Jean DANTONEL1936 - 2010
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4134
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1964 - 1971 (Penang)
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1972 - 1978
- 1986 - 2010
Biographie
[4134] DANTONEL Jean est né le 16 mars 1936 à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Ordonné prêtre le 24 décembre 1961, il part le 24 novembre 1964 pour le Collège général de Penang (Malaisie), où il enseigne jusqu’en 1971.
De 1972 à 1978, il est affecté au séminaire Lux Mundi de Sampran, en Thaïlande.
Il est ensuite rappelé à Paris pour le service des Vocations. En 1980, il est élu membre du Conseil central.
En 1986, il retourne en Thaïlande, où il est nommé curé de Settakit Village. En 1990, il est à nouveau envoyé au séminaire de Sampran et, en 1996, il est nommé supérieur de la nouvelle Société missionnaire de Thaïlande. En mars 2007, il est élu supérieur régional de Thaïlande, mais il démissionne de son poste le 13 janvier 2010 pour graves ennuis de santé.
Il meurt le 20 mars 2010 à Bangkok.
Nécrologie
[4134] DANTONEL Jean (1936-2010)
Notice nécrologique
Jean DANTONEL
1936 – 2010
Jean Dantonel, fils de Charles et de Marguerite, est né le 16 mars 1936 à Nancy. La famille habitait en fait à Maxéville où son père était entrepreneur de menuiserie. Elle comprenait quatre enfants : trois garçons dont deux devinrent prêtres (Gilbert pour le diocèse de Nancy et Jean pour les Missions Étrangères) et une fille.
Jean fit ses études primaires au petit séminaire diocésain de Renémont-Jarville (1947-1953). Puis il entra au grand séminaire des Missions Étrangères et paracheva ses études à la Grégorienne à Rome.
Au moment de l’appel au diaconat, il reçut sa destination pour le Collège général de Penang. Il fut ordonné prêtre le 24 décembre 1961. Il ne partit pour la Malaisie que le 24 novembre 1964, après avoir obtenu une licence en philosophie.
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Résumé des postes occupés
1964 – 1971 Collège général de Penang, Malaisie
1972 – 1978 Étude de la langue thaïe à Bangkok
Professeur au grand séminaire Lux Mundi
1978 – 1980 Chargé de la pastorale des vocations, à Paris
1980 – 1986 Assistant du supérieur général, à Paris
1987 – 1990 Curé de Settakit Village + cours au séminaire
1990 – 2007 Professeur et directeur spirituel au séminaire
1996 – 2007 Responsable de la Société Missionnaire de Thaïlande
2007 – 2010 Supérieur régional de Thaïlande
et aumônier de la paroisse francophone de Bangkok
+20/03/2010 Décès à l’hôpital Saint Louis de Bangkok
À Penang (1964 – 1971)
Ayant reçu sa destination pour le Collège de Penang le 20 mai 1961, le Père Jean Dantonel y arrive fin 1964, avec en poche une licence de philosophie de l’Université Grégorienne.
Le Concile avait commencé à amener des changements dans le style de vie du séminaire mais le latin y reste toujours la langue de l’enseignement. Les séminaristes de Thaïlande sont la majorité et certains de leurs évêques ne veulent pas remplacer le latin par l’anglais, comme le désirent la plupart des professeurs.
Jean est le dernier arrivé d’un jeune corps enseignant, avec les Pères François Félix-Faure, Jean L’Hour, Bernard Blais, Michel Arro, Jean Marie Bosc et avec quelques années de plus André Volle ; seuls les Pères François Le Du, recteur, et Pierre Lobez, économe, sont au-delà des cinquante ans.
C’est en janvier 1965 que le nouveau professeur donne son premier cours, en latin, comme l’exige le supérieur. Avant même de s’y essayer il est mal à l’aise, et la classe finie, c’est l’ultimatum : « Ou j’enseigne en anglais, ou vous trouvez quelqu’un d’autre ! ». Il a étudié en latin à Rome, mais enseigner en latin c’est autre chose. Quant à le remplacer… où trouver l’oiseau rare ? Son anglais n’est pas encore très coulant, mais il s’y trouve plus à l’aise, et le Père Le Du le laisse libre de son choix.
