Auguste GASTAL1886 - 1938
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3042
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1910 - 1914
- 1919 - 1938
Biographie
[3042] Auguste, Bernard GASTAL naît le 25 mars 1886, au hameau de Leth dans la commune de Saint-Hyppolyte en Aveyron. Sa paroisse de naissance est celle de Pons à Saint-Hyppolyte dans le diocèse de Rodez. Il est élevé dans une famille profondément chrétienne. L'un de ses oncles est d’ailleurs Frère des Écoles chrétiennes. Il fréquente d'abord l'école des Frères, à Montsalvy dans le Cantal. Ayant perdu son père à l'âge de dix ans, il continue ses études primaires au pensionnat des Frères des Écoles chrétiennes à Saint-Amans-des-Cots en Aveyron où son oncle Frère enseigne. C’est un élève modèle. Après son certificat d'études primaires, il poursuit ses études secondaires au Collège de l'Immaculée Conception à Espalion. Le 17 septembre 1903, il entre laïc au Séminaire des Missions Étrangères. Tonsuré le 23 septembre 1904, minoré le 22 septembre 1906, sous-diacre le 19 décembre 1908, diacre le 6 mars 1909, il est ordonné prêtre le 26 septembre 1909.Il reçoit comme destination le Vicariat apostolique du Siam qu'il part rejoindre le 12 décembre 1909.
Siam (1909-1914)
Arrivé dans sa mission au début de 1910, il est envoyé à Songphinong auprès du P. Tapie. Il trouve en lui un maître précieux pour l'initier aux langues thaïlandaise et vietnamienne ainsi qu'aux us et coutumes du pays. Il est ensuite nommé vicaire du P. Carton à Paknampoh. Peu de temps après, il reçoit la charge de la chrétienté de Ban-Peng, constituée en majorité de Vietnamiens et située au nord de Bangkok. Il s'intéresse particulièrement à la jeunesse, construit des écoles, réunit un groupe de jeunes gens, en fait d'habiles musiciens et fonde même une fanfare. Il innove en organisant des retraites spirituelles pour les jeunes gens et jeunes filles.
Mobilisation (1914-1919)
Mobilisé en 1914, il revient en France et fait la Grande Guerre d'abord comme infirmier militaire à Perpignan. Le 26 septembre 1916, il est affecté au 73ème bataillon de Tirailleurs sénégalais, puis le 21 octobre 1916 au 10ème bataillon de Tirailleurs indochinois. On le trouve ensuite, avec le grade de sous-officier, sur le front de Salonique où il est cité pour son courage et son sang-froid lors de l'attaque de Monastir. Démobilisé le 13 mai 1919, il est un mois plus tard de retour dans sa Mission.
Siam (1919-1938)
A son arrivée à Bangkok, Mgr Perros le nomme vicaire à la cathédrale de l'Assomption, spécialement chargé du collège et du couvent de l'Assomption ainsi que de celui de Saint-Joseph. Il travaille, pendant près de vingt ans, à la formation de cette jeunesse étudiante. Il a l'idée de préparer des catéchistes, choisissant les élèves les mieux doués. Pendant vingt ans, il mène une vie d'ascète dont tous les instants sont minutieusement réglés : longues heures au confessionnal, catéchismes, préparation d'instructions et des retraites qu’il donne aux Frères et aux Sœurs.
En 1923, il tombe malade et, contre l'avis du médecin, refuse de rentrer en France. Ce n’est que par une force de volonté extraordinaire qu'il accomplit sa tâche sans défaillance, tant il est homme à être conscient de l'idéal à poursuivre, de la mission spirituelle à réaliser, tant il est attaché à ses devoirs qu’il remplit scrupuleusement, sous des dehors parfois un peu rudes.
