Benjamin PUECH1865 - 1932
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1909
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1891 - 1932 (Yibin [Suifu])
Biographie
PUECH Benjamin, Benoît, est né le 29 mars 1865 à Ambialet, dans le diocèse d'Albi (Tarn). Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 3 décembre 1887 et est ordonné prêtre le 28 septembre 1890. Il part le 29 octobre suivant pour la mission du Setchoan méridional.
Il arrive à Suifu le 14 février 1891. C'est à Che-ly-chan qu'il s'initie à la langue et au ministère apostolique avant d'être nommé à Kiating, puis en 1893 à Pen-chan. En 1894, il est nommé à Yatcheou où il va rester 7 ans, passant sa vie à parcourir son immense district. Il bâtit une jolie petite église et une résidence confortable à Tay-ouan, dans la préfecture de Minchan. Mais en 1901, tout cela est détruit lors de la révolte des Boxers. Le Père Puech doit se sauver à Yatcheou où il sera hébergé au prétoire du sous-préfet. Après cette violente secousse et pour reposer un peu ses nerfs, il est envoyé à Kiating où il est chargé de la gérance de la procure locale et de l'administration de plusieurs chrétientés : il y accueillait volontiers les confrères pendant le répit des fortes chaleurs et des travaux des champs : il y restera jusqu'en 1910. Il devient alors procureur de la mission à Suifu. Nommé architecte de la mission l'année suivante, il va passer douze années à bâtir églises ou résidences ou même écoles soit à Yanghien, à Tchetcheou, Hongya, Kiakiang ou à Suifu. Mais après la révolution de 1911, le pays est complètement désorganisé et le Père Puech doit interrompre ses travaux; il en profite pour prendre un congé à Hongkong. Rentré au Setchoan, il reprend sa tâche pour ne plus se reposer, suivi partout de ses équipes d'ouvriers chinois qu'il avait lui-même formés.
Au début de l'année 1922, il couronne son oeuvre par la construction du Grand Séminaire de Tiao-hoang-leou et se retire alors à Kiang-gan, heureux de reprendre sa vie de missionnaire et administrant les immeubles appartenant à la mission, ce qui lui occasionnera ennuis et luttes inconcevables, en particulier de la part d'un apostat.
Le 24 mars 1932, il vint à Suifu saluer Mgr. de Guébriant, Supérieur Général. Dans la matinée du 27, il meurt d'une attaque d'apoplexie foudroyante, à l'âge de 67 ans. Ses obsèques eurent lieu à l'église cathédrale dans la matinée du 31 mars. L'absoute fut donnée par Mgr. de Guébriant. L'inhumation eut lieu le même jour au cimetière de Hotikeou.
Nécrologie
M. PUECH
MISSIONNAIRE DE SUIFU.
M. PUECH (Benjamin-Benoît) né le 29 mars 1865, à Ambialet (Albi, Tarn). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 3 décembre 1887. Prêtre le 28 septembre 1890. Parti le 29 octobre 1890 pour la Mission du Setchoan Méridional. Mort à Suifu le 27 mars 1932.
Le 27 mars 1932, jour de la grande et belle fête de Pâques, tout le monde était à la joie dans notre chère Mission de Suifu : notre bien-aimé autant que vénéré Supérieur Général, S. Exc. Mgr de Guébriant, était arrivé la veille au soir ; et, par une de ces délicatesses qui lui sont naturelles, il avait voulu célébrer la sainte messe dans la belle église de Si-men-ouai (paroisse du faubourg de l’Ouest), où il retrouvait un vieux compagnon d’armes. Après un frugal déjeuner, nous sortions du presbytère quand un de nos jeunes confrères, tout bouleversé, nous aborde et nous dit : « Le Père Puech vient de mourir ! » La foudre serait tombée à côté de nous que la secousse n’eut pas été plus forte. La veille au soir il était joyeux et plein d’entrain... Qui donc peut être assuré de l’instant qui va suivre !
M. Benjamin-Benoît Puech naquit à Ambialet, paroisse Saint-Jean de Lacalm, diocèse d’Albi (Tarn) le 29 mars 1865, d’une famille honorable et foncièrement chrétienne qui a donné à Dieu plusieurs de ses membres, et qui compte encore un missionnaire actuellement au Kouy-Tcheou, depuis plus de vingt années. Il fut ordonné prêtre le 28 septembre 1890, reçut sa destination pour la Mission du Sutchuen Méridional et arriva à Suifu le 14 février 1891.
