Benjamin LOUISON1902 - 1964
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3301
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1926 - 1935 (Saigon)
- 1958 - 1963 (Kontum)
Biographie
[3301] Benjamin LOUISON naît le 21 février 1902, à Saint-Etienne, paroisse de la Valbenoîte, diocèse de Saint-Etienne, (alors diocèse de Lyon) dans le département de la Loire. Il est le cinquième d'une famille de sept enfants. Il fait ses études primaires à l'école paroissiale de la Valbenoîte. A l'âge de dix ans, il part pour Tarare, dans le Rhône, où il prend ses premières leçons de latin, sous la direction de M. l'abbé Gidon. En 1913 il va à la manécanterie de Claveisolles (Rhône) où il commence ses études secondaires. En octobre 1915, il entre en classe de troisième, au petit séminaire de Saint Gildas, à Charlieu. En octobre 1918, il est au grand séminaire de Francheville, dirigé alors par le P. Pourrat, sulpicien.
Le 14 septembre 1920, il entre au séminaire des MEP. Il fait une année à Bièvres, puis vient à la rue du Bac. Sous-diacre le 7 mars 1925, diacre le 6 juin 1925, il est ordonné prêtre le samedi 19 décembre 1925 ; il reçoit, en février 1926, sa destination pour le service des Procures et son affectation à Saïgon comme Assistant du P.Gerey
Vietnam (1926-1935)
Il quitte Paris le 6 avril 1926 et s'embarque à Marseille le 9 avril 1926 en compagnie de dix autres partants. A Saigon, vers 1929, en plus de son travail de procureur, et à la demande du P. Flachère, aumônier des Forces Navales d'Extrême-Orient, il crée un cercle militaire qui grandit rapidement. En 1931, le P. Soullard, curé de la cathédrale de Saïgon, met à sa disposition une grande salle de réunion. Le P. Louison lançe alors le mensuel « Bulletin Sainte-Jeanne d'Arc » pour servir de trait d'union entre les membres du cercle. En décembre 1931 et janvier 1932, il accompagne en Indochine, à Pakhoi, et à Hong-Kong Mgr de Guébriant lors de sa visite des missions. En janvier 1933, en lien avec le P. Parrel, il crée une troupe scoute ; en 1935, à la demande de Mgr Dumortier il donne des cours au petit séminaire de Saigon, puis part en congé en France, où il arrive le 24 avril 1935.
Beaupréau (1936-1945)
Le P. Louison, après son congé régulier, est nommé professeur au petit séminaire Théophane Vénard à Beaupréau, sous la direction du P. Davias-Baudrit. Il est un père spirituel, un infirmier dévoué et un professeur très consciencieux, fort estimé des élèves et de ses confrères auxquels il aime raconter des histoires drôles et gaies. En 1939, il est mobilisé comme lieutenant à Châteauroux. Après la "drôle de guerre", il reprend sa place à Beaupréau. Il y reste de 1940 à 1945.
Ménil-Flin (1945-1957)
Le 15 février 1945, nommé supérieur de l'école missionnaire Augustin Schoeffler à Ménil-Flin, et succédant au P. Prouvost, le P. Louison restaure cette maison fort éprouvée par la guerre, les bombardements et trois occupations successives. Il doit résoudre les problèmes de ravitaillement. Le lundi 16 avril 1945 arrivent les huit premiers élèves et en octobre 1945, 34 élèves font leur rentrée dans une maison en partie reconstruite. Il organise la vie en communauté alliant fermeté et douceur, confiant aux élèves de nombreuses responsabilités.
En juillet 1957, fatigué, il donne sa démission, et remet sa charge entre les mains du P. Hans.
