Michel PERBET1934 - 2004
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 4164
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1966 - 1974 (Malacca)
Biographie
[4164] PERBET Michel est né le 26 mai 1934 à Soissons (Aisne).
Ordonné prêtre le 26 juin 1965, il part le 23 avril 1966 à Kuala-Lumpur (Malaisie).
Il étudie le chinois à Taiwan en 1967. Il est nommé vicaire à Seremban, dans l’État de Negri Sembilan (1968-1969). Il est chargé de la paroisse de Kuantan, dans l’État de Pahang (1969-1974).
Il est rappelé à Paris pour travailler au service Échanges France-Asie (1974-1977)). Il assure ensuite une présence au monde du travail en Bretagne (1978-1993), puis il est nommé directeur de la procure des Commissions à Paris (1993-2004).
Il meurt le 18 février 2004. Il est inhumé à Soissons.
Nécrologie
Michel PERBET
(1934-2004)
Michel Perbet est né à Soissons le 26 janvier 1934. Il est le troisième dans une famille de cinq enfants, quatre garçons et une fille. Son père est maçon. Il fait ses études à l’école communale de son quartier jusqu’au certificat d’études primaires. Il passe alors trois ans dans une école d’enseignement technique, à Saint-Amand-Montrond, Cher, obtenant un C.A.P. de cuisine, section hôtellerie. Puis, placé par l’école, il travaille pendant deux ans au buffet de la gare de Bourges, avant de s’engager dans la Marine, où il deviendra fourrier. «Du plus loin où remontent mes souvenirs –l’école maternelle- je me souvient qu’à la question : «Que ferez vous plus tard ?» posée à chacun des élèves par la maitresse, j’avais répondu : «Je serai curé,» ce qui valut d’ailleurs l’ironie de mes camarades.» Dès l’âge de sept ans, il est enfant de chœur dans sa paroisse, mais après la Communion Solennelle, il ne fréquente plus guère l’église. Ses parents le laissent libre et c’est lorsqu’il est au travail que «profitant des rares dimanches libres, je retournai à l’église.»
Un sermon de Mgr. Rastouil sur les vocations et un lien d’amitié avec un séminariste de Soissons réveillent en lui le désir du sacerdoce. Mais n’est il pas trop âgé? Et puis il n’a pas fait d’études secondaires. Incapable de se décider, il se donne du temps en s’engageant pour cinq ans dans la Marine! Voilà qui lui permettra de réfléchir. Il fait un stage dans une école de comptabilité et, devenu fourrier, est envoyé pour deux ans et demi au Viêtnam, Haïphong et Saïgon. Il est ensuite à bord du porte-avion La Fayette, où il est très estimé de ses chefs, qui le voient partir avec regret. Son aumônier, l’abbé Lafite souligne le témoignage que Michel donne autour de lui : «Il assiste et communie à la Messe quotidienne. Quoique très discret, il vit, sans respect humain, sa vie chrétienne et tous, de quelque opinion qu’ils soient, l’en estiment beaucoup.» Ses contact avec le
P. Moulin, MEP, aumônier de la base maritime de Haïphong, lui font désirer les missions d’Asie plus que le ministère en France.
Il entre en contact avec le P. Prouvost en 1957 et celui-ci le fait admettre au séminaire pour vocations tardives de Changis, où se trouvent alors sept futurs aspirants MEP. Il y passe deux ans pour une mise à niveau et rejoint Bièvres en Septembre 1959. «Jeune homme intelligent, posé, sérieux,généreux. Un peu fermé au début, puis il semble s’être épanoui. Belle âme droite, ne complique pas la vie, donne de grands espoirs pour l’avenir» lit-on dans la lettre de présentation au Supérieur Général. Lors de sa demande d’agrégation définitive, le P. Audigou écrit : «Michel Perbet me parait posséder un solide équilibre humain, une vue large sur les évènements et les personnes, une volonté de don de soi à Dieu dans le sacerdoce bien mûrie. Il a de la personnalité, il doit faire un bon missionnaire.» Des rapports précédents l’avaient dit «caustique mais pas méchant...un peu ficelle...indépendant par rapport au règlement...» mais aussi «bien à son affaire, fin, travaille sérieusement, contact agréable...a bien restauré le salon de coiffure... soutient ceux qui sont en difficulté.» Et, peut être ce qui explique tout cela: «Il est vraiment la seule vocation vraiment tardive du séminaire, ce qui lui est assez pénible.» Il avait été fourrier dans la Marine, on en fait un boutiquier.