Les vacances de 1938 passées à la maison des Frères à Sriraja ne lui apportent pas le soulagement habituel escompté. En revenant à Bangkok, il s'arrête à Petriu chez le P. Carrié, son compatriote, lorsqu'il est soudain terrassé d’une néphrite chronique très grave. Quelques jours après, le 25 juin 1938, par devoir, il s'embarque pour la France. Il est victime d’une seconde crise, la veille de son arrivée à Marseille.
A la descente du bateau, on le transporte à l'hôpital Saint-Joseph. Quelques jours plus tard, se sentant mieux, il se rend dans sa famille où, malgré les soins les plus empressés, il meurt le 12 octobre 1938. Ses funérailles sont présidées par le Curé doyen d'Entraygues en présence de tous les prêtres du district et toute la paroisse de Pons. Il repose dans le cimetière de sa paroisse natale.
Nécrologie
M. GASTAL
MISSIONNAIRE DE BANGKOK
M. GASTAL (Auguste) né le 25 mars 1886 à Saint-Hippolyte, diocèse de Rodez ( Aveyron). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 17 septembre 1903. Prêtre le 26 septembre 1909. Parti pour le Siam le 12 décembre 1909. Mort à Leth, paroisse de Pons, le 12 octobre 1938.
Né le 25 mars 1886 à Pons, commune de Saint-Hippolyte, dans le diocèse de Rodez, d’une famille profondément religieuse, M. Gastal puisa à la maison paternelle le goût de la piété. Un de ses oncles, Frère des Ecoles Chrétiennes, est resté presque toute sa vie au pensionnat de Saint-Amans-des-Cots ; une de ses tantes, morte avec la réputation d’une sainte femme, faisait tous les ans, bien que vieille et infirme, la quête pour la Propagation de la Foi dans toutes les maisons de Pons. Rien d’étonnant donc que Dieu se soit choisi un missionnaire dans une aussi chrétienne famille.
Auguste fréquenta d’abord l’école des Frères de Montsalvy (Cantal) qui n’était pas éloignée ; c’est probablement vers cette époque que survint un accident qui dut laisser une profonde impression dans l’âme de notre petit étudiant. Un jour, passant sur une planche qui reliait les bords d’un torrent, il tomba à l’eau, et ne fut recueilli que 200 mètres plus bas par un brave homme témoin de la chute. Ce séjour involontaire dans une eau glacée lui valut une otite qui plus tard le gênera beaucoup pour entendre les confessions.
Notre futur missionnaire avait 10 ans quand mourut son père. Il continua cependant ses études primaires au pensionnat de Saint-Amans-des-Cots où enseignait son oncle professeur. A partir de cette époque, il devint un élève modèle, d’une conduite exemplaire. Après son certificat d’études primaires, il fit de très bonnes études secondaires au collège libre d’Espalion ; il y puisa le goût pour les classiques que pendant sa vie il relira de temps en temps avec plaisir. C’est aux Missions-Etrangères qu’il devait parcourir le cycle des études philosophiques et théologiques. Ordonné prêtre le 26 septembre 1909, il s’embarqua pour le Siam le 12 décembre de la même année.
Envoyé à Songphinong, M. Gastal trouva en M. Tapie un maître précieux pour l’initier à la langue du pays. Dès que ses connaissances furent jugées suffisantes, il fut désigné à Paknampoh comme collaborateur de M. Carton. Peu de temps après, il recevait la charge de Ban Peng, au nord de Bangkok, petit poste constitué en majaure partie par des Annamites. Il se mit à la tâche avec ardeur et s’intéressa tout particulièrement à la jeunesse. Il construisit des écoles, réunit un groupe de jeunes gens, en fit d’habiles musiciens et fonda une fanfare qui a sa renommée dans tous les villages païens à 10 lieues à la ronde ; il organisa des retraites privées pour jeunes gens et jeunes filles, innovation qui eut un véritable succès. Il ne craignait pas sa peine et courait vaillamment sous un soleil de feu à la recherche des brebis égarées.
