André LESOUËF1918 - 2004
- Statut : Préfet apostolique
- Identifiant : 3678
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Biographie
[3678] LESOUEF André est né le 26 mars 1918 à Redon (Ille-et-Vilaine).
Ordonné prêtre le 20 mars 1943, il est vicaire à Dinard avant de partir le 23 mars 1946 pour la mission de Phnom Penh (Cambodge).
Après l’étude du vietnamien à Banam et Ponhealu, il rejoint le grand séminaire de Saigon, où il est nommé professeur (1947-1952) puis supérieur (1952-1961).
De retour au Cambodge, il étudie le khmer à Battambang et à Chomnom, avant d’être vicaire général de Phnom Penh et supérieur du grand séminaire (1963-1968).
Le 26 octobre 1968, il est nommé préfet apostolique de Kompong Cham.
Expulsé du Cambodge par les Khmers rouges en 1975, il est affecté à l’île Maurice, où il restera de 1976 à 1984.
Il rentre en France pour raison de santé et reprend l'apostolat parmi les Cambodgiens. Il devient alors assistant de Mgr Ramousse au bureau pour la Promotion de l'apostolat parmi les Cambodgiens (1985).
En 1993, il retourne au Cambodge comme préfet apostolique de Kompong Cham. Démissionnaire en 1997, il se retire d’abord à Kompong Cham à la demande de son successeur, Mgr Antonysamy et enfin au sanatorium de Montbeton.
Il meurt le 7 juin 2004. Il est inhumé dans le cimetière des MEP de Montbeton.
Nécrologie
[ 3678 ] LESOUEF André, Joseph, Marie (Mgr.)
Préfet Apostolique
Kompong-Cham
(Cambodge)
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André, Joseph, Marie LESOUEF, fils de Jean-Marie, Joseph et de Eugénie, Marie,Joseph Régent, son épouse, vint au monde le 26 mars 1918, au Pâtis, commune de Redon, dans le département d'Ille-et-Vilaine. Le lendemain de sa naissance, il fut baptisé dans l'église paroissiale Saint Sauveur de Redon. Cette famille chrétienne comptait onze enfants dont sept garçons et quatre filles. Les parents étaient cultivateurs. André fit ses études primaires à l'Ecole Saint Joseph, à Redon. En octobre 1929, il entra au Petit Séminaire de Châteaugiron, proche de la ville de Rennes. Dans cette Institution, où il fut confirmé le 30 mai 1930, il se montra élève travailleur et il y parcourut le cycle complet de l'enseignement secondaire. Au terme de l'année scolaire 1933-34, dans la classe de rhétorique, il occupait, dans son cours, la place de 3ème sur 42 élèves, et était reçu à la première partie du Baccalauréat.
Depuis longtemps déjà, André Lesouêf pensait consacrer sa vie au service des Missions en Extrême-Orient plus particulièrement. Il s'en était ouvert à l'un de ses anciens professeurs, devenu ensuite vicaire à la paroisse de Toussaints à Rennes. Voilà pourquoi il demanda à ce dernier de prendre contact pour lui, avec les Missions Etrangères de Paris. Celui-ci, dans une lettre du 8 juillet 1934, présentait ainsi son ancien élève :…" Un de mes élèves de Redon,…André Lesouëf, élève de 1ère au Petit Séminaire, et venant d'être admissible à la 1ère partie du Baccalauréat, me confirme, en décision, son vieux désir d'entrer au Séminaire des Missions Etrangères, rue du Bac. Il est intelligent,excellent élève, énergique et pieux. Je ne puis que le recommander… Je ne lui conseille pas d'entrer d'abord au Grd Séminaire de Rennes. Sa décision est si ferme, qu'il ne le veut guère, que cela lui parait une année perdue, d'y faire des études philosophiques, mêlées à l'inévitable préparation du brevet élémentaire…" En ce temps là, en effet, certains grands séminaristes, grâce à ce diplôme officiel suffisant, étaient destinés à exercer les fonctions de vicaires instituteurs, dans les paroisses du diocèse.
A son tour, le 27 juillet 1934, depuis Redon, le Pâtis, André Lesouëf adressait à Monseigneur le Supérieur Général de la Société des Missions Etrangères, la lettre suivante : .." Monseigneur, Mon premier maître, actuellement vicaire à Toussaints de Rennes,vous a déjà parlé de moi, et m'écrit que Monseigneur l'Archevêque de Rennes vous a donné avis de la permission qu'il m'a accordée. Je désire vivement entrer au Séminaire des Missions Etrangères, pour consacrer ma vie à l'évangélisation des peuples de l'Extrême-Orient. Je viens donc, Monseigneur, vous demander d'avoir la bonté de m'admettre chez vous, dès cette année …Si vous jugez opportun que je fasse mes études de philosophie soit dans un collège à Redon par exemple, soit au grand séminaire de Rennes, je suis tout disposé à suivre vos désirs ; mais après avoir réfléchi, et écouté les conseils qu'on m'a donnés, je préfère entrer dès la prochaine rentrée, au Séminaire de la rue du Bac.
Le 2 août 1934, réponse positive d'admission était donnée à sa demande, et le 15 septembre suivant, M. André Lesouëf se présentait à la rue du Bac ; il y assista probablement à la cérémonie traditionnelle du départ de 25 nouveaux missionnaires qui s'y déroulait ce jour là. Puis, il rejoignait la communauté d'une soixantaine d'aspirants au séminaire de philosophie à Bièvres pour y commencer sa première formation missionnaire. Le lendemain, la communauté entrait en retraite spirituelle prêchée par le P. Abelet de la Compagnie de Jésus. Dans la prière, le recueillement et les temps de méditation, une nouvelle année scolaire commençait.
Après deux années passées au séminaire de Bièvres, M. André Lesouëf, tonsuré, fut envoyé à l'Université Grégorienne, à Rome, pour y commençer ses études de théologie. C'était en octobre 1936. Au terme d'une première année d'études, ses maîtres donnaient à son sujet l'appréciation suivante : .."Elève bien doué et très laborieux qui donne toute satisfaction." Et l'année suivante : .."Excellent séminariste : s'applique à vaincre sa timidité.. Très dévoué dans ses fonctions à la sacristie."
Appelé sous les drapeaux en 1938, il connut successivement le service militaire, la guerre, la défaite et la captivité. Le 17 juin 1940, sur le canal de la Marne au Rhin, au sud de Ligny en Barrois, il fut blessé aux jambes par une grenade, en se portant au chevet d'un soldat grièvement touché. En raison de cet acte de courage et de dévouement, par arrêté du 30 mars 1944, au J.O. du 11 avril 1944, -Ordre N° 1112/D. - la Croix de guerre avec palme et la Médaille militaire lui furent décernées, accompagnées de la citation suivante : .."Lesouëf André, aspirant du Centre d'Instruction d'Infanterie divisionnaire 20 : Chef de section d'une conscience et d'un courage exceptionnels. Au cours du combat soutenu le 16 juin 1940, à Treveray pour retarder le franchissement du canal de la Marne au Rhin par l'ennemi et permettre le repli d'une unité voisine, a été grièvement blessé au moment où il s'empressait auprès d'un soldat mortellement atteint. Le présent Ordre comporte en outre l'attribution de la Croix de guerre avec palme." Il fut évacué, puis amputé de la jambe gauche, en dessous du genou, à Bastogne (Belgique), le 23 juin 1940. Mais comme grand blessé de guerre, il fut rapatrié, le 8 décembre 1940, et démobilisé.
