Joseph GÉRARDIN1841 - 1906
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0863
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1865 - 1906
Biographie
[863]. GÉRARDIN, Joseph, naquit le 13 janvier 1841 dans la paroisse de La Chapelle, commune de Thiaville (Meurthe, act. Meurthe-et-Moselle). Entré minoré au Séminaire des M.-E. le 29 janvier 1863, il reçut le sacerdoce le 17 décembre 1864, et partit le 15 février 1865 pour la mission du Kouang-tong et Kouang-si. Il commença par s'occuper des travaux de la cathédrale de Canton qu'élevait Mgr Guillemin, puis, de 1868 à 1870, dirigea le district de Tchao-tchong ; en 1870, celui de Ho-yun et Vou-nay où il ne demeura pas longtemps, et passa à Pe-né.
Nommé pro-préfet en 1875, il le resta jusqu'en 1879 ; pendant cette période, il résida à Canton, et aida, non sans peine, Mgr Guillemin bien épuisé à gouverner la mission. En 1879, il retourna à Vou-nay ; en 1881, il fut chargé de Kit-yeung où grâce à ses relations avec le général Fong il rendit de grands services aux chrétiens. C'est encore à Kit-yeung qu'il réussit en 1891, après bien des difficultés, à faire observer la clause du traité franco-chinois, qui dispense les catholiques de contribuer aux frais du culte des idoles.
En 1882, il avait élevé une chapelle et une résidence à Ta-kam-hang ; en 1893, il construisit à Swatow, presque entièrement à ses frais, une chapelle et une résidence. Il était redevenu pro-préfet en 1884 et le resta jusqu'en 1895.
Quand ses forces déclinèrent, il fut chargé de la seconde paroisse de l'île de Wai-tchao. Il y mourut le 29 août 1906.
Nécrologie
M. GÉRARDIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU KOUANG-TONG
Né le 13 janvier 1841
Parti le 15 février 1865
Mort le 29 août 1906
« M. Joseph Gérardin, originaire du diocèse de Nancy, naquit le 13 janvier 1841 à Baccarat (Nancy, Meurthe). Sur sa première enfance et son éducation, il y aurait à dire des choses qui ne seraient pas sans intérêt, car la famille Gérardin, excellente à tous égards, se distinguait par ses sentiments religieux et la tendre affection qui unissait tous ses membres entre eux. Quelques traits échappés au missionnaire, dans l’intimité, donnent à penser que jamais intérieur ne fut plus uni, ni plus heureux. C’est dans cette douce atmosphère du foyer domestique que grandit le jeune Joseph, et que se développèrent en lui les qualités d’esprit et de cœur dont il fit preuve toute sa vie.
« Étant donné la vivacité de son intelligence, il y a lieu de croire qu’il comprit de bonne heure que Dieu le voulait apôtre. De plus, de la notion bien nette de sa vocation à la résolution de la suivre, dans une âme aussi résolue que la sienne, on se figure aisément qu’il n’y eût pas loin. Il avait d’ailleurs sous les yeux l’exemple de vaillants missionnaires, ses compatriotes, et la voie lui était, en quelque sorte, tracée par les Schœffler, Krick et autres, dont plusieurs vivaient encore à cette époque.
« La meilleure preuve qu’il n’hésita pas longtemps, c’est qu’à l’âge de vingt-trois ans, au printemps de l’année 1865, il était déjà à son poste de combat. A cause du bon témoignage qu’on lui en avait rendu, le préfet apostolique de Canton, Mgr Guillemin, lui confia, presque aussitôt après son arrivée, la direction des travaux de la cathédrale de Canton, alors en construction. M. Gérardin donna toute satisfaction à celui qui l’avait choisi.
« Quelques années plus tard, alors que le district du Loui-tchao était en butte à la persécution, Mgr Guillemin, ne sachant plus à qui recourir, eut la pensée d’y envoyer M. Gérardin et s’en ouvrit au consul de France, dans une lettre où il faisait du jeune missionnaire un éloge presque sans réserve. Les circonstances ne permirent sans doute pas à Sa Grandeur de mettre son projet à exécution.
« Ce ne fut pas, en effet, à Loui-tchao qu’il envoya, un peu plus tard, son missionnaire, mais à l’est de la mission, dans le district de Tchiou-tchao, le plus important de tous après celui de la ville de Canton.
« Arrivé à Tchiou-tchao à un moment où l’œuvre de Dieu était gravement compromise, M. Gérardin justifia la confiance de son supérieur et vint à bout de toutes les difficultés. Les chrétiens du district ont conservé de lui un souvenir ineffaçable.