Ce fut à Che-ly-chan, sous la sage direction de M. Raison, qu’il fut envoyé pour apprendre la langue et s’initier à la pratique du ministère apostolique. Le jeune missionnaire supérieure-ment doué fit des progrès rapides et bientôt fut placé à Kia-ting où M. Jaimes, doyen d’âge de la Mission, cumulait les charges de procureur local et de chef d’un vaste district. M. Puech, tout en profitant de l’expérience de son nouveau Mentor, l’aidait dans l’administration de ses nombreuses stations, surtout à Tchou-ken-t’an. Il ne fit guère que passer dans ce poste et, en 1893, fut chargé de l’important district de Pen-chan. Il trouva là de belles chrétientés qui lui donnèrent beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de consolations.
Il ne resta pas longtemps à Pên-chan. En 1894, nous le trouvons à Yatcheou où, pendant sept ans, il devait donner la mesure de ses éminentes capacités. Son nouveau district, le plus vaste de toute la Mission, comprenait cinq sous-préfectures : Yà-gan, Mîn-chan, Uîn-kin, Lôu-chan et T’sien-ts’uen. C’était presque la moitié de la nouvelle Mission de Yatcheou, confiée depuis peu au clergé indigène, et où travaillent actuellement près de vingt prêtres chinois. M. Puech, toujours zélé, ne se contentait pas d’administrer ses chrétiens, il travaillait aussi, autant que ses moyens et les circonstances le lui permettaient, à la conversion des païens et son cœur d’apôtre était heureux de pouvoir chaque année recueillir une belle gerbe de baptêmes d’adultes. A cette époque, le missionnaire n’avait pas de résidence fixe. Traînant après lui, dans quelques paniers, sa chapelle, sa bibliothèque et sa garde-robe, il passait sa vie à parcourir les régions qui lui étaient confiées, partageant le logement et la nourriture de ses chrétiens.
Cependant, Mgr Chatagnon qui, jadis, avait visité ce district, s’était réservé dans la ferme de Chen-k’y-keou quelques chambres où il se retirait pour prendre de temps à autre un peu de repos. Les confrères voisins moins bien partagés venaient jouir parfois de sa compagnie dans le calme de cette solitude. M. Puech garda ce pied-à-terre pendant plusieurs années ; mais il rêvait de construire une belle église qui rassemblerait ses fidèles dispersés et serait une prédication permanente pour les païens des alentours. Pour réaliser son projet il choisit Tay-ouan, station impor¬tante et quasi centrale dans la sous-préfecture de Minchan. Il se mit bientôt à l’œuvre et en dépit des nombreuses difficultés auxquelles il eut à faire face, ses talents d’architecte firent surgir de terre une jolie petite église, puis une résidence confortable et des plus pratiques. En 1898, tous ces travaux étaient terminés. Il ne jouit pas longtemps de cette merveilleuse installation qui lui avait coûté tant de peines et d’argent, car en 1910 tout fut détruit par les Boxeurs. Non seulement ses belles contructions de Tay-ouan furent pillées, et complètement rasées, mais toutes les maisons de ses chrétiens subirent le même sort. Le pauvre missionnaire après avoir ainsi tout perdu réussit cependant à se sauver à Yatcheou où, pendant cinq mois, il reçut l’hospitalité au prétoire du sous-préfet. Ce qu’il dût souffrir durant tout ce temps n’est pas chose facile à dire : la gêne, les privations de toutes sortes n’étaient rien cependant en comparaison des angoisses de son cœur de Père désolé de voir ses chrétiens dispersés, ruinés, et persécutés.
Quand M. Puech quitta son refuge, il en sortit avec les honneurs de la guerre. Sur les indemnités accordées aux chrétiens, grâce à ses démarches et à l’intervention du Ministre de France à Péking, il préleva, avec leur consentement, une somme destinée à constituer une fondation qui serait à l’avenir gérée par le conseil de fabrique et dont les revenus serviraient à soutenir les écoles et autres œuvres du district. C’était le fait d’un administrateur prévoyant.
