François PIERRÈS1863 - 1894
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1701
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1887 - 1894 (Chongqing [Chungking])
Biographie
[1701]. PIERRÈS, François-Marie, né le 25 octobre 1863, à Pommerit-le-Vicomte (Côtes-du-Nord), fit ses études classiques à l'Institution Notre-Dame à Guingamp. Il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 9 septembre 1882, fut ordonné prêtre le 26 septembre 1886, et partit le 3 novembre suivant pour le Se-tchoan oriental. Il débuta sous la direction de M. Pons, à Ta-tsiou, d'où la persécution le chassa en 1890. Il se réfugia à Tchong-king, et y pourvut, avec l'aide de la mission, aux besoins de ses chrétiens qui l'avaient rejoint dans cette ville.
Il fut, en 1891, chargé du district de Tong-kiang, dont il s'était occupé précédemment par intérim pendant quelques mois. Malade en 1892, il ne se remit pas complètement, et mourut le 1er avril 1894 à Tong-leang, où il fut enterré.
Nécrologie
M. PIERRÈS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN ORIENTAL
Né le 25 octobre 1863.
Parti le 3 novembre 1886.
Mort le 1er avril 1894.
Un nouveau vide vient de se faire parmi les missionnaires du Su-¬tchuen oriental : M. Pierrès est mort à la fleur de l’âge, à l’heure où la connaissance de la langue, des hommes et des choses, le mettait à même de rendre les plus grands services à sa Mission.
Né à Pommeret-le-Vicomte (Côtes-du-Nord), le 25 octobre 1863, François-Marie Pierrès, après avoir achevé ses humanités, entra laïque au Séminaire des Missions-Étrangères. Quatre ans plus tard, il partait pour le Su-tchuen oriental, où il arriva au mois de jan¬vier 1887. La Mission traversait alors une période très agitée : de la résidence épiscopale, des collèges et autres établissements de Tchong-¬kin, il ne restait plus que des ruines, et Mgr Coupat avec plusieurs missionnaires avait dû chercher un refuge au prétoire du Tao-tay. Les nouveaux venus durent donc, un attendant des jours meilleurs, s’arrêter à Kouy-fou, sur les confins du Su-tchuen oriental.
La tranquillité une fois rétablie, Mgr Coupat envoya M. Pierrès à Ta-tsiou, pour seconder M. Pons et faire sous sa direction un sérieux apprentissage du ministère apostolique. Sur ces entrefaites, M. Leclerc étant mort à Tong-liang, M. Pierrès fut momentanément chargé de ce district. Quelques mois après, il le cédait à son compatriote, M. Ruellan. et revenait à Ta-tsiou.
Deux fois déjà la persécution s’était abattue sur ce district, détrui¬sant le fruit de longues années de labeur. Pendant que M. Pons rele¬vait les ruines matérielles et rebâtissait l’oratoire de Long-chouy-tchen, M. Pierrès poursuivait l’affermissement de l’édifice spirituel un peu ébranlé, lui aussi, par la tourmente.
Au mois d’août 1890, éclata une nouvelle persécution. Non seule¬ment Long-chouy-tchen, mais Ma-pao-tchang, Tsiang-kia-pa, en un mot toutes les belles stations du district, devinrent en quelques jours la proie des flammes ; bien plus, une dizaine de chrétiens payèrent de leur vie leur attachement inébranlable à la foi. M. Pierrès, qui, jus¬qu’au dernier moment, avait voulu rester à son poste, n’échappa à la mort que par miracle, et, en suivant des chemins détournés, arriva à Tchong-kin. Les persécutés de Ta-tsiou ne tardèrent pas à l’y rejoindre un grand nombre ; il fallait les consoler, les soutenir, ranimer leur courage, pourvoir à leurs nécessités les plus pressantes ; M. Pierrès employa à cette œuvre toutes ses ressources et tout son cœur. Mais comme le district de Tong-liang était de nouveau sans pasteur, il en fut chargé et se montra là, comme à Ta-tsiou, missionnaire zélé et infatigable, visitant ses chrétiens au moins deux fois par an, prêchant, catéchisant, instituant des écoles, faisant tout en un mot pour donner à ses ouailles cette nourriture spirituelle sans laquelle l’âme la mieux trempée ne saurait vivre.
Bien qu’il se trouvât heureux dans son nouveau district, M. Pierrès ne pouvait s’empêcher de porter ses regards vers Ta-tsiou, le pays auquel il avait donné les prémices de son apostolat et qui lui était par là même particulièrement cher. Il suivait avec anxiété les événements, et le spectacle de ses anciens chrétiens, exilés de leurs demeures, mis en quelque sorte hors la loi, faisait dans son cœur une blessure chaque jour plus profonde.
