Jean-Baptiste LABANDIBAR1904 - 1931
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3382
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1929 - 1931 (Pondichéry)
Biographie
[3382] LABANDIBAR Jean-Baptiste est né le 27 février 1904 à Béhobie, dans le diocèse de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).
Entré au petit séminaire d’Ustaritz, il fait part à ses parents de sa résolution de se consacrer à Dieu et de devenir missionnaire. Il entre au séminaire de Bièvres le 7 septembre 1922 puis il continue ses études rue du Bac à Paris. Ordonné prêtre le 29 juin 1929, il part le 8 septembre suivant pour l’Inde.
Arrivé dans sa mission le 10 octobre, il est aussitôt envoyé à Namakkal, un poste fondé deux ans auparavant. Il s'initie au tamoul et à la vie apostolique sous la direction du P. Prunier, qui devient en 1930 le premier évêque du nouveau diocèse de Salem.
Cinq mois plus tard, il est envoyé à Yerkaud pour apprendre la langue anglaise. Il peut jouir du bon climat de la montagne et de la présence de plusieurs confrères. Mais les douleurs d'estomac qui avaient commencé à Namakkal se font plus fréquentes, et il doit être soigné à l'hôpital Sainte-Marthe de Bangalore. Après des examens faits au Bowring Hospital, on décide de l'envoyer en France pour tenter de le sauver.
À Marseille, où il arrive le 30 mars 1931, il a la joie de trouver sa mère venue jusqu'au port le recevoir. Elle l’emmène à Béhobie. Un jour, il s'évanouit et on le transporte à la clinique Delay à Bayonne. Le verdict du chirurgien est net et tranchant : un néoplasme très avancé; l'opération serait inutile. Après un traitement à base d'arsenic, un mieux apparent en résulte, si bien qu’il songe à faire le voyage de Paris pour s'y faire opérer.
Le 5 juin, il fait en voiture avec sa mère une promenade jusqu'à Saint-Jean-de-Luz, pour essayer ses forces avant le voyage de Paris. A son retour, son état empire, et il reçoit les derniers sacrements. Dans la nuit du 7 au 8 juin, il a une hémorragie interne accompagnée de très vives douleurs, et il expire à Béhobie ce 8 juin 1931.
Nécrologie
M. LABANDIBAR
MISSIONNAIRE DE SALEM
M. LABANDIBAR (Jean-Baptiste), né le 27 février 1904, à Béhobie (Bayonne, Basses-Pyrénées). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 7 sep¬tembre 1922. Prêtre le 29 juin 1929. Parti le 8 septembre 1929 pour la Mission de Salem. Mort à Béhobie le 8 juin 1931.
Les missionnaires cédés à l’apostolat lointain par le pays basque n’ont jamais manqué dans la Société des Missions-Etrangères de Paris. Ce courant traditionnel amenait en septembre 1922 le jeune Jean-Baptiste Labandibar au Séminaire de la rue du Bac. La Société religieuse qu’il avait choisie pour réaliser ses rêves d’avenir ne l’aura guère connu, du moins aux champs de l’apostolat : Consummatus in brevi, explevit tempora multa.
Notre regretté missionnaire naquit le 27 février 1904 à Béhohie, paroisse du diocèse de Bayonne. Ses parents, commerçants en vins, étaient connus fort avantageusement dans la région pour la large hospitalilé que recevaient chez eux tous ceux qui venaient frapper à leur porte ; de son père on disait qu’il était la bonté même ; sa mère, vive et diligente, semblait créée sur le modèle de la femme forte de l’Ecriture : Jean-Baptiste, leur premier-né, devait hériter des qualités de l’un et de l’autre.
De très bonne heure, il fut confié à l’école enfantine tenue de l’autre côté de la Bidassoa par des sœurs françaises réfugiées en territoire espagnol. Un peu plus tard, les grands parents voulurent l’avoir chez eux à Urrugne, leur école communale étant, disaient-ils, meilleure que celle de Béhobie ; mais les parents ne tardèrent pas à s’apercevoir que leur surveillance personnelle était nécessaire pour la bonne éducation de l’enfant et pour le redressement de ses espiègleries ; il fut ramené à la maison.
