Paul LE BARON1901 - 1977
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3321
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1926 - 1951 (Guangzhou [Canton])
Biographie
[3321] Paul, René, Marie, Pierre LE BARON naquit le 27 février 1901 à Noyant-la-Gravoyère, au diocèse d'Angers, département du Maine-et-Loire. Il était l'ainé d'une famille qui donna à l'Eglise, trois de ses enfants: Paul et deux de ses soeurs dont l'une, Franciscaine Missionnaire de Marie en Chine, connut deux années de prison à Nankin, lors de la libération" de ce pays, et l'autre devint Rédemptoristine.
Après ses études primaires à Noyant-la-Gravoyère, il fut envoyé vers l'âge de dix ans, au collège de Combrée, à cinq kms de sa maison paternelle, puis l'année suivante,au Collège Saint-Sauveur à Redon où il obtint , en 1918, son baccalauréat.
Le 16 juillet 1918, il présenta sa demande d'admission au séminaire des Missions Etrangères.Il entra, laïque, le 27 septembre 1918, à Bièvres. Ses études furent interrompues par deux ans de service militaire.. Sous-diacre le 6 juin 1925, diacre, le 19 décembre 1925, prêtre le 29 mai 1926, il reçut sa destination le 23 juin 1926 pour le vicariat apostolique de Canton, qu'il partit rejoindre le 20 septembre 1926.
Arrivé à Canton le 30 octobre 1926, accueilli par Mgr. Fourquet, celui-ci l'envoya à la léproserie de Shek-Lung, à mi-chemin entre Canton et Hong-Kong, pour l'étude de la langue et sa formation pastorale. Il s'initia pendant quelques mois au dialecte "hakka" puis à l'automne 1927, après une longue attente, il prit la jonque en direction de Ho-Yun, à quelques 200 kms vers l'est. En route, les brigands pillèrent cette flotille de commerce mais respectèrent biens et personnes de son embarcation. A cette époque, la Chine connaissait une grande instabilité politique, et était troublée et agitée par de nombreux courants xénophobes.
De Ho-Yun, résidence de M. Nicouleau, M. Le Baron continua à environ 35 kms de Ho-Yun, jusqu'à Lap-Chak, district où il était envoyé et qui avait été fondé par M. Merle.. C'était une vallée large d'environ deux kms sur trois ou quatre de long, peuplée de petits villages épars, au milieu des rizières. Située au bas de la montagne, côté sud, la mission catholique comprenait trois ou quatre dessertes. Arrivé dans son district, M. Le Baron s'adonna beaucoup à l'étude de la langue "Hakka" et des caractères chinois; il s'adapta rapidement aux us et coutumes de ce milieu où les idées subversives n'avaient guère pénétré. Fils de la terre, il s'interessa à leurs cultures et à leurs élevages. La chasse fut une de ses distraction préférées. En 1930, il porta son attention sur un groupe de chrétiens que les persécutions avaient éloignés de la pratique religieuse. En 1934, il instruisit un groupe de catéchumènes.
Le 18 juin 1935, il s'embarqua à Hong-Kong pour Marseille où il arriva le 18 juillet 1935; il prit son congé régulier; le 15 mai 1936, il repartit pour Canton, et regagna son poste de Lap-Chak. Peu après son retour, la guerre éclata entre la Chine et le Japon, en 1939, elle atteignit le sud de la Chine; Canton tomba entre les mains des japonais le 21 octobre 1938. De ce fait, les missionnaires de la région de Ho-Yun se trouvèrent "en territoire non occupé", mais coupé de leur évêché; Cette situation nouvelle ne ralentit pas leur effort missionnaire. En 1939, M. Le Baron fit 89 baptêmes d'adultes dans son district de Lap-Chak; en décembre 1939. il prit part à la retraite spirituelle du P.Valensin,sj, à Hong-Kong.