Rendu à la vie civile, M. André Lesouëf, ne pouvait regagner le Séminaire Pontifical Français à Rome, en raison de la guerre. Il reprit alors, en 1941-42, ses études théologiques au séminaire de Paris où se trouvaient regroupés en une seule communauté une centaine d'aspirants, théologiens et philosophes. L'année suivante, il fut envoyé à l'Institut Catholique de Paris, pour y poursuivre et compléter ses études ecclésiastiques et il obtint sa licence en théologie. Sous-diacre le 29 juin 1942, diacre le 19 décembre 1942, il fut ordonné prêtre dans la chapelle du Séminaire des Missions Etrangères, le 20 mars 1943 ; en juin 1943, il reçut sa destination pour le service du vicariat apostolique de Phnompenh. Agrégé à la Société des Missions Etrangères, le 15 septembre 1943, la seconde guerre mondiale empêchant tout départ en mission, il revint à Rennes et provisoirement se mit à la disposition de son diocèse d'origine. Nommé vicaire à Dinard, il y exerça son ministère sacerdotal de septembre 1943 à décembre 1945. Pendant le siège de Saint Malo - Dinard, par l'armée américaine, en août 1944, il resta seul prêtre dans cette ville.
La seconde guerre mondiale prenait fin en Europe, en mai 1945. Envisager un départ des nouveaux missionnaires vers l'Extrême-Orient devenait possible. Il fallait résoudre les nombreuses difficultés de transport, conséquences du conflit mondiral. Le 23 mars 1946, M. André Lesouëf obtenait un titre de passage et il s'embarquait à Marseille à destination du Cambodge ; le 9 mai 1946, il arrivait à Phnompenh. Jeune missionnaire de l'après-guerre, déjà riche d'une expérience apostolique, il fut accueilli avec beaucoup de joie par les confrères et par Mgr. Jean-Baptiste Chevalier, vicaire apostolique de Phnompenh, depuis 1937. Celui-ci attendait, depuis de longues années, l'arrivée de nouveaux missionnaires. A cette époque, son vaste vicariat apostolique englobait tout le royaume du Cambodge ainsi que plusieurs provinces viêtnamiennes de la Basse Cochinchine (Sud Viêtnam) . C'était dans cette partie du vicariat principalement qu'étaient implantées des chrétientés importantes et vivantes, ainsi que le séminaire de la mission.
Dès juillet 1940, la Fédération Indochinoise était entrée dans une période de revendications sérieuses de la part des autorités japonaises en guerre contre la Chine. C'était la conséquence des évènements politiques et militaires survenus en Europe et en Chine. Concernant le Cambodge, le Compte-Rendu de 1941-47, rédigé par Mgr. J.B. Chabalier, nous dit :…"Les premiers japonais arrivèrent à Phnompenh en juillet 1940. Ils n'acceptèrent pas que leurs troupes fussent logées dans des paillotes, et il fallut leur céder tous les bâtiments construits en briques : l'ancien grand séminaire, les écoles Miche et Saint Pierre furent réquisitionnées, et malgré leur promesse de respecter la chapelle, ils en firent un dépôt d'armes et de munitions, après y avoir commis des dégradations considérables…" Puis survinrent les revendications thaïlandaises au sujet du territoire kmer. Elles provoquèrent un conflit armé entre la France et la Thaïlande, ainsi que l'expulsion des missionnaires et un début de persécution des chrétiens de ce pays. Mais l'année 1945 fut fort douloureuse. Le coup de force japonais du 9 mars entraîna le regroupement de tous les étrangers dans des camps d'internement, la résidence surveillée et imposée des missionnaires dans leur presbytère. Les éléments révolutionnaires du Viêtminh prirent le pouvoir. Le 22 août 1945, M. Pierre-Marie David missionnaire à Kratié était massacré en cette ville. Peu de temps après, les "Kmers libres" incendiaient la chrétienté de Ksach Puy, à 8 kms de Battambang ; une cinquantaine de chrétiens y trouvèrent la mort.
Mgr. Chabalier, dans son Compte-Rendu nous présente le tableau suivant des évènements en Basse Cochinchine, l'autre partie de la mission : .." Le mois de septembre 1945 fut le commencement de notre calvaire dans la partie cochinchinoise de la Mission…" Le petit séminaire qui y était établi fut incendié par les "Viêtminh".." Nos confrères furent alors amenés d'abord à Long-Xuyên, puis à Chaudôc où ils eurent à subir les pires avanies. Quelques jours plus tard, sur l'ordre des Alliés, les japonais les conduisirent tous au presbytère de Cantho, où ils furent gardés jusqu'à la libération de la ville par les Français le 29 octobre 1945….Durant les mois de mars et d'avril 1946, les assassinats se multiplièrent d'une façon effrayante…"
En ce temps de turbulences et d'incertitudes, les missionnaires et le Chef de la Mission accablé de mauvaises nouvelles, exerçaient donc leur charge pastorale dans des conditions vraiment difficiles. Mais signe d'espérance : de nouveaux missionnaires arrivaient au Cambodge. Mgr. Chabalier envoya M. André Lesouëf à Banam, une paroisse viêtnamienne importante, située en pays kmer, à soixante dix kms en aval de Phnompenh. Les Frères catéchistes de la Sainte Famille étaient implantés en cette ville. Mais l'arrivée des japonais en 1940, les en avait chassés, leur défaite du 15 août 1945, avait permis le retour de cette Congrégation en ses murs. C'est là que le nouveau missionnaire commença l'étude de la langue viêtnamienne ; de mai à décembre 1946, il y fit sa première formation linguistique en vietnamien. De décembre 1946 à juillet 1947, il s'en alla la continuer à Ponhealu, petite chrétienté qui fut autrefois le berceau de la Mission et où sont enterrés les premiers évêques du Cambodge.
En août 1947, M. André Lesouëf reçut sa première affectation. Détaché de sa mission, il était envoyé comme professeur au Grand séminaire de Saïgon. Et voici comment. Antérieurement, les philosophes et théologiens de la mission de Phnompenh s'en allaient faire leurs études ecclésiastiques, au Séminaire de Saint Sulpice à Hanoi. A présent, en raison des évènements, cela n'était plus possible. Mgr. Jean Cassaigne, vicaire apostolique de Saigon, fut heureux de rendre service au vicariat voisin. Il accepta donc ces séminaristes dans son grand séminaire, demandant néanmoins la venue d' un professeur en contre partie. M. André Lesouëf, après avoir en peu de temps assimilé la langue viêtnamienne, fut donc choisi pour ce poste auquel le désignait son passé "théologique".
Lors de la rentrée du 14 août 1948, le grand séminaire de Saïgon comptait 84 élèves dont 29 appartenaient au vicariat apostolique de Phnompenh. M. André Lesouëf eut en charge l'enseignement du Dogme, de l'Ecriture Sainte et de la Liturgie. En Janvier 1952, M. Albert Delagnes, supérieur du grand séminaire, donna sa démission : cinquante trois ans de mission, dont cinquante et un au séminaire et une vingtaine comme supérieur. M. André Lesouëf prit la succession et fut nommé supérieur de cette importante maison de formation. Durant la durée de son mandat, il s'attacha à renouveler l'enseignement des sciences sacrées, grâce à un corps de directeurs plus nombreux, plus jeunes, et pour la plupart spécialisés dans les diverses disciplines enseignées dans les universités romaines. A ce corps professoral, il associa des prêtres viêtnamiens jeunes et compétents. L'un d'entre eux deviendra le premier évêque de Cantho, puis Archevêque de Saïgon, un autre, fort expérimenté en pastorale, sera nommé évêque de Vinh-Long, au Sud Viêtnam.