Il reçoit sa destination pour Kuala Lumpur, Malaisie, le 12 mai 1965 et est ordonné prêtre en la cathédrale de Soissons le 26 juin suivant. Il part le 23 avril 1966 en compagnie de son condisciple et ami André Besson, nommé pour Penang. Il sera le dernier confrère MEP à être affecté à Kuala Lumpur, les lois d’immigration ne permettant plus bientôt la venue de missionnaires étrangers.
Les débuts en mission. Kuala Lumpur, Taïwan, Seremban.
Michel avait passé six mois en Angleterre, mais il avait encore des progrès à faire dans la langue, tout en goûtant la vie du pays et de l’église locale. Il est pour six mois d’acclimatation à l’église du Sacré-Cœur, avec le P. Quittât, un vétéran zélé mais pas toujours facile. En janvier 1967, toujours avec André Besson, il part pour Taïwan à l’école de langue de Hsinchu, où il apprend le mandarin et s’initie au milieu et à la culture chinoise, en compagnie de Bernard Petit et d’Yves Moal.
Dix-huit mois sont vite passés et, de juillet 1968 à mai 69, il est vicaire à Saremban, à 70 kms au sud de la capitale, faisant équipe avec les très apprécié P. Edouard Limât, curé et vicaire général, et le P. Pierre Bretaudeau, pasteur des communautés indiennes éparpillées dans tout l’état de Negeri Sembilan. Le P. Perbet trouve que l’abondance du travail paroissial en anglais lui rend difficile la mise en pratique de son mandarin, qu’il s’efforce néanmoins d’utiliser au maximum. Ses compétences en Liturgie lui valent une place dans la commission diocésaine.
Le situation politique est tendue cette année là; il y a des affrontements entre les diverses races, des tués... «nos trois Pères ont profité des heures creuses du couvre-feu pour apprendre à jouer au badmington. Ils s’affrontent parfois la nuit venue et les exclamations – ô combien savoureuses – ne sont ni en tamoul, ni en mandarin, mais en bon français, républicain ou impérial.»
Kuantan, 1969- 1974
En mai 1969, le voici à ses pièces à Kuantan, sur la côte est, à 300 kms de Luala Lumpur, sur la mer de Chine. Ville moyenne en plein développement, dans un état à forte majorité malaise et où Chinois et Indiens ne passent souvent que quelques années. Un total de2000 à 2500 paroissiens, si l’on met ensemble Kuantan, Kuala Trengganu à 200 kms plus au nord et quelques groupes éparpillés le long de la côte. Juste avant lui, le P. A. Henriot a bâti une très belle église à l’architecture originale, à la décoration intérieure en bois du pays, avec un autel fait d’un imposant tronc d’arbre. La jungle,riche en bois tropicaux, couvre la majorité de cet état de Pahang et en est la richesse.
Aidé par un vicaire tamoul originaire du Sri-Lanka, le P. Anthony Selvanayagam, lui aussi vocation tardive, – qui deviendra évêque auxiliaire de Kuala Lumpur puis évêque de Penang-il travaille en étroite union avec les Frères de Saint-Gabriel et les Franciscaines Missionnaires de Marie, qui animent écoles et jardins d’enfants. Liturgie soignée, apostolat des laïcs, œcuménisme et dialogue inter-religieux, tous ils vont de l’avant. Ils obtiennent l’accord de l’archevêque pour préparer au diaconat permanent un paroissien indien, père de famille. Il sera ordonné en avril 1974, dernier cadeau de Michel avant son retour en France. Aujourd’hui, à 71 ans, A. P. Thomas continue de servir dans la paroisse de Kelang. Comme pasteur en Malaisie, le père Michel Arro, il était très près des paroissiens et partageait beaucoup avec le clergé local. Il était ouvert aux besoins des gens et savait prendre des voies nouvelles : il sera le premier à proposer et à former un diacre marié, en plein accord et coopération avec son vicaire, maintenant évêque de Penang. Et ce, à Kuantan, paroisse de la côte Est, en plein milieu musulman. Une décision prophétique, qui interroge encore aujourd’hui.
