Thomas ELHORGA1919 - 2001
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3718
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1946 - 1953 (Beihai [Pakhoi])
Biographie
[3718] Thomas ELHORGA a été missionnaire en R. P. de Chine et à Madagascar au milieu du XXe siècle.
Il naît le 2 décembre 1919 à Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques). Ordonné prêtre le 13 août 1944, il part le 24 mai 1946 pour la mission de Beihai (Pakhoi) en Chine.
R. P. de Chine (1946-1953)
Il étudie le chinois à Beihai (Pakhoi), puis il est chargé des postes de Tsapli (1947-1948) et de Lim-kong (1948-1953). Il est expulsé de Chine en 1953.
Madagascar (1953-1964)
Il est envoyé à Madagascar, où il est chargé du Centre catholique chinois de Tamatave jusqu’en 1964. Il est alors affecté au service de l’Information à Paris.
France (1964-2001)
Après le service de l’information, il est directeur national de la Sainte-Enfance (1968-1974) et directeur du Centre France-Asie (1974-1985).
Il apporte ensuite sa collaboration à la paroisse chinoise de Paris, avant de se retirer à Montbeton, où il meurt le 26 novembre 2001. Il est inhumé dans le cimetière des MEP.
Nécrologie
[3718] ELHORGA Thomas (1919-2001)
Notice nécrologique
« Né de parents basques, parlant et écrivant le Basque », Thomas Elhorga vint au monde le 2 décembre 1919, à Saint-Pée-sur-Nivelle, dans le département des Pyrénées Atlantiques. Il fut baptisé le lendemain en l’église paroissiale St Pierre à Saint-Pée-sur-Nivelle, diocèse de Bayonne. Son père Elhorga Saint-Martin (en basque Chemartin) était agriculteur, sa mère Pegneguy Jeanne-Marie exerçait la profession de couturière. La famille comptait cinq enfants : Jean-Baptiste qui était tailleur, se fit bénédictin à Belloc, près Hasparren, Pierre, employé, des PTT, se maria et eût deux enfants, Thomas choisit la vie missionnaire, Catherine couturière resta célibataire, enfin Bertrand, marié, deux enfants, d’abord pâtissier, travailla, par la suite, dans la Recherche Agronomique.
En 1925, Thomas commença ses études primaires à l’école libre de Saint-Pée ; en octobre 1931, il fut élève au collège St Joseph d’hasparren où il passa deux ans, puis d’octobre 1933 à juillet 1937, il continua et termina ses études secondaires au petit séminaire Saint-François Xavier à Ustaritz. En octobre 1937, il se dirigea vers le grand séminaire de Bayonne et y resta jusqu’en juillet 1939. Durant ses deux années, au cours de ses études ecclésiastiques, il suivit les stages de la préparation militaire supérieure ; par décret paru dans le Journal Officiel du 17 septembre 1939, il fut promu officier de réserve.
En raison de la déclaration de la Seconde guerre mondiale, le 3 septembre 1939, beaucoup de professeurs et d’enseignants furent rappelés sous les drapeaux. Il fut alors demandé à M. Elhorga de prendre la direction de l’école libre de son village natal, charge qu’il assura d’octobre 1939 à juin 1940. Chacun connaît le déroulement rapide des événements de mai et juin 1940. Le 9 juin 1940, au moment où la débâcle jetait sur les routes des milliers de réfugiés, à la veille de l’effondrement de l’armée française et de la Troisième république dont les jours étaient comptés, M. Elhorga, comme bien d’autres appelés de la dernière heure, fut incorporé à Pau. Mais la bataille de France se termina le 25 juin 1940 par la mise en application de la convention d’armistice avec l’Allemagne et l’Italie.
Le 31 juillet 1940, le maréchal Pétain signa un décret stipulant que « les jeunes gens incorporés les 8 et 9 juin 1940 sont relevés de leurs obligations militaires et versés pour une durée de six mois dans des groupements de Jeunesse ». Ces Groupements devinrent « camps de jeunesse » puis chantiers de la jeunesse » et furent placés sous le commandement du général de La Porte du Theil. Ainsi, le 9 août 1940, M. Elhorga fut versé dans les « chantiers », affecté au groupement 35 et envoyé d’abord à Laruns (64), puis à Labruguière (81) dans la Montagne Noire. Libéré le 31 janvier 1941, il rejoignit le grand séminaire de Bayonne, le 15 février 1941, et se mit à l’étude de la Théologie Fondamentale.