« Rappelé à Canton pour y succéder, comme pro-préfet, à M. Joly, il laissait au missionnaire de Tchiou-tchao une résidence convenable et une chapelle, qui a suffi jusqu’au 25 décembre 1906, jour où a été inaugurée la nouvelle et magnifique chapelle bâtie par M. Roudière. En 1879, M. Gérardin passa à un autre la procure et la paroisse de la cathédrale, et prit la direction du poste de Ho-un. Là, comme précédemment à Tchiou-tchao et à Canton, comme plus tard à Kit-yeung et à Wai-tchao, il laissa un excellent souvenir de son passage. Grâce à son zèle, à sa connaissance des hommes et des choses, et à un ensemble de qualités, qui ne se rencontrent pas toujours en un seul homme, à peine installé, il ne tarde pas à gagner la confiance des chrétiens et à se les attacher, tout en prenant sur eux un ascendant auquel personne ne pense à se soutraire. D’un autre côté, et pour les mêmes raisons, il n’est pas sans imposer aux païens du voisinage et aux mandarins eux-mêmes.
« Avec ses confrères, il est toujours aimable et gai. Pétillant d’esprit, il a des saillies qui, après de longues années, ont encore le don d’égayer ceux qui se les rappellent. Aucun des missionnaires qui ont vécu avec lui en 1884, durant notre long et douloureux exil à Hong- kong, ne lui refusera ce témoignage.
« A l’époque où la région de l’est du Kouang-tong se vit sillonnée en tous sens par des bandes de voleurs, recrutés en grande partie dans le pays même, la cour de Pékin chargea le général Fong de mettre fin à ce triste état de choses. Ce chef militaire, énergique mais un peu trop cruel, fit saisir tous ceux qui lui furent désignés par les mandarins et les notables comme coupables de brigandage. En quelques mois, des milliers d’individus se virent ainsi appréhendés, mis en prison et décapités.
« Or, dans un pays où les chrétiens vivaient mêlés aux païens, il était impossible qu’on n’en saisît pas quelques-uns, soit qu’ils fussent en réalité compromis, soit parce que des notables hostiles les avaient faussement accusés. A la nouvelle de ces arrestations, grande fut la terreur des néophytes et des missionnaires, et Mgr Chausse se demanda qui avait chance de réussir à protéger les chrétiens et les catéchumènes menacés. Son choix se fixa sur M. Gérardin, qu’il nomma, sans plus attendre, missionnaire de Kit-yeung en lui conservant son titre de pro-préfet. Le choix était des plus heureux. En effet, le missionnaire parvint à se mettre en rapport avec le redoutable général, qui lui fit bon accueil et poussa même la condescendance jusqu’à lui faire part des accusations portées contre certains chrétiens. M. Gérardin sut habilement profiter de ces bonnes dispositions et s’en servit pour venir en aide à plusieurs, qui, sans lui, auraient peut-être difficilement échappé à la mort. Le résultat fut que le passage du général Fong, dont on avait tout à redouter, eut plutôt pour effet d’augmenter le nombre des catéchumènes. L’année qui suivit, il y eut, dans le district de Kit-yeung, 242 baptêmes d’adultes.
« Cette affaire était terminée depuis longtemps, quand il s’en pré¬senta une seconde, moins grave sans doute, mais qui ne fut cependant pas sans causer au missionnaire bien des soucis. Un des principaux articles du traité conclu après la prise de Pékin entre la France et la Chine stipule que les chrétiens sont dispensés de contribuer aux frais du culte des idoles. Or, en 1891, les païens, jaloux des progrès de la religion dans le district de Kit-yeung, sans se soucier des engage¬ments pris par leur gouvernement, demandèrent aux chrétiens de prendre à leur charge une partie des dépenses à faire pour certaines cérémonies superstitieuses. N’ayant rien obtenu, ils eurent recours à la violence, maltraitant et pillant partout où ils rencontraient un refus. Ils se flattaient d’être protégés par les mandarins, dont ils connaissaient le mauvais vouloir à l’égard des chrétiens, et ne désespéraient pas d’empêcher les réclamations du missionnaire d’aboutir. De fait, M. Gérardin dut lutter fort longtemps pour obtenir gain de cause. Mais par son habileté et sa patience, à force d’instances sans cesse renouvelées, le vaillant missionnaire finit par triompher, et fit établir une jurisprudence dont profitèrent les districts voisins de Kit-yeung.