Kontum (1958-1963)
Après un temps de repos, et sa santé rétablie, M. Louison s'embarque pour le Vietnam le 20 Mai 1958, pour se mettre au service de la mission de Kontum. Mgr Seitz le nomme au centre Rhadé de Banméthuôt, fondé par le P. Bianchetti vers 1950. Le P. Louison se met à l'étude de la langue rhadé, et dès 1959, il est capable de faire le catéchisme aux petits. Il s'occupe avec succès du milieu étudiant rhadé. Profitant du temps des vacances il entreprend avec les instituteurs rhadés, la rédaction d'un "Dictionnaire Français-Rhadé" et "Rhadé-Français" d'environ sept mille mots. Il compose des cantiques en rhadé, et forme au chant la communauté chrétienne. Très vite, ces montagnards apprécient son contact humain, son sourire, son accueil chaleureux, sa patience ; ils rentrent chez lui comme chez eux, touchant à tout, s'extasiant devant sa collection de pipes. En 1962, son ancien supérieur et ami, le P. Davias-Baudrit le rejoint pour travailler dans la mission de Kontum.
En septembre 1963, il devient quasiment impossible au P. Louison de s’alimenter ; il accepte alors de se rendre à Saigon pour consulter les médecins dont le diagnostic laisse peu d'espoir. Sans illusions, il remonte à Banméthuot pour quelques semaines, avant de prendre l'avion pour la France.
Paris (1963-1964)
Arrivé à Paris le 3 décembre 1963, il est conduit à l'hôpital Pasteur, puis envoyé à la clinique de la rue Violet pour une opération chirurgicale. Il écrit à un ami: "Ma santé! aucune amélioration sensible... J'ai bel et bien un cancer. ..Le moral ne fléchit pas, et vive la joie quand même !.." Ramené à l'hôpital Pasteur, un nouveau traitement est tenté, mais il ne donne pas les résultats espérés. Malgré une crise sérieuse le 11 février 1964 et dont il se remet assez bien, le docteur Sureau l'envoie passer quelques jours dans sa famille. Le 22 février 1964, un ami le conduit à Saint-Etienne. A sa demande, il regagne Paris le 11 avril 1964 pour un contrôle médical. Le dimanche 12 avril 1964, après sa messe, il reçoit quelques visites. Le lendemain, tôt dans la matinée, il perd connaissance et rend son âme à Dieu vers les 15 heures. Ses obsèques, présidées par le P.Cussac, ont lieu le 16 avril 1964, dans la chapelle de la rue du Bac, au milieu de quarante confrères, de sa famille et de nombreux amis.
Nécrologie
LE PÈRE BENJAMIN LOUISON
1902 - 1964
missionnaire de Kontum (Vietnam)
Enfance et adolescence
Benjamin. Jean-Marie Louison est né le 21 février 1902 dans la paroisse de la Valbenoîte, à Saint-Etienne (Loire).
Il était le cinquième d’une famille de sept enfants. Dès sa plus tendre enfance, éduqué par une maman profondément chrétienne, il se sentit attiré vers le sacerdoce ; à six ans, il disait qu’il voulait être prêtre. Ses parents, chrétiens exemplaires, ne pouvaient que l’encourager à réaliser son désir.
Il fit ses études primaires à l’école paroissiale de la Valbenoîte ; mais, dès l’âge de dix ans, il partit pour Tarare, dans le Rhône, où, sous la direction toute paternelle d’un aumônier, M. l’abbé Gidon, il prit ses premières leçons de latin. Deux ans plus tard, il entrait à la manécanterie de Claveisolles (Rhône), pour y commencer ses études secondaires. Il y resta de 1913 à 1915 ; puis il entra à l’institution Saint-Gildas de Charlieu, où il poursuivit ses études de 1915 à 1918.
Nous avons sur cette époque de son adolescence le témoignage précieux d’un de ses plus fidèles amis, Mgr Mazioux, vicaire général de Lyon et de Saint-Etienne, qui a bien voulu nous communiquer les renseignements suivants : « J’ai connu, nous dit-il, Benjamin Louison en octobre 1915, lorsque nous nous sommes rencontrés dans la même classe de troisième, au petit séminaire de Saint-Gildas, à Charlieu... Tout de suite, nous nous sommes liés par une amitié que les séparations, même prolongées et lointaines, n’ont pas altérée ; une ambition commune nous tenait à cœur ; tous deux nous avions le grand désir d’être prêtres missionnaires.
« Benji », comme nous l’appelions, se présentait alors comme un séminariste studieux, à l’intelligence vive ; bon élève, bon camarade, il jouissait de l’estime de ses supérieurs, qui lui confièrent l’une des charges réservées aux meilleurs, celle de sacristain.