C'est sous la direction de M. André Lesouëf, que le grand séminaire de Saïgon devint en fait un séminaire régional, de par l'origine et de son corps professoral et de ses élèves qui venaient nombreux de plusieurs vicariats voisins. Il fut alors question de construire un nouveau grand séminaire ; ce projet n'aboutit pas, mais fut remis à plus tard, en raison de la situation politique instable du pays et de l'incertitude de l'avenir. Les expulsions des missionnaires de Chine étaient récentes, et dans l'immédiat, les accords de Genève de 1954 partageaient le Viêtnam en deux pays ; dans le même temps, nombre de communautés chrétiennes du Nord Viêtnam se réfugiaient dans le Sud. A cette même époque, à Dalat, sous la direction du P. Lacretelle, S.J., un séminaire pontifical confié aux jésuites expulsés de Chine voyait le jour, tandis que les Sulpiciens repliés au Sud Viêtnam, rouvraient à Saïgon leur grand séminaire de Hanoï, avec à sa tête le P. Gastine Pss. Enfin, le 20 septembre 1955, le Saint Siège acceptait la démission de Mgr. Jean Cassaigne, vicaire apostolique de Saigon, et, pour lui succéder, élevait à l'épiscopat Mgr. Simon Hoà Nguyên-van-Hiên de la mission de Hué, professeur à l'Institut de la Providence.
A la fin de l'année scolaire 1960-1961, la direction du grand séminaire de Saïgon, assurée par M. André Lesouëf, fut confiée à un prêtre viêtnamien, le R.P. Thiên, ancien provicaire et supérieur du séminaire "Lê-Bao-Tinh", installé dans la banlieue de Saigon, et qui recevait des séminaristes originaires du Nord Viêtnam, mais réfugiés dans le Sud. Déchargé de ses fonctions à Saïgon, notre confrère regagna Phnompenh, où il se rendait d'ailleurs régulièrement durant la période des vacances. Le 25 mai 1961, il fut nommé supérieur local de la communauté missionnaire Mep au Cambodge, charge dans laquelle il fut reconduit, par le choix de ses confrères, le 20 mai 1964.
Pour lui, une nouvelle étape de sa vie missionnaire commençait. A cette époque, dirigé par le Prince Sihanouk, chef de l'Etat, le pays kmer connaissait la paix et la sécurité intérieure. De jour et de nuit, en ville ou en brousse, on pouvait s'y promener sans incident. Dès son retour dans sa mission d'origine, M. André Lesouëf se mit à l'étude de la langue cambodgienne. Pour cela, d' octobre 1961 à juillet 1962, il fixa sa résidence d'abord à Battambang puis s'installa à Chomnom, une petite paroisse cambodgienne où il mit en pratique ses connaissances en langue kmer. Mgr. Gustave Raballand, vicaire apostolique participant au Concile de Vatican II, le nomma provicaire et directeur des œuvres.
Le 12 novembre 1962, le Saint Siège acceptait la démission de Mgr. Raballand et lui donnait un successeur. Il confiait à Mgr. Yves Ramousse le vicariat apostolique de Phnompenh dont les limites territoriales correspondaient à présent à celles du Royaume du Cambodge, c'est-à-dire un territoire dont la superficie équivalait à environ celle de six fois la Belgique. Le nouvel évêque prit possession canonique de son vicariat, le 7 avril 1963, et il fit de M.André Lesouëf, son provicaire. Il lui confia spécialement la charge des établissements scolaires de la mission : c'était les relations avec les autorités administratives civiles, la formation des religieuses institutrices, l'inspection des écoles. Mais, M. André Lesouëf aimait bien rendre service à ses confrères pour des remplacements, pour la prédication de retraites ou l'animation de récollections. En l'absence de Mgr. Yves Ramousse participant aux sessions du Concile, il portait la responsabilité de la direction et de la marche du vicariat.
En 1964, Le Viêtnam, aidé par l'armée américaine, menait une guerre difficile contre les forces communistes du Nord Viêtnam et les guérilleros infiltrés au Sud. Cette situation engendrait des ennuis frontaliers avec les pays voisins. Les conditions de séjour des étrangers au Sud Viêtnam se durcissaient. C'est alors que Mgr. Ramousse prit la décision de garder à Phnompenh ses quatre grands séminaristes. Il les installa dans son évêché où, en attendant la construction d'un grand séminaire, sur un terrain situé derrière le Carmel de Chrui-Changvar, ils poursuivirent leurs études sous la direction de M. André Lesouëf, secondé au début, par M. Joseph Perriot-Comte et le P. Tep-Im. Quatre autres grands séminaristes étaient aussi en probation dans le vicariat ; il fallait les accompagner ; deux faisaient leur formation à Penang, et un en France.
En mars 1966, la construction du nouveau grand séminaire de la mission de Phnompenh était terminée. Il fut béni par Mgr. Angelo Palmas, délégué apostolique, le 19 juillet 1966. Cette maison pouvait recevoir les grands séminaristes du Cambodge et du Laos, et aussi servir pour les retraites et les récollections du clergé. M. André Lesouëf en était le supérieur. Avec une équipe de grands séminaristes, il entreprit la révision, des "Prières du Dimanche" en langue viêtnamienne. Elles étaient récitées le dimanche matin dans les communautés chrétiennes éloignées d'un centre paroissial. Il était important de réorganiser ces assemblées du dimanche et de revivifier la liturgie de la célébration de la Parole. Ce travail de révision dirigé par lui, en maître exigeant et compétent, demanda du temps et de la patience. Ainsi, les textes sacrés de toute l'année liturgique à l'usage de ces assemblées sans la présence du prêtre, furent réunis en cinq volumes polycopiés et mis à la disposition des fidèles.
En 1968, le vaste vicariat apostolique de Phnompenh confié à Mgr. Yves Ramousse depuis 1963, donnait naissance à deux Préfectures Apostoliques. L'une avait comme siège la ville de Battambang, à l'ouest du Royaume ; elle était confiée à Mgr. Paul Tep-Im Sotha et au clergé autochtone ; la seconde avait pour centre la ville de Kompong-Cham, à l'est du pays kmer. A la tête de celle-ci, le 26 septembre 1968, le Saint Siège nommait Mgr. André Lesouëf qui fut officiellement installé dans ses nouvelles fonctions, le 16 décembre 1968. En devenant premier Préfet Apostolique mis à la tête de cette nouvelle circonscription ecclésiastique, il lui revenait de tout créer et de tout organiser, mais dans quelle situation.
Durant l'été de 1969, les forces militaires nord viêtnamiennes en lien avec les "Kmers Rouges"renforçaient et développaient leurs bases établies en territoire kmer. Par la piste Ho-chi-Minh, et par d'autres voies, elles établissaient des "sanctuaires" au Cambodge, elles lançaient des attaques contre l'armée nationale du Sud Viêtnam. L'aviation américaine et sud viêtnamienne ripostaient en bombardant les villages frontaliers situés en territoire kmer. Par le Cambodge, transitaient armes et ravitaillement destinés au Front de Libération Nationale du Sud Viênam (F.L.N.). Face à cette situation, en août 1969, le prince Norodom Sihanouk, chef de l'Etat confiait au général Lon-Nol, chef d'Etat-Major de l'armée, le soin de former un nouveau gouvernement, puis il partait se soigner en France.