Il faisait de beaux projets d’avenir lorsque soudain éclata la guerre de 1914. Touché par l’ordre de mobilisation, il revint en France où il fut d’abord mobilisé à la 16e section d’infirmiers militaires à Perpignan. Le 26 septembre 1916, il passait au 73e bataillon de Tirailleurs sénégalais pour être enfin affecté, le 22 octobre 1916, au 10e bataillon de Tirailleurs indo-chinois. Parti pour Salonique avec le grade de sous-officier, il prit part aux combats d’Astrova, de Vertekop et de Monastir où il obtint la citation suivante : « Le sergent Gastal, dans l’attaque de Monastir, a été un modèle par son sang-froid, son courage et sa valeur morale. » Démobilisé le 13 mai 1919, un mois après il retournait dans sa Mission.
Mgr Perros avait su apprécier son zèle et son entrain à Ban Peng ; aussi, à peine était-il arrivé à Bangkok que son Supérieur le nomma vicaire à la cathédrale de l’Assomption. Chargé principalement du collège et du couvent de l’Assomption ainsi que de celui de Saint-Joseph, il travailla avec une ardeur et une ténacité inlassables à la formation de cette jeunesse étudiante ; malgré un tel dévouement il ne pouvait suffire à la besogne. Il eut l’heureuse idée de préparer, parmi les enfants mieux doués et plus fervents des catéchistes qui avaient pour mission d’enseigner leurs camarades sous son contrôle vigilant ; il atteignit admirablement son but. Pendant 20 ans, il devait mener une vie d’ascète, dont tous les instants étaient minutieusement réglés, pour lui permettre de conduire à bonne fin sa tâche si lourde ; la préparation des catéchismes, des instructions mensuelles à deux communautés religieuses, ainsi que de nombreuses retraites annuelles prêchées aux Frères et aux Sœurs, exigaient un travail assidu, d’autant plus que le confessionnal l’occupait durant de longues heures, car il entendait de 13 à 14.000 confessions par an.
En 1923 il tombait malade. Le médecin prescrivit un retour en France, mais notre confrère ne voulut rien entendre : « C’est bon, dit le docteur, un jour viendra où vous tomberez comme une masse. » Il devait attendre 15 ans ce jour annoncé. Désormais ce ne sera plus que par une force de volonté extraordinaire qu’il pourra accomplir sa tâche sans défaillance ; même la célébration de la sainte messe lui demandera chaque jour un véritable effort. A la fin de chaque semestre il était épuisé ; et, à le voir si faible, on croyait le dernier moment venu. Mais non, les quelques semaines de vacances passées à la maison des Frères à Sriraja, lui redonnaient des forces suffisantes pour reprendre son travail avec un nouvelle ardeur. Les vacances de 1938 ne lui apportèrent pas le soulagement habituel escompté ; et, en revenant à Bangkok, il s’arrêta à Petriu pour voir M. Carrié, son compatriote, lorsqu’il fut soudainement terrassé par une néphrite chronique très grave. Dès le 25 juin, c’est-à-dire quelques jours après la crise, il s’embarquait pour la France, seul espoir de guérison. La veille de son arrivée à Marseille, il eut une seconde crise. A la descente du bateau, on transporta M. Gastal à l’hôpital Saint-Joseph. Quelques jours plus tard, se sentant beaucoup mieux, il se rendit dans sa famille, où malgré les soins les plus empressés, il devait mourir le 12 octobre suivant. Voici ce qu’écrit M. le curé de Pons au sujet des derniers moments de notre confrère :
« Une semaine après son arrivée, le cher missionnaire semblait aller beaucoup mieux, le « moral était meilleur, ses forces physiques revenaient, et pourtant on voyait en lui l’exilé. Il « pensait constamment à son cher Bangkok et n’avait qu’un désir : celui d’y repartir au plus « tôt. Pendant les journées où il se trouvait mieux, il aimait à se retirer dans sa chambre pour « y relire les nombreuses lettres qu’il recevait de ses chrétiens du Siam et pour y répondre. Il « célébra la sainte messe tous les jours dans un petit oratoire que nous lui avons préparé dans « sa maison. Il aurait voulu aider le curé de sa paroisse et même ceux des paroisses « voisines ; mais en qualité de pasteur, je lui ai défendu aimablement de sortir de la paroisse « et même de son village.
