Georges GEX1858 - 1916
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1503
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1881 - 1884 (Shanghai)
- 1887 - 1888 (Hong Kong)
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1884 - 1887 (Malacca)
- 1888 - 1916 (Malacca)
Biographie
[1503] GEX Georges, Philomène, Marie, est né le 20 décembre 1858 au hameau de Favasset à St Pierre d'Albigny, diocèse de Chambéry (Savoie) et fut baptisé le même jour. Il était le 6ème des 8 enfants de Pierre Gex et de Marie Gavillet, cultivateurs aisés et très croyants. Cinq de leurs huit enfants se consacrèrent au service du Seigneur (François comme moine à l'Abbaye N.D de Haute Combe; Joseph comme prêtre à Barberaz; André comme missionnaire au Dahomey et Mélanie, missionnaire au Brésil).
Georges entra, avant d'avoir 10 ans, le 28 octobre 1868, au Petit Séminaire St Pierre d'Albigny, fondé et dirigé par son grand oncle. Puis il entra au Séminaire de Chambéry où il fit une année de Philosophie, sous la conduite des Jésuites. Ensuite, c'est au Séminaire des Missions Étrangères qu'il continua sa formation, à partir du 8 septembre 1877. Il y retrouva un bon nombre de Savoyards, tels que les PP. Bonne, Choulet, Combas, Depierre, Puthod et Quemard. Nommé maître des cérémonies à la fin de 1878, il fut tonsuré diacre le 12 mars 1881 et prêtre le 24 septembre 1881. Entre temps, Georges Gex avait été emmené à la Procure de Rome avec un de ses confrères, par le Père Delpech; il y passa 8 mois, à partir du 24 octobre 1878, en raison de l'avance qu'il avait prise dans ses cours de théologie.
Sa destination en mission étant le service des Procures; le Père Georges Gex s'embarqua pour Hongkong le 26 octobre 1881 et y arriva le 24 décembre suivant. Il y fit d'abord un stage de quelques mois avant de se rendre à la Procure de Shanghai où il travailla un an.
Le 28 avril 1884, le Père s'installa à la Procure de Singapour où il allait travailler pendant une trentaine d'années.
Entre temps, appelé par le service des Procures à Hongkong, en 1887, il y tomba gravement malade (crachements de sang) en décembre 1887, et revint à Singapour en février 1888. Là il finit par se rétablir. Pourtant, son activité était loin d'être de tout repos : correspondance, tenue de livres, courses en villes et aux bateaux, sans négliger pour autant sa vie spirituelle. Sa détente était son jardin où il aimait à cultiver les fleurs et à soigner les abeilles.
Il jugeait inutile les promenades et les voyages, mais il ne manquait ni une retraite du mois, ni la retraite annuelle, ni les neuvaines aux grandes fêtes.
Mais voilà qu'un jour, au lendemain de la retraite annuelle de 1915 -qu'il faisait toujours commencer le dernier dimanche après la Pentecôte, pour la terminer au premier dimanche de l'Avent- le Père Gex commença à ressentir un violent mal de tête. Sentant la gravité de son état, après avoir célébré la messe de la fête de St François-Xavier, il demanda à aller se faire soigner dans la clinique du Docteur Augier à Saïgon. Heureux de se retrouver en terre française", le malade ne se faisait guère plus d'illusions quant à son état; les médecins jugèrent son cas désespéré.
S'en remettant timidement à la volonté de Dieu, le Père Georges Gex rendit son âme au Seigneur, le 6 janvier 1916, à 8h30 du soir. Une vingtaine de confrères accompagnèrent ses restes au cimetière de Mgr d'Adran, à Saïgon.
Nécrologie
M. GEX
ASSISTANT-PROCUREUR
M. GEX Philomène-Georges (Marie), né à Saint-Pierre d’Albigny (Chambéry, Savoie), le 20 décembre 1858. Entré laïque au séminaire des Missions-Etran¬gères le 8 septembre 1877. Prêtre le 24 septembre 1881. Parti pour la pro¬cure de Hongkong le 26 octobre 1881. Mort à Saïgon (Cochinchine occiden¬tale) le 6 janvier 1916.
Philomène-Georges Gex naquit au hameau de Favasset, à Saint-Pierre d’Albigny (Savoie), le 20 décembre 1858, et fut baptisé le même jour. Il était le sixième des huit enfants (sans compter deux morts en bas âge) de Pierre Gex et de Marie Gavillet, cultivateurs jouissant d’une certaine aisance et ayant gardé des mœurs d’une simplicité patriarcale. Dans cette pieuse famille étaient surtout en honneur le travail, la prière et l’amour des pauvres. Cinq de leurs huit enfants devaient se consacrer spécialement au service de Dieu ; François prit le nom de Frère Marie-André, au monastère de Notre-Dame de Haute-Combe, où il mourut pendant son noviciat ; Joseph s’est éteint dans son presbytère de Barberaz, près Chambéry, le 23 décembre 1915 ; Georges, notre con¬frère, le suivit de près dans la tombe ; André évangélise le Dahomey depuis 26 ans, et Mélanie est religieuse missionnaire au Brésil.