Toutefois, après la violente secousse qu’il venait d’éprouver à la suite de tant de malheurs, un changement s’imposait pour donner à ses nerfs le temps de se calmer. Son Evêque l’envoya à Kiating où il fut chargé de la gérance de la procure locale et de l’administration de plusieurs chrétientés. C’était dans cette ville que chaque année les confrères se réunissaient au mois de juillet alors que les fortes chaleurs et les travaux des champs imposaient aux missionnaires un moment de répit dans leur ministère. Tous se souviennent de l’aimable accueil avec lequel ils étaient reçus par le regretté défunt. Pas plus que les autres M. Puech ne vivait dans l’abondance, mais il savait s’ingénier pour offrir une table frugale et une hospitalité réconfortante, le tout assaisonné d’une si simple et si franche cordialité qu’on se sentait près de lui tout à fait à l’aise, j’allais dire bien mieux que chez soi. Sa compagnie était d’ailleurs vraiment agréable et intéressante, ses connaissances étendues et variées, son juge-ment sûr et prompt : il avait des mots à l’emporte-pièce à la fois sérieux et enjoué, il réussissait à faire valoir ses opinions et ses idées sans s’aliéner ses contradicteurs. Quand il arriva à Kiating, la ville comptait peu de chrétiens. Il eut la consolation de voir son petit troupeau augmenter et sut amorcer dans la masse païenne un mouvement de conversions qui par la suite a pris de plus en plus d’extension. Maintenant cet endroit est devenu une station assez importante. Quand, en 1910 il dut quitter ce poste pour devenir Procureur de la Mission il emporta les regrets unanimes de toute la population.
Il ne resta pas longtemps à Suifu, l’année suivante en effet, nommé architecte du Vicariat, celui qui aimait tant à faire des âmes qui lui étaient confiées les temples du Saint-Esprit, devait pendant douze années consécutives consacrer tout son temps et son zèle à élever d’autres temples et de magnifiques monuments à la gloire de Dieu, d’abord à Yang-hien, puis à Tche-tcheou, à Hong-ya, à Kia-kiang et à Suifu. Dans cette dernière ville, il bâtit un pensionnat et en divers autres endroits tantôt de belles et grandes églises, tantôt des résidences ou des écoles dont seraient fières certaines paroisses de France, et qui font le plus grand hon-neur à ses talents artistiques. M. Puech, au cours de sa carrière apostolique n’a pris qu’un seul congé. Au moment de la Révolution, le pays était complètement désorganisé : commerce, indus¬trie, agriculture, rien ne marchait plus. Les villes, les marchés, ordinairement si animés, étaient mornes et sans vie, les routes autrefois si fréquentées étaient devenues désertes, un voyageur n’aurait même pas trouvé une tasse de thé dans les auberges fermées. Force fut donc à notre confrère d’interrompre ses travaux. Il en profita pour aller prendre un repos bien mérité au Sanatorium de Hongkong. Quand il revint au Setchoan il reprit vaillamment sa tâche pour ne plus se reposer. A peine avait-il terminé une bâtisse dans un endroit, qu’il allait recommencer dans un autre avec une patience et une persévérance admirables. M. Puech réussit à former d’excellentes équipes d’ouvriers chinois qui le suivaient partout pour travailler et réaliser les plans que lui-même avait étudiés et dressés minutieusement jusque dans les moindres détails.
Au commencement de 1922, il couronnait son œuvre par la construction du grand Séminaire, ce bel établissement de Tiao-hoang-leou. Il se retira alors à Kiang-gan dans une résidence étroite et mal commode où il demeura jusqu’à sa mort sans l’améliorer, bien que ses Supérieurs l’aient autorisé à y faire les aménagements jugés nécessaires. Heureux de reprendre sa vie de missionnaire interrompue depuis de longues années, il s’y consacra corps et âme.
Le district de Kiang-gan s’était considérablement développé. Sous la direction du nouveau pasteur, le progrès continua : il y fit régner la discipline et la ferveur. Mais, à Kiang-gan, il n’avait pas à s’occuper uniquement du spirituel ; il devait aussi administrer les immeubles appartenant à la Mission. C’est de là que lui vinrent des ennuis et des luttes inconcevables. Un mauvais chrétien, le pire des apostats, gagné aux théories communistes, profitant des velléités prêtées au Gouvernement chinois de mettre la main sur les biens ecclésiastiques, avait résolu d’en devancer l’exécution à son profit. Après s’être emparé d’un terrain appartenant à la communauté chrétienne, il mena une campagne acharnée contre les missionnaires et les étrangers en général, pérorant dans les auberges et les carrefours, écrivant dans les journaux avec une audace et un cynisme incroyables. M. Puech tint tête à l’orage et, pendant plusieurs années, eut à subir toutes sortes d’avanies de cet énergumène. Finalement, les autorités provinciales sortirent de leur torpeur et durent intervenir pour affirmer « in casu » les droits fondés des légitimes propriétaires. Ce nouveau Judas était battu, mais il ne désarma pas. Sans son grand esprit de foi, un dévouement sans borne à la Mission et sa force de caractère, comment M. Puech aurait-il pu résister si longtemps à une pareille épreuve ? Or, quand on le voyait, il paraissait toujours calme et même joyeux, ne perdant rien, malgré son âge déjà avancé, de son entrain et de la vivacité de son esprit. C’est ainsi que nous l’avons trouvé le 26 mars quand il vint à Suifu pour saluer notre vénéré Supérieur Général. Comme nous ne nous étions pas vus depuis longtemps, la première soirée passée ensemble se prolongea assez avant dans la nuit. Au moment de se séparer, rien ne faisait prévoir ce qui allait arriver.
