Nicolas COUVREUR1855 - 1929
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1386
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1878 - ? (Hong Kong)
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- ? - 1919 (Malacca)
Biographie
[1386]. Nicolas, Justin Couvreur est né le 8 août 1855 à Grancey-sur-Ource, diocèse de Dijon, Côte dOr. Il accompagna son père, quand celui-ci vint se fixer à Manois, diocèse de Langres, Haute-Marne. Nicolas avait sept ans. Le curé de la paroisse lui donna quelques leçons de latin. Après ses études primaires, il entra au Petit séminaire de Langres pour ses études secondaires. En 1870, le Petit séminaire fut fermé davril 1870 à mai 1871. Alors il rentra dans sa famille. Lusine de Manois fut fermée et le village fut occupé par les Allemands. Nicolas travailla avec son père dans une entreprise de transport. Quand la tourmente fut passée, il rentra au Grand séminaire de Langres en 1873. Il entra au Séminaire des Missions Etrangères le 14 septembre 1876, et fut ordonné prêtre le 21 septembre 1878. Il reçut sa destination pour la Procure dHongkong et le 16 octobre, il sembarqua pour lExtrême Orient.
M. Lemonier, Procureur général, lui donna une fraternelle accolade et lui dit : Allez à la chapelle pour remercier le Bon Dieu de vous avoir envoyé dans les Procures. M. Lemonier savait, avec discernement, peser la valeur de son personnel et il réalisa vite quil avait dans son nouvel assistant un esprit juste, pondéré, original, un missionnaire capable de prendre de grandes responsabilités.
M. Couvreur étudia dabord les langues du pays, langlais et le chinois. Il se familiarisa vite au fonctionnement dune Procure : réception des missionnaires, tenue de leurs comptes, tenue des registres de comptabilité, achat de tous ces menus articles dont les missionnaires ont besoin. Il noua aussi des relations avec les autorités locales, les marchands, les notables de la ville. Au milieu de toutes ces obligations, le Père noublia jamais ses exercices spirituels, pendant les deux années quil passa à Hongkong.
Il fut alors envoyé à Singapore où il devint titulaire de la Procure, fonction quil exerça pendant quarante ans.
A Singapore, il ne fut pas seulement le Procureur des Missions Etrangères, mais également le Procureur des Missions à Sumatra, Java, Bornéo, la Nouvelle Guinée et lAustralie. Il recevait à la Procure des Pères Jésuites, des missionnaires de Mill Hill, des Pères du Sacré Coeur, etc.... En fait, ce furent environ 80 % de confrères étrangers quil recevait charitablement à la Procure, et seulement 20 % de confrères des Missions Etrangères. La Procure était devenue internationale. A Singapore, le Père Couvreur fut très apprécié dans un monde des affaires, pour la sûreté de son jugement et la largeur de ses vues.
En 1919, il donna sa démission de Procureur, pour raison de santé. Il rentra en France et alla se fixer au Vésinet, chez lun de ses neveux. En septembre 1928, il célébra ses noces dor sacerdotales au Séminaire de la rue du Bac. Ce devait être sa dernière fête, car le mal dont il souffrait saggrava. Monseigneur le Supérieur lui administra le sacrement des malades et le Père couvreur expira le 27 avril 1929.
Ses obsèques eurent lieu le 20 avril dans la chapelle de la rue du Bac. Monseigneur le Supérieur donna labsoute. Toute la communauté était présente. Le diocèse de Langres était représenté par le Supérieur du Petit Séminaire. Le colonel Renard, ami personnel du défunt et président de lAmicale des anciens élèves du Petit séminaire étaient également venus. La Société philantropique de Haute-Marne à laquelle appartenait M. Couvreur était représentée par son président et son vice-président et quelques membres. Linhumation eut lieu dans le caveau MEP au cimetière de Montparnasse.
M. Couvreur fut un bon missionnaire. Son intelligente activité, son indépendante originalité, la grande générosité de son coeur, son dévouement inlassable, sa piété sacerdotale régulière et profonde, marquèrent les différentes étapes de sa vie au service des Missions.
Nécrologie
M. COUVREUR
PROCUREUR DE LA SOCIÉTÉ
M. COUVREUR (Nicolas-Justin), né à Grancey-sur-Ource (Dijon, Côte-d’Or), le 8 août 1855. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 14 septembre 1876. Prêtre le 21 septembre 1878. Parti pour Hongkong le 16 octobre 1878. Mort au Vésinet (Seine-et-Oise), le 17 avril 1929.