Bientôt les séminaristes apprécient leur jeune professeur. Celui-ci s’adresse à de jeunes asiatiques que rien n’a préparés à jongler avec les syllogismes mais il sait les introduire aux arcanes de la philosophie. Jean a des dons divers. Il est doué pour le chant et pour l’animation des célébrations liturgiques. Il collabore avec Bernard Blais, le canoniste, lui aussi fervent de liturgie, qui va bientôt passer une licence et devenir un spécialiste en la matière. On est dans l’après concile, il faut donner des instruments nouveaux aux paroisses, d’abord dans les trois diocèses de la Malaisie péninsulaire et de Singapour, puis dans tous les diocèses de la Conférence épiscopale en Malaisie de l’Ouest et de l’Est. Jean fait bientôt partie de la commission liturgique régionale, et il y fera publier le premier recueil d’hymnes en anglais. Plusieurs mélodies, encore utilisées aujourd’hui, sont de son cru. Les réunions sont nombreuses, à Kuala Lumpur, à Singapour, où s’opposent les opinions les plus diverses à une époque où l’ordinateur est encore inconnu. Patience et diplomatie lui sont bien nécessaires pour faire admettre à de soi-disant experts qu’il n’est pas possible de donner satisfaction à tous.
Mais le Père Dantonel ne reste pas confiné dans son bureau. Il s’intéresse à l’apostolat parmi les jeunes et avec Bernard Blais et Michel Arro il devient aumônier de la J.E.C. s’occupant plus spécialement d’une école de filles tenue par les Dames de Saint Maur à quelque 30 kilomètres de Penang, dans la petite ville de Kulim au cœur des plantations d’hévéas et de durians. Tous les mercredis – c’est le jour de repos au Collège – le repas de midi terminé, c’est le départ des motos pour des réunions de formation auprès des différents groupes. Pendant les vacances ce sont des camps et des réunions régionales rassemblant des centaines de jeunes. Parmi ces « jécistes » il y a de nombreux non baptisés qui à travers les écoles catholiques où ils étudient ont accepté les valeurs de l’évangile. C’est un terrain bien préparé pour aller plus loin vers le Christ, et Jean aura la joie d’accompagner plusieurs jeunes au baptême.
Au séminaire il a un très bon rapport avec les étudiants, en particulier ceux de Thaïlande. Homme pondéré, de bon conseil, mais en même temps très ouvert, il est apprécié comme directeur spirituel. Les Thaïlandais sont alors le groupe le plus nombreux au Collège qui compte parmi ses professeurs un ou deux prêtres thaïs. Aussi lorsque s’ouvre un grand séminaire près de Bangkok, Jean acceptera l’invitation des évêques lui demandant d’aller y servir comme professeur de philosophie.
En Thaïlande (1972 - 2010)
Après six ans au Collège Général de Penang, Jean arrive en Thaïlande et entreprend l’étude de la langue en 1972 pour pouvoir enseigner la philosophie thomiste, non plus en latin ou en anglais mais en thaï cette fois. Il écrira qu’il doit faire face à un sérieux obstacle : les termes classiques de la philosophie (l’être, l’existence, l’acte, la puissance, le sujet, l’objet, et cetera) n’existent pas dans la langue thaï. Au début, il utilise des mots forgés à partir du sanscrit, comme le font les professeurs de philosophie dans le pays, mais ces mots sont inintelligibles aux gens simples parlant le langage du peuple. Au fil du temps, Jean va tenter de découvrir, à travers la langue de tous les jours, quelle conception de la vie humaine et quel sens de l’existence se dégagent de la culture thaïe. (cf. Un chemin vers la Vérité par Jean Dantonel, publié dans la Revue MEP N° 310 – Juin 1996).
Chacun sait que, dans la plupart des pays d’Asie, l’enseignement fait appel à la mémoire, obligeant les élèves à apprendre par cœur. Jean s’efforcera toujours non sans mal, dans ses cours et la direction spirituelle, d’ouvrir l’esprit de ses étudiants, de leur apprendre à réfléchir sur les réalités de la vie et de les élever vers la recherche de la Vérité. Un professeur du séminaire m’a dit qu’il appréciait beaucoup la présence de Jean dans le corps professoral et au milieu des séminaristes, car il leur apportait un plus, un autre regard dans la manière de voir les choses et d’aborder les questions. Il était très apprécié pour son souci de proximité avec les séminaristes, même sur les terrains de sport.
Les activités de Jean ne se limitaient pas à l’enseignement de la philosophie, il a aussi été directeur spirituel pendant 17 ans. Chaque année, il avait entre 20 et 30 dirigés, ce qui était fort pesant. Pendant les périodes de vacances, les séminaristes organisaient des camps de 2 ou 3 semaines dans des paroisses. Jean y participait parfois ; plus souvent il tenait à évaluer les bilans avec les groupes, dans le souci de leur formation. Par ailleurs, il acceptait de prêcher des retraites à des communautés de prêtres ou de religieuses. Il arrivait qu’il se plaigne d’une surcharge de travail, mais il ne savait presque jamais dire non aux sollicitations diverses qu’il recevait.
