Joseph LANDAIS1839 - 1885
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0849
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1864 - 1885 (Hanoi)
Biographie
[849]. LANDAIS, Joseph-Michel, vint au monde le 17 juillet 1839 à Courbeveille (Mayenne), fit ses études au petit séminaire de Précigné, 1854-1857, et se présenta laïque au Séminaire des M.-E. le 15 septembre 1860. Prêtre le 10 janvier 1864, il partit le 15 mars suivant à destination du Thibet ; mais, devant l'impossibilité de pénétrer dans cette mission où la persécution sévissait, on l'envoya dans le Tonkin occidental. Il fit ses premiers essais de ministère chez les Muongs de la province de Ninh-binh, administra le district de Kim-son en 1866, puis un autre plus vaste composé des provinces de Son-tay, Tuyen-quang, Hung-hoa, et y resta jusqu'à la fin de 1873. Il dut alors se retirer, les Pavillons-Noirs envahissant le pays ; il y revint en 1876, et réorganisa les chrétientés dévastées.
Entre temps, il avait été chargé du poste de Hanoï, et y avait rendu de sérieux services à la cause française, lors de la période de troubles qui suivit l'expédition de F. Garnier ; il y retourna au début de 1878 et y conquit l'estime générale. Les officiers français et les autorités annamites lui témoignèrent toujours une grande confiance, et recoururent souvent à ses soins obligeants. Le 13 mai 1883, sa résidence fut attaquée par les Pavillons-Noirs ; il la défendit bravement avec ses néophytes et repoussa les assaillants. Ces derniers renouvelèrent leur tentative dans la nuit du 15 au 16 mai de la même année et furent encore contraints à la retraite, grâce au concours de cinq marins envoyés par le commandant Rivière.
En 1884 et en 1885, Landais se surmena pour assurer le service religieux de la paroisse et de l'hôpital militaire ; il tomba malade et alla se reposer au petit séminaire de Hoang-nguyen, où il s'éteignit le 31 août 1885.
Nécrologie
M. LANDAIS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONG-KING OCCIDENTAL
Né le 17 juillet 1839.
Parti le 15 mars 1864.
Mort le 31 août 1885.
Les apôtres du Tong-King Occidental succombent les uns après les autres, et pour la quatrième fois, en la seule année 1885, Mgr Puginier écrivait au Séminaire des Missions-Étrangères, annonçant une nouvelle de mort. Cette fois, il s’agissairt d’un de ses plus dévoués et plus anciens collaborateurs. Nous reproduisons en grande partie la notice que le vénérable Évêque nous a envoyée sur les travaux et la mort de notre regretté confrère.
« M. Joseph-Michel Landais, né à Courbeveille, dans le département de la Mayenne, fit ses études au Mans, où il les avait commencées avant la division du diocèse. Une voix intérieure, qui fut jugée par le directeur de son âme comme venant de Dieu, l’appela aux missions ; il alla étudier la théologie au Séminaire des Missions-Étrangères.
« Ordonné prêtre en 1864, il fut destiné au Thibet, mais les circonstances ne lui permettant pas alors d’entrer dans sa mission, il fut envoyé au Tong-King Occidental. Peu de temps après son arrivée en mission, Mgr Jeantet le plaça à côté de moi, pour s’initier à l’étude de la langue, aux us et coutumes du pays. Ses progrès furent rapides et au bout de quelque temps il fut jugé capable d’aller faire ses premiers essais du ministère apostolique dans les chrétientés sauvages ( Muong) de la province de Ninh-Binh, où il contracta la fièvre des bois.
« En 1866, M. Landais fut chargé du district de Kim-Son, dans la province de Ninh-Binh, où il eut la surveillance de trois paroisses, comprenant 25,000 chrétiens, administrés par sept prêtres indigènes. Il y travailla avec beaucoup de zèle et de fruits jusqu’à la fin de l’année 1867.
« Le district nord de la mission était alors composé des provinces de Son-Tay, Tuyen-Quang, Hung-Hoa, pour toute la partie qui regarde notre Vicariat, car deux de ses provinces nous sont communes avec les RR. PP. Dominicains ; il comptait plus de 14,000 chrétiens et avait par conséquent besoin d’un missionnaire déjà formé. M. Landais y fut envoyé pour réparer les malheurs occasionnés par de longues années de persécution. Pendant six ans, il visita à différentes reprises les six paroisses de ce district où il sut se faire aimer des prêtres indigènes et des chrétiens. Il y a peu de chrétientés qu’il n’ait visitées en personne, souvent au péril de sa vie, car ces pays de montagnes sont toujours malsains pour les étrangers. Plusieurs fois, il faillit tomber entre les mains des Pavillons-Jaunes qui ravageaient le pays, mais son bon ange le retira toujours du danger.
