Émile MOREAU1844 - 1912
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1012
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1869 - 1912 (Saigon)
Biographie
[1012]. MOREAU, Emile-François-Marie, originaire d'Andrezé (Maine-et-Loire), naquit le 13 juin 1844, fit ses études au collège de Combrée, passa un an au grand séminaire d'Angers, et le 8 janvier 1866, étant laïque, prit rang parmi les aspirants du Séminaire des M.-E. Prêtre le 22 mai 1869, il partit le 6 juillet suivant pour la Cochinchine occidentale. Après un séjour à Thudau-mot, il fut en 1871 placé à Cha-va, et en 1874 chargé des chrétientés de Thu-ngu et Tanxuan, qu'il réunit en une seule pour en faciliter l'administration. Il revendiqua et obtint des propriétés concédées autrefois à la paroisse, et que celle-ci avait perdues par suite des persécutions ; il en augmenta les revenus. Il construisit une modeste église, un presbytère, et installa des écoles.
En 1895, il quitta Thu-ngu, passa quelque temps à Cho-lon, et fut nommé à Tan-dinh, paroisse de 3 000 catholiques. En 1902, il devint aumônier de l'hôpital militaire, et partagea entre quelques missionnaires et les séminaristes indigents les honoraires qu'il recevait du gouvernement. Il mourut à Saïgon le 6 mai 1912. Nature silencieuse, calme, bonne sous des dehors un peu froids.
Nécrologie
M. MOREAU
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE OCCIDENTALE
Né le 13 juin 1844
Parti le 6 juillet 1869
Mort le 6 mai 1912
La longue carrière de M. Moreau s’est écoulée sans bruit, dans le silence et la pratique des plus humbles vertus. Il aimait la solitude et la paix, qu’il trouva dans l’accomplissement des devoirs quotidiens de son ministère. Nous respecterons, jusque dans la mort, cet amour d’une vie cachée, en retraçant en un court résumé les faits saillants de son apostolat.
Emile-François-Marie Moreau appartenait au diocèse d’Angers : il était né a Andrezé, le 13 juin 1844, de parents profondément chré¬tiens.
Il fit ses études au Collège de Combrée, dirigé à cette époque par un prêtre de grand mérite, M. l’abbé Piou, qui s’appliquait à cultiver dans le cœur de ses élèves tous les sentiments nobles avec l’amour du sacrifice. Le jeune Moreau se distingua par sa régularité, son travail et sa piété, et fixa l’attention du vénéré supérieur, qui s’intéressa avec une joie particulière à ses aspirations vers les missions étrangères. Le projet, tout d’abord formé, de partir après les humanités, ne put être réalisé par suite de diverses circonstances. M. Moreau entra au Grand Séminaire d’Angers, où il passa un an. Le 8 janvier 1866 il prit rang parmi les aspirants-missionnaires du Séminaire de la rue du Bac.
Trois ans plus tard, le 6 juillet 1869, il quittait la France pour la Cochinchine, où il a travaillé pendant 43 ans.
Après un court séjour à Thu Dâu Môt, il fut placé à Cha Va, où il eut pour voisin M. Leprince, qui administrait la chrétienté de Giông Rum. M. Leprince était normand, et grand causeur ; M. Moreau était vendéen, et causait peu. Malgré ces dispositions contraires, les deux Missionnaires s’unirent par les liens d’une étroite amitié : l’accord fut parfait. Aux rares moments de loisir que leur laissait l’exercice du ministère, ils aimaient à se distraire en feuilletant des ouvrages d’Histoire et de Sciences, pour lesquels ils avaient, l’un et l’autre, un goût très prononcé.
En 1874, les deux amis durent se séparer. M. Leprince gagna Bai Xan, près de Tra Vinh ; et M. Moreau prit la direction des deux chrétientés de Thu Ngu et de Tân Xuân, un peu au delà de My Tho.
