Louis DAGUIN1836 - 1886
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0768
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1860 - 1873 (Malacca)
- 1874 - 1885 (Malacca)
Biographie
[768]. DAGUIN, Louis-Armand, naquit le 27 août 1836, à Vimoutiers (Orne). Entré laïque au Séminaire des M.-E. le 16 septembre 1857, il reçut le sacerdoce le 2 juin 1860, et partit le 15 juillet suivant pour la Presqu'île de Malacca. D'abord vicaire à Malacca, il apprit dans cette ville l'anglais, le portugais et le malais, qu'il parlait bien. Nommé en 1863 vicaire à la paroisse du Bon-Pasteur, à Singapore, il devint curé de Malacca en 1867, et en cette même qualité retourna au Bon-Pasteur à Singapore en 1869.
Malade en 1873, il vint se soigner en France, et en profita pour faire réimprimer à Lisieux la traduction, en malais, de l'Imitation de Jésus-Christ. (Voir BIGANDET).
En 1874, il réintégra son poste, et peu après, Mgr Le Turdu le nomma procureur de la mission. Epuisé de nouveau à la fin de 1885, et près de devenir aveugle, il regagna la France. Il expira le 5 juin 1886, au Séminaire des M.-E. à Paris.
Nécrologie
M. DAGUIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA PRESQU'ILE DE MALACCA
Né………… le 27 août …………1836.
Parti……… le 15 juillet…………1860.
Mort……… le 5 juin…………1886.
M. Louis-Armand Daguin était né à Vimoutiers, au diocèse de Séez, le 27 août 1836. En 1857, il entra au Séminaire des Missions-¬Étrangères où il fit toutes ses études théologiques. Ordonné prêtre le 2 juin 1860, il partit le 15 juillet suivant pour la presqu'le de Malacca.
C'est dans le district même de Malacca que le P. Daguin a travaillé jusqu'au commencement de 1869; il était chargé de la chrétienté et des établissements de la ville et des environs, pendant que le P. Borie s'occupait de l'évangélisation des sauvages mantras.
Quand la maladie força le P. Beurel à quitter son poste de Singa¬pore, c'est le P. Daguin qui fut appelé à l'y remplacer. La paroisse du Bon-Pasteur, au soin de laquelle il dépensera jusqu'à la fin son zèle et ses forces, n'a peut-être pas sa pareille au monde.
« D'abord, écrit Mgr Gasnier, elle est composée des éléments les plus discordants. Vous y avez le Français, l'Anglais, l'Écossais, l'Irlandais, l'Allemand, le Hollandais, l'Italien, l'Espagnol, le Portu¬gais, l'Autrichien, voire même le Russe. Ajoutez à cela des métis de toutes ces nationalités et de toutes les races de l'Extrême-Orient. Telle est la population de cette paroisse. Depuis le gouverneur jusqu'à l'humble ouvrier, toutes les conditions sociales y sont représentées. Il y a des soldais, des administrateurs, des juges, des mar¬chands, des commis. Qui dira que pour un pareil poste il ne faut pas un homme extraordinaire?»
Le P. Daguin était cet homme-là. Outre le français, il se servait familièrement pour les besoins de son ministère de l'anglais, du por¬tugais et du malais. Toujours prêt au premier appel, tout entier à son ministère, on peut dire qu'il ne vivait que pour le bien de son cher troupeau. Écoles, hôpitaux, couvent, conférence de Saint¬-Vincent de Paul, confréries, soin des orphelins, visites des prisons, toutes ces œuvres occupaient à la fois son esprit et son cœur.
En 1873, la maladie le contraignit une première fois de revenir en France. Il en profita pour faire imprimer la traduction en langue malaise de l'Imitation de Jésus-Christ. L'année suivante il put rega¬gner son poste et reprendre avec un nouveau courage et de nouvelles forces ses travaux si multiples. Un peu plus tard il dut y joindre encore les fonctions de procureur de la mission.
Depuis quelque temps le P. Daguin sentait ses forces diminuer, mais à la fin de 1885 l'anémie devint telle qu'elle le réduisit à un affaiblissement de la vue, voisin de la cécité. C'est alors qu'il se déter¬mina à suivre l'avis des médecins qui lui conseillaient un voyage en France. La communauté catholique de Singapore montra en cette circonstance à quel point elle était dévouée à son pasteur. A peine le projet de son voyage fut-il connu qu'une souscription fut ouverte spontanément parmi ses paroissiens. En quelques jours elle réunit une somme qui défrayait largement le missionnaire de ses dépenses. Au moment du départ une députation vint la lui offrir et lui exprimer en même temps le vœu de le voir revenir bientôt en bonne santé.
