Pierre ROY1887 - 1957
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3176
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1914 - 1914 (Yangon [Rangoun])
- 1919 - 1957 (Yangon [Rangoun])
Biographie
[3176] ROY Pierre est né le 23 juillet 1887 à Maxilly-sur-Saône (Côte d’Or), fut admis au Séminaire des Missions Étrangères en 1912. Ordonné prêtre le 20 décembre 1913, il partit pour la Birmanie le 15 avril suivant. Il venait d’arriver dans sa mission, quand il fut rappelé en France par la mobilisation. De retour en Birmanie après la guerre, il fut affecté à la mission chinoise, puis, en 1936, fut nommé curé de la cathédrale à Rangoon, et provicaire de la mission. Il assuma ces fonctions jusqu’en 1957 ; sa santé fragile l’obligea ensuite à regagner la France. Il mourut à Dijon, le 12 juin 1957.
Nécrologie
Le P. ROY est né dans une famille nombreuse et très chrétienne à Dijon. Un de ses frères, missionnaire à Tokyo, était considéré comme un saint par tous ceux qui l’ont connu ; un autre est prêtre bénédictin ; une sœur est religieuse au Carmel.
Ordonné le 20 décembre 1913, il partit pour la Birmanie le 15 avril 1914, mais son séjour y fut très bref ; il fut mobilisé en août 1914 comme lieutenant d’administration à Saïgon. En 1917, il fut rappelé en France, mais tombé gravement malade en arrivant à Marseille, il ne peut rejoindre le front français.
Démobilisé, il retourne à Rangoon et fut affecté à la mission chinoise de la ville, comme vicaire du Père ALLARD. Il fut spécialement chargé de l’école. Méthodique dans son travail, très doué pour la musique, il apprit aisément les dialectes de ses chrétiens et sut bientôt les manier à la perfection. Sévère avec les enfants, il en était pourtant vénéré. En apprenant sa mort, un de ses anciens élèves disait : « Il m’a souvent puni, mais je lui en suis reconnaissant ; c’est à lui que je dois d’être ce que je suis devenu ». Il était au centre de la Mission, où une vie régulière était organisée sans les imprévus de la vie de brousse. Le Père ROY prit l’habitude de passer ses temps libres devant le Saint Sacrement, habitude qu’il devait conserver jusqu’à la fin de sa vie.
Dès cette époque, il était fort apprécié des communautés religieuses de Rangoon, tant comme confesseur que comme prédicateur des retraites annuelles. Il conserva ce rôle effacé jusqu’en 1936.
En août 1936, le doyen de la Mission, le Père Xavier BOULANGER était assassiné à Pégu, et le couvent des Clarisses se trouvait sans aumônier. Tout naturellement, Mgr PROVOST tournait les yeux vers le père ROY et lui demandait de prendre cette charge. Ses malles vite préparées ne devaient pas arriver à destination. Un autre vide venait de se créer ; le Père SAINT GUILLY, provicaire et curé de la cathédrale, tombé gravement malade, venait de donner sa démission et c’est là, comme curé de la cathédrale, provicaire de Mgr PROVOST et, plus tard, vicaire général de Mgr BAZIN, que le Père ROY devait passer la seconde phase de sa vie missionnaire.
Provicaire ou Vicaire Général, c’était l’homme de bon conseil, prudent, qui, interrogé, se recueillait, semblait voir les choses en Dieu et donnait sa réponse telle qu’il la pensait, sans égard pour personne. Cette présence de Dieu, il la conservait partout. À l’évêché, le repas du soir était suivi d’une récréation en commun, souvent agrémentée d’une partie de bridge ou de tarot. Un soir, pendant une de ces parties, le Père ROY reçut un télégramme ; il y jeta un coup d’œil, le mit en poche et continua à jouer. C’est seulement la partie finie qu’il demanda à ses confrères de prier pour son père dont il venait d’apprendre la mort. « Pourquoi, Père, n’avoir pas parlé plus tôt ? Pourquoi n’avoir pas arrêté le jeu ? » — « Oh ! répondit-il, je n’ai pas voulu vous priver de votre récréation »
Curé, le Père ROY fut toujours très fidèle à la préparation des trois sermons qu’il prêchait chaque quinzaine, laissant un dimanche sur deux à son vicaire. C’étaient des sermons riches de doctrine, mais malheureusement la voix du prédicateur portait mal dans l’immense vaisseau de la cathédrale. Tous les matins, après sa messe et l’après-midi des samedis ou veilles de fête, il était assidu à son confessionnal. « Si l’on veut seulement le pardon de ses fautes, il suffit de s’adresser à n’importe quel prêtre, mais si l’on veut monter, il faut aller au Père ROY », disait un de ses paroissiens.