A 1 heure ½ après minuit, M. Puech ressentit subitement de très fortes douleurs à la gorge, entre les épaules et aux avant-bras. Il se leva, appela les confrères voisins. « Çà ne va pas, dit-il ; je souffre terriblement. » Son corps ruisselait d’une sueur froide. Cependant, le pouls était normal et le malade ne ressentait aucune douleur de tête ni n’éprouvait de gêne à parler. Une infusion de thé à l’alcool de menthe et des frictions d’alcool camphré calmèrent un peu les douleurs ; vers 3 heures ½ il voulut absolument que ses confrères allâssent se reposer. Pour lui, il lui était impossible même de s’étendre sur son lit. Il passa le reste de la nuit tantôt assis sur une chaise, tantôt à se promener dans sa chambre. De temps en temps, on l’entendait invoquer à haute voix le Sacré-Cœur de Jésus et la Sainte Vierge. C’était du reste chez lui une habitude, chaque fois qu’il avait de longues insomnies.
A 5 heures du matin, les douleurs moins fortes avaient gagné la poitrine et les mains. Vers 7 heures ½ , il prit une petite tasse de café. Une demi-heure plus tard, les confrères se promenaient dans la cour, à quelques pas de sa chambre, quand ils l’entendirent tomber à terre, comme une masse ! On se précipite... le pauvre Père était sans connaissance. Vite, on le couche sur son lit et pendant que l’un de nous court chercher les saintes-huiles, un autre lui donne l’absolution ; tous les soins furent inutiles et dix minutes après il avait rendu le dernier soupir.
Malgré cette mort vraiment tragique, M. Puech a eu une fin bien consolante. Sans cette circonstance extraordinaire qui l’avait amené à Suifu, aurait-il eu le temps d’appeler un confrère à son secours ? et lui qui, si souvent, avait affronté de longs voyages et toutes les intempéries des saisons pour porter aux mourants les suprêmes consolations des derniers Sacrements, ne se serait-il pas ¬vu privé lui-même des ultimes secours de la Religion ? La mort d’ailleurs ne l’a pas pris à l’improviste ; il s’y préparait continuellement par une vie vraiment exemplaire. Aussi, est-ce avec le¬ plus grand calme qu’il disait aux confrères qui le soignaient pendant la nuit : « Je crois que ma fin approche. »
La veille, le Samedi-Saint, M. Puech, en sa qualité de doyen d’âge, avait eu seul le bonheur de célébrer la sainte messe devant tous les confrères réunis à l’Evêché ; et, pendant la nuit, quand on voulut lui faire prendre un peu de thé, il s’y refusa d’abord en disant : « Mais non ! je ne veux rien prendre pour pouvoir célé¬brer le Saint-Sacrifice. Une fête de Pâques sans messe, ce serait trop triste ! » Dieu lui réservait un autre sacrifice… et c’est au Ciel, nous l’espérons bien que notre cher confrère est allé chanter un éternel Alleluia.
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Références
[1909] PUECH Benjamin (1865-1932)
Références biographiques
AME 1891 p. 92. 1896 p. 588. 1909 p. 37. 38. 1932 p. 142. CR 1890 p. 219. 1900 p. 91. 92. 94. 347. 348. 1902 p. 106. 1903 p. 95. 1909 p. 502. 1917 p. 49. 1918 p. 184. 1922 p. 48. 1923 p. 59. 60. 64. 1925 p. 52. 1926 p. 52. 1929 p. 74. 1930 p. 337. 1931 p. 76. 79. 1932 p. 312. 351-356 (notice nécro). 1935 p. 297. 298. BME 1922 p. 237. 438. 1924 p. 392. 458. 731. photo p. 798. 1928 p. 562. 1930 p. 372. 1932 p. 326. 455. 537. 1933 p. 445. 618. 1934 p. 203. 343. 417. 789. 1935 p. 123. 214. 1937 p. 585. APF 1924 p. 281. MC 1924 p. 421. 422. EC1 N° 241.