Claude CHARLES1863 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1728
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1887 - 1919 (Hanoi)
Biographie
[1728]. CHARLES Claude (1863-1919) né le 6 mars 1863 à Chevenoz (Haute Savoie),.entra au Séminaire des M.-E. en 1884, fut ordonné prêtre le 20 mars 1886, et partit pour le Tonkin occidental le 15 décembre 1886. Après létude de la langue à Ke-so, il devint professeur au séminaire de Hoang-nguyên, où il resta jusqu'en 1896. Puis il fut chargé du district ouest de Thanh-hoa. En 1898, il administra les postes de Ke-ben et de Nhan-lo. Il revint malade en France et mourut à Montbeton le 23 février 1919.
Nécrologie
[1729] CHARLES Claude (1863-1919)
Notice nécrologique
M. CHARLES (Claude-François), né à Chevenoz (Annecy, Haute-Savoie), le 6 mars 1863. Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 12 septembre 1884. Prêtre le 20 mars 1886. Parti pour le Tonkin occidental le 15 décembre 1886. Mort à Montbeton le 23 février 1919.
M. Charles, né à Chevenoz, appartient à la Savoie qui figure parmi les provinces les plus généreuses de prédicateurs de l’Evangile.
Destiné au Tonkin Occidental, il arriva à Hanoï à la fin de janvier 1887. Les lecteurs avertis de nos notices savent que, chez nous, l’un des premiers soins du Vicaire Apostolique est d’imposer au nouveau missionnaire un nom plus accommodé que le sien aux oreilles et aux bouches de son nouveau pays. Celui qui fut donné au Père Charles, choisi par le tact délicat de Mgr Puginier, rappelait le souvenir glorieux d’un héroïque Martyr de la Savoie, le P. Jaccard, aujourd’hui bienheureux.
Après quelques mois passés, à Keso, dans l’étude de l’annamite, notre confrère fut envoyé à Butdong pour se former peu à peu au ministère de la prédication et de l’administration des sacrements.
Les débuts de toute préparation apostolique sont toujours pénibles, car ils exigent force renoncements, un changement absolu dans les habitudes et une transformation de la mentalité. Pour M. Charles, ces épreuves se doublèrent de cruelles souffrances physiques, qui nécessitèrent son entrée à l’hôpital militaire de Hanoï. Là le docteur Robert constata la présence d’une série d’abcès froids et le patient dut subir plusieurs opérations chirurgicales très douloureuses ; mais, grâce à Dieu et à l’habileté de son médecin, notre confrère se remit assez promptement. Le docteur Robert, il est vrai, convaincu qu’il ne pourrait s’ac¬climater au Tonkin, le pressait de rentrer en France, mais le P. Charles persista à rester, convaincu de sa vocation de missionnaire, et il semble bien, par ses trente années d’apostolat, que la foi eut raison contre la science.
Sauvé de cette alerte, il fut envoyé comme vicaire de M. Letourmy dans le district nord de la province de Ninhbinh, puis nommé professeur au petit Séminaire de Hoangnguyen, où il resta de 1889 à 1896. Ce bail déjà long, et qui n’était peut-être pas encore à terme, fut résilié par une nouvelle apparition de son mal, mais sous une autre forme. Il dut se rendre au sanatorium de Béthanie. Ses élèves conservent de son trop court passage au petit Séminaire un souvenir d’estime et de reconnaissante affection. J’entends encore l’un d’eux qui cherchait à caractériser d’un mot la façon des prédicateurs, le mettre en tête pour les raisons fortes. L’éloge n’était pas mince ; car n’était-ce pas proclamer que cette prédication pleine et nourrie atteignait le but de tout sermon : convaincre.
De retour du sanatorium, M. Charles fut placé à la tête du district ouest de Thanhhoa. Il n’y resta guère qu’un peu plus d’un an, mais ce fut suffisant pour qu’il manifestât les deux qualités maîtresses de tout apostolat, le zèle et le cœur, celui-ci répondant de celui-là. Or des qualités du cœur, M. Charles en était abondamment pourvu, il le prouva bientôt après avoir été choisi par le conseil de la Mission pour remplir la charge, toute de dévouement et de compétence de Procureur.
Un retour offensif de sa maladie l’obligea en 1908, à chercher des soins en France. A peine remis, il s’empressa de rejoindre sa Mission et vaillamment reprit sa tâche, dont d’incessantes souffrances aggravèrent le poids. Après une attaque de dysenterie qui le mit à plusieurs reprises en danger immédiat de mort, il fut de nouveau contraint de regagner la France. Il demandait encore à revenir, n’écoutant que son cœur selon son habitude, quand la mort le surprit dans la Maison de Montbeton le 23 février dernier. Huit jours auparavant il avait tracé à grande peine ces quelques lignes qui livrent toute entière son âme. « Je sens que la mort approche, je suis prêt ; je n’ai qu’un regret : celui de ne pas mourir au Tonkin. »
Très intelligent, primesautier, conteur coloré et vivant, spirituel auteur original de farces innocentes dont les victimes étaient les premières à rire, M. Charles montra toujours un tact rare dans ses rapports avec les Français ; son cœur si prompt à l’amitié, le rendait vite plus que sympathique à ceux qui le connaissaient, ainsi que le prouve cette appréciation d’un bon juge, formulée après sa mort : « Le P. Charles était l’un de ceux qui attiraient les visiteurs sur le chemin de la Mission. »
Beaucoup de chrétiens relâchés, dont les liens se tendaient rarement jusqu’à l’église, quand ils rencontraient l’un de nous, se réclamaient du nom du P. Charles. Il était ainsi le poste avancé, ou, pour mieux tenir compte du mouvement de la charité entreprenante, l’avant-garde du bon Dieu.
Ceux qui lui parlaient s’orientaient déjà un peu de notre côte et, s’ils n’allaient pas d’un coup à Dieu, au moins en voyaient-ils la route. En même temps que M. Charles, le bon Dieu leur devenait sympathique. Aussi n’est-il pas exagéré d’assurer que notre confrère a été regretté hors de chez nous presque autant que chez nous.
Je ne sais plus quel saint personnage répondait à un évêque qui lui demandait son avis : « Voulez-vous avoir de bons prêtres ? Qu’ils célèbrent bien la messe et récitent bien leur bréviaire. » Pour le bréviaire, M. Charles le soustrayait à tous les mauvais hasards qui, sous le nom de distractions, se rencontrent presque partout, en le disant chez lui, portes closes. Vraiment, avec ces précautions surérogatoires, ce n’était pas sa faute si quelques distractions forçaient ses portes.
Quant à sa messe, il la célébrait avec une ferveur dont la première forme était l’observation scrupuleuse et impeccable des Rubriques. Les Carmélites de Hanoï dont il fut le chapelain, gardent le souvenir édifié de sa tenue à l’autel, et le modeste auteur de cette notice demande à noter ici l’une des impressions les plus profondes de sa vie. M. Charles lui dit un jour en lui montrant son calice : « On va chercher bien loin des reliques, en est-il qui vaillent celle-là ? »