En 1978 Jean Dantonel a été rappelé en France par le Père Léon Roncin, supérieur général de l’époque, qui lui a confié une responsabilité à laquelle, semble-t-il, il ne s’attendait pas. Il se mit sans attendre à la tâche qui lui était confiée : tout en collaborant avec le service d’information missionnaire de la Société il devrait avoir pour premier souci la pastorale des vocations. Informer donc mais chercher à rencontrer et aussi aider au discernement les jeunes qui se poseraient la question d’un engagement missionnaire à l’étranger. Depuis plusieurs années déjà le nombre des entrées au séminaire avait diminué de manière préoccupante dans tous les diocèses de France. Aux Missions Étrangères, depuis la fermeture du séminaire de Bièvres, on comptait sur les doigts d’une seule main les quelques candidats qui s’étaient présentés pour devenir aspirants. Les effets de la crise de mai 1968, révolte contre la société traditionnelle tout autant que contre le pouvoir politique, se faisaient sentir aussi dans les familles de tradition chrétienne et dans l’Église. L’enseignement du concile Vatican II n’était pas toujours bien compris par les fidèles. L’insistance sur la responsabilité des laïcs avait pu entrainer chez certains une dépréciation de la fonction du prêtre. La reconnaissance des valeurs contenues dans les religions non chrétiennes était interprétée ici ou là comme si les adeptes de ces religions n’avaient pas besoin de la lumière de l’évangile et du salut apporté par Jésus Christ. Pour toutes ces raisons il était sans doute devenu plus difficile pour un jeune chrétien de penser à une vocation de prêtre missionnaire.
De retour en France après quatorze ans d’absence, Jean Dantonel trouvait un monde bien différent à certains égards de celui qu’il avait connu au temps où il se préparait lui-même à partir en mission. En multipliant les voyages en province pour rencontrer dans les diocèses les responsables de la pastorale des vocations, il prit vite la mesure des changements survenus pendant qu’il était en Malaisie et en Thaïlande. Toujours il garda le souci de se présenter non pas comme un concurrent cherchant simplement à “recruter” en récoltant sur le terrain semé par d’autres, mais comme un témoin venu faire part de son expérience, désireux de collaborer à l’œuvre commune. Il s’efforça également de prendre contact avec quelques unes des communautés nouvelles qui avaient vu le jour en France après le concile, dont certaines étaient parvenues à rassembler des jeunes ne trouvant pas dans les paroisses traditionnelles le soutien dont ils éprouvaient le besoin pour progresser dans la vie chrétienne. Jean Dantonel se rendait en particulier chaque année aux rencontres organisées à Paray-le-Monial par la communauté de l’Emmanuel. Ces rencontres dont il appréciait beaucoup l’atmosphère fraternelle, étaient pour lui autant d’occasions d’entretenir des relations avec des chrétiens désireux de vivre en témoins de l’évangile, et de faire connaitre aux participants les besoins des Églises d’Asie. À son retour à Paris après la session de Paray-le-Monial il semblait lui-même tout revigoré, comme s’il avait trouvé dans la rencontre de nouveaux motifs pour accomplir sa mission.
Pendant l’Assemblée générale de 1980 Jean Dantonel fut élu quatrième assistant du supérieur général. À ce titre pendant les six années suivantes, tout en gardant la responsabilité de la pastorale des vocations, il prit part régulièrement aux réunions du conseil et put ainsi apporter sa contribution à la préparation de toutes les décisions de quelque importance. Il était plus spécialement chargé de la correspondance avec les missions de Malaisie-Singapour et de Thaïlande. Ceux qui ont travaillé avec lui au cours de cette période, dont le signataire de ces lignes, ont gardé le meilleur souvenir d’un confrère toujours disposé à rendre service. Il aimait les belles liturgies et aidait volontiers à les préparer quand on faisait appel à lui. Amateur de musique, il allait volontiers assister le soir à un concert dans l’une ou l’autre église de Paris, sans oublier d’inviter quelque habitant de la rue du Bac à l’accompagner.
Au terme de son mandat en 1986 il a accepté simplement d’être remplacé par un autre et demandé à repartir pour la mission à laquelle il s’était attaché. La suite a montré qu’il devait là aussi rendre de grands services.
À la suite de l’Assemblée générale MEP de 1986 où il avait été question de l’accueil de prêtres indiens dans la Société, le Père Jean Jacquemin, supérieur régional, avait suggéré à la Conférence épiscopale de fonder une société missionnaire de Thaïlande. L’idée avait été bien reçue, mais rien ne bougea pendant des années. Finalement, un évêque a proposé au Père Jean Dantonel, professeur au séminaire, de partager ce projet avec les séminaristes. Jean a donc organisé au séminaire des réunions de réflexion. Beaucoup de séminaristes se sont montrés intéressés au début, puis leur nombre a diminué. Jean a entrepris de donner des cours de missiologie aux plus motivés. Le premier prêtre a été ordonné en 1992, d’autres plus tard. Les congrégations de religieuses ont été invitées à se joindre à ce projet.