Toujours aimable et gai, il ne manquait pas d’esprit ; il savait se divertir et divertir les autres. Il a réalisé son rêve ; son camarade ne put conclure dans le même sens son « examen de vocation ».
Rappelant ensuite la simplicité, la bonne humeur et la générosité de son ami, Mgr Mazioux en trouve l’émouvant témoignage dans la dernière lettre reçue du P. Louison, où nous pouvons lire : « …Ma santé ? Aucune amélioration sensible… j’ai bel et bien un cancer… le moral ne fléchit pas et vive la joie quand même ! »
En 1918, Benjamin entra au séminaire de Francheville où, sous la direction de ses maîtres Sulpiciens et du vénéré supérieur, M. Pourrat, il continua, dans la prière et le travail, à éprouver sa vocation et à affermir son désir de vie missionnaire.
Entré aux Missions Etrangères de Paris, le 14 octobre 1920, il passa un an à Bièvres, puis vint au séminaire de la rue du Bac en 1921. Ordonné prêtre le 19 décembre 1925, il partit pour les Procures le 6 avril 1926.
Le procureur
Il devait rester à la procure de Saïgon de 1926 à 1935. Cette destination semblait contrecarrer ses plus chers désirs de vie apostolique ; il l’accepta généreusement et se mit à l’œuvre avec sa simplicité, son amour du devoir et son inaltérable gaieté. Tous ceux qui l’approchèrent alors n’ont eu qu’à se louer de sa charité, de son empressement à rendre service.
Dans son désir de faire du bien aux âmes et « pour ne pas oublier qu’il était prêtre d’abord », il fonda, en 1931, à Saïgon, une troupe de Scouts de France.
Lieutenant de réserve, il s’efforça également de créer une oeuvre pour les soldats et les marins. En 1931, le P. Soulard, curé de la cathédrale de Saïgon, mit à sa disposition une grande salle, au premier étage du presbytère ; le cercle Saint-Jeanne d’Arc était fondé et doté, peu après, d’un bulletin mensuel destiné à servir de lien entre les soldats et les marins.
Des sorties mensuelles furent organisées pour les soldats, et des camps pour les Scouts. Le P. Parrel, son ami et collaborateur d’alors, nous a dit : « Le P. Louison a réussi merveilleusement auprès des jeunes, qu’il emballait littéralement, et avec lesquels il est resté en relations, même après son retour en France. Il excellait dans les bonnes histoires et était très connu à Saïgon pour sa jovialité et sa bonne humeur. C’est bien simple : tout le monde l’aimait ».
En 1935, à la demande de Mgr Dumortier, le P. Louison donna des cours très appréciés au petit séminaire de Saïgon, préludant ainsi à un long apostolat dans l’enseignement à Beaupréau et à Ménil-Flin.
L’éducateur
A Beaupréau
Arrivé en France, le 24 avril 1935, il fut nommé, après son congé régulier, professeur à Beaupréau où Mgr de Guébriant avait fondé le petit séminaire Théophane Vénard, en 1931.
Pour le préparer, sans doute, à cette nouvelle et féconde étape de sa vie, la croix s’abattit sur lui, et, en quelques mois, il perdit une mère très aimée, un frère et son vénéré père. Après cette épreuve terrible pour son cœur très aimant, ce fut l’apostolat à Beaupréau comme professeur et directeur de conscience.
Le P. Louison était fait pour comprendre et aimer les jeunes. De 1935 à 1945, il fut le professeur dont l’enseignement, soigneusement préparé, ne laissait rien dans l’ombre et qui s’attachait à former et l’intelligence et le cœur de ses élèves, qui lui vouèrent une affection jamais démentie, comme le prouvent les nombreuses lettres qu’il recevait encore d’un grand nombre d’entre eux, ici même, à Banmêthuôt.
Confesseur et directeur de nombreux postulants, il prit très à cœur son. rôle de formateur d’âmes de futurs missionnaires. L’exemple de sa vie quotidienne, son dévouement comme infirmier, sa gaieté intarissable en toutes occasions, lui assurèrent l’affection profonde de tous les élèves.
