François RICHARD1890 - 1982
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3211
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1921 - 1951 (Anlong [Lanlong])
Biographie
[3211] RICHARD François est né le 23 juillet 1890 à Hirel (Ille-et-Vilaine). Il entre au Séminaire des Missions Étrangères en 1909. Mobilisé de 1914 à 1919, il est ordonné prêtre le 29 juin 1920 et part le 21 novembre suivant pour la mission d’Anlung. Après une première initiation à la langue chinoise, il est chargé de la chrétienté de Hing-shien. De 1941 à 1951 il est curé de la cathédrale. Expulsé de Chine en 1951, il rentre en France en 1952. Il est nommé économe de la maison de Mesnil-Flin, puis aumônier du préventorium des Islettes. En 1981 Il se retire au sanatorium de Montbeton, où il meurt le 11 février 1981. Il est inhumé dans le cimetière des M-E
Nécrologie
Le Père François RICHARD
Missionnaire de ANLUNG
1890 - 1982
RICHARD François
Né le 23 juillet 1890 à Hirel, diocèse de Rennes, Ille-et-Vilaine
Entré aux Missions Etrangères le 16 septembre 1909
Ordonné prêtre le 29 juin 1920
Destination pour le Kwei-Chow
Parti le 21 novembre 1920
En Mission : Etude de la langue
Hingshien : 1921-1937
Anlung : 1938-1945
Chengfeng : 1945-1951
Expulsé de Chine le 15 novembre 1951
En France : Ménil-Flin : 1953-1957
Aumônier aux Islettes : 1957-1981
Malade et hospitalisé le 28 novembre 1981
Décédé à Montbeton le 11 février 1982
Voir cartes nos 1, 2 et 4.
Enfance et jeunesse
François Richard naquit à Hirel, en Ille-et-Vilaine, au diocèse de Rennes, le 23 juillet 1890, dans une famille profondément chrétienne. Son père était couvreur ; il eut 7 enfants, François était le sixième. Après ses études primaires à Dol, il entra au petit séminaire de Saint-Méen ; mais en 1905 ce petit séminaire fut fermé et François Richard continua ses études au collège de Saint-Malo jusqu’au mois de juillet 1909. C’est à cette époque qu’il fit sa demande d’entrée aux Missions Etrangères. Il pensait aux missions depuis longtemps. La présence au pays du P. Jean-Marie Pinson de la Congrégation de Sainte-Croix, natif de Hirel également, qui était rentré malade de sa mission du Bengale, fut déterminante pour la vocation du jeune François Richard. Ce Père se soignait dans sa famille distante d’à peine un kilomètre de la famille Richard et en rentrant de l’école, François lui portait souvent le journal. C’était l’occasion de parler des « Missions ». Aussi vers l’âge de 14 ans, en annonçant sa vocation à son père, il décida dès le début qu’il serait missionnaire. Admis sans difficulté, il entra aux Missions Etrangères, le 16 septembre 1909, pour ses études ecclésiastiques et sa préparation au sacerdoce. Mais tout fut interrompu par la déclaration de guerre au mois d’août 1914. François Richard fit toute la guerre, du 2 août 1914 au 22 mars 1919. Blessé par balle avec fracture de l’avant-bras droit, il fut ensuite versé dans l’auxiliaire et termina la guerre dans une section d’infirmiers militaires. Sa courageuse conduite en maintes occasions lui valut la Croix de guerre et la Médaille militaire.
Libéré de ses obligations militaires le 22 mars 1919, il revint au séminaire de la rue du Bac. Comme il avait déjà terminé une bonne partie de ses études avant la guerre, il fut ordonné sous-diacre le 20 décembre 1919 et prêtre le 29 juin 1920, près de onze ans après sa première entrée à Bièvres. C’est le 26 septembre 1920 qu’il reçut sa destination pour la Mission de Kweiyang dans la province du Kweichow. Parti le 21 novembre 1920, il arriva dans sa mission en janvier ou février 1921.