Les premiers membres de la Thai Missionary Society (T.M.S.) - un prêtre et deux religieuses du Couvent des Amantes de la Croix d’Ubon - sont partis en mission au Cambodge en 1993. Par la suite plusieurs autres prêtres et religieuses seront encore envoyés au Cambodge, et quelques uns ont été affectés au service du milieu hmong dans le Nord de la Thaïlande.
Jean a pris à cœur son travail pour cette Société qu’il considérait un peu comme son enfant : il a formé ses membres et les a suivis régulièrement dans leur ministère sur le terrain. La Conférence épiscopale de la Thaïlande l’a nommé responsable de la Société en 1996, fonction qu’il a remplie jusque 2007, date à laquelle il est devenu supérieur régional MEP. Un prêtre PIME, qui avait collaboré au début avec Jean, en est le responsable actuel.
En 2007, Jean est nommé supérieur régional de Thaïlande pour un mandat de cinq ans. Il s’installe donc à la maison régionale de Silom road. Mais il est toujours resté en lien étroit avec le grand séminaire et il a continué à y donner des cours de philosophie une journée par semaine ; la formation des prêtres locaux a été sa vocation toute sa vie. À Bangkok, il devenait responsable de la maison, chargé de l’accueil des confrères, des visiteurs et des volontaires. Il était aussi aumônier de la communauté catholique francophone dont les activités pastorales lui prenaient beaucoup de temps. En 2009, la santé de Jean se délabre, il est amené à demander au vice régional d’assumer certaines responsabilités à sa place, tout spécialement la préparation de l’Assemblée générale 2010, et il doit confier au Père François Gouriou l’aumônerie de la communauté catholique francophone.
Jean avait été opéré du cancer de la prostate vers 1988. Par la suite, il a dû subir un traitement sous le contrôle régulier d’un médecin, mais il a pu assurer son travail au séminaire sans ennuis sérieux. Vers la fin de l’année 2008, le cancer s’est manifesté à nouveau. Dans le courant de l’année 2009, il a suivi des séances de radiothérapie, puis de chimiothérapie. Après ces dernières séances il aimait se retirer au séminaire pour s’y reposer. Finalement, le cancer s’étant propagé aux os, il a dû être hospitalisé à l’hôpital Saint-Louis. Il a supporté des moments de grande souffrance sans jamais se plaindre. Sa sœur, Marie, est venue lui rendre visite au temps de Noël 2009. Les 16-17-18 mars 2010, les évêques de Thaïlande réunis à Bangkok, plusieurs prêtres thaïs et plusieurs confrères MEP se sont succédés auprès de Jean dans sa chambre d’hôpital à l’occasion de son 74ème anniversaire. Jean nous a quittés pour la maison du Père le 20 mars vers 22h20.
Du dimanche 21 au jeudi matin 25 mars, la dépouille de Jean a été exposée dans la salle mortuaire de la paroisse Saint-Louis où tous les soirs il y a eu des réunions de prières avec la participation de certains évêques, de nombreux prêtres thaïs et MEP, de beaucoup religieux et religieuses et de simples fidèles. Le 25 mars, le corps a été transporté à l’église Saint Pierre de Samphran où a eu lieu la messe des funérailles et l’inhumation au cimetière. La cérémonie a rassemblé beaucoup de monde : 8 évêques, près de 200 prêtres et plusieurs centaines de fidèles. Il faut savoir que 6 évêques sur 10 de l’Église de Thaïlande ont été les disciples de Jean et plusieurs centaines de prêtres diocésains et religieux ont été également ses disciples, soit à Penang en Malaisie soit à Samphran en Thaïlande. L’archevêque de Bangkok qui présidait la messe l’a dit : « Le Père Jean Dantonel n’a pas construit d’édifice de culte mais, toute sa vie, il a formé des pasteurs pour les Églises d’Asie et des apôtres pour la Société missionnaire de Thaïlande qui travaille dans le pays et au Cambodge ».
Personnellement, j’ajouterai que tout le temps où j’étais Supérieur régional, Jean était vice régional. Nous avions l’occasion de nous rencontrer toutes les semaines et nous causions de notre travail, de la vie de l’Église dans le pays et du groupe missionnaire MEP. Il a été pour moi un ami de bon conseil. Je regrette beaucoup sa disparition car il était certainement celui de tous nos confrères qui était le plus engagé au cœur de l’Église de Thaïlande.
Michel Arro, Joseph Trébaol et Jean-Paul Bayzelon