Tel est le milieu dans lequel se passèrent les premières années de Georges : il nous explique sa tendre piété et son inviolable fidélité au devoir.
C’est au petit séminaire de Saint-Pierre d’Albigny, fondé et doté par « le grand-oncle », que notre futur confrère fit ses études secondaires. Il y entra le 28 octobre 1868, avant d’avoir ses dix ans révolus. A cette époque, « l’oncle » était supérieur de la maison : c’était donc la vie de famille continuée.
Après un an de philosophie au grand séminaire de Chambéry, alors dirigé par les Jésuites, M. Gex se rendit au séminaire des Missions-¬Etrangères le 8 septembre 1877. Il s’y rencontra avec une pléiade de brillants Savoyards : MM. Bonne, Dépierre, Choulet, Combaz, Puthod et Quenard ; plusieurs d’entre eux devaient être élevés à l’honneur de l’épiscopat, et tous se faisaient remarquer par leur ardeur au travail et leur piété.
Vers la fin de 1878, M. Gex était nommé maître des cérémonies. Ceux qui l’ont alors connu n’ont point oublié la gravité de sa démarche et le calme imperturbable avec lequel il dirigeait les mouvements. Peu ou point de paroles, à peine quelques gestes ébauchés. Mais l’œil était ouvert ; on le constatait quand venait l’heure du « chapitre ».
Le 24 octobre 1878, le vénéré M. Delpech partait pour la procure de Rome, emmenant avec lui deux aspirants, dont l’un était M. Gex, qui avait achevé ses cours de théologie avant d’avoir atteint sa 22e année. Quel souvenir il gardera des huit bons mois passés à Rome ! Il suivait bien les cours de Ballerini et de Masella ; mais presque tout son temps libre était consacré aux visites des sanctuaires et des catacombes.
Ordonné prêtre le 24 septembre 1881, il était destiné à la procure de Hongkong. Il y arrivait le 24 décembre, y faisait un stage de quelques mois, passait un an environ à la procure de Shanghai et était dirigé sur la procure de Singapore où il s’installait le 28 avril 1884. C’est là qu’il allait travailler pendant plus de trente ans, jusqu’au jour où il irait recevoir la récompense éternelle.
Les nécessités du service des procures l’appelèrent toutefois à Hong¬kong en 1887. Tombé gravement malade (crachements de sang) au mois de décembre, il revenait en février 1888 à Singapore, dont le climat passait pour bienfaisant aux malades atteints de la poitrine. Notre confrère mit un soin scrupuleux et méthodique à suivre les prescrip¬tions du médecin, et sa santé finit par se rétablir.
Correspondances, tenue de livres, courses en ville et aux bateaux, voilà quelles seront ses occupations. Lent dans son travail, il y était assidu et tenace. S’il avait un moment libre, il se penchait sur une Vie de Saint, un manuel de théologie, ou un dictionnaire chinois. A l’occasion, ses lettres prenaient un ton quoique peu sévère. Voici ce qu’il écrivait un jour à quelqu’un qui négligeait habituellement d’accuser réception des colis expédiés : « Autrefois, quand nos correspondants recevaient des objets, ils se hâtaient d’écrire au procureur ces deux mots : « Reçu, Merci. » Depuis longtemps, nous sommes sevrés du second ; mais nous pouvons difficilement renoncer au premier. » Et si un ami lui disait : « Vous avez parfois la plume bien dure, mon cher Père », il répondait en souriant : « On me connaît. Tout le monde sait que je suis Savoyard, et les Savoyards disent ce qu’ils pensent. »
Sa grande, son unique récréation se passait au jardin. Il. aimait à cultiver les fleurs et à soigner les abeilles. Peu de promenades et très peu de voyages : « On ne se repose nulle part si bien que chez soi », disait-il.
Tout heureux de rester assistant-procureur, il se faisait gloire d’être-religieusement et absolument dévoué au confrère chargé de la procure. A plusieurs reprises, il eut à diriger la maison pendant l’absence du titulaire. A son retour, celui-ci trouvait tout en ordre et constatait seu¬lement que le bon P. Gex avait fait sentir son autorité en rectifiant quelque pan de mur ou en abattant quelques vieux arbres.