M. Hervé Seznec, emmené prisonnier par une colonne japonaise venue faire une incursion à Ho-Yun, fut tué le 8 juin 1945, par des guerilleros chinois et son corps jeté au fleuve. Cette mort tragique obligea M. Le Baron à venir s'installer à Ho-Yun et à prendre en charge les deux districts de Ho-Yun et Lap-Chak. Vers août 1945, M. Le Baron ayant reçu l'aide d'un prêtre chinois, put partir en congé vers septembre 1946; puis, le 22 décembre 1947, il s'embarqua à Marseille à destination de Canton
Mgr. Fourquet ayant donné sa démission d'archevêque de Canton, en 1947, Mgr Deswazière devint, en 1947, administrateur apostolique de l'archidiocèse, et à son retour, M.Le Baron fut nommé Vicaire Délégué. En Chine, la guerre civile opposait nationalistes et communistes. Ceux-ci prirent le pouvoir à Canton. En 1951, M. Le Baron connut alors la prison comme "agent de l'impérialisme" et pour "activité nuisible au peuple et à la réforme de l'Eglise". Il apprit l'internement à Nankin de sa soeur, franciscaine missionnaire de Marie. Ramené à Ho-Yun, il y subit un "jugement populaire". Ses geoliers ayant préféré commuer sa peine de mort en expulsion, il arriva à Hong-Kong dans la soirée du 4 août 1951. Le 15 octobre 1951, il s'embarqua sur le "Félix Roussel" et rentra en France pour assumer la tâche de "Délégué aux vocations missionnaires" dans l'Ouest. Beaupréau devint son centre de rayonnement.
En 1968, après un voyage au Maroc pour revoir sa soeur missionnaire, il prit l'aumônerie des Soeurs de l'Institution Bourg-Chevreau près de Segré. Le 3 janvier 1977; il se retira à la maison de retraite St. Michel de Beaupréau où il passa six mois environ. Le 5 juin 1977, désirant revenir dans sa famille, il fut transporté chez sa soeur et son beau-frère. Mais au bout de quinze jours, il dût rentrer à l'hôpital de Ste Gemmes-d'Andigné près de Segré. C'est là qu'il s'éteignit doucement le 5 décembre 1977.
Le lendemain, son neveu, Vincent Le Baron, prêtre des Missions Etrangères, reçut son "visa" pour l'Indonésie. Il présida les funérailles de son oncle.
Nécrologie
Père Paul LE BARON
Missionnaire de Canton
1901 - 1977
Né le 27 février 1901 à Noyant-la-Gravoyère (Angers — M. et L.).
Entré aux Missions Etrangères le 27 septembre 1918.
Ordonné prêtre le 19 mai 1926.
Parti pour la Mission de Canton le 20 septembre 1926.
En mission de 1926-1951.
Expulsé de Chine le 4 août 1951.
Délégué aux vocations de 1951 à 1964.
Autres ministères de 1964 à 1976.
En retraite de 1976 à 1977.
Décédé à Ste-Gemmes-d’Andigné le 5 décembre 1977.
Enfance et jeunesse
Paul LE BARON naquit à Noyant-la-Gravoyère, au diocèse d’Angers, le 27 février 1901. Il était l’aîné d’une famille où les parents, très bons chrétiens, ne badinaient pas avec les devoirs religieux. Paul aimait à dire que son père ne se couchait jamais sans avoir récité entièrement son chapelet, quelle qu’ait été la fatigue du jour à la ferme. Dès lors il n’est pas étonnant que Dieu ait choisi trois des enfants pour son service dans l’Eglise : Paul et deux de ses sœurs ; l’une sera Franciscaine Missionnaire de Marie ; elle connut deux années de prison à Nankin lors de la « libération » de la Chine ; l’autre sera Rédemptoristine.