1970, annus horribilis ! En mars, les évènements se précipitèrent. A Svay-Riêng, à Phnom-Penh et dans d'autres villes importantes du pays, des manifestations anti-viêtcong dans un premier temps, se transformèrent rapidement en pillages, en violences meurtrières contre toute présence viêtnamienne sur le territoire national kmer dont celle des communautés chrétiennes viêtnamiennes. Le Prince Norodom Sihanouk,Chef de l'Etat, absent du pays, était sur le chemin du retour. Mais, le 18 mars 1970, il était destitué de ses fonctions. Il ne l'entendait pas ainsi. Depuis Pékin, le 23 mars 1970, il appelait le peuple kmer à la révolte contre le gouvernement Lon-Nol de Phnompenh. Afin de recouvrer son trône, il contractait alliance avec les Nord-Viêtnamiens, et les Kmers Rouges. Le Cambodge faisait son entrée dans uneguerre fratricide.
Ces manifestations et bouleversements entraînèrent dans tout le pays l'arrestation et le massacre de plusieurs centaines de civils viêtnamiens. Des dizaines de milliers d'entre eux furent regroupés dans des cantonnements en vue de leur protection en attendant le jour de leur retour dans leur pays d'origine. La situation dont on les disait responsables et dont ils étaient victimes était orchestrée par une violente campagne de presse. Les émissions radio amalgamaient dans leurs commentaires virulents viêtnamiens chrétiens et communistes "Viêtcong". La Mission Catholique à Phnompenh mit tous ses locaux disponibles et son personnel au service de ces malheureux ; elle les aida généreusement tant au plan matériel que spirituel, jusqu'au jour encore lointain de leur rapatriement.
Dans la Préfecture Apostolique de Kompong-cham, les chrétientés de Krauchmar, Banam, Prêk- Krabao, Tropéang Svai Phlouh furent bombardées. Cette affreuse tragédie amena l'intervention, en pays kmer, des troupes sud-viêtnamiennes, venues au secours de leurs compatriotes. Dans la première quinzaine de mai 1970, les bateaux de la marine du Sud Viêtnam évacuaient vers son pays d'origine une partie de la population viêtnamienne dont les chrétiens de Kompong-Cham et ceux des paroisses situées en aval, le long du Mékong. Le 15 mai 1970, les Kmers Rouges et les Vêtcông attaquaient la ville de Kompong-Cham. Le 24 mai, l'armée sud viêtnamienne pénétrait dans la plantation de Chup et permettait le rapatriement de tous les viêtnamiens qui voulaient partir. M. Yves Choimet curé du lieu, et les sœurs qui travaillaient avec lui, regagnèrent Kompong-Cham en hélicoptère, et y retrouvèrent Mgr. André Lesouëf, Préfet Apostolique.
Celui-ci vivait des heures douloureuses. Ses communautés chrétiennes étaient dispersées, certaines évacuées disparaissaient. Entre juillet et septembre 1970, de très nombreux viêtnamiens quittaient définitivement le Cambodge. On estimait à plus de deux cents mille le nombre des rapatriés. Quelques missionnaires accompagnaient ceux qui s'en allaient et qui avaient tout perdu. Mais ils envisageaient et gardaient ferme l'espoir d'une réimplantation possible au Sud Viêtnam. Dans la même période, plusieurs confrères mouraient de mort violente, victimes de leur dévouement et des évènements. Le 10 mai 1970, près de Neak-Leuong, MM. François Claudel et Vincent Rollin, capturés par les "Viêtcông", étaient mis à mort. En juin 1970, M. Noël Grannec, curé de Chup, était pris et porté disparu près de Prek-Krabao. En juillet 1970, M. Jean Cadour était assassiné à Kratié. En décembre 1970, "Kmers Rouges" et "Viêtcong" lançaient une attaque temporaire contre la ville de Kompong-Cham. Cependant, le Préfet Apostolique trouva moyen de se rendre à Manille où il participa à la première réunion des Conférences Episcopales d'Asie autour du Pape Paul VI.
La situation engendrée par cet état de guerre amenait, autour des villes, un afflux de population d'origine rurale en quête de travail et de sécurité. Cela provoquait une urbanisation anormale et désordonnée. L'armée mobilisait une partie des hommes, principalement les jeunes.. Mgr. André Lesouëf aida à la création d un comité d'entraide aux réfugiés, aux sans abri, aux pauvres. Il se fit intermédiaire discret entre ce dernier et le Secours Catholique Américain (Catholic Relief Service) fortement implanté à Saïgon, la Croix-Rouge et les autres services caritatifs. Que de voyages peu confortables et de déplacements entrepris pour aider la population de Kompong-Thom et de Kompong-Cham .En fait, il partageait son temps entre ses chrétiens réfugiés à Phnompenh et les autres restés en province. L'occasion lui fut ainsi donnée de nouer des liens amicaux avec le catéchiste de l'Eglise Evangélique de Phnompenh.
Mais, en ce même temps, sa Préfecture Apostolique passait par de dures épreuves. Les premiers mois de l'année 1972 furent marqués le 25 janvier, par la mort du P. Pierre Pham-van-Tan, à Beung Kachot, le 24 février par l'assassinat de M. Pierre Rapin, missionnaire à Krauchmar, et le 11 mars par le meurtre du P. Lê- thuong-Dung à Kratié. En août septembre 1973, avec l'appui des Viêtcongs, les Kmers-Rouges attaquaient et occupaient provisoirement les quatre cinquièmes de la ville de Kompong-Cham, et se rendaient maîtres des villages environnants. Cette offensive entraîna l'intervention des forces gouvernementales kmer ; le 9 octobre 1973, celles-ci, en représailles assassinèrent deux jeunes filles cambodgiennes et leur famille réfugiées dans l'église, lors des combats. Obligées de se retirer, les forces révolutionnaires forcèrent une partie de la population à s'enfuir avec eux et à les suivre. Il restait dans la ville environ quarante mille personnes, une population de pauvres, de femmes et d'enfants de militaires tués ou disparus, des réfugiés venus de la campagne. Dès lors, la route de Kompong-Cham à Phnompenh se trouvait définitivement coupée.
Dès janvier 1975, la lutte fratricide s'intensifiait au Cambodge. Le 3 avril 1975, dans le cadre de leur offensive finale, les Kmers Rouges attaquaient de tous côtés la ville de Kompong-Cham. Ce fut alors que, à la demande de Mgr. Yves Ramousse, M. François Ponchaud grâce à un petit avion, s'en alla chercher Mgr. André Lesouëf isolé dans sa résidence de Kompong-Cham et l'évacua sur Phnompenh. La situation du pays se dégradant très vite, les communications devenaient de plus en plus périlleuses et difficiles. Dans le même temps, le Sud Viêtnam voisin, sous le coup des offensives communistes répétées, s'écroulait en quelques semaines et sans résistance sérieuse.