Chaque homme a son caractère, et le caractère est l’ensemble des qualités et des défauts de l’intelligence au service de la volonté : Sapientis oculi in capite ejus.
Nicolas-Justin Couvreur, dont nous retraçons à grands traits la vie de missionnaire, fut un homme d’un type original, forgé sur une mesure qui tranche assez singulièrement sur le plan de l’ordinaire humanité. Il naquit le 8 août à Grancey-sur-Ource, dio¬cèse de Dijon, où son père travaillait dans une usine de tréfilerie. La Semaine Religieuse de Langres nous apprend qu’il avait une sœur un peu plus âgée que lui, et que deux autres enfants vinrent bénir le foyer familial ; et la revue diocésaine ajoute : « Le futur missionnaire avait dans ses parents des « modèles de piété comme aussi de travail et d’énergie. » Les austères vertus familiales firent sur lui une impression profonde. L’enfant admirait les auteurs de ses jours, et jusqu’en ces derniers temps, il rappelait avec émotion leur souvenir. Récemment il disait en famille à ses neveux et nièces : « Ce que vous et moi faisons aujourd’hui, ce n’est que travail de « pygmées, à côté de ce qu’a fait mon père. Il travaillait jusqu’à seize heures par jour à « l’usine. »
Nicolas Couvreur avait sept ans quand son père vint se fixer à Manois (diocèse de Langres, Haute-Marne), son pays d’origine, où une tréfilerie modèle venait de s’installer. Il eut pour premier maître un digne et vénérable instituteur, M. André, qui sut discerner en lui un sujet d’élite et en fit un répétiteur. Il était doué surtout pour les mathématiques qu’il connut à fond par la suite.
Ainsi que cela arrive souvent dans nos villages de France, le curé de la paroisse distingua rapidement les qualités d’intelligence et de piété du jeune Nicolas, qui était son meilleur enfant de chœur ; et avec le consentement de son père, lui donna les premières leçons de latin, le mettant en mesure d’entrer au Petit Séminaire en cinquième, au mois d’octobre 1868. Son cours était nombreux, et comptait des valeurs. Nicolas n’était inférieur à aucun de ses condisciples, et dès la première heure, il se rangea parmi les premiers. Dès sa seconde année, et jusqu’à la fin de ses études secondaires, les prix d’excellence, de sciences physiques et mathématiques lui furent vainement disputés.
Cependant nous voici arrivés à l’année terrible. Le Petit Séminaire est obligé de fermer ses portes depuis le mois d’avril 1870 au mois de mai 1871. Nicolas rentra dans sa famille. L’usine de Manois fermée, et le village occupé par les Allemands, le ménage Couveur connut des jours difficiles. L’ouvrier sans travail a toujours les charges et la responsabilité de sa famille. Nicolas travailla avec son père à une entreprise de transports, prenant ainsi sa part des labeurs quotidiens et des inquiétudes qui pesaient sur la vie même de ceux qui lui étaient si chers. Qui donc, parmi ceux qui ont vécu au temps du grand carnage dans les pays envahis, n’a pas eu ces instants d’angoisse, alors que tout manquait à la fois, et le pain quotidien, et le travail honnête, fût-il pénible, qui devait l’assurer ?
La tourmente passée, Nicolas regagna le Petit Séminaire, puis entra au Grand Séminaire de Langres en 1873. Séminariste modèle, son âme est déjà orientée vers l’apostolat lointain, il cherche à se soustraire à toutes les aises de la vie facile, en prévision des fatigues qu’il entrevoit pour plus tard. Prêt à répondre à l’appel de Dieu, il entre au Séminaire de la rue du Bac : élève studieux, appliqué, volontaire, sachant bien où il va et toujours servi par des raisonnements vigoureux. Les échanges d’idées, les discussions avec ses condisciples, lui plaisaient, et sa satisfaction était entière quand il sortait victorieux de ces luttes pacifiques où sa pensée s’affirmait par des répliques hardies qui mettaient souvent son adversaire dans l’embarras.
Dans l’orbe spatieux de ce jeune et noble front, un monde d’idées généreuses germeront pour éclore ensuite dans le champ de ses vastes activités. S’il n’a pas toujours été facile de le maintenir dans le sillage d’une méthode imposée, car Nicolas était bien l’homme de sa pensée, son cœur rachetait largement les libertés qu’il prenait dans l’interprétation des directives de ses Supérieurs. Volontiers il restait en marge de la règle, tout en gardant une science profonde de ce qui nous fait dans la vie, et de ce qui nous reste dans l’éternité.