Le 30 mars 1941, il rédigea à l’intention du Supérieur général de la Société des Missions Étrangères, une demande d’admission au séminaire de la rue du Bac, pour la prochaine rentrée scolaire. … »Ai-je besoin de me présenter ? écrit-il. Compatriote de Mgr Larregain et du P. B. Dourisboure, mon nom a dû vous être communiqué, voici bientôt quatre ans, par le P. Bazaiztéguy (Bassaisteguy). Et un geste que je n’ai voulu accomplir à ce moment, je suis pour ainsi dire forcé de le faire aujourd’hui : après réflexion conseil des directeurs, prières et souffrances, je me sens irrésistiblement attiré vers les Missions. Et pour cela, c’est aux Missions Étrangères de Paris que j’ai résolu de me joindre le plutôt, en octobre prochain, mais si c’est possible… ».
Admis, M. Elhorga entra au séminaire des Missions Étrangères, en octobre 1941, et y continua ses études théologiques et sa formation sacerdotale. Tonsuré le 29 juin 1942, il reçut les ordres mineurs, les deux premiers, dans le courant du mois d’octobre 1942, les deux seconds, le 19 décembre 1942. Sous-diacre le 3 juin 1944 ordonné diacre par Mgr St Pierre, le 6 août 1944, à Villefranche avec dimissoriales du Supérieur général des Missions Étrangères, puis en raison des difficultés causées par la situation de la guerre, il fut ordonné prêtre en l’église de St-Pée-sur-Nivelle, par Mgr St Pierre, le13 août 1944. Ensuite, il revint à Paris où il termina ses études de théologie au séminaire des Missions Étrangères en mars 1945.
En attendant le bateau, M. Elhorga agrégé à la Société des Missions Étrangères le 15 avril 1945, et ayant reçu sa destination pour le service du Vicariat apostolique de Pakhoï, sur la côte sud de la Chine, dans la province du Guangxi, revint au diocèse de Bayonne ; il fut nommé professeur au Collège St Joseph à Hasparren, où il prit ses fonctions le 15 mars 1945. Rappelé sous les drapeau le 1er juin 1945, il fut affecté à la garde des prisonniers allemands regroupés au camp de Soulac-sur- Mer, dans le département de la Gironde. Renvoyé dans ses foyers en novembre 1945, il retrouva sa chaire de professeur dans le même Collège où il continua à enseigner du 15 novembre 1945 au 5 mai 1946.
L’heure du départ en mission sonna. Le 25 juin 1946, MM. Elhorga et Pinsel s’embarquèrent à Marseille à bord du paquebot « Pasteur ». Via Saîgon, Nhatrang, Haïphong, ils arrivèrent à l’évêché de Pakhoï le 10 juillet 1946, vers 23 heures. Du 25 juillet 1946 au 15 avril 1947, ce fut un temps d’étude élémentaire de la langue chinoise, sous la direction de M. Modeste Duval, Supérieur du petit séminaire, ensuite Mgr Auguste Deswazière nomma M. Elhorga dans la préfecture de Limchow, au district de Tsapli, où, depuis vingt ans, il n’y avait plus de prêtre à demeure. Après s’être installé sans trop de difficultés, il commença la visite de son territoire et en évalua les besoins. Il ouvrit un dispensaire, releva la résidence, y aménagea une salle-chapelle de 4 x 8 mètres. Puis, il se fixa à Limchow, chef-lieu de la préfecture, où il resta jusqu’au 15 avril 1948.
Dans la nuit du 17 au 18 décembre 1947, à Limkong, une ville située sans la partie est du diocèse, des bandes communistes s’introduisirent dans la résidence de MM. Barreau et Pinsel ; ceux-ci furent amenés prisonniers, tandis que le second était remis en liberté, une rançon de 200 millions de dollars chinois était demandée pour libération du premier. Après un mois de multiples démarches, M. Barreau était enfin relâché.
Pour remplacer ces deux missionnaires, M. Elhorga fut nommé, le 15 avril 1948, à la tête du district de Limkong (Linjiang), dans la province de canton. Son district comptait environ 1.500 chrétiens, répartis en 45 stations, une école et un dispensaire très prospères. Conduit par M. Barreau, il arriva le 24 avril 1948 dans son nouveau poste sans avoir fait de mauvaises rencontres dans cette région très peu sûre. Un lourd fardeau était mis sur ses épaules, « mais chez lui, comme dans le héros de Corneille, la valeur n’attend pas le nombre des années ».
