Jean LEMARÉCHAL1842 - 1912
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1037
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1869 - ? (Nagasaki)
- ? - 1879 (Tokyo)
- 1888 - 1912 (Tokyo)
- 1879 - 1888 (Hakodate)
Biographie
[1037] LEMARECHAL, Jean-Marie-Louis, originaire de Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine), naquit le 12 juin 1842, fit ses études au petit et au grand séminaire de son diocèse. Prêtre le 17 mars 1866, il fut vicaire à Pleugueneuc pendant trois ans, et le 6 janvier 1869 entra au Séminaire des M.-E.
Le 18 janvier de l'année suivante, il partit pour le Japon et résida pendant un certain temps à Nagasaki. Il s'y trouvait lorsque les chrétiens persécutés revinrent de l'exil. Il recueillit de leur bouche un grand nombre de récits et d'anecdotes qu'il mit par écrit, et dont plusieurs ont été reproduits dans l'ouvrage La Religion de Jésus ressuscitée au Japon, de M. Marnas. De Nagasaki, il fut envoyé à Yokohama, puis à Tôkiô où il prit la direction de la chrétienté de Tsukiji. Les Dames de Saint-Maur venaient de s'y installer et d'y ouvrir un orphelinat ; il leur rendit de nombreux services.
En 1876, lors de la division du Japon en deux vicariats apostoliques, il avait été affecté au Japon septentrional.
En 1879, il alla fonder le poste de Morioka ; trois ans après, il fut transféré à Sendaï, et en 1885 à Niigata.
En 1888 il devint provicaire, en 1891 vicaire général de Mgr Osouf et aumônier des Dames de Saint-Maur à Yokohama. Pour l'instruction des jeunes élèves japonaises, il traduisit alors, ou composa, plusieurs ouvrages de dévotion ; il publia un dictionnaire japonais-français qui est le plus important de ses travaux. Après la mort de Mgr Osouf en 1906, il donna sa démission de vicaire général, et fut peu après transféré dans la paroisse de Shizuoka, où il dépensa les restes de ses forces et de son patrimoine à construire une élégante chapelle. Il mourut dans cette ville le 28 mars 1912.
Nécrologie
M. LEMARÉCHAL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE TOKIO
Né le 12 juin 1842
Parti le 18 janvier 1870
Mort le 28 mars 1912
« Le jeune homme, une fois engagé dans sa voie, ne la quittera plus. » (Prov., XXII, 6.) Ces paroles du livre des Proverbes se sont vérifiées dans la personne de notre vénérable confrère. Tel il fut dans sa jeunesse, tel il s’est montré jusqu’à la fin de sa longue carrière : « Homme simple, droit, craignant Dieu, et ne pensant pas à mal. (JOB, I, 8.)
Né le 12 juin 1842, à Pleine-Fougères (Rennes, Ille-et-Vilaine), de parents aisés et respectés dans le pays, Jean-Marie Lemaréchal trouva au foyer domestique les leçons et les exemples qui font le chrétien solide. A l’éducation religieuse et honnête qu’il recevait dans sa famille, se joignit bientôt celle qu’il reçut à l’église. Il eut en effet le bonheur d’être instruit par un prêtre, dont la mémoire est encore aujourd’hui en vénération dans la paroisse. M. Bachelot, recteur de Pleine-Fougères, était un Curé d’Ars à sa manière. Homme de devoir avant tout, austère, un peu rude, mais au cœur d’or, il était aimé et craint de ses nombreux paroissiens. L’impression laissée par ce digne prêtre sur le caractère de l’enfant fut profonde : ceux qui ont entendu parler de M. Bachelot pouvaient, à plus d’un trait, reconnaître le maître dans le disciple.
Devenu prêtre, l’abbé Lemaréchal fut d’abord quatre ans vicaire à Pleugueneuc. Il entra en 1869 à la rue du Bac. L’année suivante, le 18 janvier 1870, il partit pour le Japon, qui ne formait alors qu’une seule mission. Ce fut par Nagasaki qu’il débuta. Il s’y trouvait lorsqu’arrivèrent les chrétiens persécutés, revenant de l’exil. Il recueillit de leur bouche un grand nombre de récits et d’anecdotes, qu’il mit par écrit, et dont plusieurs ont été reproduits dans l’histoire de la Mission du Japon au XIXe siècle. L’impression qu’il en reçut ne s’effaça jamais, et toute sa vie, quand il parlait des chrétiens de Nagasaki, c’était avec amour.