En vue d'assurer l'avenir de l'Eglise au Cambodge, le P. Joseph Chhmar Salas, en formation permanente à l'institut Catholique de Paris, était rappelé d'urgence par son Evêque. Le 26 mars 1975, il débarquait à Pnompenh. Le 6 avril 1975, le Saint Siège le nommait au siège titulaire épiscopal de Sigo et coadjuteur avec droit de succession de Mgr. Yves Ramouse, vicaire apostolique de Phnompenh. Son ordination épiscopale prévue d'abord pour le 20 avril 1975, dut être devancée au lundi 14 avril, à 16h30, en raison de l'aggravation très rapide de la situation militaire dans la capitale. Le couvre-feu fut décrété. La consécration du nouvel évêque se déroula en l'église de Préah-Méada, la paroisse cambodgienne. Mgr. Yves Ramousse, consacra Mgr. Joseph Salas. Il était assisté de Mgr. André Lesouëf, Préfet Apostolique de Kompong-Cham et du P. Raymond Couëron, supérieur régional des Missions Etrangères,
Trois jours plus tard, le jeudi 17 avril 1975, le rideau tombait sur la capitale kmère. Mgr. Yves Ramousse, Mgr. André Lesouëf, tous les missionnaires français, hommes et femmes, se retrouvaient avec tous les étrangers à l'ambassade de France. Le mercredi 30 avril 1975 à partir de 3 heures du matin, un premier convoi de camions peu confortables se formait dans lequel évêque, préfet apostolique, missionnaires, familles et civils prenaient place pour un voyage d'environ 400 kms. C'était la saison des pluies et la période la plus chaude de l'année. Au quatrième jour de voyage sur des routes et des pistes défoncées, des déviations nécessaires en raison de ponts coupés, et dans des conditions atroces, les "évacués" –ils étaient 590- arrivaient vers 10 heures du matin, à Poipet, poste frontière avec la Thailande. A partir de midi, commençait le franchissement de la ligne de séparation entre les deux pays.
Dans les"Echos de la Rue du Bac " N° 87 , Juillet 1975 Mgr. André Lesouëf a raconté longuement l'écroulement du régime politique, l'ordination du premier évêque kmer, l'entrée des Kmers Rouges dans la capitale, le regroupement des étrangers et la vie à l'Ambassade de France à Phnompenh, exode et séparations, évacuation tragique, arrivée en Thailande. Au terme de ce calvaire, il écrit : .." Le Père Guillemin, Supérieur Régional de Thaïlande, nous attendait aussi, pour nous apporter réconfort moral et matériel. Un petit car nous a emmenés, prêtres, religieux et religieuses, vers Bangkok,(300 kms) où nous sommes arrivés vers 11h du soir. Deux jours plus tard, un Boeing 747, envoyé par la France a rapatrié gratuitement les ressortissants français qui le désiraient : 350 personnes. L'aventure était terminée. Mais c'est aussi pour nous une vie qui s'est terminée…"
C'est en arrivant en Thailande, qu'il apprit la mort tragique de M. Joseph Vulliez, qui avait été son pro-préfet; celui-ci était parti au Viêtnam, le 9 mai 1970, avec les quelques 2500 chrétiens dont il avait la charge et que les évènements violents chassaient du Cambodge. Avec quel dévouement, il les avait réimplantés au Sud Viêtnam, au village de Thông-Nhut dont la population en 1975, dépassait 4500 personnes. Il avait été abattu par les communistes viêtnamiens, le 16 avril 1975, sur la route de Thông-Nhut à Xuân-Lôc. Et dans la suite, seront communiquées les informations suivantes : près de Sisophon, "Mgr Paul Tep Im Sotha, Préfet Apostolique de Battambang, avec le P. Jean Badré, moine bénédictin qui avait tenu à rester avec lui, tués au début de mai 1975."; et un peu plus tard : .."Mgr. joseph Chhamar Salas, évêque de Phnompenh, mort d'épuisement dans un camp de travail en 1977 " Durant la période de l'Holocauste, les douloureuses années du régime "Pol-Pot", la liste des témoins fidèles dans la foi se transformera en une longue litanie englobant prêtres, frères, moines bénédictins, religieuses restées au pays, responsables laïcs, et bien d'autres.
Une nouvelle étape de la vie missionnaire de Mgr. André Lesouëf débutait. Le 6 mai 1975, rapatrié, il arrivait à Paris. Remis de ses fatigues, il fit, à la rue du Bac, devant la communauté rassemblée, l'exposé de ce que furent les dernières semaines passées à Phnompenh. Le 14 mai 1975, il donnait son témoignage sur le drame kmer au journal "La Croix". Mais la mission continuait.
Un certain nombre de missionnaires, "éloignés" du pays où ils avaient été envoyés désiraient vivre un nouveau départ pour le service de la mission à l'extérieur. Dans ce but, ils se réunirent à Bièvres du 28 septembre au 3 octobre 1975. Avec le Conseil Permanent de la Société, chacun étudia le problème de son avenir et fit part de ses projets. Mgr. André Lesouëf reçut sa destination pour l'Île Maurice qu'il partit rejoindre le 9 janvier 1976, avec trois autres confrères : MM. Couëron, Mauvais et Petitjean. A la tête de ce petit groupe en formation, il raconte leur arrivée en cette nouvelle mission :…" Nous avons reçu un accueil très sympathique et chaleureux. Une maison agréable et bien installée nous attendait. Les PP. Couëron, Mauvais et Petitjean y logent déjà. Ils attendent l'arrivée de Mgr.Margéot pour connaître leur affectation. Pour moi, j'ai été installé tout de suite au "Foyer Mgr. Murphy" qui est un centre de formation pour séminaristes, religieuses, catéchistes, animateurs paroissiaux. Cette formation est animée par une équipe de prêtres et de religieuses. Le travail commence la semaine prochaine. La maison des MEP est à une dizaine de kilomètres du Foyer…" Le 7 juin 1976, les voix de ses confrères le choisirent comme Responsable du Groupe Missionnaire à Maurice.
Résidant au "Foyer Mgr. Murphy", Mgr. André Lesoouëf consacrait son temps à la formation permanente des religieuses, des prêtres, des laïcs engagés ; il assurait des sessions d'initiation à la Bible, animait des cercles bibliques dans les paroisses, faisait des cours sur l'Ancien Testament, organisait des conférences, des récollections et retraites spirituelles, préparait la célébration de la semaine de l'Unité des Chrétiens, en lien avec le mouvement œcuménique dont il était le secrétaire du "Comité de Travail" Ce travail lent, parfois ingrat lui procurait la joie de nombreuses rencontres enrichissantes. Il faisait un peu de ministère paroissial à Rivière des Anguilles et il accompagnait le Centre de Préparation au Mariage de la Région Sud.
En 1982, Mgr. André Lesouëf s'établit à la maison mise à la disposition du groupe MEP à Rose-Hill. Il y accueillait les confrères résidant à Maurice ou de passage, organisait les réunions mensuelles du groupe missionnaire, recevait des groupes pour des rencontres. Il continuait son travail ordinaire d'initiation biblique, avec le souci d'éclairer les chrétiens sur l'action des sectes dans leur quartier. Chaque mois, il participait aux réunions du "Conseil Presbytéral Elargi" pour réfléchir sur la pastorale du diocèse.