Il commença par reconstruire la résidence incendiée pendant la guerre, il ouvrit ensuite un dispensaire très apprécié de la population. Bien que la région fut infestée par des bandes communistes circulant dans la campagne, il visita les villages chrétiens peu éloignés de la ville. Comme il ne lui était plus possible de passer la nuit à la résidence, celle-ci étant située hors des anciens remparts, il se fixa en un lieu sûr, à l ’intérieur, ce qui lui permit de s’occuper de jeunes étudiants.
Le 1er octobre 1949, à Pékin, Mao-Zedong proclama la République Populaire de Chine. Mais, écrit M. Elhorga, le Kwangtung est encore « libre ». Le Kwantung ne sera libéré que début novembre. Quelques jours plus tard : passage d’une armée de Kouo-Min-Tang. Bataille entre les Nationalistes et les Communistes, en quelques jours, j’accueille 135 soldats blessés ; tous Nationalistes. Ma « Mission » devient « un hôpital de campagne. Une semaine plus tard ; le préfet communiste me propose d’accueillir 15 soldats « rouges ». Marchandage. Accueil. Lettre de remerciements du préfet : ce sera mon « passeport » pour une foule de sorties ».
Limkong passa sous le nouveau régime, dans les premiers jours de novembre 1949. Dans l’immédiat, M. Elhorga n’eût pas trop à en souffrir, mais assez vite les déplacements des missionnaires étant soumis à des restrictions de plus en plus sévères, il se vit refuser, vers août 1950, l’autorisation de se rendre à Saiving. Il décida alors de fonder une association de petits chanteurs qui consacreraient leur temps libre à la préparation de chants religieux et autres, et se tiendraient à la disposition des chrétiens à l’occasion de funérailles à Limkong et dans les villages voisins. Il organisa avec succès un service de distribution de brochures et de prêt de livres principalement en faveur des étudiants. Mais dès novembre 1950, la question financière le préoccupa beaucoup : vie chère, impôts, occupation de l’école de la Mission par « la grande armée », résidence forcée, et de la part de quelques chrétiens, tendance à un opportunisme pas toujours conforme aux lois de l’Église, bien qu’un bon groupe de jeunes restent fermes et solides dans leur foi !
Avec l’année 1951, s’ouvrit la campagne préparatoire à la réforme agraire. Une période difficile commençait : la tempête soufflait sur les chrétiens. Impossible au groupe de chanteurs du P. Elhorga de se rendre dans les villages pour les funérailles. Le travail missionnaire par la diffusion très surveillée de livres et brochures devint de plus en plus difficile, car des consignes étaient données pour détruire et brûler tous ces ouvrages.
Voici présenté par lui, un résumé, de ce que M. Elhorga vécut en 1952 : «1952 : mise en route de la Réforme agraire, RÉSIDENCE SURVEILLÉE : début mai à septembre 52, je suis mis en résidence surveillée à l’intérieur de l’enceinte de la Mission. À ma disposition : ma résidence, l’église (désormais fermée au public), la résidence des Sœurs chinoises (chassées à cause de mon « enfermement »), 3 grandes salle de classe, 3 salles du dispensaire, cuisine et jardin de 15 mètres sur 20 : ce sera mon salut.
Aucun contact avec l’extérieur. Une ou deux fois par semaine, réunions populaires derrière l’enceinte de la Mission : on prépare les « masses » à mon jugement populaire et à mon exécution.
Août : à Paris, on est inquiet sur mon sort. Le Sup. gén. (Mgr Lemaire) fait écrire par le P. Chabagno au curé de St-Pée son inquiétude sur mon sort ». En effet, on pouvait lire dans le Bulletin MEP de Hongkong (n° d’août 1952) que le P. Elhorga avait disparu de son district depuis un mois, pensant qu’il était prisonnier ou interné mais retenu dans un lieu ignoré.
« 10/9/52 : à la suite d’une première visite de policiers 15 jours auparavant, je suis remis en liberté. Activités pastorales à peu près normales jusqu’au début décembre 1953. Rumeurs d’expulsion. »
En effet, aux périodes de détente et de calme relatif, succédaient des temps émaillés d’incidents plus ou moins sérieux, comme le bris des portes de l’église pour y tenir des réunions ; un certain nombre de bâtiments de la Mission étaient transformés en hôpital ; la municipalité menaçait de s’approprier l’église et les bâtiments restants. Malgré cela, la liberté du culte et celle de circuler à l’intérieur de la ville restaient complètes. M. Elhorga mit en appplication l’apostolat de la présence. Étude, prière et travaux manuels partageaient sa vie. Le savoir là, encourageait les chrétiens à tenir bon. L’épreuve renforçait leur piété et leur vie intérieure, malgré quelques défections. À Pâques 1953, il y eût 70 communions. La population locale gardait toute sa sympathie au missionnaire, alors que «pendant des mois, durant la Réforme agraire, les autorités ont tenté de soulever le peuple en vue de son jugement populaire ».
