Jean LARREGAIN1888 - 1942
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 3157
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1913 - 1914
- 1919 - 1929
- 1940 - 1942
Biographie
[3157] Jen LARREGAIN naît le 6 janvier 1888 à Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées Atlantiques),dans le diocèse de Bayonne. Il fait ses études secondaires au collège Saint-Joseph d'Hasparen puis à Ustaritz.
Il entre au grand séminaire de Bayonne, puis à l'école supérieure de théologie de Nay et enfin au Séminaire des MEP le 17 octobre 1907. Ordonné prêtre le 8 mars 1913, il part le 14 mai suivant pour la mission de Kweichow en Chine.
Chine (1913-1929)
Il étudie le mandarin au petit séminaire. En 1914, à peine nommé vicaire à Hinychou, la guerre éclate. Mobilisé, il part pour Tientsin et pendant plus de quatre ans, sert comme sergent dans les troupes coloniales stationnées à Tientsin et à Pekin.
Démobilisé, il se rend en Mandchourie, en Corée et jusqu'au Japon pour étudier les méthodes d'apostolat dans ces pays. De retour dans sa mission, il est chargé du district de Tsé-chou en pays Dioi ou Thai ;: il se remet à l'étude de la langue et se dévoue à tous avec un grand zèle; il essaie d'assainir cette région insalubre, construit une église à Taiyen, développe les écoles, les catéchuménats et les dispensaires du district ; il rassemble une partie de ses néophytes à Touan-che.
Paris (1929-1939)
Quand éclate la guerre civile, les pillages succèdent aux pillages. Atteint depuis longtemps de malaria et effrayé par les pirates, il demande, en 1929, à se reposer ; il est alors rappelé à Paris comme représentant de la Chine du Sud au Conseil central, et prend possession de son poste le 17 octobre 1929. On lui confie aussi la charge d'économe du séminaire qu’il assure pendant près de dix ans.
Yunnan (1940-1942)
Le 13 juin 1939, il est nommé évêque d'Arycanda et vicaire apostolique du Yunnan. Il est sacré à Rome par le Pape Pie XII le 29 octobre. Il arrive au Yunnan le 6 janvier 1940 et le 7 à Kunming.
Il visite tour à tour les oeuvres centrales : séminaires, écoles, orphelinats ; il développe les écoles et effectue des visites fréquentes et prolongées dans les postes. Le 15 mai 1940 il assiste à la réunion des Ordinaires de la Chine du Sud et des délégués en vue de préparer l'Assemblée Générale des MEP prévue à Paris. La guerre sino-japonaise dure depuis 1937.
En 1940, l'évêque doit éparpiller son monde, ce qui lui cause bien des soucis et des fatigues. En janvier 1942, Mgr Larregain effectue la tournée pastorale du district de Lou-mei-y, revient au Grand Séminaire de Tsin-cha-keou, y ordonne deux nouveaux prêtres.
Après quelques semaines au repos, il repart visiter les postes de Iagui-tseu et de Hai-y.
Après la semaine sainte, il doit être hospitalisé pour une paratyphoïde.
Il meurt le 2 mai 1942.
Ses obsèques sont célébrées le 5 mai. Il repose au cimetière des missionnaires à Pelongtan.
Nécrologie
Notices Nécrologiques
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Mgr LARREGAIN
VICAIRE APOSTOLIQUE DE KUNMING
(Yunnanfu)
Mgr LARREGAIN (Jean) né le 6 janvier 1888 à Saint-Pée-sur-Nive1le, diocèse de Bayonne (Basses-Pyrénées). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 17 octobre 1907. Prêtre le 8 mars 1913. Parti pour le Kouytcheou le 14 mai 1913. Evêque d’Arycanda et Vicaire apostolique de Yunnanfu en 1939. Mort à Yunnanfu le 2 mai 1942.