« A la fin de 1873, obligé de fuir devant les Pavillons-Noirs, qui venaient attaquer M. Francis Garnier, le P. Landais dut gagner le Delta. Je le retins auprès de moi, pour lui confier le poste de Ha-Noi dans un moment bien critique et bien douloureux. Pendant plus de deux ans qu’il l’occupa, il rendit de grands services à la cause française, aux catholiques annamites et mêmes aux païens.
« En 1876, le district du nord réclamait les soins de son ancien missionnaire, la guerre, les Pavillons-Noirs et les Pavillons-Jaunes y avaient fait d’immenses ravages et cinq paroisses avaient été presque entièrement ruinées. M. Landais qui y était déjà connu des prêtres et des fidèles, était le plus apte à réparer les ruines spirituelles occasionnées par plusieurs années d’une désorganisation complète. Je le rendis à son ancien poste où l’on fut heureux de le revoir, et où, pendant deux ans, il travailla au grand contentement de tout le monde.
« Au commencement de 1878, la mort du P.Bonfils me força de rappeler le P.Landais à Ha-Noi, et c’est là qu’il a travaillé depuis lors à la satisfaction générale de son Supérieur, de tous ses compatriotes et de tous les chrétiens annamites. Les officiers et les soldats qui ont tenu garnison à Ha-Noi ont connu et aimé le P.Landais, et au besoin, ont eu recours à ses services, car personne n’ignorait son bon cœur et son dévouement. Les autorités annamites lui ont aussi témoigné une très grande confiance, et plusieurs fois elles ont fait appel à son bienveillant concours dans leurs relations avec les représentants de la France. Notre regretté défunt a souvent passé par des circonstances difficiles, mais avec son savoir-faire, avec son caractère ferme et loyal, il a toujours su se maintenir à la hauteur de sa position. »
Lorsqu’en 1883, les Pavillons-Noirs et les bandes annamites assiégèrent le commandant Rivière renfermé dans Ha-Noi, ils attaquèrent à deux reprises la maison du P. Landais. Située entre la citadelle et la concession, cette maison était trop éloignée de chacun de ces deux postes pour en recevoir des secours en cas d’attaque nocturne. Le commandant avait plusieurs fois répété à M. Landais : « Armez-vous, et si vous êtes attaqué la nuit, tâchez de tenir bon jusqu’au matin, car c’est alors seulement que je pourrai vous dégager. » Le missionnaire prit ses dispositions pour parer à tout événement. Le personnel de sa maison, catéchistes et fermiers, avait été augmenté d’un certain nombre de nouveaux chrétiens qui, pour échapper à la mort, avaient dû abandonner leurs villages par l’ennemi ; de plus M. Landais appela près de lui une centaine de néophytes, hommes robustes et d’une bravoure peu ordinaire chez les Annamites ; il leur distribua des bambous durcis au feu, des lances, une dizaine de vieux fusils, et quelques fusils de chasse que les officiers lui prêtèrent.
Ces précautions n’étaient pas inutiles ; le 13 mai, veille de la Pentecôte, vers neuf heures du soir, l’ennemi attaquait la maison de M. Landais par trois côtés à la fois. Nous ne ferons point le récit de ce combat qui dura plusieurs heures ; les Missions Catholiques l’ont déjà publié. Grâce aux bonnes dispositions prises par le missionnaire, les Pavillons-Noirs furent repoussés avec des pertes sensibles. Le lendemain, M. Landais alla exposer la situation au commandant Rivière et demanda du secours. Le commandant n’hésita pas à envoyer cinq matelots aider à la défense du presbytère. Ce fut le salut. Dans la nuit du 15 au 16 mai, en effet, les Pavillons-Noirs revinrent à la charge ; ils pénétrèrent même dans l’enclos du presbytère « il ne leur restait plus qu’à enfoncer les portes ou à y mettre le feu. Mais les matelots armés de leurs fusils à répétition étaient postés avec les missionnaires sur les vérandas, et tiraient à bout portant. Ils étaient tellement calmes qu’on eût dit qu’ils ne soupçonnaient pas le danger, aussi visaient-ils très bien et leurs coups portaient juste. L’action fut très animée de part et d’autre pendant environ deux heures. Ne s’attendant pas à une pareille résistance et se voyant très maltraités, les Pavillons-Noirs sonnèrent la retraite et leurs bandes se retirèrent en même temps. »
Mgr Puginier termine ainsi la relation de ces événements : « Je tiens par reconnaissance à faire connaître ici le nom de ces cinq matelots, et je vous prie de vouloir bien envoyer à leurs familles, le numéro des Missions Catholiques dans lequel vous ferez paraître le récit de l’attaque de nos maisons. » Nous croirions manquer à notre devoir en ne nous associant pas au sentiment du vénérable Vicaire Apostolique du Tong-King Occidental, et nous pensons que nos confrères seront heureux de connaître les noms des cinq vaillants marins qui ont sauvé la vie à MM. Landais, Rival et Bertaud et à plusieurs centaines de chrétiens. Ce sont :
Cabel, Gabriel-Marie, quartier-maître de manœuvre de 1re classe, né le 8 juillet 1849, à Plouzané (Finistère) ; Toullion, Pierre-Marie, matelot de 2e classe, gabier breveté de 1re classe, né le 25 janvier 1857 à Plemeur (Morbihan) ; Keryhuel, Jean-Louis-Désiré-Marie, matelot de 3e classe, ouvrier calfat de 2e classe, né le 8 août 1860, à Lorient ; Trotin, Yves-Marie, matelot de 3e classe, gabier breveté de 2e classe, né le 25 octobre 1859, à Plouha (Côtes-du-Nord) ; Moyéran, Jean-Marie, matelot de 3e classe, né le 28 juin 1860, à Saint-Adrien (Côtes-du-Nord).