Laissons-le nous raconter son jugement populaire, à quelques jours de Noël 1953 : « Oui, il se confirme qu’il y a de l’orage dans l’air. De fait, un soir, un officier de police se présente chez moi, froid mais correct. Il me communique l’ordre de l’autorité supérieure de rester désormais enfermé chez moi : plus de contacts avec personne, et il est interdit à quiconque de pénétrer dans l’enceinte de la Mission. L’orage approche.
Le surlendemain, une vieille Chrétienne côtoyant le mur de la Mission me chuchote : « Père, c’est pour demain. Tu seras jugé et expulsé. Tu partiras après-demain. N’aies pas peur. » Peur ? Non, je n’ai pas peur, simplement je souffre d’avoir à quitter ce pays que j’aime, ces Chinois dont l’exquise et solide amitié me soutient et me soutiendra jusqu’au bout.
Le lendemain de cette courte conversation, trois fonctionnaires se présentent et me conduisent à l’école secondaire de la ville. Là, dans la cour immense, une estrade est dressée : une foule nombreuse attend. Sur l’estrade, le tribunal siège déjà : j’y reconnais l’officier qui, l’autre jour, m’a assigné à résidence, deux militaires dont l’un témoignera contre moi, un chef de quartier que je connais bien, le commissaire divisionnaire de la police. On me place devant l’estrade, debout face au peuple. Point d’avocat pour me défendre. Et il n’y aura pas d’interrogatoire. En ont-ils plus peur que moi ?
La séance débute par l’accusation coutumière qui débite cinq griefs contre moi :
1. 1. j’ai osé procurer un cercueil à un réactionnaire ennemi du peuple, fusillé pour ses crimes. À ce titre, je suis classé parmi les réactionnaires. Des témoins sont invités à monter sur l’estrade, derrière moi, pour témoigner sur la réalité du fait. Et après chaque accusation, le même cérémonial se déroulera identique, dans un silence total.
1. 2. j’avais osé comparé Dieu à Mao-tsé-Toung et affirmer en public que Dieu était plous grand que notre Président.
1. 3. j’avais saboté la campagne nationale d’hygiène populaire.
1. 4. j’avais profité des grandes fêtes religieuses pour inciter le peuple à déserter le parti communiste.
1. 5. Et la preuve ultime que tout cela était vrai et correspondait à mes sentiments profonds était le geste qui m’était habituel : le geste de la main retournée, paume ouverte vers le ciel, manifestant l’espoir que le régime communiste serait renversé.
.. Ce soir-là, la tornade passait sur mon dos. Et dans sa rage contre le réactionnaire que j’étais, le procureur alla jusqu’à demander qu’on m’exécute et qu’on m’expulse ensuite. C’est alors que se produisit le seul et unique incident du procès. Je ne pus m’empêcher de rire devant cette absurdité, d’autant plus que je savais l’heure de mon départ pour le lendemain matin. Une voix sèche perça le silence : « on ne rit pas devant le peuple ! ». Je me mordis la lèvre et essayai de garder tout mon sérieux : le moment paraissait grave pour le peuple qui ne savait pas encore.
La sentence d’expulsion fut prononcée sur place. Le président affirmait que le programme commun garantissait la liberté de religion. La sentence portée contre moi était un acte du gouvernement conforme à la Loi et destinée à purifier l’Église d’un élément dangereux réactionnaire. Ce faisant, le gouvernement populaire rendait un éminent service à la religion et à l’Église catholique. Le peuple était invité à maintenir sa foi et sa religion, et à les protéger contre les activités réactionnaires des prêtres contre moi.
Des applaudissements fusèrent de-ci de-là. L’auditoire fit de même. Deux soldats, l’arme au poing, m’encadrèrent pour me ramener à la Mission, tandis que la foule s’écoulait en silence ».
Jugé le 21 décembre 1953, expulsé le lendemain, via Port-Bayard et Canton, M. Elhorga débarqua à Hoingkong dans la soirée de Noël 1953, et se rendit à Béthanie. Les Chrétiens de Limkong n’ont jamais oublié le père Le Yazheng, nom chinois de M. Thomas Elhorga qui signifie « joie d’une belle droiture ». Ceux qui ont visité cette communauté chrétienne, à partir des années 1980, en témoignent.