« Hélas ! les premiers froids devaient lui être funestes. En effet, les crises devinrent plus « fréquentes et des étouffements le firent beaucoup souffrir. Il s’était confessé en pleine « connaissance, lorsque deux jours plus tard, je fus appelé en hâte. Il venait d’avoir une forte « crise. Je lui administrai le sacrement d’Extrême-Onction. Se rendait-il compte de ce qui se « passait ? Ce qui me fait croire qu’il comprenait bien, c’est qu’à la fin de la cérémonie, il « rassembla toutes ses forces pour me dire : « Merci ; oh, merci ! » Pendant les quelques « jours qu’il vécut encore, on s’apercevait que son pauvre cerveau avait de la peine à « élaborer quelques pensées claires. Deux jours avant sa mort, nous étions quelques parents « et amis auprès de son lit. Le pauvre malade était très faible. Soudain la pensée me vint de « lui dire : « Cher ami, je crois qu’il nous faudra repartir tous les deux pour Bangkok ; là « vous serez bientôt guéri. » Ses yeux alors s’illuminèrent, il parut comme transformé et put « me dire : « Oh ! vous venez ?… oui, partons ! » Il s’est éteint sans agonie trop pénible. A « son enterrement présidé par le curé d’Entraygues, doyen du district, assistaient toute la « paroisse de Pons et tous les curés des paroisses voisines. »
Le souvenir de M. Gastal demeurera longtemps dans les âmes qu’il a formées au prix de grandes souffrances, car il a souffert beaucoup, surtout moralement. Il aimait passionnément son travail ; n’écrivait-il pas de France à un de ses confrères : « J’ai honte de la vie paresseuse que je mène ici, alors que vous avez tant de travail ! » Il ne s’intéressait guère aux questions qui ne touchaient pas à la vie apostolique. Les enfants lui étaient très attachés et pour cause : ils pouvaient puiser dans sa bourse, et ils ne s’en privaient pas. Combien de petits lui doivent d’avoir pu manger à leur faim, et d’avoir pu goûter le plaisir de belles randonnées dans la banlieue de Bangkok les jours de congé ! Plusieurs même lui doivent d’avoir pu achever leurs études : il payait les frais d’aller et retour de la maison au collège, et parfois même il prenait une partie des frais d’école à sa charge. La nouvelle de sa mort fut douloureusement ressentie par ce petit peuple, surtout par les enfants du couvent Saint-Joseph qui l’accablèrent de lettres le suppliant de vite guérir et de revenir à Bangkok. Que de larmes lorsque la fatale nouvelle fut connue ! Immédiatement ces petits orphelins se cotisèrent en prenant sur leurs si modestes économies pour faire dire de nombreuses messes pour le repos de l’âme de leur cher Père … Que Dieu lui accorde le repos éternel et qu’Il fasse de nous des hommes de devoir et des prêtres surnaturels comme l’a été notre regretté confrère.
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Références
[3042] GASTAL Auguste (1886-1938)
Références biographiques
AME 1910 p. 53. 1915-16 p. 77. 1919-20 p. 149 (art.). 1930 p. 96. 1938 p. 277. CR 1909 p. 265. 1911 p. 189. 1913 p. 252. 253. 1926 p. 125. 1927 p. 121. 1928 p. 126. 1932 p. 234. 1933 p. 198. 1938 p. 172. 236. 315. 1939 p. 158. BME 1925 p. 708. 1929 photo p. 720. 1930 p. 788. 854. 1936 p. 911. 1939 p. 64. EC1 N° 385. 388.
Avril 1994
Mmorial GASTAL Auguste,Bernard page