« L’âge et la santé de M. Landais, continue Mgr Puginier, semblaient lui promettre encore de longs jours ; mais dans les chaleurs pénibles de cet été , il dut se prodiguer, pour assurer le service religieux de l’hôpital et porter à nos soldats malades paroles de consolation en même temps que les secours spirituels. Le voyant fatigué, je l’envoyai au collège de Hoang-Nguyên, situé dans un endroit très sain, afin de changer d’air et prendre quelques jours de repos. Nous espérions tous que son absence ne serait pas longue, et que grâce à la fraîcheur de l’automne, il reprendrait ses bonnes couleurs qu’il avait conservées malgré ses vingt et un ans de mission. Mais Dieu dont les vues ne s’accordent pas toujours avec celles des hommes, en a décidé autrement. Trois jours de chaleurs extraordinaires fatiguèrent beaucoup le Père, et il était décidé qu’il reviendrait à Ha-Noi pour aller se refaire au Sanatorium de Hong-kong. Le 13 août, il allait partir avec le P. Girod, lorsqu’on lui entendit dire : « Je reste ici ; si je partais, je mourrais en route. » Il put encore marcher la distance de 150 mètres environ, mais on remarquait à certains moments que les forces lui manquaient. Il dicta trois lettres importantes qu’il signa lui-même, et parfois le sourire paraissait encore sur ses lèvres. Lui seul était convaincu que sa dernière heure était arrivée : « Je suis perdu », disait-il, mais il n’en était nullement troublé et n’exprimait aucun regret. Une heure avant sa mort, la fièvre qu’il avait eue déjà le matin, le reprit plus fortement. On lui administra l’Extrême-Onction qu’il reçut assis, et peu de temps après il expirait doucement comme quelqu’un qui s’endort. Cette mort calme et sans grande souffrance est une grâce que le Seigneur lui a accordée pour les nombreux mérites de sa vie apostolique.
« M. Cosserat, supérieur du collège de Hoang-Nguyên, compagnon de voyage et ami intime de notre regretté défunt, a mis toute la diligence possible à me prévenir immédiatement. Cela m’a permis de communiquer la douloureuse nouvelle dès le matin du 1er septembre aux autorités militaires et civiles, françaises et annamites, et à tous les Européens et catholiques de Ha-Noi. Les témoignages d’affection et de regrets ont été universels, et se sont manifestés par l’assistance au service solennel que j’ai célébré le 3 septembre. Quatre généraux, un grand nombre d’officiers de tous grades, les autorités civiles françaises et annamites, la plupart des négociants ont eu à cœur d’être présents, sans parler des chrétiens de la paroisse de Ha-Noi qui étaient au complet. Cette démonstration a été une consolation pour ma vive douleur. On peut dire de M. Landais que c’était un missionnaire aimé et estimé de tous ceux qui le connaissaient. Que son âme repose en paix dans le sein de Dieu où j’espère le retrouver un jour ! »
Références
[0849] LANDAIS Joseph (1839-1885)
Bibliographie. - . (Vie dévote, par saint François de Sales). - Imprimerie de la mission, Ke-so, 1907, in-8, pp. 467.
Id. - Imprimerie de la mission, Ninh-binh, 2 vol., pp. 360.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1879, p. 86. - M. C., xi, 1870, p. 588 ; xvii, 1885, p. 563. - Sem. rel. Laval, 1885-86, p. 37.
Le Tonk. de 1872 à 1886, pp. 314, 419. - Hist. miss. Thibet, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1885, p. 252.