Thu Ngu et Tân Xuân possédaient leur église propre, où les fidèles de chaque localité se réunissaient. Le Missionnaire jugea qu’il serait plus avantageux de n’en avoir qu’une seule, à peu près à égale distance des deux églises déjà construites. Il obtint facilement l’adhésion de son Evêque à ce projet : mais il lui fallut plus de temps pour vaincre l’opposition de ses chrétiens.
Ces chrétientés, en effet, avaient été fondées, sous le règne de Minh-Mang, par un missionnaire Franciscain, à qui le roi persécuteur avait, on ignore par suite de quelle circonstance, concédé un vaste terrain pour y installer des chrétiens. Fière de ses origines, chacune d’elles tenait à son indépendance et à son église.
A toutes les raisons alléguées par les deux groupes, M. Moreau répondait par un silence obstiné : mais on pouvait juger à sa physionomie que ces longs pourparlers ne lui plaisaient point. Devant sa force d’inertie, les chrétiens finirent par se soumettre.
La nouvelle église fut bâtie et le service s’en trouva facilité ; elle vient d’être remplacée, grâce aux économies laissées par le Missionnaire à son successeur, par une autre construction plus grande et plus belle, que les voyageurs, se dirigeant sur My Tho, aperçoivent, sur leur gauche, à une centaine de mètres de l’arroyo. M. Moreau eut aussi à cœur de revendiquer pour ses chrétiens les anciennes concessions de Minh-Mang, qu’ils avaient perdues au temps de la persécution. C’est à cet acte de sage prévoyance qu’on doit attribuer, en partie, le développement de la paroisse de Thu Ngu : car l’un des meilleurs moyens d’assurer l’avenir d’un poste, c’est de lui fournir des terres cultivables, sur lesquelles se fixent les anciens chrétiens et où viennent s’installer les nouveaux néophytes.
En 1895, M. Moreau quittait Thu Ngu. Après un an de séjour à Cholon, où il remplaça M. Boutier, il fut nommé curé de Tân Dinh, vaste chrétienté de 3.000 habitants, dans la banlieue de Saïgon. Ses nouveaux paroissiens apprécièrent vite les belles qualités de zèle et le dévouement de leur pasteur. Rien ne lui coûtait, quand il s’agissait de procurer leur bien spirituel ; il consacrait tout son temps à la prédication, aux confessions, à l’enseignement du catéchisme et au soin des malades. Aussi, ce fut avec un vif regret que, six ans plus tard, en 1902, il se sépara d’eux, pour prendre la succession de M. Sidot, aumônier de l’Hôpital militaire. Au début, il prit sa résidence dans l’enclos de l’établissement ; mais au bout de quatre ou cinq ans, il vint loger au Séminaire de Saïgon. De là, chaque dimanche, il allait dire sa messe à l’hôpital, et chaque jour il faisait ponctuellement sa visite des malades, à l’heure réglementaire.
M. Moreau était d’une constitution robuste, d’un caractère plutôt froid ; mais il avait un cœur généreux et dévoué. Tous savent ce qu’il fit des quelques ressources que lui octroyait l’administration : il les partagea entre ses Confrères et les séminaristes indigents et les distribua largement aux nombreux solliciteurs qui connaissaient sa libéralité.
Quoique n’ayant jamais été malade, il eut, dans les premiers mois de 1912, un pressentiment de sa fin prochaine. Il ne se trompait pas. Le samedi, 4 mai dernier, vers trois heures et demie du soir, il fut trouvé dans sa chambre étendu sur son fauteuil, presque sans vie et sans mouvement : il venait d’être frappé d’une attaque d’apoplexie. Transporté en toute hâte à la clinique du Docteur Angier, il reçut, en pleine connaissance, les derniers sacrements. Le lundi suivant, 6 mai, à une heure de l’après-midi, il partait pour un monde meilleur. La mort ne l’a point surpris : dans ces derniers temps surtout, il vivait comme si chacun de ses jours devait être le dernier de sa vie.
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Références
[1012] MOREAU Émile (1844-1912)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1899, p. 208. - Œuv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1871, p. 11.
Notice nécrologique. - C.-R., 1912, p. 458.