Pierre GOUYON1818 - 1880
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0493
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1845 - 1880 (Pondichéry)
Biographie
[0493] GOUYON Pierre, né le 17 mars 1818 à Couffy en Corrèze, fait ses études dans son diocèse. Il y est ordonné prêtre le 11 juillet 1841. Entré au Séminaire des MEP, le 30 mai 1844, il est envoyé, le 16 septembre suivant, dans le vicariat apostolique de la Côte de Coromandel, dont une partie devait former en 1845 la mission de Pondichéry.
Débuts en mission
Affecté à Salem, d'abord comme vicaire, puis comme chef du district, il y demeure près de 10 ans. Son énergie et sa bonne humeur le rendent rapidement populaire. On le connaît partout sous le nom de Maguimenader (le Père la Gloire).
En 1848, il construit une église à Covilour-Darmaboury (1). Il achète un terrain en 1849 sur les Schevaroys (2) où l'on envisage d'installer un sanatorium, ce qui finalement ne se fait pas. Dès 1852, il ouvre des écoles de filles, chose nouvelle dans le vicariat ; la même année, il édifie l'église de Salem.
Procureur
Il est nommé en 1853 procureur de la mission et aumônier du Carmel. En 1856, il construit à Pondichéry un orphelinat pour les filles parias. Retourné dans le district de Salem, il y fonde en 1858 la chrétienté de Palipatty (1), et bâtit l'église de Cangouvely (1). Vers 1863, il exerce de nouveau les fonctions de procureur et d'aumônier du Carmel. Il entreprend alors d'enseigner aux religieuses à lire le latin, afin qu'elles puissent réciter le bréviaire et il y réussit. Quant à son rôle de procureur, il a une manière de le comprendre qu'il définit ainsi : ‘‘J'ai bien plus tôt fait de me plier aux idées des confrères que de plier les confrères aux miennes.’’ Paroles d'un homme sage, pratique et aimable.
Il meurt le 30 juin 1880 à Pondichéry.
1 – Dans les environs de Salem.
2 – Hautes collines autour de Yercaud, au nord de Salem.
Nécrologie
M. GOUYON
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY.
Le 30 juin , Dieu a récompensé dans la personne de M. Gouyon 35 années d’un apostolat qui fut plein de labeurs et fécond en mérites.
Né à Couffy, au diocèse de Tulle, le 17 mars 1818, M. Pierre Gouyon, après avoir achevé ses études et reçu le sacerdoce dans son pays natal, entra au Séminaire des Missions Étrangères en mai 1844. Destiné à la Mission de Pondichéry , il partit le 16 septembre de la même année et s’embarqua avec trois autres confrères , sur l’Amable de Bordeaux.
Nous empruntons à une lettre de Mgr Laouënan, les détails sur la longue et laborieuse carrière de celui que Sa Grandeur honora constamment de son estime et de son amitié.
« A peine arrivé dans l’Inde à la fin de 1844, et quoiqu’il ne parlât pas encore la langue du pays, le P. Gouyon fut envoyé à Salem. A cette époque, les Missionnaires étaient peu nombreux, et il était nécessaire de les employer dès qu’ils étaient débarqués. Au reste, il ne tarda pas à acquérir l’usage de la langue et à se mettre en état d’administrer le pays confié à ses soins.
« Le district de Salem comprenait alors toute la province du même nom : sa superficie égalait celle de trois ou quatre de nos départements français et sa population était d’environ 1,800,000 âmes. Au moment où le P. Gouyon arriva, on y comptait 10,000 chrétiens , disséminés sur tout ce vaste territoire et qui se rattachaient à une trentaine de stations ou d’églises . Le Père Gouyon devait visiter toutes ces stations, pour donner ses soins aux néophytes et travailler à la conversion des idolâtres. Malgré son activité infatigable, le temps lui manquait pour répondre aux exigences d’un ministère aussi laborieux. Il aimait à nous dire qu’à cette époque sa demeure la plus habituelle était la selle de son cheval, parce qu’il y passait plus de temps que dans aucune de ses stations. (Aujourd’hui cette province compte de 25 à 30,000 chrétiens , et est divisée en onze districts, avec douze Missionnaires)
« Sa bonne humeur ordinaire, ses bons mots, son caractère décidé et énergique, son application infatigable au travail, son dévouement absolu aux intérêts spirituels et temporels des chrétiens qu’il protégeait en toute rencontre , l’avaient rendu extrêmement populaire ; et encore aujourd’hui nul nom n’est mieux connu et plus légendaire parmi nos fidèles que celui du P. Maguimé Nader, le Seigneur glorieux (c’était le nom qui lui avait été donné).