Mgr Jean Larregain est né le 6 janvier 1888 à Saint-Pée-sur-Nivelle, diocèse de Bayonne, dans une famille profondément pieuse et assez à l’aise. Son père était boucher de l’endroit et en même temps garde champêtre, sa mère excellente couturière. Aîné de dix enfants, intelligent, doué d’un caractère doux, franc et agréable, le petit Jean semblait être le préféré des enfants qu’éduquait M. Darré, instituteur du village. Par ailleurs, sa piété et sa candeur attirèrent bientôt l’attention de son curé, l’Abbé Menta, et surtout de son oncle paternel, missionnaire diocésain, prêtre austère et sévère : aussi, dans la paroisse personne ne fut étonné de le voir, à l’automne 1900, entrer au petit séminaire.
D’abord, élève pendant deux ans au Collège Saint-Joseph d’Hasparren, où l’oncle aussi craint que vénéré était professeur, Jean eût sans doute aimé à être suivi de moins près par le rigide missionnaire ; c’est pourquoi ce fut avec une satisfaction très compréhensible à son âge qu’il passa ensuite à Ustaritz pour y continuer ses études en quatrième. Dans ces deux établissements, le futur missionnaire se révéla élève appliqué, pieux et sympathique à tous, maîtres et condisciples ; et, quand en juillet 1906, il quitta le petit séminaire, c’est avec d’excellentes notes qu’il put se présenter au grand séminaire de Bayonne.
Déjà, il était décidé à se consacrer aux missions, mais conseillé de rester quelque temps encore dans son diocèse d’origine pour éprouver sa vocation apostolique, il consentit à suivre l’avis de prêtres expérimentés. Cela lui valut de connaître l’expulsion légale, consécutive à la séparation de l’Eglise et de l’Etat. En janvier 1907, le grand séminaire de Bayonne se reconstituait à Nay, sous le nom d’Ecole Supérieure de théologie. Quelques mois plus tard, l’abbé Larregain demandait son admission au Séminaire des Missions-Étrangères de Paris, admission appuyée favorablement par le Supérieur qui écrivait de lui : M. Larregain semble offrir par sa piété, par sa conduite et son travail, toutes les garanties exigées d’un aspirant missionnaire. » Toutefois, le jeune abbé ne put tout de suite mettre son projet à exécution ; ses parents étaient d’excellents chrétiens, il est vrai, cependant ils ne pouvaient consentir à se séparer pour toujours de leur fils aîné ; ils voulaient de bon cœur le donner à Dieu, mais pour qu’il devînt prêtre au diocèse de Bayonne. Au mois d’octobre l’abbé Larregain rentra donc à Nay avec ses condisciples ; il fit sa retraite comme tous les autres et le 17 octobre, sans prévenir sa famille, il vint à Paris, mettant ainsi ses bien-aimés parents devant le fait accompli.
Tout à fait dans son élément, il eut vite conquis l’affection de ses confrères, exemplaire en tout, très charitable, pieux et travailleur, tel fut le futur évêque pendant le temps de sa formation à Bièvres et à Paris. En 1911, à son retour du service militaire qu’il accomplit à Bordeaux, il reprit avec joie sa place, à la rue du Bac et assuma les fonctions d’infirmier, nouvelle occasion pour lui de montrer son dévouement et son exquise douceur. Enfin, le 8 mars 1913, il était ordonné prêtre et recevait sa destination pour la Mission du Kweichow, qui comprenait alors toute la province chinoise de ce nom.
Parti le 14 mai, il arrivait à Kweiyang deux mois plus tard. Mgr Guichard l’envoya au petit séminaire pour étudier la langue mandarine et acquérir l’expérience de la mentalité chinoise. En 1914, il venait d’être envoyé vicaire de M. Schotter à Hinyfou, dans le sud-ouest de la Mission, quand éclata la guerre. Mobilisé immédiatement, il partit pour Tientsin en passant. par Hankow et Shanghaï et pendant plus de quatre années, il servit comme sergent dans les troupes coloniales stationnées à Tientsin et Pékin, chargé de recruter des coolies chinois. Après sa démobilisation, il alla en Mandchourie, en Corée et jusqu’au Japon, revoir les missionnaires, ses anciens amis à Paris, mais surtout pour étudier les moyens d’apos¬tolat employés dans ces régions.