Ordonné prêtre le 21 septembre 1878, M. Couvreur reçut sa destination pour la Procure générale de Hongkong, et le 16 octobre il s’embarquait pour l’Extrême-Orient. Pour un jeune missionnaire, qui pendant toute la durée de sa formation a eu des rêves d’apostolat, la nomination dans le service des Procures est un sacrifice que la grâce du sacerdoce rend moins lourd, mais qui cause généralement une certaine déception. Adieu l’évangélisation directe ! Et puis, voici, se présentant à l’esprit, la morne routine de la machine administrative ! L’âme se relève vite cependant, car n’est-il pas écrit que ceux qui sont aux bagages partageront avec ceux qui auront affronté le champ de bataille ?
A Hongkong. M. Lemonnier, Procureur général, cette grande et belle figure d’une énergie toute normande, et d’une fierté patriarcale, accueillait ses nouveaux assistants en leur donnant une fraternelle accolade, puis ajoutait froidement : « Allez à la chapelle remercier le bon Dieu de vous avoir envoyé dans les Procures. » Ce Procureur général, on l’appelait simplement « le général », car il avait l’allure dégagée de l’homme qui commande, et il commandait clairement et énergiquement, ajoutant après un ordre donné ces paroles significatives : « Vous m’avez compris, n’est-ce pas ? » Homme positif et pratique, M. Lemonnier ne se perdait pas en vaines conjectures. Avec discernement il pesait la valeur de son personnel, et bientôt il réalisa qu’il avait dans son nouvel assistant un esprit juste, pondéré, original, hardi, un mis- sionnaire capable de prendre de grandes responsabilités, non sans avoir soigneusement raisonné sur le fonds et la forme d’une question.
Comme tout nouveau missionnaire, M. Couvreur avait à étu¬dier les langues du pays, et à Hongkong ces langues sont le chinois et l’anglais. Plus tard, à Singapore, il ajoutera le malais à ce bagage linguistique. Cette tâche ne devait nullement effrayer le jeune missionnaire, et tous ceux qui ont connu M. Couvreur savent avec quelle maîtrise il parlait les langues énumérées ci-dessus.
Avec la même facilité, il saisira rapidement tous les replis de l’administration d’une Procure : débarquements, embarquements, réception des missionnaires, règlements de leurs comptes, achats de tous ces menus articles dont ils ont si souvent besoin, tenue des registres, comptabilité, rapports, informations, etc... C’est là, en effet, en dehors des exercices spirituels que tout prêtre doit pratiquer, l’ensemble des obligations du Procureur. Il en est cependant encore une autre, qui quoique indirecte, a pourtant une grande importance, c’est celle qui, par sa fonction, le met en relation avec les autorités locales, les marchands, les voyageurs, etc..., et les visites à faire et à recevoir occupent un temps notable du titulaire d’une procure.
Après deux années passées à Hongkong, le Procureur général envoya M. Couvreur gérer la procure de Singapore que le titulaire du poste M. Holhann, fatigué et malade, ne pouvait plus tenir, et en 1881 le Conseil du Séminaire de Paris le nomma aux fonctions de Procureur de Singapore, fonctions qu’il devait remplir près de quarante ans. Il était tellement l’homme de Singapore, que son nom était presque synonyme de celui de la ville, et, pour beau¬coup d’Anglais et de Français, Singapore et Couvreur se confondaient dans la même idée.
Son état de santé n’était pas malheureusement à la hauteur du travail qu’il avait à fournir, car bien qu’il fût le Procureur de la Société des Missions-Etrangères, sa charité lui avait fait accepter d’être le Procureur des Missions de Sumatra, Java, Bornéo, de la Nouvelle-Guinée et d’Australie, où travaillaient des PP. Jésuites, des PP. de Mill-Hill, des PP. de Steyl, des PP. du Sacré-Cœur, etc... Avec son affabilité inlassable, il recevait tous ces ouvriers du Christ, sans distinction de race et de langue, et cette Procure des Missions-Etrangères de Singapore, française en droit, est bien, en fait, internationale, recevant annuellement 80 % de mission-naires étrangers à notre Société, et 20 % des nôtres, chose qu’il faut dire, non pour nous en plaindre, mais parce que beaucoup ne semblent pas s’en douter. Sous un climat tropical, nécessairement débilitant, le fardeau est lourd à porter, et de plus vaillants que M. Couvreur y ont laissé leur santé. Aussi rien d’étonnant que, confiant dans la décision des docteurs, il ait été obligé de rentrer plusieurs fois en France pour refaire ce qui lui restait de santé.