De Nagasaki, il fut envoyé à Yokohama ; puis à Tokio, où il prit la direction de la chrétienté de Tsukiji. Les Dames de Saint-Maur venaient de s’y installer et d’y ouvrir un orphelinat. Sa présence auprès d’elles leur fut très utile. C’est pendant ce temps, en 1877, que Mgr Osouf arriva au Japon et prit la direction du vicariat apostolique du Japon Septentrional, récemment créé. L’évêque fixa sa résidence à Tokio, sur la concession étrangère de Tsukiji. Ignorant qu’il était de la langue et des choses japonaises, il trouva en M. Lemaréchal un aide très précieux.
Le gouvernement japonais commençait à se relâcher de sa première sévérité à l’égard des étrangers. A titre de professeurs, les Européens étament admis à circuler dans l’intérieur. Les missionnaires s’empressèrent de profiter de ces facilités, pour visiter les chrétiens disséminés çà et là, et bientôt, pour résider au milieu d’eux. C’est ainsi qu’en 1879 M. Lemaréchal quitta son poste de Tsukiji, pour aller en fonder un autre à Morioka, ville située à cent cinquante lieues environ au nord de Tokio. Là, les chrétiens, tous nouveaux baptisés, ne se comptaient encore que par unités ; mais les gens du pays, « ces bonnes gens de Morioka », comme disait M. Lemaréchal, simples et honnêtes, avaient quelque chose qui lui rappelait, de loin sans doute, mais enfin qui lui rappelait un peu sa Bretagne. Il s’y attacha et ne dissimula pas ses regrets, lorsque, trois ans après, il fut transféré à Sendai, ville beaucoup plus considérable, à cinquante lieues au sud de Morioka.
En 1885, notre confrère est à Niigata. Dans ce nouveau poste, il ne retrouva pas ses bonnes gens de Morioka et de Sendai. Les consolations, auxquelles il avait été habitué jusque-là, ne vinrent pas récompenser ses efforts. Il n’en persévéra pas moins à y dépenser toute son ardeur. La ville se montrant rebelle à la prédication de l’Evangile, il parcourut tout le département et recueillit quelques conversions. En même temps, il aidait, de son influence et de son dévouement, les Religieuses de Saint-Paul de Chartres à fonder leur établissement de Niigata.
En 1888, quand M. Midon devint vicaire apostolique d’Osaka, ce fut son grand ami, M. Lemaréchal, qui lui succéda comme aumô¬nier des Dames de Saint-Maur à Yokohama, et comme provicaire de Mgr Osouf. A partir de cette époque, la vie de M. Lemaréchal est à peu près celle d’un religieux, attaché et tout dévoué à sa communauté, constamment occupé des âmes dont il a la charge : il prêche, il catéchise, il confesse, ministère tout de piété, d’humilité et de dévouement. Pour l’instruction des jeunes élèves japonaises ; il traduit ou compose plusieurs livres utiles : le Pensez-y bien, les Visites au Saint-Sacrement, le Ciel ouvert par la Confession sincère, la Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, la Dévotion envers la sainte Vierge, etc... Sans avoir la prétention d’être un artiste, il aimait beaucoup la musique ; se rappelant son temps de vicariat et la bienfaisante action qu’il avait vu exercer par les cantiques sur les âmes, il avait formé, dès le temps où il était à Morioka, le projet d’un recueil de cantiques en japonais. Profitant de la présence à Yokohama d’un vieux lettré, il lui fit composer, en poésie japonaise, un très grand nombre de chants variés, auxquels furent adaptées les mélodies en usage dans les pays chrétiens. Ce travail fut accueilli avec faveur. Mais le plus important ouvrage que nous devions à M. Lemaréchal, c’est sans contredit son grand Dictionnaire japonais-français, publié en 1904, et qui demanda sept ou huit années d’un travail ardu. Le succès le récompensa largement de sa peine, car l’édition fut épuisée en très peu de temps.