Ses confrères n’étaient pas moins attachés à lui et se rappellent encore sa charité et ses histoires... qu’il attribuait, d’un doigt accusateur, à son supérieur d’alors, qui n’en pouvait mais, et dont la défense misérable était souvent annihilée par son indéniable origine gasconne.
Mobilisé en 1939 à Châteauroux, le P. Louison revint, grâce à Dieu, reprendre sa place à Beaupréau de 1940 à 1945, pendant les dures années d’occupation et ce fut pour tous une fierté, mais aussi une peine profonde, quand il quitta le petit séminaire Théophane Vénard pour devenir supérieur du petit séminaire Augustin Schœffler, à Ménil-Flin.
MéniI-Flin
Les derniers mois de la guerre avaient durement éprouvé cette maison qui ne pouvait offrir qu’un abri précaire pendant le rude hiver de l’est. Il fallut parer au plus pressé et le P. Louison assura, avec un dévouement inlassable, la remise en état de sa maison. La vie reprit et la bonne marche du petit séminaire témoigna bientôt qu’un vrai père savait allier la fermeté et la douceur dans la direction de cette œuvre si importante pour l’avenir des missions. Là, comme à Beaupréau, les qualités du P. Louison firent merveille, et ses élèves lui vouèrent une affection profonde et reconnaissante.
En 1949, une maladie grave survint et mit la vie du Père en danger. Cependant son heure n’était pas encore venue ; bien soigné, il reprit des forces et put fêter ses vingt-cinq ans de sacerdoce en 1950. Puis il continua son œuvre jusqu’en 1957. C’est alors que, très fatigué, il demanda un successeur. Après un repos bien mérité, voyant ses forces revenues, il se souvint de la « prophétie » de Mgr Janin, son ami qui, jadis, lui avait promis sa venue à Kontum.
Le broussard
Avec l’enthousiasme d’un partant, il fit sa demande d’admission et, le 20 mai 1958, il s’embarquait pour le Vietnam. En août de la même année, Mgr Seitz le nommait à Banmêthuôt, ce Banmêthuôt, objet de tant de vœux déjà à Beaupréau, où des paris s’engageaient alors entre le P. Louison et son supérieur pour savoir qui arriverait le premier en ce bienheureux séjour. Dieu devait réaliser leurs désirs à tous les deux et les réunir en 1963, mais hélas ! pour quelques mois seulement.
Laissons ici la parole au P. Bianchetti, fondateur du centre Rhadé de Banmêthuôt, et dont l’amitié fraternelle et reconnaissante pour le P. Louison fut sans nuage durant ces cinq dernières années. « Repartir en mission, après 23 ans de séjour en France, recommencer une nouvelle vie, car tout était nouveau pour lui ici : les confrères, l’apostolat, le climat, les habitants ; accepter de se séparer d’une famille aimée, d’innombrables amis, cela représente un esprit de sacrifice peu commun, une fidélité indéfectible à la vocation missionnaire. »
Missionnaire, le P. Louison l’était avec l’enthousiasme d’un débutant. Dès son arrivée, il se mit à l’étude de la langue rhadé. Dans le courant de l’année 1959, il put commencer à faire le catéchisme aux petits. Profitant des vacances des instituteurs Rhadés, il entreprit la rédaction d’un dictionnaire Français-Rhadé et Rhadé.Français ; travail gigantesque auquel il se donna tout entier et qui permit le regroupement alphabétique de près de sept mille mots ; document de valeur, unique en son genre, d’une grande utilité pour ceux qui veulent apprendre le Rhadé et pour les autochtones eux-mêmes. Il composa aussi des cantiques (même sur son lit d’hôpital), et s’appliqua à former les voix de nos catéchumènes.
Missionnaire, il le fut en entretenant ses innombrables amis de l’apostolat auprès des Rhadés. Sa correspondance était immense. Il avait à cœur de répondre immédiatement au plus petit mot reçu, au moindre don qu’il recevait. Cette correspondance suscita de multiples générosités, qui contribuèrent à réaliser bien des œuvres.
