Pierre PECKELS1904 - 1977
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3463
Identité
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Biographie
[3463] Pierre, Louis-Marie, PECKELS naquit le 14 juillet 1904, à Charleville, (Charleville-Mézières), diocèse de Reims, département des Ardennes. Son père, après des études de droit à Paris, se maria dans cette ville et eut un fils nommé Paul. Peu après son épouse décéda. Il revint à Charleville et se remaria en 1896. De ce second mariage naquirent huit enfants. Pierre était le sixième.
De 1909 à 1921, ce fut le temps des études : primaires d'abord au collège Saint Rémi à Charleville, secondaires ensuite pendant la 1ère guerre mondiale, et dans des conditions défavorables, l'évacuation ayant conduit la famille à Rennes puis à Dijon. Au début de 1919, la famille revint à Charleville; Pierre continua ses études secondaires au collège Saint Rémi, passa son baccalauréat, et se dirigea vers le grand séminaire de Reims en octobre 1922.
Sous-diacre le 11 juin 1927, diacre en décembre 1927, ordonné prêtre le 2 juin 1928, il fut affecté au petit séminaire diocésain comme surveillant pendant trois années scolaires. Sa santé s'étant amélioré, il demanda à son évêque et obtint l'autorisation de quitter le diocèse pour aller travailler dans les missions.
Le 12 Septembre 1931, M. Peckels entra au séminaire des Missions Etrangères pour y accomplir une année de probation. Le 10 avril 1932, en tant que doyen de la communauté de Paris, il présenta les vux de Bonne Fête", à M. Léon Robert, "l'ombre de Mgr.le Supérieur Général". Au soir du 29 juin 1932, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique de Moukden (Mandchourie méridionale) qu'il partit rejoindre, le 18 septembre 1932. Il s'embarqua à Marseille à bord du paquebot "Général Metzinger" jusqu'à Kobé, puis sur un bâteau japonais jusqu'à Dairen, et enfin il termina son voyage en train.
Le 15 novembre 1932, M. Peckels arriva à Moukden; pour apprendre le chinois, et faire sa formation missionnaire, il fut envoyé à Chan-tchoang-tse, chez M. Jean Chabanel, renommé pour son mépris du confort. Malgré un travail acharné et méthodique, il rencontra des difficultés dans l'étude de la langue; il compensa cet handicap par son zèle, et son dévouement légendaire. En juillet 1935, il fut nommé vicaire à San-t'ai-Tse, dans la plaine, au sud-ouest de Moukden. Cette paroisse, composée de "vieux chrétiens" avait résisté aux Boxeurs lors de la persécution de juillet-août 1900. Elle était administrée par M.Chometon, provicaire de la mission.
En 1936, la santé de M.Pierre Cambon, procureur, donnant quelques inquiétudes, Mgr.Blois nomma M. Peckels assistant-procureur; ce dernier s'installa à Moukden. Il exerça ces fonctions pendant 10 ans, et se lia de profonde amitié avec M.Pierre Cambon ; il devint son infirmier, et déploya à son égard, et jusqu'à sa mort, le 5 janvier 1949, des trésors de charité et de délicatesse.
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En 1946, M. Peckels quitta la procure, et fut nommé curé de Leaoyang, grande ville au sud de Moukden, sur la ligne du transmandchourien. Fatigué, après une année passée dans ce district de "vieux chrétiens fervents", il fut obligé de rentrer en France où il arriva le 9 juin 1947. Malgré la nouvelle situation politique en Mandchourie, il repartit le 30 avril 1948, parvint à Shanghai où il trouva un avion pour l'amener à Moukden.
Affecté à la procure de la mission où il remplaça M. Eugène Chagny, il fut confronté à la famine organisée par les communistes et à leur entrée dans la ville de Moukden, le 1er novembre 1948. Par décret du 14 juillet 1949, par division de l'archidiocèse de Moukden, Rome créa le nouveau diocèse de Ying-Kow confié à Mgr. Vérineux. Ce dernier choisit M.Peckels comme vicaire général. Mais, ni l'un ni l'autre ne mirent le pied dans ce nouveau diocèse.