Revenu dans sa Mission du Kweichow, Mgr Seguin lui confia la direction du district de Tse-chou, dans la région du sud-ouest, qui devait devenir en 1922, avec une partie du Kwangsi, Préfecture apostolique de Lanlong. C’est un pays des plus fiévreux, peuplé d’autochtones de race non chinoise, que l’on appelle communément Dioï et qui sont apparentés aux Thaï du Siam, du Laos et du Tonkin. M. Larregain dut donc se remettre aussitôt à l’étude de la langue et, quelques mois après, il la connaissait déjà suffisamment pour être à même d’instruire les catéchumènes. Rapidement il fut très estimé des habitants pauvres de son district, comme il le sera aussi à Tsehen et à Tayen. Il s’y dévouait avec le plus grand zèle, soignant les corps pour arriver plus facilement aux âmes, bâtissant maints projets d’assainissement de la région ; une meilleure hygiène devait, pensait-il, amener la suppression des fièvres, dysenteries, typhoïdes, et autres maladies endémiques du pays.
En 1924, une terrible famine causait d’énormes ravages dans toute la province, ce fut pour M. Larregain une nouvelle occasion de déployer son zèle et sa charité, il recueillit un grand nombre d’affamés et en soulagea encore davantage ; le riz distribué par lui à bon escient sauva de la mort beaucoup d’entre eux ; les catéchumènes se multiplièrent et, en 1925, une centaine de baptêmes d’adultes vinrent remplacer les chrétiens emportés dans la tombe par la misère et la faim. Il profita aussi de cotte pénible situation pour fournir un travail généreusement rétribué aux quémandeurs de riz ; il leur fit construire une église à Tayen, et en même temps il put ainsi développer les écoles, catéchuménats et dispensaires du district et annoncer la bonne nouvelle du salut à une centaine de villages disséminés sur la rive gauche de la partie supérieure du Sikang.
M. Larregain s’était donc révélé un organisateur de premier ordre. A côté des œuvres ordinaires, concours, tirs, courses, jeux divers pour enfants et adultes, étaient exploités dès qu’il s’agissait de la gloire de Dieu qu’il voulait procurer par tous les moyens possibles. A Tayen, on se rappellera longtemps ces fameuses fêtes de Noël où, sous son impulsion, le corps autant que l’esprit trouvait de l’agrément : on en parlait dans les environs, et de cette façon de nouveaux catéchumènes se sentaient attirés vers le prêtre catholique, si aimable et si au courant des mœurs locales. Des familles de bons chrétiens étaient dispersées au loin, et de ce fait, exposées à s’attiédir dans leur isolement, le missionnaire de Tayen chercha le moyen de les rassembler ; il y réussit en les installant sur une propriété que la Mission possédait a proximité de sa résidence. D’autres s’étaient fondées par l’union d’orphelins et d’orphelines lors de la famine ; elles purent, grâce à son entremise, s’établir à Touan-che, village où actuellement 150 baptisés ont pris la place d’anciens pirates craints à une dizaine de lieues à la ronde. Très généreux, M. Larregain s’était créé beaucoup d’amis ; même parmi les chefs du pays, toujours assurée de trouver auprès de lui remèdes et services. Il enseigna même l’art de la photographie à quelques-uns d’entre eux, à Tsehen par exemple, et aujourd’hui ils ont pu réaliser une honnête fortune. Son successeur, M. Nénot, devait grandement bénéficier de leur protection.
Malheureusement, la santé de M. Larregain n’était pas des plus brillantes ; indépendam-ment de la fièvre, il souffrait du foie et des intestins ; il tint bon malgré tout, car il savait qu’en menant le bon combat dans ces pays insalubres du sud-ouest de Kweichow, il avançait le moment où la foi catholique serait enfin établie solidement à la place de grossières et nombreuses superstitions.