« En 1882, M. Gérardin avait bâti une fort jolie chapelle et une résidence à Ta-kam-hang, mais cette chapelle disparut en 1884, au moment de la tourmente qui causa tant de ruines dans les différents districts de la mission. En 1893, il éleva une autre chapelle à Swa-tow, port où l’on débarquait toutes les caisses venues de Hong-kong et de France à l’adresse des missionnaires de l’est. A côté de la chapelle, il établit une procure dont tout le monde reconnaissait la nécessité. Inutile de dire que le pro-préfet prit à sa charge une partie notable des dépenses.
« Cependant la santé de M. Gérardin déclinait visiblement. A lui, jadis si robuste, l’administration du district de Kit-yeung était devenue un trop pesant fardeau, qu’aggravait encore l’obligation, à titre de pro-préfet, de venir en aide assez souvent aux autres mission-naires. Aussi accepta-t-il volontiers d’être déchargé de ses fonctions de pro-préfet, et de se rendre à l’autre extrémité de la province, dans l’île de Wai-tchao, dont la population chrétienne, qui est d’environ 1.600 âmes, se trouve répartie entre deux paroisses. La principale paroisse, confiée alors au zèle de M. Ferrand, comptait plus de 1.000 chrétiens ; la seconde, fondée jadis par M. Houery, en comptait à peu près 500. C’est cette dernière qui échut à M. Gérardin. Ce ne fut d’ailleurs pas pour lui le repos, car, sans parler des fatigues du ministère pastoral, il lui fallut, dans les premières années, veiller constamment à la garde de l’île, que les innombrables pirates qui croisaient à cette époque dans le golfe du Tonkin avaient juré de prendre d’assaut pour la livrer au pillage et à l’incendie. Pendant de longs mois, il n’eut, pour ainsi dire, de repos ni jour ni nuit. « Que de nuits blanches passées sur le « rivage, écrivait-il alors, c’est à en devenir fou ! Ma santé en est fort ébranlée. » Plus tard, sans cesser de faire bonne garde, il eut moins sujet de se préoccuper, les canonnières de la flotte française d’Extrême-Orient lui ayant fourni des armes et des munitions. Mais ce n’était pas encore la sécurité complète, et en 1902 le missionnaire n’osait pas s’éloigner de son île, par crainte d’une incursion soudaine des pirates. En huit ans, il n’a fait qu’une fois le voyage de Pa-khoi à Hong-kong et à Canton. Quand il se sentait plus fatigué, il allait passer quelques jours à Pa-khoi, auprès du missionnaire qui y résidait.
« M. Gérardin avait toujours été d’une très grande régularité. Même dans ses voyages, il portait avec lui ses livres et ne négligeait aucun exercice de piété. Aussi Dieu, auquel il se tenait habituellement uni par le recueillement et la prière, lui fit-il la grâce de se rendre compte de son mal, et, après avoir bien vécu, de se préparer de longue main à bien mourir.
« Dès le commencement du mois d’août, écrit M. Marqué, son voisin à Wai-tchao, M. « Gérardin s’affaiblissait à vue d’œil. Un jour qu’il se sentait plus faible, il me dit qu’il « craignait de ne pas pouvoir supporter les fortes chaleurs de l’été, qu’il allait écrire pour faire « ses adieux à Monseigneur et aux confrères ; ce qu’il fit aussitôt, demandant pardon à tous de « la peine qu’il avait pu leur causer, et leur demandant de l’aider de leurs prières. Depuis ce « jour, la pensée de la mort ne l’a pas quitté : « Qu’il est donc difficile de mourir ! » disait-il « de temps en temps. Enfin, dans les derniers jours du mois, il manifesta le désir de recevoir « l’extrême-onction. « Je veux, dit-il, recevoir les derniers sacrements en pleine connaissance. « J’ai déjà tout fait préparer, je sens que ma dernière heure approche. » Dès le lendemain, il « reçut les derniers sacrements avec une piété angélique, et deux jours après le cher malade « entrait en agonie. C’est le 29 août, à 2 h. ½ de l’après-midi, le sourire sur les lèvres, qu’il a « rendu sa belle âme à Dieu. »
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Références
[0863] GÉRARDIN Joseph (1841-1906)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1882, pp. 49, 111 ; 1884, p. 86 ; 1886, p. 71 ; 1887, p. 119 ; 1892, p. 139 ; 1893, p. 151 ; 1894, p. 163 ; 1897, p. 122 ; 1899, p. 163 ; 1900, p. 130 ; 1901, p. 124 ; 1902, p. 140. - Sem. du Fid. Le Mans, 1882-83, p. 1039. - Sem. rel. Lorraine, 1906, Sa mort, p. 1158.
Le culte de N.-D. de Lourd., p. 135. - Hist. miss. Kouang-si, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1906, p. 374.