A Moukden, jusqu'au 15 août 1951, ce fut un calme relatif auquel succédèrent arrestation, réclusion, interrogatoires, jugement par conseil de guerre, et expulsion. Le 22 octobre 1951. Mgr. Vérineux, M. Peckels et plusieurs autres confrères arrivèrent à Hong-Kong. Après un temps de repos à Béthanie, et une opération à l'hôpital de Hong-Kong, M.Peckels s'embarqua le 8 décembre 1951, sur le "Félix Roussel" à destination de Marseille où il arriva le 7 janvier 1952.
Alors qu'il était vicaire auxiliaire à N.D. de Charleville depuis quelques mois, il reçut la visite de Mgr. Vérineux l'invitant à venir l'aider à fonder une nouvelle mission à Hwalien (Formose). M.Peckels répondit positivement à cette offre ; il fut affecté à cette nouvelle préfecture apostolique, en décembre 1952 ; le 30 janvier 1953, il s'embarqua à Marseille à bord du paquebot la "Marseillaise" pour Hong-Kong où il arriva le 24 février 1953, et y retrouva Mgr.Vérineux. Celui-ci le choisit comme vicaire délégué. Le 17 mars 1953, tous deux atterrirent sur l'aérodrome de Hwalien.
M.Peckels organisa la procure de cette nouvelle préfecture apostolique, et fut chargé aussi du district et de la chrétienté de Ka-Lai-Wan, située à proximité de l'aérodrome. Sous son impulsion, ce district se développa très rapidement, nombreux furent les catéchumènes et les baptêmes, construction et bénédiction de chapelles. En janvier 1957, laissant à M.Ducotterd les livres de comptes, il quitta ses fonctions de procureur pour se consacrer entièrement à son district de Ka-Lai-Wan avec ses six chrétientés. En avril 1958, il fut nommé consulteur et vice-supérieur de la région de Formose.
Nommé à la tête du district de Fenglin, à une trentaine de kms au sud de Hwalien, succédant à M.Duris, M. Peckels prit possession de son poste le 1er juin 1958; le 7 mai 1959, il inaugura un premier jardin d'enfants au village Amitsu de Fonsili, à proximité de la ville de Fenglin. En mai 1960, en raison de la tenue à Paris de l'Assemblée Générale, il remplaça M.Boschet dans ses fonctions de supérieur régional et de curé de la paroisse du Sacré-Cur, puis il endossa la charge de supérieur de la mission pendant l'absence de Mgr. Vérineux. Le 25 août 1960, il présida le concours inter-district de catéchisme, et remit la coupe du vainqueur au district de T'ien-P'u. Lors des fêtes de Noël 1960, il visita les militaires basés dans l'île de Quemoy. Le 2 février 1961, ayant regagné son poste de Fenglin, il organisa un catéchuménat pour les soldats en traitement à l'hôpital militaire.
Après un congé en France du 7 janvier 1962 au 30 janvier 1963, il retrouva son district de Fenglin avec ses six chrétientés amitsu totalisant alors 1.196 fidèles. Le 25 mai 1964, les deux premières recrues amitsu firent profession dans l'Institut Sainte Marthe. En 1965, il ouvrit un nouveau poste, et bâtit un nouveau centre paroissial, et ajouta à ses fonctions, celle d'économe régional.
A son retour de congé en France du 21 avril 1969 au20 janvier 1970, M.Peckels fut affecté à la paroisse Saint François-Xavier dans la banlieue nord de la ville de Hwalien. Il reconstruisit chapelle et résidence. Mais peu après, il sentit ses nerfs craquer; il se vit contraint à rentrer en France où il arriva le 7 août 1976.