Le jeune Paul, après ses études primaires à Noyant-la-Gravoyère, fut envoyé vers l’âge de 10 ans au collège tout proche de Combrée. Mais il avait la nostalgie de la maison natale qui n’était qu’à 5 km. Un jour, il s’échappa, mais le lendemain, fouet en main, son père le ramena au collège. C’est pendant cette année-là cependant qu’il fit sa communion privée et sa communion solennelle. De Combrée, on l’envoya donc au collège St-Sauveur de Redon, beaucoup plus loin, où il se montra un élève très doué et c’est de là qu’après son baccalauréat en 1918 il partit pour le séminaire des Missions Etrangères. C’est le 16 juillet 1918 qu’il fit sa demande d’admission, demande dans laquelle il exprime son vif désir d’être missionnaire. Naturellement avant de donner suite à cette demande, on prit des informations auprès du supérieur du collège St-Sauveur de Redon. C’est le 26 juillet que le Supérieur rédige une lettre très élogieuse dont voici des extraits : « C’est un jeune homme qui s’est formé, dans les 7 années qu’il a passées au collège, d’une manière très régulièrement progressive. Et ces dernières années il a été un modèle pour tous ses camarades. Les maîtres lui ont décerné, à la presque unanimité, le prix des Anciens Elèves, la plus haute marque d’honneur et c’est au milieu des applaudissements interminables de ses camarades qu’il l’a reçu... Il jouit d’une excellente santé. D’un caractère naturellement violent quand il nous arriva tout jeune, il est devenu doux et très aimable ». On ne pouvait s’attendre à de meilleurs renseignements. Aussi Paul Le Baron fut-il admis à la date du 29 juillet 1918.
Aux Missions Etrangères
C’est le 27 septembre 1918 que Paul Le Baron entra au séminaire de Bièvres pour y commencer ses études de philosophie et de théologie. Elles furent coupées par un temps de service militaire de 2 ans : ce qui explique qu’il ne fut ordonné prêtre que le 19 mai 1926 après 8 années de séminaire... ou presque. Au moment des destinations, c’est la Mission de Canton, dans le sud de la Chine, qui lui échut en partage. Selon la coutume de l’époque, il passa un mois de vacances dans sa famille, puis revint au séminaire de Paris pour faire ses préparatifs et le 20 septembre 1926, il s’embarquait pour Canton.
En Mission
Il fut accueilli dans la métropole du Sud de la Chine par son évêque Mgr Fourquet. Quelques jours après il fut dirigé sur la léproserie de Shek-Lung, à mi-chemin entre Canton et Hongkong, où il reçut le P. Deswazières. Il était alors à pied d’œuvre pour se livrer à l’étude de la langue. Les dialectes chinois sont nombreux dans la mission de Canton. C’est au dialecte « Hakka » que s’initia le P. Le Baron pendant quelques mois. Il n’y avait pas à cette époque d’école de langue. Le jeune missionnaire était confié à un confrère plus ancien et cela dans la région même où il exercerait son ministère un peu plus tard. Le jeune P. Le Baron s’initia donc à la langue hakka pendant quelques mois puis à l’automne 1927, il plia bagages et prit la jonque en direction de Ho-Yun, à quelque 200 km vers l’est.
A ce moment la Chine connaissait une période de grande agitation. Arrachée malgré elle à ses habitudes millénaires par la révolution de 1911, obligée sous les contraintes extérieures de s’ouvrir aux « étrangers », elle s’efforçait de se donner un visage nouveau, une orientation sociale et économique vers laquelle l’entraînait le Japon, que son passé, millénaire lui aussi, n’avait pas empêché de devenir l’une des premières puissances économiques du monde.
En 1927, la Chine n’en était pas là : ses portes ne s’ouvraient pas facilement aux « diables d’étrangers » soupçonnés de vouloir la coloniser comme l’Indochine ou Formose.
De plus, la dynastie mandchoue des Tsing mise à l’écart en 1911, des bandes armées, des factions rivales se taillaient des fiefs dans toutes les provinces. Des accrochages avaient lieu entre les soldats de différentes obédiences et le brigandage sévissait dans la campagne sans que le pouvoir, trop affaibli, puisse y remédier.
C’est ainsi que la jonque sur laquelle était le jeune P. Le Baron fut prise d’assaut par une de ces bandes et les passagers, y compris le « diable d’étranger » soulagés de tous leurs bagages : ce fut pour le jeune missionnaire un vrai « baptême du feu » !
Plus heureux que son confrère le P. Waguette, de la Mission voisine, qui devait être enlevé dans l’espoir d’une rançon, le P. Le Baron parvint à Ho-Yun où le P. Nicouleau ne fut pas tellement étonné de le voir arriver sans bagages, mais sain et sauf. Toutefois la destination finale du « Jeune » n’était pas Ho-Yun, mais le « district » de Lap-Chak, à environ 35 km de Ho-Yun.