En août 1984, l'ancien Préfet Apostolique de Kompong-Cham quittait l'île Maurice, car une lettre de la Sacrée Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples lui confiait une nouvelle charge pastorale. Cette lettre de mission disait : …" Cette Sacrée Congrégation, tenant présent tout ce que vous avez déjà fait en faveur de l'Eglise au Cambodge et votre connaissance des problèmes spécifiques de ce pays, accepte volontiers la demande exprimée, et par la présente, vous nomme "Assistant" de SE Mgr. Ramousse dans sa charge de responsable du "Bureau pour la Promotion de l'Apostolat parmi les Cambodgiens". En particulier, pour ce qui regarde le territoire cambodgien, elle vous octroie les mêmes facultés déjà concédées à SE Mgr. Ramousse, à exercer, naturellement, en accord avec lui."
Par lettre, Mgr. Yves Ramousse fit part de cette nomination à Mgr. Jean Vilnet, président de la Conférence Episcopale de France . Celui-ci lui adressa la réponse suivante : .." Je ferai part au Conseil Permanent de votre lettre. Nous allons prendre contact avec Mgr. Lesouëf ; je n'ai pas oublié son accueil en 1970 chez lui et chez vous. Je pense souvent au Cambodge et aux Cambodgiens…"
Dès son retour en France, Mgr. André Lesouëf, rejoignit rapidement Bangkok où il se mit durant quelques temps au service des Kmers réfugiés en Thaïlande. Mgr. Yves Ramousse se préparant à entreprendre une tournée auprès des communautés cambodgiennes implantées en Australie, lui demandait son aide. Plus tard, en 1990 et 1991, Il fera un séjour provisoire dans les camps de réfugiés kmers implantés en Thailande, après une visite éclair à Kompong-Cham.
Ce "Bureau pour la Promotion de l'Apostolat parmi les Cambodgiens" mieux nommé à son avis, "Service BPAC" avait été institué par la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples, le 6 janvier 1983 ; il était placé sous la responsabilité de Mgr. Yves Ramousse. Il s'agissait d'animer et de coordonner l'apostolat auprès de tous les Cambodgiens : ceux restés au pays où la persécution avait détruit l'Eglise visible, mais non la foi, et ceux que les évènements tragiques de 1975 avaient dispersés en une vingtaine de pays d'accueil. Il importait donc de reprendre contact avec eux, là où ils se trouvaient, de les aider à se rencontrer afin qu'ils se connaissent mieux et puissent s'encourager et s'entraider. Ainsi, réunis en communauté ecclésiale, les chrétiens pourraient prier ensemble, célébrer l'Eucharistie dans leur langue. Il ne leur était pas facile de s'insérer dans l'Eglise locale, malgré l'accueil que celle-ci leur proposait. Pour les y aider, des livres liturgiques bilingues kmer-français accompagnés de fiches explicatives étaient mis à leur disposition. Mais en priorité, ce "Service BPAC" désirait former des chefs de communauté, des catéchètes, et faire naître des vocations religieuses.
Et Mgr. André Lesouëf avait la charge de mettre en application ce programme, en France. Il commença par visiter les communautés kmer de la région parisienne d'abord puis en province. Tel était son plan d'action : d'abord, s'entourer d'une équipe de prêtres et de religieuses ayant déjà travaillé au Cambodge, connaissant la langue cambodgienne et les coutumes et usages propres à ce pays. A son petit groupe de collaborateurs, il associa quelques leaders kmers chrétiens réfugiés en France. Ensuite, l'équipe entreprit la visite des familles cambodgiennes et organisa des rencontres communautaires. A cette occasion, aux chrétiens de la communauté kmer il était proposé de prier et de célébrer l'Eucharistie dans la langue kmère, de mettre sur pied, et d'organiser des sessions de formation chrétienne en s'appuyant largement sur la liturgie. Celle-ci permettait de nourrir, de fortifier leur foi fragile. Elle les préparait à mieux participer aux offices paroissiaux, grâce à des fiches explicatives, et elle leur assurait une insertion plus aisée dans les paroisses d'accueil. Ce travail pastoral et missionnaire dirigé par Mgr. André Lesouëf, se faisait en équipe et en lien avec les services diocésains de la pastorale des migrants et du catéchuménat. Dès janvier 1985, se mettait en place un programme de visite des familles kmères à Rennes, au Creusot, à Lyon, à Grenoble, La Verpillière, à Toulouse. Deux courtes sessions furent organisées à Romainville (fin octobre 1985) et à Lyon (Pentecôte 1986).
Au jour de ses obsèques à Montbeton, sera évoqué ce travail pastoral réalisé par lui auprès des communautés cambodgiennes :…" Il aimait les Viêtnamiens : c'est chez eux qu'il a commencé son ministère. Mais il aimait aussi et surtout les Kmers. Retenu en France par les évènements ou par la maladie,il n'a eu de cesse que de sillonner la France seul ou avec Sr. Colette pour les rencontrer. Si des Cambodgiens de Toulouse sont présents parmi nous aujourd'hui, c'est grâce à lui et à lui seul. L'an dernier, à Moulerens, lors d'un séjour de vacances organisé par Espace- Cambodge, il a été surpris et très heureux de célébrer ses soixante ans de sacerdoce au milieu des Kmers qu'il aimait…"
Encore un moment important et émouvant dans la vie missionnaire de Mgr. André Lesouëf. Le samedi 9 juillet 1988, à Paris, dans la chapelle des Missions Etrangères, Mgr. Yves Ramousse entouré de nombreux prêtres célébrait ses vingt cinq ans d'épiscopat. De nombreux Cambodgiens réunis pour l'Assemblée Générale du "Bureau pour la Promotion de l'Apostolat parmi les Cambodgiens" (BPAC) et bien d'autres amis et invités "avaient fait l'impossible pour venir passer cette journée avec leur ancien pasteur."
Mgr. André Lesouëf prononça l'homélie. Après avoir retracé brièvement les évènements marquants vécus par l'Eglise Catholique au pays kmer, durant ce quart de siècle, il disait :…" …Je voudrais maintenant évoquer "les signes qui accompagnent les croyants", comme dit l'Evangile, dans cette Eglise du Cambodge. Ce ne sont pas exactement les prodiges mentionnés dans l'Evangile. Ce sont pourtant des signes qui manifestent, dans cette Eglise, la présence et l'action de Jésus-Christ et de son Esprit. Le signe qui me parait le plus manifeste est celui de la fidélité : fidélité dans la foi, dans l'amour du Seigneur, dans le dévouement pour les autres. Il redisait alors le nom de ceux et de celles qui avaient été fidèles dans la foi jusqu'à la mort : évêques, prêtres, moines religieux , religieuses et chrétiens .." Puis il continuait :…"Ils nous donnent aussi le signe de la fidélité dans l'unité de l'Eglise, par le lien qu'ils gardent avec les pasteurs de cette Eglise et dont ils ont su trouver un symbole émouvant : c'est la croix pectorale de Mgr. Salas, qu'ils ont conservée, et qu'ils placent sur la table servant d'autel dans la maison, quand ils se réunissent pour prier : signe de l'unité, sacrement de la fidélité" .Puis à partir de plusieurs témoignages recueillis ".. Ils nous donnent le signe du courage dans l'épreuve et la souffrance….le signe du pardon…le signe de la pauvreté…celui de la vitalité.."
