Armand JAUFFRINEAU1882 - 1935
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2847
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1905 - 1935 (Mysore)
Biographie
[2847] JAUFFRINEAU Armand, Jean-Marie, naît le 2 février 1882 à Cugand, dans le diocèse de Luçon en Vendée. Il étudie d'abord au Petit séminaire de Chavagnes, puis entre au Séminaire des Missions Étrangères le 10 septembre 1900. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1905 et part pour l'Inde le 16 août de la même année. Il réalise ainsi sa vocation missionnaire, suscitée sans doute par la lecture de la vie de brousse du P. Chicard, et surtout par le don admirable de sa maman qui lui dit et redit : "Va où le Bon Dieu t'appelle".
En pays kannada
À Bangalore, centre de la Mission, il est reçu très fraternellement et reste quelque temps à l'évêché pour apprendre le tamoul. Nommé à Chikmagalur (1) où, sous la direction du curé, le P. Veysseyre, il continue l'étude des langues : anglais, tamoul et kannada. Puis il est transféré dans la province montagneuse du Coorg, à Siddapur (2). De là, il est de nouveau nommé à Sousseipaléa, plus près de Bangalore, où il apprend le telugu (langue dravidienne parlée dans le Mysore par une ethnie venant d'Hyderabad).
En pays malayalam
Il est ensuite envoyé dans les montagnes du Sud-Ouest, au Wynaad (3), où il reste 15 ans. Après bien des tâtonnements, il va s'établir à Kaniambetta (3), au milieu de la tribu des aborigènes appelés Kurichis (4), au milieu d'une jungle épaisse et de plantations de café, thé et cardamome sur les collines défrichées par les planteurs britanniques. Il se construit une petite maison et une chapelle avec l'aide des Kurichis.
Militaire par obligation
En 1921 éclate à proximité la révolte des Moplahs (musulmans du Wynaad) (5) contre l'occupation britannique. Le P. Jauffrineau se voit obligé de défendre sa chrétienté naissante. Il érige une sorte de place forte avec un plan de défense et constitue ses quatre cents Kurichis néophytes en quatre compagnies. Il n'y a finalement pas d'escarmouche, la rébellion des Moplahs ne cherchant nullement ou ne réussissant pas à s’étendre vers Kaniambetta.
Agent public dans l’empire
Les colonisateurs anglais s'engagent alors dans des réformes administratives. Delhi préconise de confier aux élus locaux l'administration de leurs régions, mais faute de compétences capables de diriger les nouvelles institutions dans le Wynaad, le Deputy Collector (ou Préfet) demande au P. Jauffrineau de présider le nouveau "District Board" du Malabar ainsi que le Conseil d'éducation. Avec la permission de son évêque, le Père finit par accepter et pendant presque deux ans, en plus de son ministère spirituel, remplit ses nouvelles fonctions à la satisfaction de tous. Quand il quitte le Wynaad, le 14 novembre 1923, les Pères Jésuites de Calicut prenant en charge le district, la population de toutes castes et de toutes religions se rassemblent pour remercier le P. Jauffrineau. Du discours prononcé à cette occasion, on peut retenir ces propos : "Nous voulons vous exprimer notre gratitude pour les services rendus, et vous dire le profond chagrin qu'éprouve tout le Wynaad en se séparant d'une personnalité aussi aimée et estimée que la vôtre. En vous perdant, nous faisons une perte irréparable." De leur côté, les Kurichis lui font des adieux touchants et émus, parfois jusqu’aux larmes.
A nouveau en pays kannada
Le P. Jauffrineau quitte le Wynaad le 19 novembre 1923 pour la capitale du Coorg, la ville de Mercara. Il y reste très peu de temps, car en 1927, nous le voyons loin de là, à Champion Reefs (Mines d'or de Kolar) (6). Il y trouve huit mille chrétiens, un couvent de Soeurs de Saint Joseph de Tarbes avec leurs écoles, plusieurs institutions scolaires et diverses oeuvres. Il dirige la paroisse de main de maître et n'oublie jamais l'oeuvre des conversions et les baptêmes d'adultes qui s'ensuivent.
Une santé déclinante
Ayant contracté le paludisme dans les forêts, il en souffre régulièrement. Aussi doit-il en 1933 retourner en France pour se soigner. Allant mieux, il revient aux Indes, mais en1935, à la suite d’un accident de motocyclette, on lui découvre une tumeur cancéreuse et il doit aller consulter les autorités médicales de Madras (Chennai). Le P. Cochet, son confrère, le ramène à Bangalore le 15 décembre. À l'hôpital Sainte Marthe, il est admirablement soigné par les Soeurs du Bon Pasteur qui prolongent sa vie jusqu'à l'avant-veille de Noël. Il meurt d'une sainte mort le 23 décembre 1935. Son corps est transporté dans sa paroisse de Champion Reefs où se déroule la cérémonie des funérailles au milieu d'une assistance nombreuse et reconnaissante.
Le souvenir que laisse le P. Jauffrineau est celui d’un missionnaire exemplaire : il aime les Indiens et en est aimé, ce qui explique tout le bien qu'il a pu leur faire.
1 – Au Karnataka, à l’ouest de Bangalore vers la mer d’Oman.
2 – A l’ouest de Mysore vers la mer d’Oman.
3 - Région et ville, aujourd’hui au nord du Kérala, à l’est de l’ancien comptoir français de Mahé.
4 – L’un des peuples premiers de l’Inde.
5 – Cent ans après, un article de ‘‘l’Indian Express’’, quotidien indépendant, décèle une parenté d’inspirations et de comportements entre les Moplahs et les Talibans d’Afghanistan.
6 – A l’est de Bangalore à la limite du Karnataka et de l’Andrah Pradesh.
Références
[2847] JAUFFRINEAU Armand (1882-1935)
Références biographiques
AME 1905 p. 376. 1936 p. 46.
CR 1905 p. 289. 1909 p. 236. 1910 p. 266. 269. 1911 p. 250. 1912 p. 294. 1913 p. 291. 1914 p. 130. 1915 p. 178. 1916 p. 168. 169. 1921 p. 124. 126. 1931 p. 249. 250. 1935 p. 242. 368. 1936 p. 207. 1938 p. 214.
BME 1922 p. 184. 1923 photo p. 69. 1925 p. 23. 79. 141. 1926 p. 714. 1932 p. 73. 636. 1933 p. 233. 389. 392. 472. 475. 1934 p. 218. 1936 p. 142. 219. 1937 p. 795. 1950 p. 355. Journal 1936 p. 793. 873. 1937 p. 29. 110. 183. 369. 561. 632. 698. 769. 841. 1938 p. 88.
Miss. Cath. 1914 p. 548.
EC RBac N° 264. 280. 327.