Lap-Chak
Lap-Chak est le nom d’une vallée large d’environ 2 km sur 3 à 4 de long. Cette vallée est peuplée de petits villages épars, faisant tache au milieu des rizières, principale richesse du pays. La mission catholique était située au bas de la montagne, côté sud, entourée seulement de quelques maisons. Les chrétiens étaient éparpillés dans la vallée ; de chez eux ils pouvaient facilement entendre la cloche de l’église les appelant pour la prière ou la messe, car là-bas, à 300 km de Canton, on ignorait totalement le bruit des moteurs. C’est dans ce petit coin de Chine, presque à l’extrémité est de la Mission de Canton, que le Père Le Baron allait passer 18 ans de sa vie, partageant son zèle apostolique entre les chrétiens de Lap-Chak et ceux des trois ou quatre « dessertes » de son district.
Ce serait mentir que de dire que les conversions étaient faciles. D’ailleurs le choix de l’évêque en y envoyant le jeune Père était dicté par la volonté d’implanter solidement la foi chrétienne dans cette partie du Kouang-Tong où des noyaux chrétiens existaient déjà, pouvant servir de points d’appui pour une plus large et plus profonde évangélisation. C’est dans cette intention que furent envoyés dans cette région de Kung-Chang et Ho-Yun, dès 1923, le P. Veyres, puis les Pères Seznec et Morel ainsi que des prêtres chinois venant des chrétientés déjà vigoureuses de Sheun-Tak et de Nam-Hoi, dans la région cantonaise.
A l’arrivée du P. Le Baron, le « secteur » ne comptait que deux Pères français : le P. Frayssinet, très âgé, sur le point de se retirer à Béthanie de Hongkong et le P. Nicouleau qui devait mourir du choléra en 1932. Leur champ d’évangélisation était à peu près grand comme notre Bretagne !
Les troubles qui à ce moment secouaient la Chine et en particulier la métropole du Sud en raison des essais de pénétration soviétique avaient aussi motivé l’envoi du jeune Père dans cette région de Ho-Yun où les idées subversives n’avaient guère pénétré et risquaient moins de mettre en danger la vie des missionnaires. En effet, l’année suivant l’arrivée du Père Le Baron devait voir l’essai de « putsch » communiste à Canton, la ville reste pendant quatre jours aux mains des cellules communistes et la répression terrible menée par un jeune officier de l’Académie militaire de Whang-Pou. Tchang-Kai-Chek.
Riche d’intelligence et de cœur, le P. Le Baron s’attaqua dès son arrivée à l’évangélisation de son district. Il s’adonna beaucoup à l’étude de la langue hakka qu’il parla vite avec aisance, sans pour autant négliger l’étude ardue des caractères chinois. Il sut aussi s’adapter rapidement aux « us et coutumes » de ce bon peuple chinois avec lequel il avait le contact facile, tout en fumant avec ses interlocuteurs ce détestable tabac du pays qui avait goût d’huile rance.
Il était par ailleurs très peu difficile sur la nourriture. Certes, il « recevait » ses hôtes avec le raffinement d’un bon cuisinier, mettant « les petits plats dans les grands », mais la cuisine chinoise, même la plus fruste, ne le rebutait pas et les quantités de riz qu’il engloutissait faisaient l’admiration de son entourage.
Ses chrétiens l’aimaient beaucoup, justement à cause de ses manières simples, à cause de l’intérêt que lui, fils de la terre, prenait à leurs cultures et leurs élevages. Il aurait souffert, sans doute beaucoup, d’être « curé » dans une ville, comme son voisin et ami le P. Seznec.
Et cependant, nous formions tous les quatre : les PP. Veyrès, Le Baron, Seznec et moi, ce que l’on appelait « les Mousquetaires de la Mission ». Nous nous rencontrions aussi souvent que possible, malgré la distance qui nous séparait. Il fallait bien combattre notre isolement moral, dont le seul remède était la visite d’un confrère, accueilli toujours avec une joie indicible (enfin pouvoir parler, rire, discuter... en français ! ! !) et, comme le dit le P. Châtelain qui était trop éloigné malheureusement « se rencontrer en prenant le temps, un ou plusieurs jours, de demeurer ensemble et communier en profondeur, faisant le tour de nos problèmes de la mission », essayant de les résoudre ensemble.