Sur ces entrefaites, la guerre civile éclata à ses côtés. Les troupes yunnanaises de retour du Kwangtung furent l’occasion de troubles sérieux : les pillages succédaient aux pillages, la crainte régnait partout ; bref, le pauvre missionnaire étant dans une région sans route ni confort, plus souvent en voyage qu’en résidence, se vit submergé par les événements. Atteint depuis longtemps de la malaria, effrayé par les pirates, il se décida, en 1929, à écrire à son Supérieur général, Mgr de Guébriant, le priant de lui permettre de se reposer, au moins à titre provisoire, dans une de nos procures en Extrême-Orient. C’est alors qu’il fut rappelé à Paris comme Représentant des sept Missions du sud de la Chine au Conseil Cen¬tral de la Société.
Le 17 octobre 1929, M. Larregain prenait possession de ce poste de confiance. Il n’oublia cependant pas les Chinois qu’il continua à aimer toujours. Souvent il écrivait de longues lettres au confrère qui lui avait succédé dans son district de Tayen, lui demandant des nouvelles des chrétiens pour lesquels il s’était tant dévoué, s’intéressant à chaque village, et même à chaque famille : vraiment il était resté de cœur avec eux. Intermédiaire entre ses Missions et le Conseil Central de la Société, il défendait à bon escient leurs intérêts. Il savait trouver le mot qui touche et qui console les familles des missionnaires ; et c’est avec la plus grande délicatesse qu’il leur annonçait parfois les plus alarmantes nouvelles. Bref, son exquise charité eut à Paris bien des occasions de s’exercer.
A son arrivée au Séminaire, M. Gérard, économe, contracta une grave maladie qui l’empêcha de remplir ses fonctions ; cette charge fut confiée à M. Larregain, et il la garda pendant près de dix ans. Là encore il fut admirable d’activité et de charité. Esprit pratique, il ne craignait pas de prendre les initiatives qui lui paraissaient avantageuses, tout en se montrant prudent dans les affaires. Toujours affable, malgré les dérangements continuels il gardait le sourire, aussi les confrères de passage, de même que les prêtres étrangers qui venaient demander l’hospitalité à la rue du Bac, ont-ils gardé le meilleur souvenir de son amabilité accueillante.
La douceur de son caractère n’excluait cependant pas la ténacité. Il était l’ennemi acharné de la routine ; il avait vite compris la nécessité de s’adapter aux circonstances du temps comme à celles des lieux. Dès son arrivée à Paris, il avait suggéré qu’on organisât une propagande ingénieuse pour le recrutement des futurs missionnaires et, un peu plus tard, il aurait voulu qu’on créât sans trop tarder dans chaque groupe de missions une école de formation qui permit aux jeunes d’étudier la langue et de s’initier à l’histoire et aux mœurs du pays. Ces deux projets n’aboutirent pas tout de suite, mais actuellement ils sont en bonne voie de réalisation.
M. Larregain avait gardé la nostalgie des missions. Il espérait après l’expiration de son mandat regagner son ancien poste pour y travailler jusqu’à la mort ; mais la Providence en décida autrement. En effet, la nomination de Mgr de Jonghe comme délégué apostolique en Irak laissait vacant le siège de Yunnanfu ; il lui fallait un successeur. Les missionnaires du Yunnan consultés portèrent leurs suffrages sur M. Larregain dont ils avaient apprécié le zèle et la charité. Le Saint-Siège ratifia leurs désirs, et c’est ainsi que, le 13 juin 1939, M. Larregain fut nommé Vicaire apostolique du Yunnan avec le titre d’Evêque d’Arycanda.
Il fut du nombre des douze évêques missionnaires, tous de nationalités différentes, consacrés à Rome par sa Sainteté Pie XII en la fête du Christ-Roi le 29 octobre 1939.
De retour au pays natal quelle ne fut pas son émotion mêlée de joie et de tristesse de pouvoir embrasser une dernière fois sa vieille mère, toute heureuse du grand sacrifice consenti 31 ans plus tôt. Il fut fêté au pays basque plus encore peut-être qu’ailleurs, réjouissances très légitimes en de belles circonstances.