Missionnaire, le P. Louison le fut par son admirable esprit d’accueil : grands et petits. tous rentraient chez lui comme chez eux, touchaient à tout, s’extasiaient devant la collection des pipes, regardaient les images de ses revues, et cela dans un climat de joie, de gaieté, de patience, qui ne pouvait être que bienfaisant. En 1958, il venait d’arriver : quelques instituteurs lui firent une visite ; à l’issue de cette courte prise de contact, ils firent cette réflexion : « Le nouveau Père est bien ; il sourit toujours ». Les Rhadés sont très sensibles à la valeur du contact humain. Bonté souriante, donc accueillante, telle était la marque du cher Père Louison.
Nos catéchumènes rendirent un témoignage inédit à cette bonté, le jour où fut célébré le saint sacrifice pour le repos de son âme. A l’issue de la messe, après le chant des adieux, en pleurant, plusieurs Rhadés vinrent embrasser la photo du Père, placée dans le chœur de la chapelle. C’est là un fait inouï, car les Montagnards ont peur des morts et n’en veulent pas voir les photos.
« Bon et fidèle serviteur », le texte s’applique à la lettre au P. Louison. Bon, il le fut avec tous, sans exception, dans le rayonnement de sa charité. Fidèle à sa vocation missionnaire, il l’a été jusqu’au dernier sacrifice, puisqu’il a donné sa vie pour ses Rhadés.
En septembre 1963, il commença à souffrir, mais, ne voulant pas contrister ses confrères, il fit face, avec toute son énergie, au mal qu’il sentait en lui. Continuant son travail avec sa générosité habituelle, il gardait son optimisme et sa douceur. Cependant, devant la quasi impossibilité de s’alimenter, la perte rapide de poids, il accepta de se rendre à Saïgon. Le diagnostic des médecins ne laissa pas grand espoir, et le cher Père eut encore le courage de remonter à Banmêthuôt pour essayer de nous rassurer avant de prendre l’avion pour la France. Il fut alors admirable de simplicité et, après quelques jours, il redescendit à Saïgon, nous laissant sous le charme de sa profonde affection fraternelle.
Que de prières montèrent alors vers Dieu pour lui !
Les derniers moments
Le 3 décembre 1963, en la fête de saint François-Xavier, patron des Missions, le P. Louison arrivait à Paris. Conduit immédiatement à l’hôpital Pasteur, il y subit quelques examens, puis fut dirigé vers la clinique de la rue Violet. L’opération eut lieu, mais le mal était trop avancé et le docteur d’Allaines ne se fit pas d’illusion sur l’évolution de la tumeur.
Le P. Louison revint à l’hôpital Pasteur où il édifia ses nombreux visiteurs et son entourage : docteurs, religieuses, infirmières, par son optimisme rayonnant et par son abandon total à la volonté divine.
La religieuse qui le soignait a noté quelques réflexions du Père. C’est ainsi, qu’avant de partir pour la clinique, il lui dit : « Ma Sœur, je sais ce que j’ai ; le docteur de Saïgon me l’a dit, parce que j’étais assez fort pour le supporter. Peut-être guérirai-je ; mais Fiat ! Dans toute Mission il faut une victime ; ce sera peut-être moi ».
Durant son séjour à l’hôpital, il vivait heure par heure avec sa Mission. A Noël, il suivit, en tenant compte de la différence d’heure, les offices qui se célébraient là-bas, s’unissant à la joie des chrétiens et des nouveaux baptisés, offrant son sacrifice pour eux. Chaque lettre reçue de ses jeunes gens et de ses jeunes filles Rhadés lui procurait un immense plaisir ; et il y répondait avec tout son cœur.
A la réception de son calice, qu’il venait de faire redorer, il évoqua le souvenir de son ordination, puis il ajouta : « Après ma mort ce sera pour mes Montagnards, car j’espère bien qu’il y aura des prêtres parmi eux ».
Un nouveau traitement fut tenté, mais ne donna pas les résultats espérés. Le Père s’affaiblissait de jour en jour. Le 11 février, malgré la fatigue, il voulut dire sa messe, assisté d’un autre prêtre ; ce fut dur, mais il fut heureux d’offrir cet effort à la Très sainte Vierge. Vers 11 heures, il se sentit très mal ; c’était la crise, la première, soudaine. Il comprit et demanda l’aumônier : « Je veux recevoir le sacrement des malades en pleine connaissance, et régler mes affaires... si je dois partir maintenant, comme le Bon Dieu voudra », et il répondit aux prières, assisté d’un confrère, le P. Diffon.
