Claude GRANGER1868 - 1931
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2096
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1894 - 1931 (Hanoi)
Biographie
[2096] Claude-Marie GRANGER naquit le 2 avril 1868, au hameau de la Garenne, paroisse de Lafond, commune de Claveisolles, département du Rhône, diocèse de Lyon. Il fit ses études primaires chez les Frères, passa à la ménécanterie de Claveisolles, puis au petit séminaire où il prit des habitudes d'ordre et de régularité. Entré au grand séminaire diocésain où, le 27 mai 1893, il reçut le diaconat, il y apprécia la formation reçue de ses maitres sulpiciens.
Le 9 septembre 1893, il arriva au séminaire des Missions Etrangères, et y trouva de nombreux aspirants originaires du diocèse de Lyon. Ordonné prêtre le 1 juillet 1894, destiné au Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï), il partit rejoindre sa mission le 15 août 1894.
Arrivé à Ke-So, il se mit à l'étude de la langue viêtnamienne qu'il arriva à parler avec aisance et clarté. Puis, il passa dans le Vicariat Apostolique du Haut-Tonkin (Hung-Hoa), lors de la création de ce dernier le 15 avril 1895. Le 15 juillet 1895, Mgr. Ramond avec MM. Bessière, Méchet, Ambroise Robert, Chatellier et Granger s'embarquèrent sur le Fat-si-Long" pour gagner Hung-Hoa, centre de la nouvelle mission.
M.Granger fut nommé vicaire de M.Chatellier qui prit en charge la région de Yen-Tap et Du-Bo. La paroisse de Yen-Tap comprenait les chrétientés de Ta-Xa avec 900 chrétiens, de Chieu-Ung brûlée trois fois par les pirates,et qui comptait 600 chrétiens. A trois heures de Yen-Tap, vers le nord, toujours sur le Fleuve Rouge, se trouvait la paroisse de Du-Bo avec ses 2.468 chrétiens laquelle avait été pillée et incendiée à plusieurs reprises. Sur cette même paroisse était établi le poste militaire de Yen-Bai.
Après un court passage à la procure de la mission à Hung-Hoa, en 1899-1900, M.Granger fut envoyé à Nghia-Lo. Au mois de décembre 1900, il quitta Yên-Bai et se dirigea à 80 kms environ, vers l'Ouest, à travers des montagnes qui ont jusqu'à 1.000 mètres d'altitude. Après deux jours de marche, il arriva dans la plaine de Nghia-Lo, et, pour la somme de six piastres, acheta une maison, dans ce centre important d'échange commercial entre les divers groupes ethniques. En Janvier 1901,M.Jordan alla le rejoindre. Un peu plus tard, M.Granger s'établit chez les Meo à Cao-Pha, puis revint à Nghia-Lo avec MM.Jordan qui mourut à Montbeton le 27 décembre 1906 et Antonini, qui décéda le 7 mai 1908, à Hanoï.
L'installation à Nghia-Lo ne se fit pas sans difficultés. En août 1902, M. Granger fatigué,fut obligé de partir pour le sanatorium de Hong-Kong, et trois mois plus tard M.Jordan l'y rejoignit. M.Antonini resta seul. Rentré de Hong-Kong au début de l'année 1903, M.Granger retrouva son poste de Nghia-Lo.
En 1908, chargé de la paroisse de Ha-Tach, il fit 41 baptêmes, cette année-là. Il donnait parfois l'impression de sévérité, trouvant ses chrétiens trop passionnés pour le jeu; il les voulait solidement instruits, réguliers aux offices; de sa grosse voix grondeuse, il pressait les négligents, mais il les aimait tous profondément. De belle prestance,et éloquent, très hospitalier envers les confrères de passage à Ha-Tach, il entretenait d'excellents rapports avec les professeurs du petit séminaire, ses voisins.
En 1917, une angine de poitrine faillit l'emporter; la moindre responsabilité l'effrayait; il demanda à être déchargé de tout ministère, et alla se reposer à Hong-Kong. A son retour, Mgr. l'envoya à Son-Tây, chez M. Massard. En 1924, à la demande de Mgr. Gendreau, MM. Granger de la mission de Hung-Hoa, et Dupin du vicariat de Hanoï copièrent les seize mille et quelques centaines de pages grand format, constituant les dépositions de plus d' un millier de témoins, au sujet de 350 martyrs dont les causes n'avaient pas encore été présentées à Rome. M.Granger copia ses vingt pages quotidiennes; son travail, soigné et bien clair fut envoyé à Rome.