Reparti pour la Chine à la fin de novembre, Mgr Larregain arrivait au Yunnan le 6 janvier 1940, et le 7 il était à Yunnanfu, la capitale qui prend désormais le nom de Kunming. Dès son arrivée, le nouveau Vicaire apostolique voulut se rendre compte par lui-même de la vitalité des œuvres centrales ; il visita donc tour à tour le grand séminaire, confié depuis quelques années aux soins des prêtres de Saint-Sulpice, puis l’école professionnelle et l’école primaire dirigée par les Pères Salésiens de Don Bosco, enfin le carmel, l’école primaire et l’orphelinat confiés aux Sœurs de Saint-Paul de Chartres et la Maison des Sœurs Franciscaines Missionnai¬res de Marie.
Au début de février, lors des retraites pastorales, Mgr Larregain donna plusieurs conférences à ses prêtres français et chinois, premier contact qui conquit tous les cœurs et fit voir que le pasteur envoyé par Rome voulait mettre à exécution un plan adapté aux temps actuels. Jusque-là, au Yunnan, les villageois n’étudiaient guère, les écoles n’étaient pas nombreuses ; Mgr Larregain engagea les chefs de district à en créer une dans tous les postes principaux. Les visites des chrétientés éloignées n’avaient lieu généralement qu’une fois chaque année ; il conseilla les voyages fréquents et les visites prolongées.
Le 15 mai 1940 avait été la date fixée pour la réunion des Ordinaires de la Chine du Sud et des délégués des diverses missions du groupe à Hong-Kong : il s’agissait de préparer l’Assemblée générale qui devait siéger à Paris quelques mois plus tard. Bien qu’arrivé depuis peu de temps dans sa Mission, il tint cependant à y assister. A peine rentré au Yunnan il entreprit sans plus tarder la visite de son Vicariat, un des plus étendus de la Chine et certainement un de ceux qui manquent le plus de moyens de communications. En moins de deux ans, il parvint à se rendre dans tous les centres et dans plusieurs petites chrétientés. Seuls les districts du nord-ouest ne purent être parcourus par le vaillant Vicaire apostolique, par suite des circonstances.
La guerre sino-japonaise durait déjà depuis le milieu de l’année 1937 ; elle était loin d’être terminée. En 1940, une partie des provinces du Kwangtung et du Kwangsi étaient envahies, et les routes yunnanaises, le chemin de fer surtout, avaient subi de nombreux bombardements. Il était temps de prendre les précautions nécessaires. Mgr Larregain décida donc de licencier les grands séminaristes ; puis, au début de l’année suivante, de les réunir à Tsi-cha-k’éou ; les Sœurs de Saint-Paul de Chartres iraient habiter dans un village situé non loin du petit séminaire, à dix kilomètres de la ville ; les Carmélites, dont le monastère avait déjà reçu deux bombes, mais sans dommage pour le personnel, partiraient pour Weitse, où elles s’établiraient dans l’école des filles au centre du district de M. Moulin. Les élèves de l’école préparatoire au petit séminaire devaient se transporter à Mitsae où des bâtiments seraient construits à la hâte. Tant de changements, on le conçoit, furent l’occasion de bien des soucis pour le Vicaire apostolique ; il fallait aménager et construire, d’où nécessité de multiplier, les voyages à cheval ou à bicyclette qui fatiguèrent énormément le vaillant évêque d’autant plus que, depuis son retour en Chine, il n’avait pas encore réussi à se réacclimater. Il éprouvait de violents accès de fièvre, pareils à ceux qu’il avait eu jadis dans la région dioï du sud-ouest de Kweichow, et que de graves soucis matériels ne faisaient peut-être qu’accentuer. Par suite de la guerre entre le Japon et les Anglo-Saxons, les fonds pour l’entretien des missionnaires ne peuvent bientôt plus arriver de Hong-Kong ; il lui fallut emprunter et multiplier les démarches auprès du Gouvernement de 1’Indochine pour que les maigres subsides envoyés de Paris puissent lui parvenir. N’osant pas s’absenter trop longtemps de Kunming, il remet donc à des jours meilleurs la visite qu’il désirait tant faire dans les districts du nord-ouest.