En mission
Son premier travail fut naturellement de se mettre à l’étude de la langue pour en acquérir les premiers rudiments. Après quelques mois passés à l’évêché pour cette première initiation, il fut envoyé à Hingshien pour se perfectionner sous la direction du P. Carlo. Il devait y rester jusqu’en 1937. C’est en 1923 que le Vicariat apostolique du Kweichow fut divisé et que fut érigée la Préfecture apostolique de Anlung (Lanlong). D’après les premiers plans de répartition du personnel, le P. Richard devait rester dans la mission mère de Kweiyang. Mais Mgr Carlo, premier Préfet apostolique de la nouvelle mission de Anlung, insista tellement pour avoir le P. Richard que Mgr Séguin céda. Le P. Richard fit donc partie de la nouvelle mission et resta dans son poste de Hingshien appelé aussi Houang-tsao-Pa, poste qu’il prit en charge après le départ de Mgr Carlo pour Anlung, centre de la Mission. Le district de Hingshien aurait amplement suffi au P. Richard. Mais en 1924, son plus proche voisin, à dix jours de marche vers le sud, en direction du Yunnan, tombe malade. Alors les deux vastes districts qui comprennent chacun plusieurs provinces sont confiés au P. Richard. Il a de quoi s’ébattre ! Souvent en voyage, par monts et par vaux, « il fait de son mieux pour soigner ses vieux et nouveaux chrétiens » nous dit le compte rendu de 1924. Ses écoles sont florissantes. L’année 1925 fut moins favorable. Une famine sans précédent sévit dans tout le Kwei-Chow. Comme toujours en pareil cas, on mange tout ce qui est mangeable ; les morts furent très nombreux. De plus, le P. Richard contracta une maladie grave qui le conduisit aux portes du tombeau. Mgr Carlo, Préfet apostolique, accourut à son secours. Les soins que reçut le P. Richard le tirèrent de ce mauvais pas, et peu à peu il put reprendre ses activités vers la fin de l’année 1925. En 1926, il signale quelques défections parmi ses catéchumènes. « C’est le triage après la pêche » dit-il. D’ailleurs d’autres plus nombreux sont venus compenser largement les pertes. A cette occasion, il raconte un fait tout à fait édifiant. « Une personne âgée qui avait été instruite et baptisée par une voisine tomba gravement malade. Elle ne voulait pas mourir avant de voir le Père. Aussi pria-t-elle quelqu’un d’aller le prévenir. Au retour de ce messager, elle demanda : « Est-ce que le Père va venir ? — Non pas ce soir, mais demain, à la première heure. — Eh bien ! j’attendrai demain pour mourir. » Le lendemain le Père arriva comme il l’avait promis. Il lui administra le sacrement des malades et lui donna l’indulgence plénière à l’article de la mort. La formule était à peine terminée que cette brave femme s’endormit dans la paix du Seigneur. Ce fait produisit une grosse impression tant chez les chrétiens que chez les païens. En 1927, la Préfecture apostolique de Anlung fut érigée en Vicariat apostolique et le premier Vicaire apostolique fut Mgr Carlo. Cette année-là, le P. Richard présenta au baptême 83 adultes bien préparés et ce fut Mgr Carlo qui leur administra le baptême et la confirmation. En 1928, le district du P. Richard compte 742 baptisés répartis en de multiples villages plus ou moins éloignés. Bon nombre évidemment ne peuvent assister à la messe chaque dimanche, mais comme le signale le P. Richard, l’ensemble de ses chrétiens sont fidèles à observer les grandes fêtes et à venir au centre à cette occasion. C’est un temps favorable pour le P. Richard de faire le point, de donner conseils et encouragements et d’annoncer aussi les visites qu’il a l’intention de faire si c’est possible, car ce n’était pas toujours possible. La piraterie, qui sévit à l’état habituel, devint plus active encore dans les années 1929-1930. Il devint pratiquement impossible de circuler sans se joindre à une caravane bien escortée. C’est ce que risqua le P. Richard, un jour de l’année 1930. Mais l’expérience ne fut pas heureuse. En cours de route, la caravane fut attaquée et l’escorte se rendit aux brigands sans résistance. Pour comble d’ironie, le chef des brigands « «était un brave homme ». Il marqua les bagages du Père et défendit que l’on y touche. Le P. Richard s’en tira donc aux moindres frais. Malgré toutes ces difficultés, Mgr Carlo se mit en route pour regagner la France afin d’assister à l’Assemblée générale de la Société des Missions Etrangères. Il fit un arrêt chez le P. Richard pour la Semaine sainte et la fête de Pâques. Il put ainsi administrer plusieurs baptêmes. Après Pâques, Mgr Carlo continua son voyage en direction du Yunnan pour de là gagner Hanoï et la France. Pour le P. Richard, la vie continue au milieu de tracas de toutes sortes, y compris des accidents de santé. Une fièvre tenace qui l’affaiblit et des complications de sa blessure de guerre au bras droit l’obligent à venir se faire soigner à Hanoï au mois d’octobre 1932. Il rentre dans son district au mois de décembre. L’insécurité est toujours aussi grande dans toute la région. En plus des brigands, on voit apparaître les communistes au mois de mai 1935. Tout est pillé et le P. Richard est obligé de s’enfuir pour ne pas tomber aux mains des communistes. Une fois l’alerte passée, il se remet au travail sans se décourager.