Les Franciscaines Missionnaires de Marie, qui ont travaillé avec lui à Kuantan, donnent ce témoignage: «Le P. Michel est arrivé au moment où la paroisse avait besoin de dynamisme et d’audace. Un vent de renouveau, avec un large sourire et un cœur d’or, plein d’énergie et de vitalité. Il voit chez chacun de la bonté et sait se réjouir avec ceux qui l’entourent. Il est pasteur et ami. Mais nous, religieuses missionnaires, ont plus spécialement bénéficié de son zèle. Il nous a appris à vivre la mission. Nous l’accompagnons dans les communautés éparpillées au loin. Nous n’hésitons pas à marcher à sa suite à travers les champs inondés et à passer des ruisseaux à gué pour arriver auprès des pauvres et des isolés. Le retour se fait tard dans la nuit, après minuit, et un voyage fatigant. Mais quelle joie ! Il est «at home» avec les gens des villages. Il prie avec nous, partage nos repas... et nous apprend à laver et essuyer plats et assiettes. Nous venons d’apprendre son départ vers le Père. Merci, Père Michel, pour tout ce que vous avez été pour nous.»
Et le P. A.Volle écrit : «Je me souviens d’un voyage en voiture, de Paris à Genève. Il me parlait de ses aventures de séminariste travaillant dans des hôtels touristiques pendant la saison des vacances. Son séjour à Kuantan fut pour lui un temps fort de sa vie. Avec Mgr. Selva, alors son vicaire, et les religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie, il faisait figure de pionnier. Je le revis, toujours souriant et encore au travail quelques mois avant sa mort, à Paris, et je pensai qu’il n’avait pas raté sa vie.»
En France 1974-2004
Depuis le début de 1973, le P. Perbet fait partie du Conseil élargi de la Région, et tout normalement est choisi, avec le P. Catel, pour représenter les confrères de Malaisie – Singapour à l’Assemblée Générale de 1974. Les Supérieurs de Paris savent que, vu les lois sur l’immigration, son séjour en Malaisie approche de sa fin – il faut quitter le pays après dix ans de présence. Ils le nomment alors au service E.F.A. (Echanges France – Asie) de la Société, pour participer au travail de l’animation missionnaire en France. Il y travaillera trois ans avec compétence.
La vie missionnaire du P. Perbet en France a été rédigée presque en totalité d’après les homélies prononcées par le père Etcharren, supérieur général, aux deux célébrations de ses funérailles, d’abord à la chapelle de la rue du Bac puis à celle de la cathédrale de Soissons, à partir des lectures choisies : À Paris : I Jn 3, 14. 16- 20. – Lc 12, 35-38.40. et à Soissons : Apo. 21, 1- 5a.6b- 7. – Jn 14, 1- 6.
«Le Seigneur avait dit à ses Apôtres : Là où je suis, vous y serez aussi. Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. Nous connaissons la réflexion de Thomas : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? Il peut arriver qu’à un moment de la vie du prêtre et du missionnaire, de nouvelles questions se posent, la vue se brouille plus ou moins, il ne sait plus très bien où il doit aller, où va le Seigneur et où le Seigneur veut le conduire. Michel a connu aussi cette épreuve, cherchant dans de nouvelles insertions, dans le monde du travail, en particulier auprès des marins, une voie où il lui semblait devoir porter en équipe avec d’autres, un témoignage missionnaire mieux adapté aux besoins de cette époque. Il prendra alors quelque distance d’avec la Société, sans pour autant interrompre une relation qu’il poursuivait par correspondance ou par des liens entretenus avec des responsables de la Société. Il travailla donc de 78 à 93, d’abord à Brest, puis à Saint Nazaire. En 86, il était à la compagnie maritime Worms dont il devint chef de service.
Michel n’avait pas perdu le contact avec le Christ. Après la mort de sa Maman qu’il avait tenu à aider jusqu’au bout, c’est une des raisons pour lesquelles il avait supporté de rester en France, et parvenu à l’âge de la retraite professionnelle, il se met à nouveau au service des MEP. Il accepte la charge de la Procure des Commissions qui consiste à répondre aux multiples appels des confrères, d’Asie et d’ailleurs, à leur procurer ce dont ils ont besoin pour leur vie personnelle et pour leur mission. Ce faisant, il va retrouver l’orientation et la dimension qu’il avait voulu donner à son existence dès sa jeunesse, avec un esprit de service qu’il avait d’ailleurs gardé tout au long de sa vie de travail. Par le travail accompli dans la discrétion, par la prière partagée avec ses frères, il sera à nouveau proche de cette immense Asie où il avait choisi de servir et d’annoncer l’Évangile.