Le 16 janvier 1954, une lettre de Mgr Lemaire lui donnait une nouvelle affectation : »Vous êtes nommé à Madagascar, au Centre Catholique Chinois, fondé par le P. Cotto, un an plus tôt. Départ direct sur Tamatave ».Mais M. Elhorga souffrait de migraines ophtalmiques ; M. Vircondelet, procureur à Hongkong, le fit rapatrier en France où il arriva par avion, le 31 janvier 1954.
Ce séjour en France lui fut fort profitable au plan de la santé ; en six mois, il gagna 21 kg. Ainsi, le 3 septembre 1954, il quitta Paris et s’embarqua à Marseille le 5 septembre pour Madagascar ; au soir du 23 septembre 1954, il arriva à Tamatave, à bord de « La Bourdonnais », et fut chaleureusement accueilli sur le quai par M. Cotto et les jeunes Chinois de CCC (Centre Catholique Chinois).
Le 17 juillet 1953, suite à la demande Mgr le Délégué Apostolique à Madagascar et des Évêques de la Grande Ïle, et avec l’approbation du Supérieur général de la Société des Missions Étrangères, M. Henri Cotto, vicaire général du diocèse de Pakhoï, chassé de Chine par les autorités communistes, s’était embarqué sur le « Pierre Loti » et arrivait à Tamatave le 8 août 1953. Mgr Le Breton, évêque de Tamatave, l’hébergea dans sa propre résidence et lui accorda toutes facilités pour son ministère auprès des communautés chinoises.
Le 17 août 1953 était fondé à Tamatave le Centre catholique Chinois (CCC) qui fonctionna d’abord dans les locaux de l’évêché pendant la première année, puis s’établit, le 5 septembre 1954, dans l’ancienne maison Golas, 5 rue de l’île de France. Cette œuvre inter-diocésaine, association reconnue légalement, relevant de l’Assemblée des Évêques de l’Ile, avait son siège à Tamatave. Dès ses débuts, ce Centre poursuivit trois objectifs principaux : 1. Formation de la jeunesse chinoise. 2. Secrétariat en liaison avec les missionnaires de l’île. Il s’agissait en effet, de mettre en place et de favoriser l’intégration des Chrétiens chinois dans le cadre paroissial de la communauté malgache. 3. Visite des Chinois dispersés dans tout le territoire de Madagascar (la diaspora chinoise).
À Madagascar, bien que installées en majorité sur la côte est, les communautés chinoises étaient disséminées à travers toute l’île, un pays aussi vaste que la France, la Belgique, la Hollande réunies. M. Elhorga, adjoint à M. Cotto, reçut mission, en plus de certains cours de français et de catéchèse, à assurer au CCC d’entrer en contact avec elles et de les visiter régulièrement. Sans retard, il se mit au travail. Du 10 au 20 octobre 1954, il fit une tournée dans la région sud de Tamatave. Le 30 octobre 1954, il repartait pour la région nord ; le 16 novembre 1954, il se rendait à Tananarive pour présenter aux Évêques de Madagascar réunis en Assemblée plénière, le rapport annuel du CCC. À la fin de l’année, il prenait l’avion et s’en allait visiter les communautés du nord-est. Lors de ses tournées de plusieurs jours dans ces divers centres pastoraux, il n’avait pas un moment de répit : visite des familles, catéchisme, causeries, conférences visites aux officiels de l’endroit, messes et sermons pour les Chinois, etc. occupaient tout son temps.
L’arrivée de M. Auguste Barreau à Tamatave le 25 mars 1955, et celle le 22 août 1955 du P. Matthieu Hui, un prêtre chinois du diocèse de Pakhoï, permit à M. Elhorga d’élargir son champ d’action depuis Diego-Suarez jusqu’à Fort-Dauphin. Pour assurer la visite des groupes chinois, dans tous les diocèses, il utilisait train, micheline, auto, bateau, avion, pirogue. Sous sa direction, une équipe de jeunes assurait l’expédition de plusieurs centaines de périodiques, de livres, de tracts diffusés à profusion et destinés à faire connaître les activités du Centre Catholique afin de dissiper bien des préjugés.
