Léon GROSJEAN1914 - 2006
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3662
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[3662] Léon GROSJEAN est né le 18 septembre 1914 à Gérardmer (Vosges).
Ordonné prêtre le 29 juin 1942, il part le 12 août 1946 pour la mission de Moukden (Chine).
Après avoir étudié le chinois à Pékin et à Moukden, il est chargé du poste de Leao Yang (1948-1952).
Expulsé de Chine en 1952, il est envoyé au Japon dans la mission de Fukuoka.
Il occupe alors les postes de ShindenBaru (1952-1963), Jugawa (1963-1980), Mojiko (1980-1983), Tagawa (1983-1994).
En 1994, il rentre en France et se retire à Montbeton, après avoir passé quelques mois dans sa famille.
Il meurt dans la nuit du 25 mai 2006. Il est inhumé dans le cimetière des MEP de Montbeton le 29 mai suivant.
Nécrologie
LEON GROSJEAN.
(1914- 2006)
Léon, Lucien, Henri Grosjean est né le 19 septembre 1914 à Gérardmer, arrondissement de Saint-Dié, dans les Vosges. Son père Henri, Nicolas Grosjean et sa mère Marie Eugénie s’étaient mariés dans l’église de Gérardmer le 2 septembre 1913 ; Léon y sera baptisé le 27 septembre 1914 : son parrain est Eugène Grosjean, sa marraine Maria Viry. Dans la même église Léon fait sa communion solennelle le 26 avril 1925 et reçoit le sacrement de confirmation le lendemain. Léon est l’aîné d’un frère et de deux sœurs dont les parents tiennent un petit commerce.
Après des études primaires à Gérardmer, il entre au petit séminaire d’Autrey puis au grand séminaire de Saint-Dié où il passera 2 ans. Désirant suivre l’exemple de son oncle, Charles, missionnaire en Chine (Kien-tchang) Léon fait sa demande d’admission aux Missions Etrangères le 13 juillet 1937. Le Supérieur du grand séminaire de Saint-Dié fait l’éloge du candidat : « L’abbé Léon Grosjean est entré au grand séminaire le 3 octobre 1933 venant du petit séminaire diocésain. Chez nous, il a accompli deux années de philosophie scolastique. Il est de moyenne force au point de vue des études mais il s’est toujours montré plein de bon esprit, de bonne volonté, doué d’une piété sérieuse. Autant que j’ai pu m’en rendre compte, son service militaire n’a fait qu’affirmer davantage ces dispositions……… quant à la famille, elle est excellente : elle a fourni déjà un missionnaire à votre Société, le père Grosjean mort en Chine, il y a quelques années. Un cousin germain de Léon Grosjean, neveu lui aussi du missionnaire, est vicaire dans notre diocèse. Je crois que vous pouvez, en toute sécurité, prononcer l’admission de ce sujet dans votre séminaire ». Léon est admis rue du Bac le 29 juin 1938. Ordonné diacre le 2O décembre 1941, il reçoit la prêtrise le 29 juin 1942 et sa destination pour la Corée (Séoul). En attendant le départ du bateau, il est vicaire dans le diocèse de Saint-Dié, à Vagnez puis curé de Contrexéville en 1946, pendant 6 mois. Entre temps sa destination a été changée : Kirin (Chine). Il part le 12 août 1946.