Cette tâche terminée, il revint à Hung-Hoa, remplaça temporairement, en 1926, M. Robert décédé, et visita les chrétiens de Lao-Kay et de Chapa. En février 1929, il fut chargé du district de Yên-Bay, remplaçant M. Blondel obligé de rentrer en France. Cette même année, à la clôture de la retraite,ses confrères le choisirent, à une forte majorité, comme leur délégué, pour préparer l'Assemblée Générale de 1930. Ainsi, le 11 février 1930, il participa à cette réunion préparatoire qui se tint à Ke-So pendant quatre jours.
Le 13 juin 1929, M.Granger s'embarqua à Hai-Phong pour aller se reposer à Hong-Kong. En raison de son départ, M.Méchet prit le district de Yên-Bay. Pendant son séjour à Béthanie, son compatriote, M.Cellard l'invita à Fort-Bayard pour rendre visite aux chrétiens viêtnamiens du territoire de Kouang-Tchéou-Wan. Le 19 novembre 1929, de retour dans sa mission,M.Granger alla à Yên-Bay prêter main-forte à M.Méchet. En Juin 1930, il alla, une seconde fois, à Fort-Bayard, pour l'administration spirituelle de la communauté catholique viêtnamienne, à Kouang-tchéou-Wan.
En décembre 1930, on vint le chercher pour un malade éloigné. Il essuya la pluie pendant plus de quatre heures et ne parvint pas à se réchauffer; La fièvre le saisit dans le train qui le ramenait à Yên-Bay. Une jaunisse se déclara; M. Méchat le conduisit à la clinique St.Paul à Hanoï. Le samedi 31 janvier 1931, il subit une opération du foie. Celle-ci révéla un cancer à la vésicule biliaire. Dans l'après-midi du 2 février 1931,M.Granger rendit son âme à Dieu. Ses obsèques eurent lieu le mercredi 4 février 1931, à la cathédrale de Hanoï. M.Méchet célébra la messe des funérailles; M.Hue présida la conduite au cimetière. Il fut inhumé à côté de M.Chatellier, son ancien curé.
En 1939, le cimetière de la ville de Hanoï fut désaffecté. On transféra les restes mortels de MM. A.Robert, Richard, Idiart-Alhor, Laisi, Brossier, Antonini, Granger, Méchet et Pichaud au cimetière de la paroisse de Son-Tây le 2 décembre 1939, et on les déposa dans deux caveaux construits de chaque côté de la Croix.
Mars 1995
Nécrologie
M. GRANGER
MISSIONNAIRE DE HUNGHOA
M. GRANGER (Claude-Marie), né le 2 avril 1868 à Claveisolles (Lyon, Rhône). Entré diacre au Séminaire des Missions-Etrangères le 9 septembre 1893. Prêtre le 1er juillet 1894. Parti le 15 août 1894 pour le Tonkin Occidental. Mort à Hanoï le 2 février 1931.
M. Claude-Marie Granger, né le 2 avril 1868 à Claveisolles, diocèse de Lyon, ne nous a pas confié beaucoup de détails touchant son enfance ; il ne parlait guère de lui ni des siens. Nous savons seulement qu’il fit ses études primaires chez les Frères, et que volontiers il aurait, sans la vigilance paternelle, fréquenté l’école buissonnière de préférence à l’autre. Ce fut ensuite le séjour à la Manécanterie de Claveisolles, puis au Petit-Séminaire, ou de bonne heure il prit ces habitudes d’ordre et de régularité que nous admirions en lui.
Après de bonnes études, il entra au Grand-Séminaire diocésain ; il y reçut tous les ordres jusqu’au diaconat inclusivement. Quel excellent souvenir il garda de cette maison, et combien il appréciait la formation qu’il y avait reçue des Sulpiciens ! Comme il aimait parler de M. Alibert qui devait devenir Supérieur de la Solitude, à qui il devait tout, disait-il ! Et quelle crainte révérentielle lui avait inspirée M. Lebas, le vénéré Supérieur de la maison ! Au mois de septembre 1893 il vint frapper à la porte du Séminaire des Missions-Etrangères ; il y retrouvait nombre d’aspirants originaires du diocèse de Lyon. Dès cette époque il inspirait autour de lui une crainte respectueuse par cette belle prestance, cette large carrure, ce front dégagé, cette parfaite correction exempte d’affectation, cette voix ample, bref par cet ensemble de qualités extérieures si appréciées plus tard par ses paroissiens du Tonkin. Or-donné prêtre le 1er juillet 1894, il reçut sa destination pour la Mission du Tonkin Occidental et s’embarqua le 15 août. Arrivé dans sa Mission, il se mit de suite à l’étude de la langue annamite, et, comme il était bien doué, il arriva promptement à parler cette langue avec facilité et clarté.