Dans ses rapports avec ses confrères, M. Lemaréchal se montrait obligeant, sincère et charitable ; c’était un homme en qui l’on pouvait avoir confiance ; il ne refusait pas un service quand il pouvait le rendre, et ne disait jamais de mal de personne. Quand il croyait qu’un avis pouvait être utile, il n’hésitait pas à le donner. Dans ce cas, il avait la coutume de dire : « Un homme averti en vaut deux, voilà pourquoi je vous préviens. » Ce que Mgr Osouf admirait le plus en lui, c’était son égalité d’âme : il était toujours pareil à lui-même, affable, modéré, jamais bruyant ni désagréable. Il avait pourtant un défaut ou, si l’on veut, l’exagération d’une qualité : lorsqu’il avait affirmé une chose qu’il croyait vraie, ou pris une résolution qu’il croyait bonne, il n’était pas aisé de le faire revenir sur sa décision. Aussi, quand il avait dit comme conclusion : « Enfin, vous objecterez ce que vous voudrez, je vous dis que c’est ça », on n’insistait pas, c’était inutile. D’ailleurs, sur ce sujet comme sur les autres, il admettait aimablement la plaisanterie. On est de son pays, ou on n’en est pas ; lui en était, il avait bien sa tête de Breton. Caractère franc et d’une droiture parfaite, il eut aussi le tort, commun aux honnêtes gens, d’être trop confiant. Et naturellement, cette confiance fut plusieurs fois trompée. Faut-il lui en faire un reproche ?
Après la mort de Mgr Osouf, dont il était vicaire général, M. Lemaréchal rentra tout simplement dans le rang, sans responsabilité désormais du côté du gouvernement de la mission. Il y gagna plus de loisir et de liberté pour s’occuper de son ministère. De plus en plus fervent et zélé avec l’âge, il donnait l’exemple de la régularité dans ses devoirs de piété, et de la fidélité aux obligations de sa charge d’aumônier, instruisant de son mieux les élèves du pensionnat, ne les perdant pas de vue après leur sortie de l’école, et continuant à les soutenir par ses bons conseils. En retour de son dévouement, il recueillait une confiance et une vénération bien méritées. C’est ainsi que se passèrent vingt années de sa vie, de 1888 à 1908.
Mais, depuis plusieurs années déjà, sa santé laissait beaucoup à désirer. Transféré à Shizuoka, il se trouva dans une petite chrétienté, fort tranquille et très heureuse de le posséder. Ce qui lui causa surtout une grande consolation, ce fut de retrouver là un essaim de sa communauté de Yokohama. Les Dames de Saint-Maur venaient d’y fonder un établissement.
Au milieu de son nouveau troupeau, M. Lemaréchal se crut revenu aux beaux jours de ses débuts à Morioka et à Sendai. Il s’y dévoua avec le même courage et le même cœur que jadis. Habitué jusque-là à célébrer dans une chapelle spacieuse et bien ornée, il souffrait de n’avoir, pour réunir les chrétiens, qu’un petit oratoire dans sa maison. Aussi se décida-t-il à bâtir. Joignant ce qui lui restait de son patrimoine avec ce qu’il put recueillir d’autre part, il construisit un édifice solide et joli, sur le plan de cette chapelle de la communauté de Yokohama, où, pendant de si nombreuses années, il avait célébré et administré les sacrements. Il n’en resta pas là. Pour lui, une église sans clocher ni cloche, ce n’était pas une église achevée. Aussi quêta-t-il pour compléter son œuvre. Il venait de terminer les fondations du clocher lorsque la mort le surprit. Mais son plan a été fidèlement exécuté.
On pouvait espérer que, placé dans les circonstances favorables où il se trouvait, et séjournant sous un climat idéal, au pied du Fujiyama, M. Lemaréchal, referait sa santé. Il n’en fut rien. Il continuait visiblement à s’affaiblir. Sa vue baissait de jour en jour, au point qu’il ne pouvait plus lire ou écrire qu’avec une fatigue extrême. Il fut nième réduit, pour pouvoir célébrer la sainte messe, à solliciter un indult lui permettant de dire la messe de Beata. Se sentir devenir peu à peu aveugle, quelle épreuve ! Quoique résigné, il souffrait surtout à la pensée de l’embarras qu’il allait causer aux personnes de son entourage. Heureusement cependant, il n’était pas isolé ; auprès de lui, se trouvait M. Léon Balet, chargé des chrétientés disséminées à l’ouest de Shizuoka, et qui lui donnait tout le temps que l’administration de son district lui laissait libre.