En avril 1956, M. Elhorga se rendit à Fianarantsoa pour représenter tla Chine et adresser la parole aux Chrétiens chinois, à l’occasion des fêtes organisées en l’honneur des Bienheureux Martyrs ayant donné leur vie, au temps de la révolte des Boxers. Le 31 juillet 1956, il représenta le CCC, lors de la célébration à Tananarive du 4ème centenaire de la mort de St Ignace de Loyola, et ensuite, il présenta aux Évêques le rapport annuel des activités du CCC.
En 1959, les premiers élèves formés par le CCC ayant obtenir leurs diplômes officiels, purent prêter main forte comme professeurs et catéchistes ; ce renfort permit à M. Elhorga de se libérer de l’enseignement et de reprendre des tournées plus fréquentes et plus longues pour atteindre tous les Chinois de l’île ; il partagea cette charge avec le P. Matthieu Hui. Celui-ci s’occupa des provinces de Tamatave, Majunga et Diego-Suarez et M. Elhorga de celles de Tananarive, de Fianarantsoa et de Tuléar. Lors de ses déplacements, il visitait les paroisses, prenait contact avec le curé, mettait les familles chinoises en relation avec ce dernier et entre elles afin qu’elles s’insèrent dans ce cadre paroissial.
Le 9 août 1961, Mgr Puset nomma M. Elhorga Official du diocèse de Tamatave. « La première affaire que j’aurai à traiter, écrit-il, (un cas de nullité de mariage) me mettra en relation avec l’abbé Causard, avocat ecclésiastique de Paris ».
En mars 1964, sur le point de prendre un congé régulier en France, M. Elhorga résumait ainsi très brièvement son activité à Madagascar : « Travail : apostolat et enseignement du français, sous les ordres du P. Cotto. Environ 6 mois par an à Tamatave. Le reste du temps : voyages à la Saint Paul ».
Mais allait s’ouvrir une nouvelle étape du parcours missionnaire de M. Elhorga. Il écrit : « En juin 1964, venu à Paris pour préparer mon départ pour Madagascar, le père Cussac me propose la succession du père Jean Renou, au « Foyer des Étudiants d’E.O. » à Paris. Très vite, il s’avère que le P. Renou se raccroche à son poste : statutairement, personne ne peut rien à cette situation. Du coup, on m’affecte « provisoirement » au service Information-Vocations au128 ».
Dès lors, dans cette nouvelle fonction, répondre à une abondante correspondance, informer sur les Missions, et surtout accueillir les jeunes occupèrent tout son temps. En effet, des garçons et beaucoup de filles venaient demander des renseignements sur le laïcat missionnaire ou la vie missionnaire proprement dite. Il fut aussi chargé de l’organisation des retraites spirituelles et prêta son concours pour les sessions missionnaires.
Du 7 au 23 septembre 1966, en collaboration avec MM. Pierron et Cozien, il anima, à la rue du Bac, une session d’étude suivie par 130 missionnaires ; l’année suivante, du 11 au 29 septembre, il assura les mêmes responsabilités, lors de la session des missionnaires en congé qui réunit 131 participants, membres de 27 Instituts Missionnaires et venant de 39 pays de mission ; puis il apporta son aide lors des nombreuses sessions Inter-Instituts Missionnaires organisées en plusieurs autres villes, telles que Chartres, Belley, Lyon, Paris durant les années suivantes.
Chargé d’accueillir à Bièvres, les membres de l’Assemblée générale en août 1968 et en même temps responsable du service du secrétariat, il participa au titre de délégué des confrères de la Délégation de France aux Assemblées générales de la Société des Missions Étrangères en 1986 et en 1992.
De 1968 à 1975, M.. Elhorga fut directeur national de l’œuvre de la Sainte-Enfance. Il ne nous donne lui-même qu’un très bref résumé de son travail à la tête de cette Œuvre : « 29 mai 1967. Mgr Bressolles qui a demandé quelqu’un à père Quéguiner pour la Direction nationale de la Ste Enfance me convoque chez lui. 1ère rencontre : 31 mai 1967. Il me propose de remplacer Mgr Barbeau. Le 3 juin, je lui donne mon accord. Le 1er juillet, il m’écrit : ma nomination sera publiée la dernière semaine de juillet.
Hélas, il a omis d’en référer à la Conférence Épiscopale de France : Le Concile, pour lui, ça n’existe pas. La Conférence exige la présentation d’une Trine.. sur laquelle je suis quand même « choisi » : nomination datée du 2 septembre. Directeur de la Revue « Terres Lointaines », j’aurai à en assumer la rédaction à partir de 73 avec l’aide de mes délégués régionaux.
