Ernest GIRARD1851 - 1924
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1306
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1877 - 1924 (Hué)
Biographie
Ernest, Emile, Joseph GIRARD naquit le 16 août 1851, à La Garnache, diocèse de Luçon, département de la Vendée. De ses années de jeunesse et de formation nous ne savons presque rien, car il était un homme très discret.
Minoré le 30 mai 1874, dans son diocèse, il entra au séminaire des Missions Etrangères le 25 septembre 1874. Sous-diacre le 10 octobre 1875, diacre le 11 mars 1876,il fut ordonné prêtre le 23 septembre 1876, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Septentrionale (Hué) qu'il partit rejoindre le 30 novembre 1876. avec M.Pierre Guillot destiné à la même mission.
Arrivé dans sa mission, dans les derniers jours de mars 1877, il fut envoyé dans la chrétienté de Bô-Liêu, pour s'initier à la langue viêtnamienne, puis en juillet de cette même année, il fut nommé professeur au petit séminaire d'An-Ninh.
En Septembre 1885, il fut l'âme de la résistance qu'opposa aux Lettrés" le petit séminaire d'An-Ninh assiégé, où s'étaient réfugiés MM.Dangelzer, curé de Di-Loan et Closset, cinq prêtres viêtnamiens, sept séminaristes, soixante religieuses,et plus de quatre mille chrétiens des environs. Du 8 septembre au 4 octobre 1884, ils repoussèrent les assauts des dix mille rebelles qui avaient mis à feu et à sang presque toutes les chrétientés de la province de Quang-Tri. Pour avoir été l'un des principaux organisateurs de la défense,et pour avoir maintenu chez tous courage et confiance, les chrétiens et leurs enfants considérèrent M.Girard comme leur sauveur. Une petite brochure: "Une page de l'Histoire de Quang-Tri" (sept.1885), par Jabouille, résident de France, fait ressortir le rôle joué par M.Girard, lors de ces évènements.
En août 1891, M.Girard, supérieur du petit séminaire fut placé à la tête du grand séminaire, avec M.Ruel, un ancien missionnaire de Canton, pour collaborateur. En septembre 1893,il céda cette charge à M.Renauld, et il revint comme supérieur au petit séminaire d'An-Ninh qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort.
M.Girard a consacré les 47 ans de sa vie missionnaire à la formation des séminaristes. Esprit parfaitement équilibré, il enseigna et donna l'exemple dans la vie commune.Tout entier à ses élèves qu'il aimait profondément, il préparait ses classes.avec sérieux. Il sut leur faire partager aussi son amour pour la liturgie. Il eût soin de poursuivre l'étude de la théologie. Son avis en la matière, avait du poids Pour ses collaborateurs,il fut un modèle de vie régulière.toujours respectueux de l'autorité. Malgré son caractère naturellement vif, il eût avec tous d'excellentes relations.
Il ne négligea pas le côté matériel de l'établissement. Il commença par bâtir une belle chapelle à peine terminée en 1885. En 1905, il y avait 75 élèves au petit séminaire, et le 21 novembre de cette même année, eût lieu la bénédiction d'un bel édifice à étage, comprenant trois dortoirs, une salle d'étude, et quatre chambre de professeur. Il continua les travaux d'assainissement et d'embelissement et éleva des bâtiments où professeurs et élèves étaint bien logés.
En novembre 1923, une première attaque l'obligea à se faire hospitaliser à Hué. A peu près remis, il retourna à An-Ninh et peu à peu reprit ses cours. Le dimanche 27 janvier 1924, survint une seconde attaque .Transporté à l'hôpital de Hué le 30 janvier, il fut emporté par une crise d'urémie le 9 février 1924, à 6 heures 45 du soir. M.Kaichinger l'assista en ces derniers moments.
Ses obsèques, présidées par Mgr. Allys, furent célébrées le 11 février 1924, au grand séminaire, puis le corps fut descendu en barque pour être emporté à An-Ninh,et placé dans la chapelle du petit séminaire où se déroulèrent des funérailles solennelles suivies de l'inhumation. M.Girard repose au milieu du cimetière, entouré de plusieurs de ses anciens confrères et de quelques uns de ses élèves.
Nécrologie
M. GIRARD
MISSIONNAIRE DE HUÉ ( COCHINCHINE )
M. GIRARD ( Ernest-Emile-Joseph ), né à La Garnache ( Luçon, Vendée ), le 16 août 1851. Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 25 septembre 1874. Prêtre le 23 septembre 1876. Parti pour la Cochinchine Septentrionale le 30 novembre 1876. Mort à Hué le février 1924.
Quarante-sept ans d’apostolat dans les Séminaires de la Mission de Hué : quarante-quatre au petit (877-1890), (1893-1924), trois au grand (1890-1893), durant lesquels il travailla à la formation d’une centaine de prêtres indigènes, telle fut ici la carrière que notre bon Père Girard a terminée bien doucement à l’hôpital de Hué, le 9 février 1924.