« Il resta dans ce poste 8 ou 9 ans, au bout desquels il fut appelé une première fois à Pondichéry pour remplir l’emploi de Procureur de la Mission. Mais le souvenir de sa vie active, son attachement pour ses chrétiens , et l’affection dont ceux-ci le payaient de retour ne permirent pas de le garder longtemps dans cette charge. Il retourna donc à Salem et y resta encore quelques années. Puis des infirmités précoces étant survenues, il fut de nouveau appelé à la Procure.
« Dans ce poste, il se montra tel qu’il avait été dans le ministère actif : toujours égal d’esprit et de caractère, toujours occupé soit à la correspondance, soit à ses comptes, soit au confessionnal et à la direction des Carmélites indigènes , soit à surveiller des constructions d’églises , de communautés, d’hôpitaux, et à mille autres soins qui sont inhérents à cet emploi. D’une serviabilité admirable, il était tout à tous, aux plus petits aussi bien qu’aux plus grands, accueillant tout le monde avec affabilité.
« La Procure de la Mission de Pondichéry est comme la Procure générale de toutes les Missions du Sud de l’Inde : presque tous les objets et commissions qui viennent d’Europe y arrivent. C’est pour le Procureur un surcroît de travail et de correspondances dont notre cher P. Gouyon s’acquittait comme en se jouant.
« Que dirai-je de nos relations personnelles ? Il était l’âme de nos récréations, ayant toujours des histoires à raconter ; patient, de bonne humeur, supportant tout , quoiqu’il sentît vivement, affectueux, dévoué, toujours prêt à rendre service, à donner un bon conseil (et il était homme de bon conseil) : aussi possédait-il la confiance de tout le monde, de ses Confrères , et même des laïques. Pour moi j’ai perdu en lui un ami et un collaborateur dont je sentirai toujours l’absence. J’avais espéré que je mourrais avant lui, mais le bon Dieu en a jugé autrement.
« Rien ne nous avait fait pressentir sa mort, aucun signe de fatigue ne s’était manifesté ; le matin du 30 juin, j’avais longuement conféré avec lui de différentes affaires, et son esprit avait toute sa lucidité ordinaire ; à la récréation qui suit le dîner, il avait montré la même gaîté qu’à l’ordinaire, lorsque, vers cinq heures du soir, pendant qu’il écrivait une lettre (que j’ai dû ensuite terminer), il fut pris soudain d’un violent mal de tête, qui l’obligea à quitter son travail. Averti aussitôt, j’accourus auprès de lui ; en me voyant il me dit, mais avec beacoup de peine : « tête, tête. » Il était évident qu’il y avait congestion.
« Je m’assis aussitôt à son bureau pour écrire au médecin de venir le voir. Il devina mon intention, et s’écria : « Rien, rien ; tête seulement ; » comme pour me faire entendre qu’il n’y avait pas lieu d’appeler le médecin. Quelques instants après , le docteur arriva, reconnut une congestion ou hémorragie du cerveau avec paralysie et ne nous laissa aucun espoir de conserver notre cher malade. Je lui administrait immédiatement les derniers sacrements. A sept heures, il avait perdu connaissance. Vers dix ou onze heures, il se produisit une légère réaction dans son état, mais sans efficacité, et à minuit il rendit son âme à Dieu, au moment où la cloche du Carmel qu’il avait tant aimé, et pour lequel il avait tant fait, appelait les religieuses à l’office de la nuit.
« La nouvelle de sa mort se répandit immédiatement , et, dès quatre heures du matin, nos portes étaient assiégées par la foule qui voulait le voir encore et prier autour de lui. Toute la journée ce fut un concours continuel, dans lequel les païens prirent part aussi bien que les chrétiens , car il était universellement connu et aimé. A midi je fis porter et accompagner son corps à la chapelle des Carmélites, afin de donner à ces saintes filles la consolation de voir encore une fois leur père.
« Les obsèques eurent lieu à cinq heures du soir, au milieu d’un concours immense et sympathique, et j’eus la douleur de rendre les derniers devoirs à l’ami et au confrère de qui j’avais espéré les recevoir moi-même … »
« La douleur causée par sa mort, écrit encore Mgr Laouënan, a été générale ; la population entière de la ville est venue prier devant son corps et l’a conduit à sa dernière demeure. Pour moi, je perds en lui un de mes meilleurs amis et mon collaborateur le plus actif… C’était un vaillant missionnaire, un bon prêtre et un excellent confrère… »
Références
[0493] GOUYON Pierre (1818-1880)
Notes bio-bibliographiques. - A. P. F., xxxii, 1860, Histoire d'une jeune carmélite indienne, p. 381. - A. S.-E., xxxii, 1881, p. 214. - M. C., xii, 1880, p. 431. - Ann. Sainte-Face, 1888-89, p. 244.
Hist. miss. Inde, Tab. alph. - Vingt ans dans l'Inde, p. 12. - Vie de Mgr de Marion-Brésillac, p. 403.
Notice nécrologique. - C.-R., 1880, p. 109.