Après la crise, dans l’après-midi, il disait à la sœur : « Est-ce que je vais mourir ? Cela va plus vite que je ne croyais, mais enfin, comme le Bon Dieu voudra. Ce matin, en disant la messe, j’ai prié pour mon cousin qui est sacré évêque aujourd’hui (Mgr Vincent), et j’ai demandé au Seigneur de souffrir, car il faut aussi la souffrance dans la prière ».
Quelques jours après, le jeune Père Saint-Eve, un de ses anciens séminaristes, vint le voir. « Il part pour Kontum, me remplacer dans ma Mission. Cela coûte de penser que je n’y retournerai pas, mais je sais que c’est maintenant que je vais être missionnaire ; peut-être travaillerai-je plus encore pour ma Mission que lorsque j’y étais, en offrant mes souffrances, en acceptant la volonté de Dieu ».
Le docteur Sureau jugea bon alors de l’envoyer passer quelques jours dans sa famille. Le Père y fut conduit le 22 février par un ami, M. Plevry, qu’il avait connu autrefois à Saïgon.
Son séjour à Saint-Etienne dura un peu plus d’un mois ; ses lettres d’alors donnaient quelque espoir et l’apparente amélioration, qui marqua ce temps, laissa croire un moment que Dieu le laisserait encore à l’affection des siens et de nous tous ; mais le mal inexorable reprit le dessus, malgré les soins et la vigilance attentive de sa chère famille. Il demanda lui-même à revenir à Paris pour consulter les docteurs. Il y arriva le 11 avril, un peu fatigué. Le dimanche 12, il célébra la sainte messe et reçut quelques visites ; mais le lundi matin il se sentit fatigué, demanda la communion et, tôt dans la matinée, perdit connaissance. Il rendit son âme à Dieu vers les 15 heures..
Ses obsèques eurent lieu le 16, dans la chapelle de la rue du Bac, au milieu de quarante confrères, de sa famille et de nombreux amis. Le P. Cussac, assisté. des PP. Prouvost et Lange, célébra la messe des funérailles.
Désormais, il prie pour nous et nous protège.
Le P. Louison nous laisse l’exemple d’une vie toute abandonnée au bon plaisir divin. Foncièrement surnaturel, d’une grande pureté d’intention dans son travail comme dans ses souffrances, il s’est toujours donné sans compter. Sa bonté, sa souriante indulgence, son optimiste, sa patience ont fait de lui un vrai missionnaire, un semeur de lumière et de joie.
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Références
[3301] LOUISON Benjamin (1902-1964)
Références bibliographiques
AME 1926-27 p. 118. 1940 p. 57. CR 1926 p. 161. 167. 1932 p. 260. 1933 p. 162. 163. 276. 277. 286. 1935 p. 240. 312. 1939 p. 214. 1949 p. 150. 1951 p. 118. 1952 p. 92. 1957 p. 90. 1958 p. 51. 91. 1960 p. 55. 1961 p. 51. 1962 p. 63. 1969 p. 63. BME 1926 p. 191. 262. 387. 1929 p. 118. 1930 p. 421. 1931 p. 531. 1932 p. 134. 136. 215. 226. 1933 p. 386. 625. 1935 p. 908. 1936 p. 537. 876. 1937 p. 817. 883. 1940 p. 510. 832. 835. 1949 p. 255. 1950 p. 216. 217. 1957 p. 781. 1958 p. 638. 1959 p. 81. 443. ECM 1945 p. 128. 1947 p. 90. 91. 104. MDA 1953 p. 114 (art). EPI 1962 p. 401. 1963 p. 59. 1964 p. 554. 875+photo. R.MEP n° 124 p. 16. 118 p. 30. Hir. n° 113 p. 2. EC1 N° 102. 106. 335. 342. 364. 410. 422. 440. 446. 467. 623. 642. 738. 740. 742. NS. 16P57. 19P151.