En janvier 1942, Mgr Larregain partait en tournée avec M. Auneveux. Après avoir visité plusieurs villages de catéchumènes du district de Lou-mei-y, il revint par Tsin-cha-k’éou où était installé depuis un an le grand séminaire ; il y fit quelques jours de retraite, et, après avoir ordonné deux nouveaux prêtres, rentra à Kunming un peu fatigué. Après quelques semaines de repos, il quitta de nouveau la capitale au début de mars pour se rendre d’abord à Lan-gni-tsen où, en compagnie d’un jeune prêtre chinois, il visita trois villages de nouveaux chrétiens et catéchumènes, puis à Hai-y, où M. Rossillon lui fit également parcourir une partie de son district.
Revenu à l’évêché, au début de la Semaine-Sainte, à bout de forces, Mgr Larregain alla quand même au petit séminaire de Pélongtan, situé à une bonne lieue de la ville, pour la bénédiction des Saintes Huiles, et dès le lendemain il se rendit à Mitsao pour accomplir la promesse qu’il avait faite de bénir les locaux du nouveau probatorium en la solennité de Pâques. Enfin le lundi il revint dans sa ville épiscopale, mais pour y mourir.
Tout d’abord la fatigue ne se manifesta que sous la forme d’un manque d’appétit et d’un rhume tenace. Le 19 avril au soir, la fièvre se déclara ; immédiatement le médecin le fit hospitaliser à l’hôpital Calmette et le lendemain, il diagnostiquait une paratyphoïde. Les jours suivants furent très pénibles, mêlés de délire et d’instants lucides. Son Excellence reçut le sacrement des malades avec grande piété, se prêtant à toutes les cérémonies, puis ce fut une lente agonie jusqu’au moment du dernier soupir, le 2 mai, vers dix heures et demie du soir, en présence de M. Michel, provicaire, qui lui renouvela une dernière absolution, de M. Bonnemin et de deux Religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie. Sans secousse, le bon évêque quittait cette terre de Chine où il avait espéré travailler longtemps encore.
Les obsèques furent fixées au mardi 5 mai. La dispersion des chrétiens, due aux circonstances, ne permit pas d’organiser une veille continuelle, mais beaucoup de personnes, en particulier des religieuses chinoises et les professeurs et élèves des Sœurs de Saint-Paul de Chartres récitèrent l’office des morts. M. Michel, assisté de MM. Auneveux et Jean Tchang, chanta la messe de Requiem en présence de MM. Pierre Py et Félix Tsen, de MM. Grignon et Bordenave, Sulpiciens ; le père Salésien de Don Bosco, Majoen, remplissait les fonctions de cérémoniaire. Le Gouvernement provincial ¬avait délégué un colonel et MM. Wang et Tcheng pour le représenter aux obsèques. Presque tous les membres de la colonie française de Kunming, de Kaiyuen et de Yliang étaient présents. Un grand nombre de catholiques avaient tenu aussi à venir prier pour l’évêque passionné de zèle pour les âmes, mort à la tâche pour le développement de l’Eglise au Yunnan.
Le cimetière des missionnaires est situé près du petit séminaire, à quelques kilomètres de Kunming, à Pélongtan. Le cortège y arriva vers neuf heures et demie. M. Gandon, Consul de France, dans un discours ému, rappela brièvement les étapes de la carrière de Mgr Larregain : « Il avait conquis les cœurs sans effort, dit-il, par le rayonnement de son admirable bonté, par le magnifique exemple d’une existence qu’avec une modestie infinie il consacrait tout entière aux durs labeurs de son ministère. Et c’est dans cette tâche qu’il s’est épuisé jusqu’à l’extinction de ses forces. »
Maintenant Mgr Larregain repose auprès de Mgr Fenouil, décédé en 1907, de Mgr Bourgain, mort en 1925, d’un certain nombre de missionnaires et prêtres chinois, d’un prêtre de Saint-Sulpice et de trois Sœurs de Saint-Paul de Chartres.
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Références
[3157] LARREGAIN Jean (1888-1942)
Références bio-bibliographiques
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