En 1937, le P. Richard fut autorisé, selon les dispositions du Règlement de l’époque, à prendre son premier congé en France. Il quitta son poste en mars pour arriver en France fin juin. Il profita de son congé au mieux et en tira grand profit pour sa santé. Cependant il n’oubliait pas le Kwei-Chow. Aussi dès le 21 janvier 1938, il s’embarque. Arrivé à Kunming via Haïphong et Hanoï, le 18 mars, il attend une occasion propice pour rejoindre Anlung. Une nouvelle charge l’attend. En effet, le 23 mai 1938, il est nommé curé de la cathédrale. Après un bref voyage dans son ancien poste, il vient prendre charge de ses nouvelles fonctions. L’apostolat en ville est quelque peu différent du ministère à la campagne. Mais le P. Richard ne s’en fait pas une montagne. Il lui suffit d’adapter un peu ses méthodes et tout va bien. Il exerce ainsi son activité en ville jusqu’en 1945, puis cède sa place à un plus jeune. Quant à lui, il est nommé au poste de Cheng-feng où il va rester jusqu’en 1951. Les communistes de Mao Tse-toung n’ont cessé de progresser depuis 1949. Les armées nationalistes essuient défaite sur défaite et ne cessent de reculer. Comme partout le régime communiste sembla accommodant au début. C’était par politique afin de bien s’implanter et de gagner le cœur des gens. Un de leurs objectifs était d’expulser les étrangers et les missionnaires en tout premier lieu. Le P. Richard fut donc expulsé le 15 novembre 1951 et dirigé sur Hongkong où il arriva le 8 décembre. Quelques semaines plus tard il s’embarquait pour la France, disant ainsi un adieu définitif à la Chine, car il n’y avait pas moyen de faire autrement. Cependant le P. Richard emportera dans son cœur le souvenir de ce Kwei-Chow auquel il a consacré trente ans de sa vie sacerdotale et missionnaire dans des conditions souvent dangereuses mais combien exaltantes !
En France
Après un temps de repos bien mérité, le P. Richard fut envoyé à l’Ecole missionnaire de Ménil-Flin en 1953. Jusqu’en 1957, il exerça successivement les fonctions de surveillant et d’économe de la maison. A cette époque, il sollicita un poste plus actif dans le diocèse de Verdun. Mgr Petit le nomma aumônier de la Communauté des religieuses et du Préventorium des Islettes, fonction qu’il assumera pendant 25 ans sans défaillance. De temps à autre, au moins une fois par an, soit pour la retraite commune, soit à l’occasion d’un voyage dans sa famille en Bretagne, il passait à la Rue du Bac. Toujours souriant, toujours égal à lui-même, il semblait ne pas vieillir. Même ses 92 ans ne paraissaient pas lui peser ! Cependant vers le mois d’octobre 1981, il ressentit des crampes très douloureuses. Un traitement énergique lui apporta un soulagement réel et sans plus tarder il regagna les Islettes, car il était en grand souci de « sa maison ». Mais ce fut pour peu de temps, car d’autres troubles firent leur apparition. Le P. Richard fut ramené à Paris et hospitalisé le 28 novembre 1981. Il subit une intervention chirurgicale qui n’améliora guère son état. Aussi le 28 décembre fut-il conduit à Montbeton où il décéda quelques semaines après, le 11 février, on peut dire inopinément, pendant qu’une infirmière soignait ses plaies. Trente ans de ministère au Kwei-Chow, vingt-huit ans de ministère en France : telle est en résumé la vie sacer¬dotale du P. François Richard. Il repose à Montbeton au milieu des confrères dont plusieurs de la Mission du Kwei-Chow.