Le 4 avril 1990, le gouvernement Kmer accordait la liberté de culte aux chrétiens, mais les déplacements étaient limités, les offices surveillés. En 1991, bien que la paix restât encore fragile, plusieurs prêtres, religieux et religieuses étaient déjà présents au Cambodge en raison de leur action humanitaire au service de différentes organisations caritatives, sanitaires ou de développement. Ils étaient reconnus et admis au titre de "travailleurs sociaux" Alors, profitant de la liberté retrouvée, de modestes communautés chrétiennes kmères ferventes et fidèles dans la foi sortaient peu à peu des catacombes. Après 16 années d'enfouissement, elles manifestaient au grand jour la présence de l'Eglise. De ce fait, à l'occasion de Pâques 1991, M. Emile Destombes était autorisé à réunir la communauté chrétienne et à célébrer publiquement l'Eucharistie.
En 1992, Mgr. André Lesouëf fut autorisé à faire une première visite à Kompong-Cham. Quelques années plus tard, il en fera le récit à Mgr. Antonysamy Susayray, son successeur, nommé Administrateur Apostolique de Kompong-Cham, le 16 juillet 1997. Celui-ci rentrait d'une visite pastorale à Ratanakiri, à 500 kilomètres de Kompong-Cham. Il était fatigué et découragé, car durant son séjour de quatre jours là-bas, il n'avait pu rencontrer que trois chrétiens, les autres, une vingtaine environ, trop occupés, ne s'étaient pas présentés. Avec un sourire, Mgr. André Lesouëf lui répondit :.." Tu as fait mieux que moi, Antony. Quand je suis revenu ici, à Kompong-Cham, en 1992, j'avais la permission de rester une seule journée. Toute la journée, je suis resté planté devant le marché, dans l'espoir de trouver quelques catholiques qui auraient survécu. Personne n'est venu. Je suis retourné à Phnompenh comme désespéré. Alors tu vois, tu as fait mieux que moi …"
Au jour de ses funérailles, le 10 juin 2004, à Montbeton, dans l'homélie, il sera fait allusion à cette première visite de Mgr. André Lesouëf à Kompong-Cham, mais il y avait une suite à ce premier récit, car Monseigneur n'avait pas tout dit : .En effet, ."Quelques jours plus tard, quelle surprise est la sienne de recevoir une lettre d'une jeune femme nommée Bun Nath qui habitait à une quinzaine de kilomètres de Kompong-Cham et qu'il avait aidée à faire des études entre 1970 et 1975. "J'ai appris que vous étiez de retour," écrit elle. Baptisée chez les protestants, elle avait exprimé sa volonté de se faire baptiser catholique, en souvenir du P. Lesouëf. Après le retour définitif du P. Lesouëf à Kompong-Cham, elle lui amène ses proches, ses amis qui deviennent profondément chrétiens. Aujourd'hui, on compte environ 120 à 150 nouveaux convertis, dont Sangvat et Tharine, devenues religieuses en 2004, et formées à l'Ecriture par l'homélie quotidienne du Père Lesouëf…"
Le25 janvier 1993, ayant obtenu un permis de séjour permanent au pays kmer, Mgr. André Lesouëf repartait au Cambodge où existaient au moins une douzaine de communautés chrétiennes kmères et une quinzaine de communautés viêtnamiennes, organisées ou en cours d'organisation. De plus, les trois cent cinquante mille Cambodgiens réfugiés en Thaïlande étaient en cours de rapatriement. Parmi ces derniers, on estimait à cinq cents le nombre de baptisés et un nombre égal en démarche catéchuménale.
Peu avant de rejoindre sa résidence à Kompong-Cham, en août 1993, et au moment où il allait reprendre la direction de sa Préfecture Apostolique où tout était à reconstruire, à réorganiser, il présentait ainsi, d'une manière générale, ses "Perspectives d'Evangélisation": "Le but principal est de faire revivre l'Eglise locale, avec son presbyterium et les communautés qui la composent et de rendre cette Eglise "rayonnante", vraiment témoin de Jésus- Christ , capable de faire découvrir aux non- chrétiens l'amour du Seigneur.." Puis, en détail et d'une manière précise et concrète, pour le travail pastoral immédiat et futur à entreprendre, il donnait ses directives concernant les communautés chrétiennes, le presbyterium, les vocations sacerdotales, les vocations religieuses au service de la pastorale, le catéchuménat, le dialogue avec les bouddhistes, les traductions bibliques et livres liturgiques, le témoignage de la charité du Christ.
Mais pour réaliser un tel plan de travail, les ouvriers étaient bien peu nombreux. Mgr André Lesouëf fit d'abord l'acquisition, à Kompong-Cham, d'une maison servant à la fois de résidence et de lieu de culte, car les locaux appartenant à l'ancienne paroisse étaient devenus l'école publique. Avec lui, deux missionnaires seulement assuraient la visite des chrétientés et l'animation pastorale de ce vaste territoire.
Plein de zèle apostolique et de foi, Mgr. André Lesouëf désirait rendre visite aux petites chrétientés les plus éloignées, d'accès très difficile, situées non loin de la frontière viêtnamienne,et aux limites de sa Préfecture Apostolique. M. Gérald Vogin s'y était rendu l'année précédente dans des conditions de voyage éprouvantes. En compagnie de ce dernier, Mgr. André Lesouëf partit en avion, seul moyen de transport rapide, dans la province de Mondolkiri, au Nord Est du Cambodge, à quelques 300 kms de Kompong-Cham. Du 9 au 13 mars 1996, tous deux entreprirent une tournée pastorale chez deux groupes "montagnards Mnongs" catholiques originaires du Viêtnam. Ceux–ci s'étaient réfugiés au Cambodge, depuis plusieurs années, pour fuir l'insécurité causée par la guerre du Viêtnam, sur leur territoire. Ils s'étaient fixés dans deux villages de la même ethnie, leurs voisins, mais établis en pays kmer : Bou-Sra, à environ 45 kms de Sen-Monorom, chef lieu de la province de Mondolkiri et Dak-Dam à environ 15 kms à l'est du chef lieu de cette même province.
Le groupe "Mnong" réfugié à Bou-Sra connaissait M. Jean Moriceau qui en avait baptisé plusieurs. C'était des "nouveaux chrétiens" bousculés par les évènements. Dans ce village il y avait un lieu de culte protestant. Mais eux avaient construit une petite chapelle catholique où ils se rassemblaient chaque dimanche. Ils avaient amené quelques livres de prière et de religion. Ils priaient en langue Mnong, comme les chrétiens de leur ethnie au Viêtnam. Ils restaient en relation étroite avec leur famille vivant en ce pays. Chez eux, Mgr. André Lesouëf célébra la messe devant une assistance bien recueillie d'environ 120 fidèles. Puis, repas et longue conversation avec eux, partie en kmer, partie en viêtnamien, vraisemblablement autour d'une jarre de bière de riz, selon la tradition.
Le lendemain, Mgr. André Lesouëf se rendait à Dak-Dam village à majorité protestante. Il y avait là deux familles catholiques montagnardes d'origine "Mnong". Puis à Sen-Monorom, chef lieu de la Province, il rencontra une famille catholique d'origine viêtnamienne qui tenait un restaurant au marché de la ville et était fort heureuse de la visite d'un prêtre. Au retour de cette première visite pastorale très fatigante, Mgr. André Lesouëf tirait la conclusion suivante : "Nous revenons de ce voyage heureux d'avoir pris contact avec ces chrétiens très isolés, heureux d'avoir constaté leur fidélité dans la foi, heureux d'avoir pu les encourager à rester fermement attachés au Chirist et bien décidés à retourner les voir !.."