CHINE
(1946-1951)
Après l’étude de la langue chinoise à Pékin pendant 8 mois, Léon est nommé vicaire à la cathédrale de Moukden en 1947 ; il visite les prisonniers et a la joie de baptiser six détenus malades. En 1948, il est curé du district de Leao-Yang ; la situation est difficile ; le compte-rendu de 1949 en parle : « C’est la ruine totale dans le diocèse ; nous avons dû abandonner cathédrale et évêché. L’épreuve la plus pénible est la situation de nos chrétientés dénuées de pasteurs. Cinq prêtres ont été tués, d’autres emprisonnés, la plupart des églises pillées, dévastées, détruites. Quelle souffrance morale pour l’évêque et son clergé, de se voir condamner à l’inaction ». Dans une lettre du 7 décembre 1950, Léon raconte ses tribulations : « Mardi dernier, on vient me chercher pour une extrême onction à douze lys au sud de la ville. J’hésite puis j’accepte et pars en vélo avec mon catéchiste. Agréable route de montagne : arrivé je donne l’extrême onction troublée par de fâcheuses rumeurs. Survient un fonctionnaire qui déclare sèchement : défense de prier ici ! Entendu, nous connaissons cela, nous les libérés. Heureusement j’avais fini. On essaie de s’expliquer avec la police ; elle refuse de nous laisser partir et nous conduit au village voisin. Là je suis de nouveau interrogé par plusieurs mandarins en espadrilles, toujours accompagnés de deux voltigeurs mauser au poing. Inutile de tout raconter car j’ai surtout laissé parler le catéchiste. Mais voilà qu’on nous fouille. Saintes huiles, rituel (ils n’ont pas eu la custode !) ne sont ce pas là des pièces à conviction, des instruments de propagande superstitieuse ? A quatre heures vingt arrive le chef du soviet, paysan de l’endroit. Encore un interrogatoire…..le catéchiste marchait à quelques pas devant moi. Soudain il s’arrête ; la discussion s’anime, le ton monte. Que se passe-t-il ? L’autre le met en joue. Alors seulement je compris « Père, me dit-il, ils vont nous tuer ». En effet un autre milicien me prend par le bras et me place devant un tas de cailloux. Léon et son catéchiste sont providentiellement sauvés par un jeune « pa-lou » un soldat de l’armée communiste qui rentrait dans le village. Voyant tout ce remue-ménage, il s’écrit : « Je le connais, c’est le père de la mission catholique. Pas d’histoires ; lâchez-le ». La semaine précédente, il avait vu Léon, balayant la rue devant chez lui. Quoi, un étranger, un Blanc qui balayait ! Service d’hygiène naturellement, un des nombreux bienfaits du nouveau régime ! Malheureusement, depuis la défaite japonaise, les chrétientés sont sous un régime communiste. A Moukden et dans sa région, il n’y a plus de culte ; une campagne est lancée pour entraîner les chrétiens dans la réforme. Mgr Vérineux et ses missionnaires sont expulsés après détention et jugement. C’est ainsi que Léon Grosjean arrive à Hongkong le
JAPON.
(1952-1994)
Les pères Pascarel, Grosjean, Dechamboux, Collet et Bastid ne craignent pas une reconversion pour prêter main-forte au diocèse de Fukuoka.
Le Kyushu est un autre monde ; le sud du Japon a été évangélisé par St François Xavier eu 16ième siècle. Les persécutions ont commencé avec les 26 martyrs de Nagasaki et l’interdiction de la religion chrétienne jusqu’en 1868. La foi a été transmise de génération en génération. Les chrétiens ont été redécouverts par le père Petitjean à Nagasaki : pendant plus de 250 ans, ils sont restés fidèles dans le silence et la persécution. Les chrétiens sont très attachés aux missionnaires. Léon Grosjean découvre peu à peu son nouveau champ d’apostolat. Après plusieurs mois d’études de la langue japonaise à Yawata, en 1953, il devient vicaire du père Bonnecaze dans le secteur de Shindenbaru ; un an plus tard, il lui succède comme curé, aidé par le père Dunoyer. En plus ils doivent assurer le service paroissial à Toyotsu et dans la petite ville de Yukuhashi. Le 7 août 1954, ils reçoivent Mgr Charles Lemaire, Supérieur Général qui visite aussi l’hôpital prés de l’église de Shindenbaru et le monastère des Trappistines. Lorsque la bourgade est rattaché à la ville de Yukuhashi, Léon y fonde un jardin d’enfants à partir d’une salle qu’il avait à sa disposition : il invite le maire à l’inauguration et vise à une solide formation de la jeunesse qui doit vivre sa foi dans un milieu non chrétien. Chaque année, pour la fête du Christ Roi, un bon nombre de confrères se réunit à Shindenbaru. Mgr Fukahori y préside la procession du Saint Sacrement depuis le monastère des Trappistines jusqu’à l’église paroissiale, accompagné de milliers de chrétiens. En 1956, Léon prend son 1er congé au pays natal pour y revoir sa mère ; le 29 octobre, il est de retour par avion, heureux d’annoncer qu’une cloche apportée des Vosges se fera bientôt entendre aux quatre coins de sa paroisse ; fondue à partir de 3 petites cloches, elle est bénie pour la fête de St Léon !