Il se retira à Lauris. Refusant de rester inactif, il fit des copies en braille pour l'Institut des Jeunes Aveugles de Paris. Il accepta de faire des remplacements dans des communautés ou des hôpitaux. Pendant l'été de 1977, il avait promis de remplacer l'aumônier chez les Frères à N.D.de la Blache, non loin de Pont Saint Esprit. C'est de là qu'il revint à Lauris, le 27 juin 1977 au soir, sans doute pour prendre quelques affaires. Il signala son retour, gagna sa chambre, mais ne vint pas au repas du soir. Le lendemain matin, il ne parut ni à la messe ni au petit déjeuner; le Supérieur de la maison le trouva étendu sur le plancher de sa chambre. Il avait été subitement terrassé sans avoir eu le temps d'appeler.
Ses funérailles furent célébrées à Lauris, et présidées par M. Claude Roy, supérieur régional de Formose, en congé en France.
Nécrologie
Père Pierre PECKELS
Mandchourie : 1932-1951 — Formose : 1952-1977
Né le 14 juillet 1904 à Charleville.
Ordonné prêtre le 2 juin 1928 à Reims.
Entré prêtre aux Missions Etrangères le 12 septembre 1931.
Parti pour la mission de Moukden le 18 septembre 1932.
En mission : à Moukden 1932-1951.
à Formose (Hwalien) 1953-1976.
Retraite à Lauris 1976.
Décédé à Lauris le 18 juin 1977.
Enfance et jeunesse
C’est le 14 juillet 1904 que vit le jour le Père PECKELS et qu’il fut baptisé dans la basilique de Notre-Dame de Charleville, placé sous la protection de saint Pierre pour lequel il aura jusqu’à son dernier jour une fidèle dévotion. Et c’est au sein d’une famille modèle, profondément chrétienne, qu’il grandira. Son père, après des études de droit à Paris, se maria dans cette ville et eut un fils nommé Paul. Malheureusement sa femme décéda peu de temps après. Monsieur Peckels revint à Charleville et se remaria en 1896. De ce second mariage naquirent huit enfants. Pierre Peckels était le sixième.
Si ses études primaires au collège Saint-Rémi de Charleville furent, comme on dit, sans histoire, ses études secondaires, au contraire, s’effectuèrent dans des conditions assez défavorables. C’était la guerre — la première — avec ses épreuves, ses dangers et ses menaces : d’où évacuation qui conduisit la famille d’abord à Rennes, puis à Dijon. Par conséquent, fâcheuses pertes de temps, interruption et manque de suite dans le programme des études. Tant à Rennes qu’à Dijon M. Peckels s’occupait personnellement des études de ses enfants. Au début de 1919, la famille se retrouva à Charleville et Pierre reprit le chemin du collège St-Rémi, passa son baccalauréat et entra au grand séminaire de Reims en 1922.
Pourquoi Pierre Peckels n’entra-t-il pas tout de suite aux Missions Etrangères pour y faire ses études ecclésiastiques ? Ce n’est certainement pas qu’il ait douté de sa vocation missionnaire, mais la vraie raison qui retarda son entrée fut son état de santé, comme l’indique le supérieur du grand séminaire de Reims dans les renseignements qu’il donne au moment où le P. Peckels présente sa demande d’admission.
Ses études terminées au grand séminaire de Reims, il fut ordonné prêtre le 2 juin 1928. Il se vit d’abord affecté au petit séminaire diocésain comme surveillant. Il remplit cette charge pendant trois années scolaires. Mais il ne perdait pas de vue sa vocation missionnaire. Au bout de trois ans, comme son état de santé était très satisfaisant, il demanda l’autorisation d’entrer aux Missions Etrangères. Sa demande fut agréée et c’est le 12 septembre 1931 qu’il arriva au séminaire de la rue du Bac, pour y accomplir son année de probation.