Causeur charmant, M. Couvreur prenait un malin plaisir à taquiner les jeunes missionnaires ou à faire parler les anciens. C’était pour lui un amusement qui lui procurait une joie intense et lui fournissait l’occasion de mesurer le potentiel cérébral de ses hôtes. Il avait toujours un bon mot à placer, une histoire à raconter, et souvent un excellent conseil à donner. Dans le monde des affaires, il était très apprécié pour la sûreté de son jugement et la largeur de ses vues. Il fut l’ami sûr et très goûté des autorités anglaises de la colonie, et plusieurs fois, des différends s’étant élevés entre des particuliers et le gouvernement, on eut recours à son arbitrage, ce qui montre en quelle estime il était tenu dans ce milieu de Singapore.
En 1919, il donna sa démission de Procureur, son état de santé ne lui permettant plus de remplir ses fonctions ; et, rentré en France, il se fixa au Vésinet, près de Paris, chez un de ses neveux. Autant que ses forces le lui permirent, il rendit à la paroisse tous les services compatibles avec son état de santé, et dans son accueillante solitude, il eut toujours grand plaisir à recevoir ses amis de France et d’Extrême-Orient.
En septembre 1928, le digne missionnaire célébrait au Séminaire de la Rue du Bac ses noces d’or sacerdotales. Cette fête fournit aux Supérieurs l’occasion de témoigner au vénéré jubilaire leur affectueuse estime, et de lui dire la reconnaissance de la Société pour les grands services rendus. Ce devait être la dernière fête de M. Couvreur en ce monde ; à partir de ce jour, le malaise dont il se plaignait depuis déjà quelques mois grandit, il dut s’aliter : la faiblesse générale s’accentuant de jour en jour, le moment arriva où il n’y avait plus d’illusion à entretenir sur l’issue de la maladie. Monseigneur le Supérieur du Séminaire et de la Société lui administra l’Extrême-Onction, et quelques jours après, l’ouvrier du Seigneur entrait dans son éternel repos, le 17 avril 1929.
Les obsèques furent célébrées le samedi 20 avril dans la chapelle du Séminaire des Missions : l’officiant était M. Boulanger, Monseigneur le Supérieur présidait et donna l’absoute. Toute la communauté y assistait, de nombreux prêtres et missionnaires accompagnaient la famille. Le diocèse de Langres était représenté par M. le Chanoine Boulogne, Supérieur du Petit Séminaire, M. le Colonel Renard, ami personnel du défunt et Président de l’Amicale des anciens élèves du Petit Séminaire, M. le Chanoine Urbain, M. l’abbé Fournier. La Société philanthropique « la Haute-Marne » à laquelle appartenait M. Couvreur, était représenté par ses Président et Vice-Président et plusieurs membres. Au cimetière Montparnasse, Monseigneur de Guébriant récita les dernières prières, et la dépouille mortelle fut inhumée dans le caveau de la Société des Missions-Etrangères.
Un de nos amis qui occupe une importante situation dans une des principales agences de bateaux, en apprenant la mort de M. Couvreur, s’exprimait ainsi dans une lettre qu’il adressait à Monseigneur le Supérieur : « Je ne saurais perdre le souvenir de cette chapelle de River Valley Road qui me fut toujours si accueil¬lante, et où l’on trouvait un Père Couvreur plein d’une vie intérieure et d’une piété que son activité extérieure de Procureur ne laissait pas supposer. Si ce décès est un deuil pour vous, Monseigneur, il est une perte très grande aussi pour les laïcs qui ont connu le Père Couvreur, et pour moi en particulier qui ai reçu de lui des conseils si éclairés. »
M. Couvreur a marqué sa vie dans la Société des Missions-Etrangères par son intelligente activité, son indépendante originalité, la grande générosité de son cœur, par son dévouement à ses confrères, et à toute œuvre ayant un caractère de bien, de beau et de vrai.
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Références
[1386] COUVREUR Nicolas (1855-1929)
AN.ME.:90P244.245/12P104A/17PP208A/21P1A.121A/25P1A.121A/2627P367/28P248/29P129.132+133/
30P87/32P252
C.R.78P55/81P101/83P127.128/92P253/97P303/99P353/07P319/17P148/19P118/29P310/36P294
B.ME.22P20.39.95.104.167.427/25P327.454.519.577/28P315.682.767/27P327.454.519/29P180.192.445+/
446.590/30P413/32P34/35P41.186/39P408/58P83
photos : 22P61/25P616/27P521
Ec.RBac. : 1.13.16.46.57.59.62.64.83.87.89.127.130.132.167.168.173.174.175+176
Singapore en 1918 (Notes dun missionnaire sur le Père Couvreur - extrait