La grande distraction du P. Le Baron était la chasse, une chasse qui était plutôt l’occasion d’une promenade dans la montagne avec son fusil et son chien que la rencontre très problématique d’un gibier (perdrix, coq de bruyère, pigeon ramier...) plutôt rare dans la région. Puis les choses changèrent rapidement après son congé régulier pris en 1937. Son séjour au pays natal, loin d’affaiblir son esprit missionnaire, lui insuffla un nouvel élan vers sa Chine où il ne savait pas quelles croix lui étaient réservées. Peu après son retour, la guerre éclatait entre la Chine et le Japon. D’abord éloignée, elle devait, en 1939, atteindre le sud du pays, si bien que les missionnaires de l’est de la Mission de Canton se virent coupés de leur évêché par la prise de la ville tombée aux mains des Japonais. La région de Ho-Yun fut longtemps épargnée par le corps expéditionnaire japonais, mais pas par l’aviation qui s’en donnait à cœur joie devant l’absence totale de défense antiaérienne.
Cependant cette période de guerre devait amener de graves perturbations dans le groupe des « Mousquetaires du Ho-Yun ». Ce fut d’abord le départ du P. Morel pour la maison de Nazareth à Hongkong, sa santé déficiente ne lui permettant plus d’assurer régulièrement l’administration de son district de Fong-Yun. Mais le coup le plus dur fut la mort du Père Seznec, tué en 1945 par des guérilleros chinois, alors qu’il était emmené prisonnier par une colonne japonaise venue faire une incursion à Ho-Yun. Ce malheur privait le centre de ‘la Mission de tout prêtre. Aussi le P. Le Baron vint-il s’installer à Ho-Yun tout en conservant le soin de son district de Lap-Chak. Cela lui faisait au total un territoire grand à peu près comme un département français.
La guerre étant terminée en août 1945, il put recevoir l’aide d’un prêtre chinois : ce qui lui permit de pouvoir revenir en France en octobre 1946. Il en avait grand besoin après l’immense effort qu’il venait de fournir. Remis sur pied, il repartait en décembre 1947, laissant en France son unique voisin de mission que la maladie rendait, au moins temporairement, impropre à la vie missionnaire.
Vicaire délégué
De retour à Canton, il a la douleur de devoir abandonner son poste de Lap-Chak, car il est nommé Vicaire Délégué de la Mission, en raison de la démission de l’évêque Mgr Fourquet, âgé et quelque peu dépassé par les événements. Ces événements vont d’ailleurs s’aggraver bientôt avec la prise de Canton par les communistes. Le P. Le Baron connaîtra alors la prison comme « agent de l’impérialisme ». Il sera ramené à Ho-Yun où il subira l’horreur des « jugements populaires » par lesquels un peuple, par ailleurs très pacifique, peut devenir injuste et cruel, lorsqu’il y est poussé par les affirmations aussi fausses que haineuses de quelques meneurs.
Le Père eut là à souffrir en partie la Passion du Christ son Maître. Il eut au moins la consolation, en prison, de préparer à la mort le catéchiste du P. Morel, arrêté lui aussi pour sa collusion avec les « diables d’étrangers » et mourant des sévices endurés. Le Père n’était pas en bien meilleur état, miné par la dysenterie due à la nourriture infecte qui lui est jetée... comme à un animal. On lui apprend, nouvelle souffrance, que sa sœur est elle-même en prison à Nankin. Elle y passera deux années avant d’aller reprendre sa vie missionnaire au Japon puis au Maroc où elle sera terrassée par la maladie et ira vers le Seigneur en 1971. Le P. Le Baron pensait bien mourir martyr, lorsque ses geôliers préférèrent commuer sa peine de mort en expulsion, « grâce à la magnanimité du peuple chinois... »
De cette période de souffrances extrêmes, le P. Le Baron n’aimait pas parler, sauf peut-être à quelques amis très sûrs. Il dort donc de sa patrie d’adoption le 4 août 1951. Après avoir été soigné à l’hôpital St-Paul à Hongkong, il fut dirigé sur France où il arriva le 16 octobre 1951. Il ne devait plus quitter la France.