La tristesse dont il ne pouvait se défendre et la négligence de cer¬taines précautions hygiéniques, qu’il coûte parfois à la nature de prendre, mais qui sont indispensables sous le climat meurtrier de l’Extrême-Orient, ne tardèrent pas à engendrer un lui une de ces maladies difficiles à définir, qui minent sourdement et ont raison à bref délai des plus fortes constitutions. Déjà, au mois de mai 1892, le Père avait été sérieusement fatigué ; au mois de novembre de la même année, le mal éclata sous la forme d’une dysenterie opiniâtre, accompagnée de vomissements continuels. Un confrère voisin, appelé en toute hâte, trouva le malade bien affaibli ; lui-même avait conscience de la gravité de son état ; il demanda et reçut les derniers sacrements et faisant généreusement le sacrifice de sa vie se prépara à la mort. Toutefois l’heure marquée par la divine Providence n’avait pas encore sonné ; des remèdes énergiques conjurèrent tout danger immédiat, et, après quelques mois de repos, à Tchong-kin, M. Pierrès put reprendre l’administration de son district.
Pendant la première partie de l’année 1893, sa santé se maintint dans un état satisfaisant. Au mois de septembre, il retombait et, pour la seconde fois, se voyait près de mourir. Comme l’année pré¬cédente, des soins spéciaux purent conjurer le danger à temps, mais l’organisme était sérieusement atteint. Ses jambes surtout avaient gardé de ces deux crises une grande faiblesse et les moindres courses le fatiguaient extrêmement.
Le 20 mars dernier, on vint, d’une station éloignée, le chercher pour administrer les derniers sacrements à un malade. Bien qu’il fût lui-même très indisposé, il voulut se rendre là où le devoir l’appelait. Il avait trop présumé de ses forces et rentra à Tong-liang brisé de fatigue. Quelques remèdes pris aussitôt semblèrent produire une amé¬lioration sensible dans son état ; il avait retrouvé l’appétit pouvait aller et venir dans sa chambre, et causait gaiement avec ceux qui le soignaient.
Le 1er avril, vers onze heures et demie du soir, le Père appelle son servant de messe pour l’aider à se lever un instant ; à peine est-il debout que les forces lui manquent ; son domestique le replace sur le lit et appelle quelques chrétiens. Quand ils arrivent, ils trou¬vent le pauvre Père sans parole, sans mouvement, mais respirant encore ; ils commencent aussitôt les prières des agonisants et l’un d’eux exhorte le mourant à invoquer le saint nom de Jésus et à offrir au bon Dieu le sacrifice de sa vie ; à deux reprises il incline la tête un signe d’assentiment, puis demeure immobile. Sans effort, sans secousse, l’âme s’était débarrassée de son enveloppe mortelle et s’était réunie à son Créateur.
Le surlendemain, M. Bonnet, provicaire, et un autre missionnaire arrivaient à Tong-liang pour les funérailles ; ils trouvèrent le corps revêtu des habits sacerdotaux et exposé dans l’oratoire ; le visage avait conservé sa placidité naturelle et on eût dit que le Père dor¬mait d’un paisible sommeil.
Le 6 avril au matin, le cortège funèbre se dirigea, en traversant la ville, vers l’endroit choisi pour la sépulture. En tête marchait la croix ; derrière, venaient les chrétiens portant des cierges allumés et chantant l’office des morts ; de chaque côté, formant double haie, une foule curieuse mais respectueuse ; sur tout le parcours de près de deux kilomètres, on n’entendit pas un mot déplacé, une parole malsonnante.
Sans doute on peut attribuer cela au respect naturel que les Chi¬nois ont pour les morts, mais aussi et surtout à l’estime générale que M. Pierrès avait su se gagner. Les vieillards de l’hospice païen qui chaque année avaient une large part à ses aumônes, versèrent des larmes en apprenant sa mort, et les notables voulurent lui donner une marque publique de leur estime en accompagnant ses restes mor¬tels jusqu’aux portes de la ville.
Plusieurs fois, dans ses maladies précédentes, M. Pierrès avait exprimé le vœu d’être enterré au milieu de ses chrétiens de Tong¬-liang auxquels il était si profondément attaché. Ce vœu a pu être réalisé ; peu de mois avant sa mort, grâce à quelques ressources provenant d’une pieuse fondation, il avait acheté un petit terrain en vue de faciliter une œuvre qui lui était chère entre toutes, l’œuvre des écoles. C’est dans ce terrain, à cinq ou six kilomètres de la ville, que reposent ses restes mortels en attendant l’heure de la résurrec¬tion.
Références
[1701] PIERRÈS François (1863-1894)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1890, p. 65 ; 1891, p. 86. - B. O. P., 1891, Persécution à Ta-tsiou, p. 337. - A. M.-E., 1910, p. 265. - Sem. rel. Saint-Brieuc, 1890, p. 533 ; 1894, pp. 308, 321.
Notice nécrologique. - C.-R., 1894, p. 361.