Mars 73/Création par les Directeurs nationaux de la Petite Europe d’une Conférence Petite Europe de la Sainte Enfance. Élus : président : le père Koppelberg (Allemagne) et moi-même comme secrétaire.
En 1973, j’achète la résidence du 15 villa Molitor, Paris 16° comme Siège national de la Sainte Enfance qui est devenue « Enfance missionnaire.. Entraide Jeunes du monde.
En tant que représentant des œuvres Pontificales Missionnaires, il participa les 28, 29 et 30 septembre 1969 à une réunion importante, la première du genre, qui fit se rencontrer à Bièvres les délégués épiscopaux à la Coopération Missionnaire de l’Eglise de France, ceux des Instituts Missionnaires, et les directeurs nationaux des Œuvres Pontificales Missionnaires. Le 26 avril 1971, en qualité de Directeur national de l’Enfance missionnaire, il présida, d’abord la Commission chargée de lancer auprès des enfants et des jeunes une campagne d’Avent dont le thème serait, : « tout homme est mon frère », puis le lendemain de l’Assemblée générale de cette Œuvre pontificale.
La Revue « Terres Lointaines » Magazine Missionnaire des Jeunes et dont il avait assuré la direction, fit appel à ses compétences et à ses relations pour publier, en mai 1984, un n° spécial sur la Chine.
Nous voici en 1975. Cette année là marqua, d’abord, une étape nouvelle dans l’histoire du « Foyer des étudiants d’Extrême orient » et dans la vie missionnaire de M. Elhorga. Un soir de 1974, descendant de voiture, le P. Jean-Marie Renou, Directeur de ce Foyer depuis 25 ans, accrocha de son pied, la ceinture de sécurité et se retrouva par terre. Cet accident provoqua chez lui une paralysie croissante des jambes. Le 25 juin 1975, il convoqua une Assemblée générale de l’Association et présenta sa démission de président et de directeur. Elle fut acceptée. En juillet 1975, M. Elhorga avec l’aide de M. Georges Lefas fut appelé à prendre la succession.
Cette même année fut aussi celle de la « Libération » du Vietnam (30 avril), du Cambodge (17 avril), et peu après du Laos, avec comme conséquences le retour en France des missionnaires qui y travaillaient, et l’arrivée massive de réfugiés en provenance de ces trois pays. Tout cela allait bouleverser les habitudes et les structures de l’ancien « Foyer ». Le 5 novembre 1975, réunie en Assemblée générale, l’Association « Foyer des Étudiants d’Extrême-Orient » prit le nom nouveau de « Centre France-Asie », et fut placée sous le patronage de la Conférence Épiscopale de France et de la Société des Missions Étrangères. M. Lefas devint secrétaire de la nouvelle Association. La direction du Centre France-Asie fut confiée à M. Elhorga.
Ce dernier connut des durs débuts. Il écrit : « 1975 : c’est l’afflux des réfugiés vietnamiens, cambodgiens, laotiens. Et avec cela diminution du nombre des étudiants ». Malgré une situation financière difficile, très vite, le Centre France-Asie dont la vocation n’était pas de tout faire, se mit au service des réfugiés asiatiques en les accueillant, les écoutant, les conseillant, les aidant à établir leur dossier, en les accompagnant auprès des divers services administratifs et organismes sociaux publics et privés oeuvrant pour les immigrés. Tout cela supposait beaucoup de patience et de bons rapports entre le directeur du Centre et les responsables des divers services administratifs.
En outre, le Centre France-Asie continuait son aide dans la mesure du possible, en faveur des étudiants : elle consistait principalement à les accueillir, à leur trouver un logement décent, à leur procurer un travail notamment pendant les vacances, à les orienter et à les guider dans leurs études, à les présenter à leur communauté nationale établie en France, parfois à leur apporter un secours financier.
D’autres Asiatiques venaient aussi frapper à la porte du Centre pour demander qui un renseignement, qui une traduction, qui la rédaction d’une lettre, et même des informations en vue d’un mariage, etc.
Il fallut donc organiser un service d’accueil, développer des cours de français, faire appel à des enseignants, à des bénévoles, engager des secrétaires, etc. Pour mener à bien toutes ces activités, M. Elhorga n’hésita pas à faire appel à la générosité des Français, et à collaborer avec les associations publiques et privées au service des Asiatiques. Il sut gagner compréhension et confiance des chefs de service et des autorités administratives, des paroisses, des familles, des particuliers.