En France
Nommé Délégué aux vocations missionnaires dans l’Ouest de la France, il installe son Quartier général au petit séminaire des Missions Etrangères à Beaupréau. « Là il va s’occuper des vocations missionnaires de jeunes avec l’espoir d’être appelé lui-même vers quelque mission nouvelle du côté de l’Extrême-Orient. Plein d’allant, solide, le regard vif, il parcourt toutes les régions de l’Anjou et des diocèses voisins. Il est tenace, courageux... » (Semaine religieuse d’Angers 1977 Nº 44).
En 1968, ne se sentant plus capable d’assumer plus longtemps une tâche demandant une bonne résistance physique, il demande à consacrer ses dernières années à un ministère plus calme. Mais avant il prend le temps d’aller en voiture jusqu’au Maroc pour voir une dernière fois sa sœur Franciscaine Missionnaire de Marie. On lui offrit l’aumônerie des Sœurs de l’Institution Bourg-Chevreau, près de Segré. Il y passa près de 9 ans. En 1977, la vieillesse avec son cortège de maladies l’obligea à se retirer à la Maison St-Michel de Beaupréau. C’était le 3 janvier 1977. Il y reste seulement six mois, dans un état assez dépressif, malgré les visites fréquentes qu’il recevait et les bons soins dont il fut constamment entouré. Le fait de ne plus pouvoir lire, même pour célébrer la messe, à cause de sa presque totale cécité, ne fit qu’aggraver son état. Hospitalisé à l’hôpital de Beaupréau, il y reçut, le 3 juin 1977, l’Onction des Malades, entouré de toute sa famille.
Mais il ne devait pas mourir à Beaupréau. Accédant à son désir de revenir dans sa famille, il fut transporté chez sa sœur et son beau-frère, M. et Mme Tenailleau, le 5 juin 1977. Il n’y resta que 15 jours ; il fallut l’hospitaliser de nouveau, cette fois à l’hôpital de Ste-Gemmes-d’Andigné, près de Segré. C’est là qu’il s’éteignit doucement le 5 décembre 1977.
Etait-ce un signe de l’offrande de sa vie au Seigneur pour qu’il envoie des ouvriers à sa Moisson ? Son neveu Vincent, prêtre des Missions Etrangères depuis 18 mois, attendait impatiemment son « visa » pour l’Indonésie : il le reçut le lendemain même de la mort du P. Le Baron.
C’est lui, Vincent, qui présida la sépulture de « Tonton Paul » avant de s’envoler lui aussi pour les Missions.
Aussi ne peut-on mieux conclure qu’en empruntant un passage de la Semaine religieuse d’Angers : « Ainsi nos horizons se sont élargis. Et à l’heure où le P. Paul Le Baron soupirait : Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ? l’appel qui l’avait lui-même entraîné voilà 50 ans se concrétisait pour son neveu Vincent... Est-ce un signe de l’humour de Dieu ? On peut penser que le P. Paul Le Baron a retrouvé son grand sourire dans la joie de son Maître. Et nous savons que la Mission continue ! »
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Références
[3321] LE BARON Paul (1901-1977)
Références biographiques
AME 1926-27 p. 197. CR 1926 p. 78. 167. 1927 p. 75. 1928 p. 78. 1929 p. 102. 1930 p. 118. 119. 1931 p. 120. 1932 p. 390. 1934 p. 94. 1935 p. 92. 1937 p. 94. 1938 p. 98. 1939 p. 87. 1940 p. 55. 1948 p. 52. 1950 p. 46. 47. 1951 p. 30. 1968 p 67. BME 1926 p. 520. 706. 771. 1931 p. 223. 1932 p. 643. 1933 p. 620. 643. 1934 p. 628. 1935 p. 515. 595. 1936 p. 521. 1939 p. 274. 566. 1940 p. 51. 1951 p. 578. 579. 611. 648. 1952 p. 56. 1957 p. 1106. 1959 p. 370. ECM 1942 p. 26. 1945 p. 130. EC1 N° 111. 116. 319. 337. 449. 459. 504. 505. 507. 628. 635. 656. 734. NS. 68P297. 93P50. 94P80. 115/C2. 178/C2. 181/55.
Février 1997
Mémorial LE BARON Paul, René, Marie, Pierre page 1