Comment caractériser le P. Richard ? Dans son homélie lors du service funèbre célébré dans la chapelle du Préventorium, le 16 février, M. le chanoine Ury, chancelier de l’évêché de Verdun, a bien dit tout l’essentiel. « Le jeudi 11 février, jour où l’Eglise fêtait Notre-Dame de Lourdes, le P. Richard partait à la rencontre définitive avec le Seigneur qu’il avait aimé et servi pendant plus de 61 années de sacerdoce. Comme Siméon il pouvait dire : « Mes yeux voient maintenant le Sauveur qui est la lumière pour éclairer les nations. » Ceux qui l’ont bien connu sont unanimes à le dépeindre comme un homme au tempérament ascétique. C’est qu’il était avant tout un homme de Dieu. Il savait qu’une vie sacerdotale s’édifie ayant tout sur la prière, sur cette relation avec le Seigneur, renouvelée et vivifiée chaque jour par la célébration du sacrifice eucharistique. La messe quotidienne était le stimulant de sa vie apostolique. Parce qu’il était « juste » comme Siméon, il savait que la justice consiste d’abord à rendre à Dieu ce qui lui est dû. Pour être aidé dans ce travail spirituel il se confiait à la Vierge Marie, pour laquelle il avait une filiale dévotion. Fidèle à son Rosaire tous les jours, il a trouvé dans la méditation des mystères joyeux, douloureux et glorieux de la vie du Christ et de sa Mère, la force d’être lui aussi, très humble, très charitable et de devenir un vrai serviteur du Seigneur. Saint Jean nous dit : « Nous devons à notre tour donner notre vie pour nos frères. » Le P. Richard s’est appliqué à réaliser cela durant toute sa vie. Il avait compris que la foi n’est pas un cadeau personnel de Jésus-Christ à chacun de nous, mais qu’elle nous est donnée pour que nous la communiquions, la propagions, pour en faire devenir bénéficiaires d’autres qui ne l’ont pas ou qui ne l’ont plus. Puissent les exemples du P. Richard nous encourager tous dans un apostolat missionnaire.
« J’aime à penser qu’ici, au Préventorium, il a su dire et raconter tout ce qu’il avait fait et appris au cours de sa vie sacerdotale et tous ceux, personnel, religieuses, enfants et adultes qui furent les heureux bénéficiaires de sa présence, de sa parole, de son témoignage garderont de lui le souvenir d’un homme de Dieu, d’un prêtre tout dévoué au service de ses frères.
« J’ai retrouvé une lettre reçue de lui il y a quelques mois. En haut de la page, j’y lisais cette pensée qui le dépeint bien : « On finit toujours par devenir ce qu’on s’habitue à paraître. Le sourire des lèvres prépare le sourire de l’âme et une âme souriante est une âme ensoleillée. » « Au cours de cette eucharistie que nous célébrons ensemble, nous demanderons au Seigneur de susciter parmi les jeunes beaucoup de vocations semblables à celle du P. Richard et d’insuffler à tous les chrétiens un véritable esprit missionnaire. »
Ajoutons quelques autres notations pour mieux dépeindre la figure si attachante du P. Richard. Une de ses petites-nièces écrit : « Il a laissé le souvenir d’un garçon très volontaire, mais très enjoué. Il fit impression au mariage de ma mère en dansant avec toutes les filles... malgré sa soutane. » Ce caractère enjoué, le P. Richard le garda toute sa vie. Il était toujours souriant ; c’était un vrai plaisir de le rencontrer. Il aimait certainement chanter pour animer les réunions en Mission, ces réunions qui sont le réconfort pour les missionnaires souvent isolés loin les uns des autres, particulièrement en Chine, au temps où y a vécu le P. Richard. Il avait un bon répertoire comme en témoignent les carnets de chansons qu’il a laissés.
Le P. Richard vivait pauvrement, mais il était toujours très soigné dans sa tenue et cela jusqu’à la fin de sa vie. Sa petite-nièce écrit : « Lorsqu’il nous arrivait de lui offrir un vêtement, il ne consentait à “lâcher” l’ancien que lorsqu’il était réellement “rendu”. »
Et voici pour terminer le témoignage du Père Supérieur de Mont¬heton : « Le P. Richard n’a passé que quelques semaines dans la maison. Mais pendant ce court laps de temps, le Père a étonné ceux qui l’ont approché par sa patience et son sourire. Il souffrait beaucoup mais s’efforçait de n’en rien laisser paraître. »
Que cette courte évocation de la vie du P. Richard nous invite à l’imiter dans son zèle au service du Seigneur et dans sa joie inaltérable. Comme lui, sachons pratiquer l’apostolat du sourire.
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