Son père ne doutait pas un seul instant que son fils ne dût lui succéder dans son commerce, c’est de ce côté qu’il fallait orienter ses études. Justement, non loin de Béhobie, les Frères des Ecoles Chrétiennes avaient une école de commerce assez réputée ; et pourtant Jean-Baptiste entra au Petit Séminaire d’Ustaritz ; il est vrai que cet établissement était autant collège que Petit Séminaire et que l’on y préparait aux carrières laïques aussi bien qu’à l’état ecclésiastique ; et plus d’un jeune homme, entré dans cette maison avec l’idée de faire son chemin dans le monde, en sortit pour entrer au Grand Séminaire.
Il serait exagéré de dire que notre Jean-Baptiste fut un élève acharné à l’étude, ou qu’il eut pour les prescriptions du Règlement tout le respect convenable : boute-en-train, excellent camarade ; débordant de vie et d’activité, il avait tout ce qu’il fallait pour se pousser dans une carrière laïque. Aussi grande fut la surprise de ses parents quand, le jour où il accomplit ses dix-huit ans, il leur écrivit sa résolution de se consacrer à Dieu dans la milice sacerdotale, quand surtout, quelques jours après, une nou¬velle lettre leur arriva, précisant qu’il voulait être missionnaire.
M. Labandibar entra dans notre Séminaire de Bel-Air le 7 sep¬tembre 1922. Deux ans après il faisait son service militaire à Coblentz ; il s’y rencontra avec un autre aspirant aux Missions dont le commerce lui fut particulièrement profitable ; plus que jamais il comprit la nécessité de travailler sur soi-même et de combat¬tre les exhubérances de son caractère. Il s’appliqua à cette besogne quotidienne tout en restant bon, serviable, généreux envers ses confrères, parmi lesquels il n’avait que des amis en dépit d’une franchise spontanée qui aurait pu facilement. froisser.
Ordonné prêtre le 29 juin 1922 sous les yeux même de sa chère mère, venue des Pyrénées pour partager les joies et les émotions de son fils, le nouveau missionnaire revint dans son très
aimé Béhobie pour les adieux avant le départ pour sa Mission de Salem dans le sud de l’Inde. Il y chanta sa première messe solennelle, entouré d’une trentaine de prêtres du pays basque ; Dom Ignace, Abbé des Bénédictins de Belloc, ami de la famille, mit le comble à l’intérêt de la cérémonie en prenant la parole pour dire la grandeur du sacerdoce et de l’apostolat. La séparation fut douloureuse et pour les parents et pour le fils, celui-ci dut faire appel à toute son énergie pour faire bonne contenance durant les derniers jours passés au foyer familial.
M. Labandibar, parti de France le 8 septembre 1929, arrivait dans l’Inde le 10 octobre. Il fut envoyé de suite à Namakkal, poste tout nouveau fondé à peine deux ans auparavant ; il eut le bonheur d’être guidé dans ses premiers pas par M. Prunier, qui peu après devait devenir son Evêque. Ces deux cœurs se comprirent et s’attachèrent l’un à l’autre ; le frère du cher défunt écrivait un jour en parlant de Jean-Baptiste : « Il aimait Mgr Prunier ; dès son arrivée, par ses photos et ses lettres, il nous l’avait représenté comme très sympathique, si bien que son souvenir nous est familier. Nous nous représentions volontiers leur vie commune. »
Sitôt arrivé en Mission, M. Labandibar se mit avec joie à l’étude de la langue tamoule ; sa méthode est à la fois pratique et théori¬que : il se mêle aux jeux et aux études des enfants de l’orphelinat, note ce qui lui semble bon, le répète sans cesse, vérifie dans sa grammaire et ses lexiques ; puis le soir M. Prunier lui donne maintes explications sur les mots, les phrases, la construction... La méthode lui réussit si bien qu’au bout de trois mois il faisait le catéchisme aux tout petits, et au bout de cinq mois suivait les conversations sur des sujets courants. Il aima Namakkal de tout son cœur, et il s’y fit aimer si bien que l’on se plaisait à fonder sur ce jeune confrère les plus belles espérances.