Le 29 mars 1912, les deux confrères avaient, comme d’habitude, passé la soirée ensemble, et s’étaient séparés à 9 heures 1/2 pour prendre leur repos. Vers minuit, M. Lemaréchal éprouva tout à coup dans la poitrine un malaise étrange. Il appelle ; son confrère accourt et le trouve en proie à des douleurs atroces. Tandis qu’il cherchait à lui procurer quelque soulagement, les traits du malade s’altérèrent : une dernière absolution, et tout était fini. M. Lemaréchal venait d’être emporté par une embolie.
En apprenant cette fin inattendue, les missionnaires demeurèrent consternés. Le Supérieur et une douzaine de confrères se transportèrent à Shizuoka, où des obsèques solennelles furent faites. Non seulement les chrétiens de la ville, mais plusieurs de la campagne y assistèrent, et accompagnèrent leur pasteur à sa dernière demeure. Il repose maintenant dans un cimetière, récemment acheté par la communauté catholique, et un monument a été élevé sur sa tombe.
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Références
[1037] LEMARÉCHAL Jean (1842-1912)
Bibliographie. - Tous les ouvrages dont l'énumération suit, ont été, sauf indications contraires, imprimés à Yokohama ; mais nous ignorons les noms et adresses du libraire-éditeur, et de l'imprimeur.
Nihon seika (Cantiques japonais, avec paroles seules). - 1889, in-8.
Id., avec paroles et musique. - 1893, in-8, pp. 154.
Id., avec accompagnement d'orgue. - 1907, in-8, pp. 317.
Seibo kwai-in no michibiki (Guide des Enfants de Marie). - 1890, in-12, pp. 16.
Seitai reihai no michibiki (Visites au Saint-Sacrement). - 1890, in-12, pp. 129 ; 2e édit., 1894, in-16, pp. 233.
Kyôri mondô (Dialogue sur la Religion). - Niigata, 1887.
Id., 2e édit. - Yokohama, 1890, in-16, pp. 120.
Seikyô ryakushi (Petite Histoire Sainte), traduite du français. - Tôkiô, 1890, in-12, pp. 208.
Gwaikô kemmon shi (Voyage autour du monde). - 1890, in-12, pp. iv-202.
Sei Ma ria den (ou Seibo Maria den) (Vie de la sainte Vierge). - 1891, in-12, pp. iii-365.
Kaiten kokkai yôket su (Le ciel ouvert par la confession sincère). - 1894, in-12, pp. 206.
Sujônen (Pensez-y bien). - 2e édit., 1900 ; 3e édit., 1904, in-16, pp. ii-204.
Dictionnaire japonais-français. - Librairie Samaisha, Kanda-ku, Nishiki-chô 1 chôme, 10, Tôkyô ; librairie Max Nossler and C°, Yamashita-cho, 80, Yokohama, 1904, in-4, pp. viii-1008.
Comp.-rend. : Journ. asiat., 10e sér., xiii, 1909, p. 144.
Petit Dictionnaire japonais-français [Abrégé du précédent]. - Mêmes librairies que le précédent, 1904, in-16, pp. 1025 + 1 F n. ch.
Seibo sôkei (La dévotion envers la Sainte Vierge). - 1905, in-18, pp. 340.
J.-C. chôjinkaku (Transcendance de Jésus-Christ). - 1908, in-12, pp. 142.
Dictionnaire japonais-français / par J. M. Maréchal, m. a. de la Société des Missions Etrangères de Paris. - Tokyo : Libr. Sansaisha ; Yokohama : Libr. Max Nössler & Co, 1904. - VIII-1008 ; 26 cm. - AMEP 1037.1
Petit dictionnaire japonais-français / par J. M. Lemaréchal, m. a. de la Société des Missions Etrangères de Paris. - Tôkyô : Libr. Sansaisha ;Yokohama : Libr. Max Nössler & Co, 1904. - 4-1025 p. ; 16 cm.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1875, p. 9 ; 1879, p. 12 ; 1886, p. 32 ; 1887, p. 58 ; 1888, p. 34 ; 1890, p. 35 ; 1892, p. 26 ; 1893, p. 45 ; 1898, p. 42 ; 1900, p. 11 ; 1909, p. 10 ; 1910, p. 11. - A. P. F., l, 1878, p. 199. - M. C., v, 1873, p. 315 ; x, 1878, Pose de la première pierre de l'église de Tsukiji (Tôkiô), p. 63 ; xiii, 1881, p. 159.
La Rel. de Jésus, ii, pp. 54, 271 et suiv., 304, 324, 331, 377 et suiv.
Notice nécrologique. - C.-R., 1913, p. 351.