En avril 1962, Léon devient curé de la paroisse de Yugawa dans la banlieue de Kokura ; dans le diocèse de Fukuoka, le vicariat du Nord Kyushu a été confié aux Misions Etrangères ; grâces aux efforts de tous les confrères, en 1963 il y a 200 baptêmes d’adultes ce qui porte la population catholique à 8424 fidèles. Léon a la responsabilité d’une paroisse de 600 fidèles en grande partie des anciens chrétiens ; il y restera jusqu’en 1964 avant un second congé en France. A son retour le 6 octobre 1965, dans son ancienne paroisse, Léon s’efforce de regrouper ses jeunes paroissiens et aménage pour eux un terrain de sports prés de l’église. Son remplaçant temporaire, le père Gayard avait maintenu en pleine activité les œuvres : école enfantine, conférence de St Vincent de Paul, associations de femmes, groupes d’enfants de chœur. Les statistiques de 1969 signalent que la paroisse de Yugawa (647 catholiques) a augmenté de 7 adultes et que 7 catéchumènes s’y préparent au baptême. L’Action Catholique est à l’honneur dans le vicariat ; le berceau de la J.O.C japonaise est la ville de Kitakyushu ; un confrère y travaille depuis 5 ans comme manœuvre dans une entreprise de construction ! Les Catholiques sont stimulés par les adeptes de nouvelles sectes : Témoins de Jéhovah, Moon, Mormons ; face à leur prosélytisme, ils sont obligés d’approfondir leur foi et de s’entraider. Après un congé en 1977, Léon quitte Yugawa pour la paroisse de Mojiko, à la pointe nord-ouest de la ville de Kitakyushu. Il succède au père Mauger qui y avait vu son église entièrement détruite par un éboulement de la montagne ; il conquiert rapidement le coeur de ses 393 nouveaux paroissiens : le chroniqueur le décrit ainsi : « le père Grosjean, toujours fidèle à lui-même, est doté d’un moral excellent, ce qui lui permet de se tirer d’affaire en bien des circonstances difficiles ». Il ne restera qu’une année à Mojiko. Sa dernière paroisse sera Tagawa jusqu’en 1993. Cette petite ville était célèbre pour ses mines de charbon. La fermeture des mines a été vivement ressentie par la population ; un certain de chrétiens sont partis ailleurs pour trouver du travail. Léon prend soin de la petite communauté restante (150 catholiques) Il s’occupe de l’école maternelle et achète un autocar pour le ramassage scolaire ; pour se reposer de tous ses soucis, il admire la nature : il aime bien faire un tour à la montagne voisine de Hiko-san qui lui rappelle ses Vosges natales ! En 1994, âgé de 80 ans, Léon prend sa retraite à Montbeton, après avoir passé quelque temps dans sa famille à Gérardmer.
FRANCE.
(1994-2006)
Sa vie missionnaire continue dans le silence et la prière, avec ses confrères des différentes missions, spécialement pour les chrétiens de Chine et du Japon.
Léon est décédé dans lu nuit du 24 au 25 mai 2006 ; ses obsèques furent célébrées le 29 mai. Mgr Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié exprimait toute sa sympathie aux membres des Missions Etrangères et notamment à ceux originaires des Vosges : « Le père Grosjean avait choisi d’être incardiné dans notre diocèse et de garder ce lien spirituel qui nous encourage à l’ouverture missionnaire. Nous sommes heureux que nos frères et sœurs missionnaires continuent d’entretenir cette dimension, en donnant des nouvelles de leur vie en mission. En retraite, ils unissent encore dans une même prière, les Eglises qu’ils ont servies en mission et leur Eglise d’origine. Puisse l’ultime offrande du père Grosjean ouvrir le coeur des jeunes à de nouvelles vocations missionnaires.
R.Lefèvre