Cinq mois après il fut envoyé à Yercaud, près de M. Campuzan, chez qui il devait apprendre la langue anglaise ; il l’apprit comme en se jouant. A Yercaud il rencontrait fréquemment quatre ou cinq confrères ; ce fut une vie d’entente parfaite dont tous conservent le meilleur souvenir.
Les soucis vinrent de là où on les attendait le moins. Même avant son départ de France, M. Labandibar avait éprouvé quelques douleurs d’estomac auxquelles il n’attacha pas grande im-portance ; elles réapparurent à Namakkal et devinrent très vives à Yercaud. On commença par l’hospitaliser à Sainte-Marie de Bangalore ; puis, le cas ayant été jugé assez grave pour motiver une intervention chirurgicale, on le fit passer au « Bowring Hospital » où il fut soumis à un examen radiographique ; le résultat en fut si alarmant qu’on décida de le faire partir en toute hâte pour la France, où l’on pourrait tenter tout ce qui serait possible pour le sauver.
A Marseille, où il arriva le 30 mars 1931, le malade eut la joie d’y trouver sa mère venue jusqu’au port pour le recevoir. Elle l’emmena à Béhobie. En le voyant miné par le terrible mal qui allait l’emporter, son père fut pris d’une grande émotion : « Mais non, papa, dit-il en faisant un effort pour sourire, je ne suis pas encore mort ! » Mais à peine arrivé au pied de l’escalier, il tomba évanoui. Quelques jours après on l’examina très sérieusement dans la clinique Delay à Bayonne ; le verdict du chirurgien fut tranchant dans sa netteté : « C’est, dit-il, un néoplasme très avancé ; l’opération serait inutile. »
Dans sa famille, comme dans les deux Séminaires de Bel-Air et de la rue du Bac, on se mit à prier : ses parents firent une neuvaine au défunt Cardinal Mercier ; et de notre côté nous en fîmes une au Bienheureux Théophane Vénard pour demander cette guérison ; le malade la demandait lui même pour pouvoir continuer sa vie de missionnaire. On tenta un traitement par piqûres iodées, mais elles provoquèrent une telle crise qu’il fallut les suspendre ; on essaya ensuite un autre traitement à base d’arsenic ; un mieux apparent en résulta, si bien que le cher malade songeait à faire le voyage de Paris pour s’y faire opérer. Il souffrait toutefois beaucoup, se raidissant contre la douleur pour ne pas aviver l’inquiétude de ses parents. Le 5 juin, il fit en automobile avec sa mère une promenade jusqu à Saint-Jean de Luz pour essayer ses forces avant le voyage de Paris.
Mais dès le lendemain, son état empira à tel point qu’il comprit que tout était fini. Il demanda et reçut avec ferveur les derniers sacrements : « Je suis prêt à mourir, dit-il à son frère, mais je croyais avoir une chance de guérison en me faisant opérer ; je voulais la tenter. » Dans la nuit du 7 au 8 juin il eut un vomis¬sement violent qui provoqua une hémorrhagie interne aocompagnée de très vives douleurs : c’est dans ce moment même qu’il expira.
Notre regretté confrère aurait voulu consacrer une longue vie à l’extension du royaume de Dieu parmi les peuples païens. Le Maître souverain ne lui a demandé que sa bonne volonté, mais nous avons la confiance qu’il n’a permis cette mort prématurée que pour assurer un protecteur dans le ciel à la jeune Mission de Salem.
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Références
[3382] LABANDIBAR Jean-Baptiste (1904-1931)
Références bibliographiques
AME 1929 p. 173. 187. photo p. 186. 1930 p. 84. 1931 p. 136. 176. 185. CR 1929 p. 235. 1931 p. 255. 276. 361. BME 1929 p. 576. 763. 765. 1930 p. 591. 670. 806. photo p. 48. 1931 p. 386. 387. 543. 613. 616. EC1 N° 179. 182. 218. 220. 223.