Henri MICHEL1889 - 1988
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3186
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1915 - 1922 (Penang)
- 1927 - 1943 (Penang)
Biographie
[3186] MICHEL Henri, Célestin, Joseph, est né le 23 décembre 1889 à Vedrin, dans le diocèse de Namur (Belgique). Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Floreffe pendant quatre ans, puis chez les pères Jésuites de Namur pendant deux ans. Il entre au Grand Séminaire de Namur en octobre 1910. Le 16 septembre 1911, il entre au séminaire des Missions Étrangères. Ordonné prêtre le 19 décembre 1914, il part le 17 mars 1915 pour le Collège Général de Penang.
En 1922, il doit rentrer en Europe pour un congé maladie : les soins et le repos occupent toute cette année-là. En 1923, il est nommé au Séminaire de Bièvres où il enseigne jusqu'en 1927, date à laquelle il revient à Penang, l'histoire de l'église. Après l'invasion japonaise, le Père Michel est interné d'abord à Penang puis au camp de Changi à Singapore, le 28 décembre 1943. Il sera libéré le 15 août 1945, à la capitulation japonaise. Il rentre définitivement en Europe en 1946, où il passera encore de longues années chez ses nièces, bricolant le bois et le fer dans un atelier qu'il s'était bâti lui-même au fond du jardin. Autant que ses forces lui permirent, il aida les prêtres du voisinage dans leur ministère.
Le Père Michel approchait de ses 100 ans quand, sans maladie bien caractérisée sinon la vieillesse, il s'éteint le 8 novembre 1988. Ses obsèques eurent lieu le 11 novembre à Moustier-sur-Sambre et furent présidées par le Père Dû, assisté du curé de la paroisse et de quelques confrères des Missions Étrangères.
Nécrologie
Le Père Henri MICHEL
Missionnaire au Collège général de PENANG
1889 - 1988
MICHEL Henri
Né le 23 décembre 1889 à Védrin, Namur, Belgique
Entré aux Missions Étrangères le 16 septembre 1911
Prêtre le 19 décembre 1914
Parti pour le Collège général de Penang le 17 mars 1915
Décédé à Moustier-sur-Sambre le 8 novembre 1988
Henri Michel naquit à Védrin, au diocèse de Namur, Belgique, le 23 décembre 1889. Son père était chef de gare. La famille comptait cinq enfants dont trois garçons et deux filles.
Après ses études primaires, il entra au petit séminaire de Floreffe pour y suivre ses études secondaires pendant quatre ans, puis les termina chez les Jésuites de Namur. Il en sortit au bout de deux ans avec le diplôme d’humanités qui correspond au baccalauréat en France.
Entré au grand séminaire de Namur, en octobre 1910, il fit sa demande d’entrée aux Missions Étrangères, le 22 juillet 1911. Interrogé à son sujet, le supérieur du grand séminaire de Namur donna d’excellentes notes sur Henri Michel qui fut donc admis sans difficulté le 31 juillet 1911 ; c’est le 16 septembre qu’il entra au séminaire des Missions Étrangères pour y terminer ses études ecclésiastiques. Ordonné prêtre le 19 décembre 1914, il reçut sa destination pour le Collège général de Penang. Parti le 17 mars 1915, il commença son enseignement au Collège général. La langue usuelle, aussi bien pour les cours que dans la vie courante, était le latin tant pour les professeurs que pour les élèves, car à cette époque les élèves étaient originaires de divers pays : la langue commune ne pouvait être que le latin.
En 1922, le P. Michel fut obligé de rentrer en France pour se soigner. Soins et repos occupèrent toute l’année 1922. Après quoi il fut nommé au séminaire de Bièvres où il enseigna jusqu’en 1927.