Le P. Daguin partit en disant au revoir à son cher troupeau, au milieu duquel il se promettait de venir travailler encore et mourir. Les débuts de son voyage le confirmèrent dans cet espoir. Au bout de quelques jours de mer, la vue lui revint peu à peu avec les forces, et sur la fin de la traversée, il pouvait déjà réciter son bréviaire. A peine débarqué en France, il se sentit déjà beaucoup mieux et se rendit au Sanatorium de Hyères. Là, il fut pris d'une bronchite; mais son état ne donna jamais d'inquiétude et il se rétablit suffisamment pour pouvoir entreprendre le voyage de Paris. Il arriva au Sémi¬naire le 27 mai au soir. Sa mine était bonne et la vue complétement revenue. A l'apparence, on n'eût pas jugé de son état de fatigue.
Les jours suivants il éprouva un malaise général qui ne l'empêcha pas néanmoins de suivre le train de la communauté et de faire quelques visites. Il se préparait à se rendre dans sa famille et déjà le jour de son départ était fixé quand le 3 juin, jour de l'Ascension, il fut attaqué par une fièvre assez forte et se trouva plus oppressé. Le soir, vers sept heures, il respirait avec peine. En l'absence du médecin, on envoya chercher le P. François de Saint-Jean de Dieu. Il prescrivit un traitement et dit qu'il avait bon espoir de voir les poumons se dégorger pendant la nuit et le malade entrer aussitôt en pleine convalescence; mais il ajouta que si l'engorgement des pou¬mons persistait, il pourrait y avoir une issue fatale et très prompte par étouffement.
On rapporta au malade le jugement du P. François et aussitôt il demanda les derniers sacrements. Le cher Père fit sa confession à neuf heures et à neuf heures et demie on lui donna le saint Viatique et l'Extrême-Onction qu'il reçut après avoir renouvelé, en présence de toute la communauté réunie, sa profession de foi et le bon propos de persévérer jusqu'à la mort dans sa vocation.
Peu après, un mieux sensible se manifesta dans l'état du malade; le lendemain matin, la poitrine était moins oppressée, la respiration plus libre. Il nous dit lui-même qu'il se sentait infiniment mieux; on put le croire en convalescence. La nuit suivante fut plus pénible. Le samedi 5 juin, M. le supérieur alla le voir à 6 heures; il le trouva assis près de son feu, mais éprouvant une crise de suffocation semblable à celle du jeudi soir. « Père, lui dit-il, vous n'avez pas le bonheur de « pouvoir dire la sainte Messe, mais moi, je vais la dire à l'instant. Formulez votre memento et je « vais l'offrir au bon Dieu, tel que vous l'aurez vous-même déterminé. » Il remercia avec effusion.
A 6 h. 3/4 le docteur vint le voir.. Il le trouva très mal. A 7 heures moins 5 minutes, il sortit, laissant le malade toujours dans son fau¬teuil, pour dire son impression à l'infirmier qui l'accompagnait. Ce fut l'affaire de quelques instants. En rentrant près du malade, l'infirmier le trouva expirant. M. Cottin, appelé en toute hâte, put encore lui donner une dernière absolution. Estote parati, quia qua hora non putatis, Filius hominis veniet. Heureusement pour lui, il était prêt.
Tout le jour et la nuit suivante, les Aspirants se succédèrent auprès du cher défunt pour réciter l'office des morts. La cérémonie des obsèques eut lieu le lendemain, 6 juin, et la messe d'enterrement remplaça pour la communauté la grand'messe du dimanche. Le deuil était conduit par les directeurs du Séminaire et par la famille de notre confrère. Ses restes ont été déposés au cimetière Montpar¬nasse dans le caveau du Séminaire. In spem beatœ resurrectionis.
Références
[0768] DAGUIN Louis (1836-1886)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1883, p. 97 ; 1884, p. 126. - Sem. rel. Séez, 1907, Notice, p. 737. - A. M.-E., 1914, pp. 73 et suiv.
Miss. orig. du dioc. Séez [même Notice que dans Sem. rel. Séez], p. 35. - An anecd. hist., Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1836, p. 212.