En Mandchourie
A la fin de l’année scolaire 1932, le P. Peckels reçut sa destination pour la Mission de Moukden, en Mandchourie. C’est le 18 septembre 1932 qu’il quitta la France. Un mois de voyage environ l’amena à Shanghai, puis une dernière étape Shanghai - Dairen sur un paquebot japonais : trois jours de traversée avec escale à Tsingtao et enfin Dairen, la « terre promise ».
Relatons un petit fait qui montre que le jeune Pierre Peckels ne manquait pas d’initiative. Sachant la date de son arrivée, l’évêque avait envoyé à sa rencontre un missionnaire. Celui-ci, bien au courant des heures et des usages, prit le train à Moukden à l’heure voulue, certain d’arriver juste à point le lendemain matin pour accueillir le voyageur au débarcadère. Mais voilà que pour une fois le bateau avait de l’avance. Arrivé sur le quai, le missionnaire en question dut constater que les passagers avaient tous disparu : pas trace du P. Peckels ! Que faire sinon prendre un taxi et filer prestement vers la gare pour y retrouver le « fugitif » soit en train de prendre son billet, soit déjà en place dans le train pour Moukden. Personne à la gare, personne dans le train ! De guerre lasse, le missionnaire prend le chemin de la paroisse japonaise pour y saluer un bon ami, le P. T. de Maryknoll. Arrivé au presbytère, il sonne. On ouvre et le Père curé lui dit : « Vous cherchez le P. Peckels. Entrez. Il est ici en train de célébrer la messe. Attendez une minute et vous allez le voir ». C’est dans ces conditions qu’eut lieu la première rencontre, et que se noua une amitié qui ne connut jamais pendant quarante-cinq ans la plus légère éclipse. Déjeuner chez le Père curé de la paroisse, visite de la ville, puis les nouveaux amis prirent la route pour Moukden où ils arrivèrent le jour même dans la soirée.
Il s’agissait maintenant pour le P. Peckels de se livrer à l’étude du chinois. Pour ce faire, il fut d’abord envoyé à Chan-Tchoang-tse gros village de nouveaux chrétiens sous la direction du Père Jean Chabanel, excellent homme, dévoré de zèle et renommé pour son mépris du confort. Notre apprenti missionnaire n’aurait pu trouver mieux pour s’initier au mode d’apostolat alors en vigueur. Il resta deux ans avec -le P. Chabanel. Il faut dire qu’il ne connut pas beaucoup de succès dans l’étude de la langue malgré un travail acharné et méthodique. Mais si ce handicap le desservait dans ses relations, ses activités, voire son ministère, à côté de cela son zèle, son assiduité, son dévouement bientôt devenu légendaire n’en furent que plus méritoires.
Au bout de deux ans, le P. Peckels fut envoyé de nouveau comme vicaire dans une autre chrétienté, San-T’ai-Tse, située dans la plaine au sud-ouest de Moukden. C’était de « vieux chrétiens » qui avaient résisté à l’assaut des Boxeurs lors de la persécution de juillet - août 1900. Cette paroisse était administrée par le P. Chometon qui était en même temps provicaire de la mission. Le P. Peckels resta encore deux ans dans cette paroisse, de 1934 à 1936.
A la Procure
Le titulaire à la Procure était le P. Cambon. Mais sa santé donnait des signes de faiblesse et Monseigneur Blois jugea nécessaire de lui donner un « assistant ». Son choix se porta sur le P. Peckels qui quitta donc San-T’ai-Tse pour venir s’installer à Moukden. Il devait y rester dix ans, de 1936 à 1946. La vie d’un procureur, comme chacun sait, présente assez peu de variété, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit sans mérite, bien au contraire ! Le P. Peckels s’adonna à sa tâche avec diligence et parfait oubli de soi. De plus, il convient de révéler deux points qui permettent de mieux saisir sa vertu et sa personnalité.
