu avait jugé que le missionnaire avait suffisamment peiné dans le champ du Père de famille ; il voulait maintenant lui donner la récompense promise au bon serviteur. Le 7 mars, en effet, à trois heures du matin, jour du premier vendredi du mois, M. Guillou s’endormait dans la paix du Seigneur.
Quinze jours durant, le cher malade avait eu à endurer d’intolérables souffrances ; il les supporta avec une patience qui faisait l’admiration de tous ceux qui l’approchaient. Au milieu des crises qui menaçaient de le suffoquer on l’entendait répéter : « Mon Dieu, donnez-moi la patience, que votre volonté soit faite ! » La veille de sa mort, il avait reçu l’extrême-onction et fait généreusement le sacrifice de sa vie acceptant la souffrance et la mort et les offrant à Dieu pour l’expiation de ses propres fautes, pour les êtres chéris laissés en France ainsi que pour sa Mission.
Les funérailles eurent lieu le lendemain ; Monseigneur le Coadjuteur les présida et donna l’absoute. Tous les missionnaires et prêtres indigènes avertis à temps, tinrent à y assister. Quant aux chrétiens, tant Européens qu’Annamites, leur affluence montra mieux que toute parole combien le défunt était aimé et regretté de tous.
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Références
[2533] GUILLOU Yves (1875-1919)
Références biographiques
AME 1901 p. 73. 1905 p. 24. 26. 27. 1913 p. 75. 76. 1919-20 p. 144. CR 1900 p. 254. 1919 p. 191.