À partir de 1977, après bien des tâtonnements, des hésitations et quelques inquiétudes – pénurie de moyens en personnel et finances notamment – le Centre France-Asie connut son régime de croisière. Ainsi, les locaux du Centre furent rénovés grâce à la générosité de journalistes allemands et de quelques amis français. La générosité d’amis français et asiatiques consolida les finances du Centre, ce qui permit le développement et le fonctionnement de ses services.
Vers la mi-juillet 1979, suite aux évènements du Sud Est Asiatique, le Centre connut un nouvel afflux de réfugiés : Cambodgiens fuyant le régime Pol-Pot, « boat-people » vietnamiens, réfugiés de Pulau Bidong et d’autres camps de Malaisie et de Thaïlande. Le directeur du Centre France-Asie et ses collaborateurs durent redoubler d’efforts pour répondre à ces besoins, tout en continuant leur travail quotidien.
Chaque année, M. Elhorga faisait paraître un compte rendu détaillé des activités du Centre. Il notait le 22 août 1982 : Lauréat du Prix International « Droits de l’Homme – La Croix-L’événement », le CFA lance un prospectus polychrome qui nous amènera des centaines, des milliers de donateurs ». Par la suite, le 17 janvier 1984, le Centre France-Asie fut reconnu « Organisme Social » par la Direction départementale des Affaires Sanitaires et Sociales de Paris, et fut agrée par la Fondation de France le 23 octobre 1984.
À travers toutes les activités du Centre France-Asie, M. Elhorga garda toujours le profond souci pastoral et missionnaire de témoigner du message évangélique et de répondre concrètement aux appels du Christ : « J’étais étranger..nu..malade..en prison .. vous êtes venus à moi..vous m’avez accueilli ». En collaboration avec les paroisses, et à la demande, il assurait des préparations au baptême, à la communion, au mariage, des célébrations eucharistiques, journées de récollections, etc. Aux yeux des Asiatiques, le Centre France-Asie était perçu comme un Centre Missionnaire Catholique respectueux de leur culture et de leurs religions, et comme une œuvre de l’Église Catholique en France. Beaucoup d’entre eux, en effet, dans leur pays d’origine, avaient été en contact plus ou moins direct avec des missionnaires.
Enfin : « 30 mars 1985, pour cause de maladie (conjonctivite grave, handicapante), je quitte le CFA ».M. Elhorga en remit la direction à M. Joseph Parais. Puis, la relève assurée : »1985-86 : vaines tentatives de thérapeutiques diverses. Recours à la Réflexothérapie en Suisse. Guéri ». C’est le début d’une autre étape dans la vie missionnaire de M. Elhorga. Il l’intitule : « Retour aux Chinois ».
« Par lettre du09/09/86, écrit-il, Mgr Coloni m’informe que sur demande du P. Wang, curé de la paroisse chinoise, l’Ordo de Paris 87 portera ma nomination comme vicaire de la paroisse chinois !se.8 janvier 1987 : nomination officielle. À la demande du P. Wang, je m’intéresse davantage aux non-chrétiens et à toutes questions d’ordre social. Ainsi qu’au catéchisme des adultes. Le P. Wang n’aimant pas écrire en français, je lui sersq aussi de secrétaire pour toute sa correspondance ».
Au lendemain du décès deM. Elhorga, dans la Revue « Zhonglian » éditée par le Relais France-Chine, dans le n° de décembre 2001, on peut lire le témoignage suivant le concernant : « À l’occasion de la journée missionnaire mondiale du 14 octobre 1989, il fait publier un dépliant qui met en relief en quelques mots, l’apport culturel et moral des Chinois : « Héritiers d’une très ancienne civilisation, un seul mot pourrait résumer leur comportement : la piété filiale. Elle est à la base de tout. Et aussi un attachement viscéral à la religion ancestrale : religion issue de l’enseignement de Lao Tseu, Confucius et du Bouddha, trois sages que bien des Chinois convertis au christianisme n’ont pas hésité à qualifier de « pédagogues destinés à conduire les hommes à Dieu ».
L’ancien directeur national de la Sainte Enfance et du Centre France-Asie s’était toujours intéressé aux enfants et aux jeunes. Vicaire à la paroisse chinoise et à l’intention des jeunes chinois, il composa en chinois et diffusa largement un petit Évangile illustré.
La même Revue « Zhonglian » nous révèle aussi un talent singulier propre à M. Elhorga : « Attentif à la santé physique et morale de chacun, il se fait connaître entre