Ce fut d’abord la vie en commun et les contacts réitérés avec le chef de la mission. Tout le monde s’accorde à dire qu’il n’était pas facile à vivre. Tout autre était celui qu’il appelait son « patron », le Père Cambon, procureur en titre chez qui la bienveillance et l’affabilité s’unissaient à une humeur toujours égale pour faire de lui le confrère idéal. Une collaboration parfaite s’établit entre le P. Cambon et le P. Peckels. Mais chaque jour la santé du Père Cambon s’altérait chaque jour un peu plus et il fut amené à s’aliter définitivement. Sans en avoir le « titre », le P. Peckels remplit effectivement les fonctions de Procureur, mais il ne se contenta pas de cette fonction « administrative ». Il se fit l’infirmier et comme l’ange gardien du P. Cambon malade, déployant des trésors de charité et de délicatesse à son égard, passant près de lui toutes ses récréations, lui faisant la lecture, priant avec lui et cherchant par tous les moyens à adoucir le mal qui devait l’emporter… On comprit mieux encore l’affection qu’ils se portaient l’un à l’autre lorsque l’on vit la douleur qui étreignit le P. Peckels et la ferveur avec laquelle il pria et fit prier -pour son ami défunt.
Pour des raisons d’ordre pastoral, le P. Peckels quitta la Procure en 1946 et fut nommé curé de Leaoyang, grande ville située au sud de Moukden, sur la ligne du transmandchourien : district de vieux chrétiens fervents qui exigent du Père un travail pastoral absorbant : confessions, catéchisme, visites, etc.... Le P. Peckels fait face avec entrain car il peut alors donner libre cours à son zèle avec une indépendance qu’il n’avait encore jamais connue et qu’il ne connaîtra pas longtemps.
En effet, au bout d’un an, le P. Peckels se sentit fatigué et il demanda à prendre son congé en France. Il passa donc en France une grande partie de l’année 1947. Son séjour en France lui fut très bénéfique et rien de notable à signaler. C’est son retour qui mérite ici une mention. En l’espace de six mois la situation de la Mandchourie a encore bien changé. Elle est devenue dangereuse et pour ainsi dire désespérée, au point qu’on peut se demander si le P. Peckels pourra ou voudra revenir. Malgré les incertitudes de la conjoncture, le P. Peckels s’embarqua et parvint à Shanghai. Il n’aurait pu continuer son voyage s’il n’avait pas eu, grâce à Monseigneur Vérineux, une occasion d’avion pour l’amener à Moukden. Ce détail a son prix. Il jette une vive lumière sur une des dispositions majeures du Père : retour en mission parce que c’est là qu’est son devoir. Il n’envisage pas d’autre voie.
Il est de nouveau affecté à la procure où il remplace le P. Chagny. Mais la situation n’est pas de tout repos : c’est d’abord la famine, voulue, organisée par les communistes qui s’apprêtent à prendre la ville de Moukden. De fait ils se présentent en « libérateurs » le jour de la Toussaint 1948 : premiers contacts avec les « rouges », véritable guerre des nerfs ! C’est ‘à ce moment — peu favorable, il faut le dire — que la mission de Moukden est divisée et qu’est érigé le nouveau diocèse de Yingkow avec comme évêque Monseigneur Vérineux qui choisit le P. Peckels comme Vicaire général. Il faut noter que ni son évêque ni lui ne mettront jamais
les pieds dans ce nouveau diocèse. A Moukden, où le P. Peckels s’occupe toujours de la procure et du Père Cambon s’est établi un calme relatif qui dura jusqu’au 15 août 1951. Alors arrestation, réclusion, interrogatoires..., puis expulsion le 22 octobre 1951, en direction de Hongkong. Après quelques temps de repos à Béthanie (Hongkong), le P. Peckels regagna la France....