En septembre-octobre 1927, il rejoignit Penang pour y reprendre l’enseignement. Un des ses anciens élèves, Mgr Vendargon, archevêque émérite de Kuala-Lumpur a eu l’amabilité de donner quelques-uns de ses souvenirs : « C’est en 1927 que je fis la connaissance du P. Henri Michel, le très aimable et le très capable procureur du Collège général. Il était bien rond de sa personne, rouge de figure, barbu et pétillant d’humour. Il tenait des comptes minutieux du peu d’argent que les séminaristes avaient en dépôt chez lui, et tous les jours faisait des courses en ville pour eux. Ainsi eut-il à acheter ce qu’un étudiant fraîchement arrivé de Chine appelait dans un latin rudimentaire : “aliquid circum circa, homo jacet intra – quelque chose autour, avec un homme à l’intérieur”. Sans hésiter, le P. Michel comprit qu’il s’agissait d’une moustiquaire. Le P. Michel enseignait l’histoire de l’Église et nous régalait en latinisant à sa manière, avec grande créativité, les mots de la vie courante ».
Tout alla bien jusqu’au moment où les Japonais, qui avaient entrepris de conquérir tout le Sud-Est asiatique, envahirent la Malaisie. On les attendait par le sud et, au dire des Anglais, Singapour était imprenable. Mais les Japonais vinrent par le nord, à travers la jungle, au prix d’efforts surhumains. De ce côté-là, la défense n’était pas organisée, tant et si bien que les Anglais furent complètement surpris. Les Japonais commencèrent par couler deux croiseurs anglais et pour cela n’hésitèrent pas à sacrifier deux avions et deux pilotes, les fameux « kamikases ». En bref, toute la Malaisie fut conquise, y compris Singapour, et les Japonais imposèrent leur régime. Le P. Michel n’échappe pas à cette mesure. Interné d’abord à Penang, il fut envoyé ensuite à Singapour, au camp de Changi où furent rassemblés 4.500 prisonniers appartenant à 27 pays différents. On le remarquait tout de suite à cause de son optimisme et de son sens de l’humour. Il racontait comment en prenant sa douche, à coup de seaux d’eau et avec quelques dizaines d’autres compagnons, tous en tenue d’Adam, quelqu’un lui avait tapé sur l’épaule en s’exclamant : « Mon petit P. Michel, je vous reconnais quand même. Soyez le bienvenu parmi nous ! »
Comme le raconte le Frère Vincent, frère de Saint-Gabriel, compagnon de captivité du P. Michel : « En mai 1944, on nous a transférés de la prison de Changi au camp de Sime-Road. Le P. Michel fut classé parmi les vieux. En tant que tel, il ne travaillait pas, mais n’avait droit qu’à une demi-ration de nourriture. Aussi perdit-il du poids très vite. Il remarquait : « Tant que je reste “positif”, je ne m’inquiète pas. Je commencerai à me faire du mauvais sang lorsque j’approcherai de zéro.» Dans sa lettre, Mgr Vendargon note qu’au moment de sa libération, le P. Michel pouvait s’enrouler deux fois dans sa soutane. Il ne pesait que 37 kg, mais il déclarait avec bonne humeur : « Ainsi je me suis allégé de 20 kg ». Le frère Vincent continue : « Le jour de notre libération, c’est lui qui célèbre la messe d’action de grâces. Mais il était bien mal en point ; je le revois priant, patient, ne se plaignant jamais, plein d’espoir, à cause de sa confiance dans la Providence, même lorsque les Japonais nous disaient : “Il neigera à Singapour avant que les Anglais ne reviennent”. »
On peut ajouter quelques détails. Le P. Michel n’aimait pas parler de lui-même ni de son temps de captivité : à l’occasion de ses 70 ans de sacerdoce, le curé de la paroisse le fit parler un peu et enregistra à son insu une petite interview, sur ce temps de captivité : « Nous célébrions la messe à l’insu des Japonais. Personnellement, je l’ai dite tous les jours, sauf pendant quatre ou cinq jours où j’étais vraiment malade. C’était parfois difficile de se procurer des hosties et du vin de messe. Les Japonais n’étaient pas tendres. J’en ai réchappé, mais beaucoup y sont restés. Pendant un court moment, j’ai été malade. On n’a jamais su ce que j’avais, mais c’était grave ». On n’a jamais su ce qu’avait le P. Michel ; mais il est facile de le deviner : il mourait de faim. Au cours de cette causerie, il ajouta : « Mon tour aurait dû arriver plus tôt. Je suis un peu honteux de ne pas être mort comme tout le monde à un âge raisonnable. » Cette honte manifeste un humour tout britannique, mais aussi le souci de ne pas devenir encombrant.