Il en sera d’autant plus proche que notre maison de la rue du Bac accueille de nombreux prêtres étudiants venus d’Asie. Il en est manifestement heureux et tisse avec nombre d’entre eux des liens d’amitié. Beaucoup ont témoigné de l’aide qu’ils ont reçue de lui, surtout de la qualité de son accueil, ce qui est tellement précieux lorsqu’on arrive pour la première fois dans un pays étranger. Des témoignages de reconnaissance et de sympathie continuent de nous parvenir depuis l’annonce de sa mort.
Michel savait, par vocation et par expérience, qu’il nous appartient de travailler à cette cité nouvelle dont parle l’Apocalypse... Notre participation, si modeste soit- elle, fait partie du projet de Dieu. Elle peut prendre des formes diverses, sa réalisation dépendant en partie des charismes de chacun, mais il arrive parfois que nous soyons appelés à nous unir plus étroitement à la Passion du Christ... Michel a connu cette union au Christ dans sa Passion et on peut dire que là, plus que jamais, son cœur et ses bras se sont ouverts aux dimensions du monde, comme le cœur et les bras de Jésus sur la Croix.
Après des passages difficiles de sa vie, des périodes assez tourmentées, je crois que Michel a connu ici cette paix du cœur dont parle saint Jean. Nous n’avons peut-être pas toujours fait ce qu’il fallait pour l’y aider et si nous y avons été pour quelque chose, remercions le Seigneur de nous avoir permis de collaborer à son œuvre. Michel a fait preuve de cette paix du cœur tout au long de sa longue maladie et cette paix l’a rendu fort. C’est dans l’épreuve en effet que s’est manifestée à lui la grâce de la vigilance, de la lucidité et du courage serein. Personne ne peut souhaiter d’être soumis à une telle épreuve et, sans doute, personne ne le souhaite, sous prétexte qu’elle nous aiderait à rester prêts, en réponse à la Parole : Vous aussi, tenez- vous prêts. Il a tout essayé pour tenter de guérir. La souffrance aurait pu susciter la révolte. La souffrance n’est jamais désirable, mais lorsqu’elle arrive, la paix du cœur, le courage du combat et la présence des amis, sont des dons précieux que Dieu lui-même prépare pour ses serviteurs».
La course de Michel s’est arrêtée le mercredi matin 18 février 2004, vers 04h00, à l’hôpital Bichat. Il fut ramené le lendemain au 128. Dans la soirée de ce jeudi, une veillée de prière réunit la communauté autour de lui, à la chapelle. Le lendemain, après des obsèques à 07h00 à la rue du Bac qui rassemblaient la quasi totalité des pères MEP, nombre de prêtres asiatiques, quelques membres de sa famille, ainsi que du personnel laïc de la maison, il fut transféré à Soissons où il avait désiré retourner, pour que ses funérailles soient célébrées là où il avait été ordonné.
À 11h00, dans la chapelle de la cathédrale, une autre Messe fut célébrée, présidée par le Supérieur général. Y participaient 23 prêtres, MEP et asiatiques, partis en car,
quelques prêtres du diocèse, dont l’un avait été ordonné en même temps que lui en 65, sa famille et une quarantaine de fidèles.
Le père Marcel Herriot, évêque de Soissons, empêché par une réunion était cependant venu saluer l’assemblée. Michel repose au cimetière de Soissons, auprès de ses parents. Et, en guise de conclusion, cette appréciation posthume du père Michel Arro :
Michel Perbet a du style et un certain chic. Il s’habille avec élégance, mais sans recherche; il accueille avec des manières, mais on est vite à l’aise avec lui. Une délicatesse vieux style qui parfois peut être prise pour de la préciosité. Il y a chez lui un vernis appris à l’école hôtelière, mais aussi des attitudes qui rappellent cinq années dans la Marine. Derrière son bureau de la Procure des Commissions, il est plus l’ami, le confrère, que l’administrateur expédiant les affaires courantes. Il sait donner son temps et son attention, écouter et encourager. Lui, qui est passé par des moments de crise, respecte ceux qui cherchent et ceux qui souffrent.
Jean Pierre Morel, à partir de documents de Michel Arro et de Jean Baptiste Etcharren.