Il organisa la « Légion de Marie » et eut un des premiers Praeside de Birmanie. Les débuts ne furent pas un succès. Les légionnaires étaient zélés, mais manquaient de tact et de doigté. L’invasion japonaise mit fin à cette première expérience. Reconstituée après la guerre, la Légion a rendu les plus grands services à la paroisse. Chaque semaine, le P. ROY présidait la réunion de ses légionnaires ; il les instruisait, les dirigeait.
La guerre, les bombardements japonais qui, après le mois de décembre 1941 firent plus de 2 000 victimes parmi la population civile de Rangoon, l’invasion enfin en février 1942, firent de Rangoon une ville vide et du curé de la cathédrale, un curé sans paroissiens. Le P. ROY vécut alors parfois à l’évêché, et plus souvent à l’asile des lépreux de KEMMENDINE, avec la plupart des confrères de Rangoon. Ce furent trois années pénibles : régime incertain, dangers toujours plus grands des avions alliés à mesure que le retour de ceux-ci se faisait plus proche.
De santé délicate, le P. ROY à la fin de cette seconde guerre mondiale, semblait totalement usé. Il s’en rendait compte. Plusieurs fois, il offrit sa démission, craignant d’être un obstacle plutôt qu’une aide dans le poste qu’il occupait. Ses deux évêques successifs la refusèrent. « Continuez » lui dirent-ils et il continua.
Sa tâche était plus lourde que jamais. Il s’y mit vaillamment. Sans avoir reçu de coup direct, la cathédrale avait eu ses fenêtres soufflées par les bombes ; la toiture des clochers ne tenait plus. Il pleuvait à l’intérieur de la cathédrale. Toiture et fenêtres furent refaites, l’extérieur remis à neuf et tout l’intérieur repeint. La cathédrale avait retrouvé un air de jeunesse. Avec le retour de la paix, la ville retrouva vite, et même dépassa sa population d’avant-guerre. Les écoles des frères et des religieuses devinrent insuffisantes. Une nouvelle école, l’école du Sacré Cœur, fut bâtie pour les plus pauvres et son grand succès en dit assez l’utilité.
Mais la santé du P. ROY ne s’améliorait pas. Il fit plusieurs séjours à l’hôpital. Obéissant là comme partout, il faisait chaque matin, par tous les temps, une heure de marche pour obéir à son docteur. Il marchait indifférent au trafic de la ville. « Que de fois, en le rencontrant, j’avais peur pour lui », disait une paroissienne.
Le 4 février 1957, au soir, le P. ROY s’avouait vaincu ; il demandait un remplaçant pour sa messe du lendemain. Le 5, un docteur consulté se montrait pessimiste ; le Père ROY avait trop attendu, il fallait recourir à une opération, mais pourrait-il la supporter ? À l’hôpital des Adventistes, où il entra, le chirurgien déclara n’être pas outillé pour l’opération nécessaire. Le départ pour la France fut décidé. Le 21 février, le Père ROY prenait l’avion. « J’ai encore une chance, je préfère la risquer plutôt que de rester ainsi ».
De France, les nouvelles furent d’abord excellentes. L’opération était plus simple que ne l’avaient cru les docteurs de Rangoon et avait réussi au-delà de toute espérance. Lui-même écrivait à un de ses amis auquel il enseignait le français et qui lui donnait des leçons de birman qu’il continuait en France son étude de la langue birmane.
Après un séjour dans sa famille à Dijon, il en fit un autre à TOURNAY, dans les Hautes-Pyrénées, auprès de son frère bénédictin. De retour à Dijon, il eut dans la nuit du 1er au 2 juin des vomissements de bile. Il ne put célébrer la Sainte Messe et dut rester couché. Atteint d’un œdème du poumon, il s’épuisait en efforts pour respirer ; il souffrait beaucoup. Le mercredi 12 juin, dans l’après-midi, il se confessait, recevait l’Extrême-Onction et le Saint Viatique. Il donnait ensuite aux siens ses dernières instructions avec une lucidité étonnante ; télégramme à envoyer à Paris, à Rangoon, messes, etc. Il resta ensuite comme baigné de surnaturel. À 18 h 40, sa respiration s’est arrêtée deux ou trois fois pour finalement ne plus reprendre, le cœur avait lâché. Il s’est éteint tout doucement, terminant ainsi une vie usée au service du Seigneur.
Après la levée du corps à Dijon, l’inhumation eut lieu à Maxilly, sa paroisse natale, où il repose dans le même tombeau que son frère André, Missionnaire au Japon.
Le Père ROY laisse le souvenir d’un homme de Dieu, d’un prêtre surnaturel. Son recueillement durant la Sainte Messe, ses longues visites au Saint Sacrement, sa dévotion à la Sainte Vierge étaient remarquables. Dans les postes qu’il a occupés, il aurait pu accumuler une fortune : il est mort pauvre, pauvre d’argent, de vêtements et de mobilier, à cause de ses nombreuses et discrètes aumônes.
Robert OGENT
Clergy House, Judah Ezechiel Street
RANGOON