Après son temps de captivité en camp japonais, le P. Michel rentra en Belgique pour refaire sa santé. Sa nièce a eu l’amabilité de donner quelques renseignements sur son oncle pendant les longues années qu’il passa en Belgique.
Le P. Michel était passionné de mécanique. Pendant ses congés, c’est en moto qu’il accomplissait le voyage Belgique-Paris. Plus tard, après son retour définitif, il se contenta d’une mobylette et même plus tard encore d’une simple bicyclette. Il aimait aller à la gare pour voir les trains, lui fils de cheminot. C’est dans une salle d’attente que, en cachette, sous un banc, il fuma sa première pipe, à 6 ans. Il fut malade, mais cela ne le dégoûta pas du tabac et, plus tard, il recommença, et de plus belle. Il avait plusieurs dizaines de pipes et fumait continuellement.
« Si le P. Michel était malin de la “tête”, il l’était autant de ses mains. Sans avoir jamais appris, il travaillait le bois et le fer à la perfection, du gros œuvre important jusqu’au plus raffiné des petits objets. Il s’était bâti lui-même un petit atelier au fond du jardin et s’était équipé de plusieurs machines qui lui permettaient de faire ce qu’il désirait, soit pour la famille, soit pour des amis, et cela avec une perfection et une minutie remarquables. »
« Le P. Michel eut aussi la joie de recevoir à plusieurs reprises la visite des évêques de Malaisie-Singapour, des anciens élèves. Toutes ces visites étaient un hommage reconnaissant à notre missionnaire qui les appréciait à leur juste valeur, et toute la famille aussi. Pour que les visiteurs ne se trompent pas de porte, le P. Michel mettait un grand écriteau en face de la maison : “Pulo-Tikus”. Ainsi les visiteurs étaient tout de suite bien renseignés. »
« Notre oncle, dit encore sa nièce, était une personnalité attachante et de valeur, d’un abord et d’un commerce des plus agréables, aussi à l’aise avec les grands de ce monde qu’avec l’homme de la rue dont il adoptait le langage tout simple, s’il le fallait. Pour nous ses neveux et nièces, il fut un parent extraordinaire : nous le pleurerons longtemps. »
Mais le P. Michel ne se contentait pas de « bricoler » dans son atelier. Il célébrait la messe chaque jour à l’église paroissiale et aidait volontiers les prêtres voisins dans leur ministère. Il était toujours disponible et cela tant que ses forces lui permirent de rendre service autour de lui.
Il approchait de ses cent ans quand le Seigneur lui fit signe. En définitive, il est mort de vieillesse, sans maladie bien caractérisée. Il s’éteignit le 8 novembre 1988 et ses obsèques eurent lieu le il novembre à Moustier-sur-Sambre. Le Père Le Dû, ancien supérieur du collège de Penang présida la cérémonie, assisté du curé de la paroisse et de quelques confrères des Missions Étrangères.
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Références
[3186] MICHEL Henri (1889-1988)
Références bibliographiques
AME 1915-16 p. 30. 31. CR 1915 p. 156. 161. 1921 p. 164. 1922 p. 158. 159. 1923 p. 176. 1927 p. 166. 1938 p. 230. 1939 p. 213. 1947 p. 115. BME 1925 p. 60. 1928 p. 61. 1934 photo p. 369. 1936 p. 891. 1937 photo p. 32. 1939 p. 366. 1954 p. 920. 1957 p. 412. ECM 1945 p. 255. HIR N° 124. 128. 168. 179. EC1 N° 28. 45. 58. 92. 141. 379. 397. 403. 449. 740. EC2 N° 126 p. 54. 181 p. 60. 234/C2. MEM 1988 p. 87-90.