De sa première jeunesse pas plus que de ses années de formation cléricale, nous ne savons presque rien, car M. Girard parlait rarement de lui-même ; mais nous pouvons affirmer que sa longue vie apostolique fut une vie bien remplie.
Nous ne reviendrons pas sur le rôle magnifique qu’il joua durant le siège du Petit Séminaire d’Anninh, en septembre 1885 ; – le Bulletin de la Société l’a retracé dans son numéro d’avril 1924, et un Administrateur des Services civils de l’Indo-Chine l’a fait merveilleusement ressortir dans une petite brochure : Une page de l’Histoire de Quang-Tri (sept 1885), par Jabouille, Résident de France à Quang-Tri ) – nous nous contenterons de dire que ce rôle, comme celui qu’il remplit peu après en qualité d’Aumônier-interprète des troupes françaises, fut tout à l’honneur et à l’avantage de la Religion, de la France et de l’Annam.
La vie dans les Séminaires est uniforme, monotone, semble-t-il ; elle est aussi cette « vita communis » dont parle saint Bernard, et sa perfection consiste dans le parfait accomplisse-ment des devoirs de chaque jour. Dans cette vie, M.Girard fut pour ses collaborateurs un véritable modèle.
Il s’était donné tout entier à ses élèves pour les former à la pratique des vertus chrétiennes et sacerdotales. Dans les conférences qu’il faisait au moins une fois chaque semaine, il leur prêchait surtout l’amour de Dieu, la charité fraternelle, la fidélité aux exercices de piété et à l’observation du règlement. Et, quand une occasion favorable se présentait, il ne manquait jamais non plus de leur rappeler tout ce qu’ils devaient à la nation protectrice et de leur inspirer ainsi les sentiments d’une vive reconnaissance et d’un véritable amour envers la France.
Ses classes étaient toujours préparées avec le plus grand soin, comme en font foi les nombreux manuscrits laissés par lui ; aussi les élèves y prenaient-ils un vif intérêt et en profitaient-ils grandement.
Son estime pour la sainte Liturgie se manifestait par une observation minutieuse des différentes cérémonies de la messe et des autres offices ; et cette estime, il savait la faire partager aux séminaristes qui aimaient à lui servir la messe, mais craignaient bien aussi de commettre quelque faute en la lui servant, tant il était sévère pour les moindres oublis ou infractions aux rubriques.
M. Girard avait un caractère naturellement vif ; mais ce petit défaut, qu’il avait du reste réussi à dominer presque complètement, était racheté par une telle humilité, que tous, professeurs et élèves, avaient en haute estime et grande vénération leur bon Père Supérieur. Les excellentes relations que n’ont cessé d’entretenir avec lui tous ceux qui ont travaillé sous sa direction, confrères, prêtres indigènes et laïcs, en sont une preuve manifeste. Chaque année, le 19 mars, ceux qui ne pouvaient venir assister à sa fête ne manquaient pas de lui offrir par lettre leurs souhaits les plus affectueux ; quant aux élèves présents au séminaire, ce jour-là, ils faisaient l’impossible pour lui être agréables ; ils ne reculaient ni devant la dépense, ni devant la fatigue pour préparer cette petite fête de famille ; c’était pour eux une façon de témoigner à leur bon Père les sentiments de leur filiale affection.
Cette affection, il la leur rendait bien : on peut dire qu’il aima passionnément ses élèves. Aussi les vacances lui paraissaient-elles bien longues et en désirait-il vivement la fin. Pendant les vacances, il répondait toujours aux lettres que ses élèves lui adressaient. Son affection continuait d’embrasser les anciens, prêtres ou laïcs qui avaient passé au Séminaire depuis 1877 ; il aidait les uns et les autres de ses conseils et de ses prières. Pour n’en oublier aucun, il avait inscrit leurs noms sur un petit carnet déposé à la chapelle dans son prie-Dieu, et chaque matin, avant et après la messe, il parcourait cette longue liste pour recommander à Jésus-Hostie ceux qu’il aimait toujours.
Si occupé qu’il fût par la formation des séminaristes et le souvenir des anciens, M. Girard ne négligea pas le côté matériel de l’établissement dont il avait la charge. Au début de son supériorat, le Petit Séminaire d’Anninh n’était qu’un amas de vieilles paillotes où l’air et la lumière avaient bien de la peine à pénétrer. Il résolut de les remplacer par de belles et vastes constructions : il commença par bâtir une jolie chapelle qui fut pendant longtemps un des plus beaux et des plus solides édifices religieux de la Mission. Elle était à peine terminée que survinrent les événements de 1885 ; elle put alors servir de refuge et de poste d’observation aux Pères et aux chrétiens qui s’étaient sauvés dans l’enceinte du séminaire. La paix une fois rétablie, le Supérieur continua ses travaux d’assainissement et d’embellissement avec tant de persévérance que, de longues années avant sa mort, il eut la joie de voir, à la place des anciennes paillotes, de beaux et grands bâtiments où professeurs et élèves étaient bien logés. Quant à lui, il se réserva pour demeure une des vieilles maisons annamites qu’il transforma plus ou moins en l’entourant de murs et la couvrant en tuiles.