Quant à la fidélité aux exercices de piété, il suffira de dire que M. Gex est resté jusqu’à la fin le séminariste accompli. Dès le séminaire, il avait pris l’habitude de réciter chaque jour le rosaire (trois chapelets). Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans ses notes « O mon cher chapelet ! Partout tu m’accompagneras, car tu es ma lumière dans les doutes, mon espoir dans les inquiétudes, ma force dans les découragements, ma consolation dans les peines, mon baume dans les souffrances, mon arme dans le danger, mon refuge dans les détresses, ma ressource enfin partout et toujours. Après avoir été mon fidèle compagnon de voyage pendant la vie, tu descendras avec moi dans la tombe, tu deviendras mon meilleur avocat au tribunal du Souverain Juge, et tu seras enfin changé pour moi en une couronne de gloire immortelle. » Et plus loin : « J’ai appris à aimer Marie sur les genoux de ma mère. A l’âge de 5 ans, je lui bâtissais une chapelle. »
Retraites du mois, retraites annuelles, neuvaines aux grandes fêtes se faisaient avec une régularité inflexible. Cette fidélité aux exercices de piété, jointe à une mortification constante, devait le conduire loin dans les voies de la vie intérieure. L’humilité sauvegardait toutes ces vertus. Sa devise qu’il n’affichait point, mais mettait en pratique, était : Ama nesciri.
Suivant l’usage, M. Gex commençait sa retraite annuelle le dernier dimanche après la Pentecôte, et la terminait le premier dimanche de l’Avent. Voici ce qu’il écrivait à cette date l’année dernière : «Il me semble que mes forces ont baissé considérablement depuis six mois. Mon Dieu, est-ce un signe que vous m’appelez à vous ? Je vous renou¬velle tout mon amour et ma reconnaissance pour vos bienfaits, et de nouveau je mets en vous toute ma confiance et mon espérance. Aidez-moi à passer de ce monde à la bienheureuse éternité. Si cette retraite est la dernière de ma vie, faites, ô mon Dieu, qu’elle soit la préparation à ma mort... Mon Dieu, sauvez la France de ses ennemis du dehors, et faites un nouveau miracle pour la sauver des ennemis du dedans. Sau¬vez-la contre elle-même. Donnez à la France un cœur nouveau. Rendez à Marie son royaume. Et vous, Vierge bénie, donnez à Notre-Seigneur une France digne du Sacré-Cœur. Disposez mon âme en ce moment, de façon qu’elle soit telle que vous la voulez durant toute l’éternité. Faites, ô mon Jésus, que désormais je ne vive plus que pour vous. Je me tiendrai de plus en plus au pied de votre croix avec sainte Marguerite de Cortone, et toutes les saintes âmes qui vous ont tenu compagnie durant vos souffrances. Veni, Domine Jesu, veni. »
Et le Seigneur Jésus entendit l’appel. Dès le lendemain, notre con¬frère se plaignait d’un violent mal de tête. Le médecin fut appelé, prescrivit des remèdes, et promit de revenir dans une huitaine. Le ven¬dredi, fête de saint François-Xavier, M. Gex célébrait encore la sainte messe, mais éprouvait une extrême fatigue. Ayant manifesté le désir d’être soigné dans la clinique du Dr Angier, il s’embarquait pour Saïgon le dimanche 5 décembre. Il y était à peine arrivé, que le docteur dia¬gnostiquait une congestion cérébrale. Pendant quelques jours, on put croire à la possibilité d’une guérison. Cette lueur d’espoir disparut bien vite : la science et 1e dévouement devaient rester impuissants.
A peine arrivé à Saïgon, le malade se disait « heureux de mourir en terre française » Acceptant tout de la main de Dieu et des hommes, il ne manifestait aucune impatience, n’exprimait aucun désir. Quand sa pensée pouvait saisir le sens des paroles qui lui étaient adressées, il répondait avec calme, lenteur, avec cette réserve et cet air de dignité qu’il a toujours eu en pleine santé : « Désirez-vous quelque chose ? — Oui, la mort. — Les anges vont venir vous prendre. — Oh ! qu’ils vien¬nent bien vite. » Ce qu’il voulait, c’était mourir, c’était voir la grande paix de Dieu, le bon, le long repos. La paix vint enfin, le 6 janvier, à 9 h 30 du soir.
Quelques heures plus tard, un confrère de Saïgon m’écrivait : « Quand, revêtu de sa « chasuble pour l’ultime sacrifice, le cher défunt fut étendu sur la couche mortuaire, c’était le « galbe pâle, amaigri et souriant de l’ascète. Ame d’élite qui ne connaissait ni le doute ni la « défiance, il allait à Dieu comme l’enfant à sa mère. Il l’a déjà contemplé tel qu’il « l’entrevoyait ici-bas : tout Amour. Il est heureux. Et s’il a encore besoin de purifier son « vêtement de noce, la joie de la purification surpasse la douleur de l’épreuve. Il souffre alors « comme il souffrait hier, allégrement, et répète d’une voix harmonieuse comme la harpe des « séraphins : Lœtatus sum in his quœ dicta sunt mihi : In domum Domini ibimus. »
Une vingtaine de confrères accompagnèrent ses restes jusqu’à leur dernière demeure, au cimetière d’Adran, « terre française ». Deleo super te, frater mi, decore nimis.
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Références
[1503] GEX Georges (1858-1916)
Références bio-bibliographiques
CR 1881 p. 104. 1916 p. 175. 217. 1926 p. 223. BME 1930 p. 413.