A Formose
Le P. Peckels était en France depuis bientôt un an, vicaire auxiliaire à Notre-Dame de Charleville, sa paroisse natale, lorsqu’un beau jour il reçut inopinément la visite de son évêque, Monseigneur Vérineux. « Vous savez, lui dit ce dernier, qu’à la suite de ma tournée à Formose, l’an dernier, je rêve d’aller m’installer là-bas et chercher à m’y rendre utile. L’affaire est maintenant réglée et je me prépare à partir pour fonder une nouvelle mission. Etes-vous d’accord pour venir avec moi ? » — Pas une seconde d’hésitation. « Bien sûr, répondit-il, quand partez-vous ? » Il fit ses préparatifs, prit le bateau au printemps 1953 et retrouva à Hongkong son évêque arrivé par avion. Le 17 mars 1953, tous deux atterrissaient sur l’aérodrome de Hwalien. S’il est vrai que deux prêtres de la mission de Yingkow, les Pères Vernois et Boschet, étaient déjà sur place au terme d’une odyssée très mouvementée, l’histoire dira que le Père Peckels fut le -premier à se voir affecté à cette nouvelle mission et qu’en ce sens il fut le premier missionnaire de Hwalien.
Que va-t-il faire ? Par la force des choses, il prend la charge de la procure...., d’une procure qui n’existe pas mais son expérience du métier va l’aider à la mettre sur pied. Mais cette activité « sédentaire » ne suffisait pas à satisfaire son besoin d’apostolat. Non loin de Hwalien vient de se former, sous la conduite d’un catéchiste une chrétienté Taroko. Le P. Peckels s’y rend, s’y intéresse, s’y installe, y construit chapelle et résidence provisoires. C’est l’Oratoire Saint-Joseph de Kailaiwan auquel il prodigua toute sa sollicitude.
Dans l’intervalle, sa procure qu’il n’a pas délaissée pour autant, a pris corps, s’est développée, répondant aux nombreux besoins matériels d’une mission qui démarre à zéro. Cette procure est si bien « lancée » qu’il peut penser à la remettre entre d’autres mains. Son évêque donne son accord et lui assigne alors le poste de Fenglin, une petite ville située à une trentaine de kilomètres au sud de Hwalien et peuplée presque entièrement de Taiwanais. Ce n’est pas auprès d’eux que le Père trouve, comme on dit, beaucoup de consolations. Par contre, nombreuses sont les stations ou chrétientés aborigènes. Le P. Peckels les visite, le plus souvent à pied, à bicyclette quand c’est possible. Logé tout d’abord dans une petite chambre attenante à l’église, il acquit un terrain qui lui permit de construire une résidence et un jardin d’enfants. On peut affirmer que les huit années que passa le P. Peckels à Fenglin furent les plus belles et les plus heureuses de sa vie missionnaire à Formose. Tout cela n’allait pas sans fatigue. Aussi au bout de huit ans prit-il son congé régulier pour refaire sa santé ébranlée et refaire son « potentiel » nerveux.
Au bout de six mois, jour pour jour, il était de retour à Hwalien. Il est alors affecté à la paroisse St-François-Xavier, dans la banlieue nord de la ville. La maison qu’il habite ainsi que la chapelle sont en mauvais état. Il pense bien construire quelque chose de plus solide et de plus fonctionnel, mais il hésite. Un violent typhon met tout par terre. Donc plus d’hésitations.... et il se met à l’œuvre . Les travaux terminés, le P. Peckels organisa la bénédiction solennelle de la chapelle et la bénédiction de ce nouveau centre. Ce fut une véritable journée de liesse comme le Père n’en avait jamais connu au long de sa vie missionnaire. Ce fut aussi la dernière. Peu de temps après, en effet, le P. Peckels sentit