Nous ne serions pas complet, – et même le serons-nous ? – si, pour terminer, nous n’ajoutions pas quelques traits qui feront encore mieux ressortir la physionomie morale de notre regretté confrère. M. Girard avait un véritable culte pour l’autorité ; aussi se soumettait-il avec la plus grande docilité aux ordres et aux simples désirs de son Evêque. Sa charité à l’égard des confrères était très grande ; il aimait à les recevoir au Petit Séminaire et à aller les voir chez eux, sachant se faire jeune avec les jeunes et leur donner à l’occasion et d’une façon discrète les conseils que sa vertu et sa longue expérience faisaient toujours accepter de bon cœur. Apprenait-il que des missionnaires ou des prêtres indigènes étaient dans la gêne ou n’avaient pas les ressources nécessaires pour mener une œuvre à bonne fin, il leur ouvrait largement sa bourse, souvent même à leur insu. Les mendiants, les pauvres étaient sûrs d’être bien accueillis par lui ; il tenait à leur distribuer lui-même les sapèques, auxquelles il ajoutait de bons avis toujours bien reçus. Enfin, malgré ses nombreuses occupations, il eut soin de poursuivre l’étude de la théologie jusqu’à la fin de sa carrière, s’éclairant dans cette étude des lumières des auteurs anciens, sans toutefois négliger celles des plus récents ; aussi, dans les questions dogmatiques et morales faisait-il autorité, quoique, par humilité, il s’en défendît.
Ses derniers jours et sa mort furent le digne couronnement d’une vie sacerdotale bien remplie. Lorsque le confrère qui l’assistait lui proposa la réception des derniers sacrements, il hésita, craignant de ne pas être assez malade pour les recevoir ; mais ayant fini par croire qu’il était vraiment en danger de mort, il accepta bien volontiers les derniers secours de la religion qu’il reçut en pleine connaissance, avec une piété qui édifia profondément les élèves, émus jusqu’aux larmes.
Voulant tenter un dernier effort pour sauver le bon Père, dont l’état s’était du reste bien amélioré après la réception les derniers sacrements, Monseigneur envoya une automobile pour l’emmener à Hué et le faire soigner à l’hôpital central. Le voyage se fit sans trop de fatigue et les médecins espéraient même retarder le dénoûment. Mais au bout de quelques jours, le malade ne pouvant plus s’alimenter, il parut bien clair que la fin approchait. L’aumônier de l’hôpital lui proposa de nouveau le saint Viatique qu’il reçut avec une grande joie. C’était le 7 février, dans la soirée. Presque aussitôt après, notre confrère ne donna guère plus de signe de connaissance, et, le 9 février, à 6 heures 45 du soir, après avoir poussé un grand soupir lui sembla être toute son agonie, il rendait l’âme, assisté de M. Kaichinger, l’un de ses bons jeunes amis.
Lorsque les médecins eurent fait la constatation du décès, la dépouille mortelle de M. Girard fut transportée au Grand Séminaire. Le lundi 11, S. G. Mgr Allys vint y célébrer un service solennel pour le repos de l’âme du défunt ; à ce service assistèrent la plupart des Français de Hué, un très grand nombre d’Annamites, parmi lesquels au premier rang, on remarquait S. Exc. le Président du Conseil des Ministres de l’Empire, ancien élève d’Anninh, de nombreux missionnaires et prêtres indigènes et une délégation d’élèves du Petit Séminaire.
A l'issue de la cérémonie, le corps fut descendu en barque pour être emporté à Anninh où devait se faire l’inhumation. Le 13, au matin, la procession, qui s’organisa au débarcadère pour conduire le corps à la chapelle du Petit Séminaire, fut un véritable triomphe auquel assistèrent presque tous les chrétiens de la région et une foule innombrable de païens, venus là, non en simples curieux, mais bien pour témoigner leur respect et même leur reconnais-sance à celui qui avait été un des grands bienfaiteurs du pays. Plusieurs d’entre eux, païens et chrétiens, demandèrent des messes basses pour le repos de son âme.
Et maintenant, le corps de notre bon Père repose au milieu du cimetière, entouré de plusieurs de ses anciens confrères et de quelques-uns de ses élèves.
Puissions-nous, nous tous qui l’avons connu et aimé, garder longtemps sa mémoire et imiter ses vertus !
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Références
[1306] GIRARD Ernest (1851-1924)
Références biographiques
AME 1911 p. 29. 1926 p. 122. 1924 p. 179. CR décembre 1876 p. 46. 1885 p. 99. 146. 147. 1890 p. 262. 1894 p. 225. 1905 p. 187. 1906 p. 179. 1914 p. 148. 1918 p. 86. 1922 p. 193. 195. 1924 p. 174. 1932 p. 367. 1936 p. 270. BME 1922 p. 36. 1923 p. 740. 806. 1924 p. 54. 185. 266. 740. 1926 p. 254. 1933 p. 433. 580. EC1 N° 56.
Septembre 1994
Mémorial GIRARD Ernest, Emile, Joseph page