Le 16 juillet 1997, le Saint Siège acceptait la démission présentée par Mgr. André Lesouëf, et lui donnait comme successeur Mgr.Antonysamy Susayraj. Celui-ci ordonné prêtre le 27 mai 1978, originaire du diocèse de Salem (Inde) avait fait ses études au séminaire Saint Pierre de Bangalore, puis à Rome. Docteur en théologie, membre de la Société des Missions Etrangères, envoyé en mission au Cambodge en 1994, était nommé, Administrateur Apostolique de la Préfecture Apostolique de Kompong-Cham.
A la demande du nouvel Administrateur Apostolique, Mgr. André Lesouëf accepta de prendre sa retraite au pays kmer, avec résidence à Kompong-Cham. Après un bref congé en France, il repartait au Cambodge le 14 décembre 1998. Pendant trois ans, en dépit de sa fatigue et de sa santé chancelante, il continuait à servir la mission. Voici le témoignage de son successeur : .." Mgr. André Lesouëf, mon prédécesseur a été bon pour moi. Il a accepté de rester trois ans de plus avant de se retirer pour raison de santé à l'âge de 82 ans. Il devint mon troisième professeur de langue. Il corrigeait ma prononciation, m'expliquait l'histoire des communautés chrétiennes du diocèse…. Mgr. André était mon maître pour m'aider à résoudre les cas de mariage, la pastorale du catéchuménat, les commentaires de la Bible, et pour éclairer ma mission à l'égard des prêtres, des sœurs et des chrétiens de la Préfecture. Aujourd'hui, le diocèse de Kompong-Cham compte 8 prêtres et 10 religieuses..…Durant nos rencontres, il y a tant de riches expériences personnelles à partager. Par dessus tout, je me réfère avec reconnaissance à l'expérience de Mgr. André, mon excellent maître qui appartient à la même famille missionnaire que moi, les MEP…"
A la fin du mois d'août 2000, Mgr. André Lesouëf quittait Kompong-Cham et le Cambodge estimant que "son départ était dans la logique de sa démission" . Il rentra définitivement en France où il arriva le 1er septembre 2000. Son désir profond était de "rester en tenue de service". Dans le diocèse de Rennes, sur la commune de Plerguer, à une douzaine de kms au sud-ouest de Dol-de-Bretagne, se trouve le monastère de Notre Dame de Beaufort. En ce lieu calme et boisé, une communauté de vingt-deux moniales dominicaines y menaient leur vie contemplative. C'est dans ce cadre et à leur service, que comme aumônier, Mgr. André Lesouëf vint continuer sa vie missionnaire.
En novembre 2001, sa vue baissant, il partit en consultation à Nantes chez un ophtalmologue. Celui-ci le fit hospitaliser durant quelques jours, en vue d'une greffe de la cornée à l'œil gauche. Après l'intervention qui réussit relativement bien, Mgr. André Lesouëf se retira à la maison de retraite de Saint Gildas des Bois (Loire Atlantique). "….Je ne m'ennuie pas trop. Je lis un peu. J'ai quelques visites. Je célèbre la Messe chaque jour…" confie-t-il. Enfin, en 2002, il entra à la maison Saint Raphaël à Montbeton où il a rejoint la maison du Père, le 4 juin 2004.
En conclusion, qu'il me soit permis de citer une partie du texte de l'homélie qui est aussi témoignage, prononcée par le P François Ponchaud, appartenant à la Préfecture Apostolique de Kompong-Cham. Elle prenait appui sur le sel et la lumière dont il est question dans le chapitre 5 de l'Evangile de St. Matthieu. C'était le jeudi 10 juin 2004, à la maison St.Raphaël à Montbeton, le jour de ses funérailles :
"Pourquoi avoir choisi ce texte ? C'est le Père André Lesouëf lui-même qui l'a choisi lorsqu'il a appris sa nomination de Préfet Apostolique de Kompong-Cham, en 1968. C'est ce texte que proposait la liturgie à notre méditation au lendemain de sa mort, et qui a permis à certains d'entre nous de relire la vie et la mort d'André.
Discrétion et Lumière ! C'est ce que nous retiendrons de ce texte, et que nous relèverons de la vie du Père Lesouëf.
Discrétion du sel qui se dissout, qui n'est plus rien, mais qui donne du goût à l'existence. Le P. Lesouëf est mort dans la discrétion, comme il a vécu, en silence. Même s'il souffrait de sa jambe, jamais il n'en parlait.
Exigeant envers les autres, il l 'était en premier lieu avec lui-même. Si parfois il manifestait une certaine raideur, un humour sec et même cinglant, cela venait sans doute d'une certaine timidité, ou plutôt d'une volonté de cacher ses sentiments, son amitié que nous savions réelle et profonde. Malgré cela, c'était un homme d'écoute, très humain, qui savait écouter même les choses désagréables à entendre, difficiles pour lui ou pour la personne qui se confiait.
Intransigeant sur la vérité, même de détail, il ne supportait pas l'inexactitude, et ne laissait rien passer dans les traductions. Il me corrigeait dans le moindre détail, tant pour les traductions bibliques que liturgiques. Un texte corrigé par André Lesouëf me donnait une garantie d'exactitude. Dans ses dernières années au Cambodge, il s'inquiétait de l'orthodoxie : est-ce que ceux qui nous suivront garderont le dépôt de la foi . Cependant, il était à l'affût de toute nouveauté dans la liturgie, dans la théologie, à condition que Rome soit d'accord.
C'était un homme de bon conseil, qui demandait parfois le temps de la réflexion, mais qui savait décider. Comme collaborateur proche pendant plus de 25 ans, je puis dire que nous n'avons eu qu'à le féliciter de la façon dont il a mené la mission de Kompong-Cham.
Lumière . Oui, lumière de l'Ecriture dont il a toujours été passionné. Il a toujours eu à cœur d'annoncer la Parole, à Saïgon, puis à Maurice et de nouveau au Cambodge…..
…Gérard Vogin [ missionnaire MEP ] est rentré de Kompong-Cham, il y a trois jours. Il amène deux lettres pour André Lesouëf : L'une est précisément de Bun Nath, [ qu'il avait aidée ] l'autre de Mom, un catéchiste que le Père Lesouëf a choisi… Ces deux lettres, nous les déposons sur son cercueil, secrets inviolables de l'amitié…."
Puis, en kmer, fut prononcée la formule consacrée de l'au-revoir, lors des cérémonies des funérailles : "Vous, vous avez quitté ce monde. Partez donc en paix auprès du Père que vous aimez. "
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Juillet 2008
Références
Bibliographie
Articles dans diverses Revues, surtout MEP…. Entre autres :
-Le départ des missionnaires en 1946, dans la Revue des MEP, vers octobre 1946.
-La Restauration de la Veillee Pascale, dans une Revue viêtnamienne ,1952 (?)
-Articles dans "Epiphanie" , dans les "Echos de la Rue du Bac".. Entre autres :
-"L'entrée des Kmers Rouges à Phnom-Penh et le départ des missionnaires (1975)
-dans les "Comptes-Rendus" MEP en 1980, 1983, 1986, 1992.
-dans"Spiritus" : "Les réfugiés cambodgiens", 1990 (?)
-dans "France Catholique" (6 janvier 1994)
-Collaboration à l'hebdomadaire de l'Ile Maurice : "La Vie Catholique" :
" Questions sur la Bible " (1980 ss)
-Explication des lectures des Dimanches : 3 volumes polycopiés (en kmer) 1985-1988