ses nerfs craquer une fois encore et plus gravement que jamais. H est victime d’une dépression très sérieuse. Il n’y a plus à hésiter ; il lui faut rentrer en France.... Après quelques semaines de repos et de soins appropriés il recouvra son calme, sa maîtrise de soi. Il se rendit alors compte que tout retour à Formose lui était interdit. Il prit donc sa retraite dans la maison de société de Lauris. Il se montra dans cette maison un confrère charmant, serviable et enjoué. Tout en étant à la retraite, il ne voulait pas rester inactif. Il s’était mis en relation avec l’Institut des Jeunes Aveugles à Paris pour faire des copies en braille. De plus il acceptait volontiers de remplacer tel ou tel confrère soit dans des communautés, soit dans des hôpitaux. Il avait ainsi « planifié » tout son temps pour l’été 1977 et prévu plusieurs remplacements. Il avait notamment accepté de remplacer l’aumônier chez les Frères à N.-D. de La Blache non loin de Pont-St-Esprit. C’est de là qu’il revenait à Lauris, sans doute pour prendre quelques affaires, le 27 juin au soir. Il signala son retour, gagna sa chambre mais ne vint pas au repas du soir. Personne n’y fit attention. Le lendemain matin, à l’heure de la messe et du petit déjeuner, on ne le vit toujours pas paraître. C’est alors que le Supérieur de la maison s’en fut à sa chambre. Il frappe.... sans obtenir de réponse. Il ouvre la porte et trouve le P. Peckels étendu sur le plancher. Sa valise n’était pas ouverte. Rien n’avait été touché dans la chambre. Il avait donc été subitement terrassé sans avoir eu le temps ni d’appeler, ni de s’étendre sur son lit !
Les funérailles furent célébrées à Lauris en présence de ses trois sœurs et d’un de ses neveux et de la communauté. Le Père Claude Roy, supérieur régional de Formose, en congé en France était venu pour représenter la Mission de Hwalien. C’est lui qui célébra la messe ; c’est lui aussi qui brièvement, simplement, mais avec tout son cœur, rappela les mérites et les vertus de notre confrère défunt, lui adressant au nom de tous, parents, confrères et amis un vibrant « au revoir », tel que peuvent le sentir et l’exprimer ceux qui, comme nous, comme lui, croyant au même Dieu et le servant avec le même cœur, le même amour, partagent ici-bas les mêmes espérances.
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Références
[3463] PECKELS Pierre (1904-1977)
Notices biographiques. - AME 1931 p. 138. 1932 p. 141, 246. 1935 p. 144. - CR 1932 p. 311. 1951 p. 21. 1952 p. 23. 1954 p. 22. 1958 p. 36. 1961 p. 40. 1962 p. 49. 1963 p. 59. 1964 p. 30. 1965 p. 55. 1966 p. 61-2. 1967 p. 49. 1968 p. 135, 236. 1969 p. 51-3-4. 1974-76 p. 93-4. - BME 1932 p. 694, 722, 969. 1933 p. 46-7. 1934 p. 488. 1935 p. 575. 1939 p. 727 ph 786. 1949 p. 508. 1950 p. 190 ph. 1951 p. 219-20, 646, 707. 1952 p. 48, 59, 131. 1953 p. 68, 218-21, 385, 475, 575, 779, 888, 991. 1954 p. 263-64, 473, 507-66, 781, 1124. 1955 p. 37, 341, 454, 538 ph 777, 899, 1084. 1956 p. 69, 164-65, 355, 554, 777, 978 ph . 1957 p. 352, 463, 756-57. 1958 p. 68, 174, 255, 559-60, 851-54, 973. 1959 p. 264, 630-31, 973, 422 ph. 1960 p. 458, 637, 723, 833. 1961 p. 150, 309, 492, 859. - EPI 1962 p. 399. 1963 p. 270. 1964 p. 418-22, 708-13. 1965 p. 117, 251. - EC1 n° 219-47-52, 455-62-81, 507-11-28-32, 640. - EC2 n° 20C2 p. 171. 24 p. 302. 28 C2. 31 p. 147. 35 p. 274. 84 p. 108. 100 C2. 110C2. 176/585. - MASIE 1951 p. 188. 1953 p. 32. 1954 p. 372. - MEM 1977 p. 45.
Mémorial PECKELS Pierre, Louis, Marie page 3