A cette époque, il était déjà question de séparer de la Mission du Tonkin Occidental la partie septentrionale du Vicariat. En 1895, M. Granger fit partie du groupe des cinq missionnaires qui devaient aller travailler, sous la direction de Mgr Ramond, dans la nouvelle Mission, le Haut Tonkin. Successivemnent vicaire de M. Chatellier dans la région de Yen-Tap et de Du-Bo, où se trouvent les plus grosses chrétientés de notre Mission ; chargé de la Procure de Hunghoa en 1899-1900, envoyé dans la région montagneuse de Nghia-Lo pour y fonder un nouveau centre d’évangélisation, plus tard revenu dans la plaine où il s’occupa de longues années de la paroisse de Ha-Thach, M. Granger fit preuve partout de dévouement. Une légère tendance au pessimisme, une sévérité que d’aucuns ont jugé excessive, ont pu nuire à son ministère dans une certaine mesure, mais ce que personne n’a jamais mis en doute, c’est son amour pour ses ouailles ; en tout c’est la considération de leur bien qui l’inspirait. Il voulait l’assistance intégrale aux offices, il voulait une instruction solide chez tous, surtout chez les enfants qu’il préparait à la première communion, chez les fiancés qui se préparaient au mariage ; il pressait opportune importune les négligents ou les retardataires qui renvoyaient au lendemain leurs devoirs de chrétiens ; il disait la vérité à ceux qui l’avaient oubliée, de cette grosse voie grondeuse qu’on lui passait pourtant, parce qu’il avait manifestement bon cœur et qu’elle finissait toujours dans un cordial sourire.
Pour les confrères qui passaient par Ha-Thach, M. Granger était on ne peut plus hospitalier ; avec les confrères du Petit-Séminaire, ses voisins, il était simple, enjoué, de bonne conversation et aussi de bon conseil ; bref, on ne s’ennuyait pas sous son toit. Sa parfaite bonne humeur à accepter les menues malices qu’on lui faisait ou qu’on lui rendait nous autoriserait à rap¬peler ici maintes anecdotes dont il fut le héros, ou la victime : de l’au-delà, sans doute, il en sourirait, comme il faisait quand il était parmi nous.
Vers 1917, une angine de poitrine failli emporter M. Granger ; depuis cette époque il ne fut plus le même : la moindre responsibilité l’effrayait ; il demanda à être déchargé de tout ministère et à aller se reposer à Hongkong. Mgr Ramond l’y autorisa volontiers, espérant que le changement d’air et la distraction diminueraient les crises cardiaques par trop fréquentes. Un mieux relatif lui permit en effet de reprendre le chemin du Tonkin, mais il n’était pas guéri. Il fut envoyé à Son-Tay auprès de M. Massard, son compatriote, pour se reposer et recevoir en même temps les soins des médecins et des Sœurs.
Peu de temps après, Mgr Gendreau demandait à Mgr Ramond un missionnaire de Hunghoa pour faire l’une des trois copies du procès des martyrs ; il s’agissait d’un travail de 15.000 pages. M. Granger accepta volontiers ce travail, et, avec une parfaite régularité, il copia chaque jour et sans y manquer jamais les vingt pages qu’il s’étaient fixées comme tâche quotidienne ; il acheva le premier sa copie et aida ses collaborateurs à terminer la leur ; son travail, soigné et bien clair, mérita d’être envoyé à Rome, et plus d’une fois le vénéré Mgr Gendreau lui en exprima sa satisfaction.
Ce travail important terminé, M. Granger rentra dans sa Mission. Or il advint que M. Méchet, déjà fatigué, désirait avoir un compagnon qui pût le soulager en quelque chose ; il reçut avec joie M. Granger à Yen-Bai. Notre confrère devrait s’occuper des chrétientés du voisinage, tout en prenant dans ce centre les soins que nécessitait son état. L’entente fut toujours parfaite entre les deux amis contents de travailler ensemble ; par ailleurs la gaieté ne faisait pas défaut, et M. Granger, plus jeune, ne se faisait pas scrupule d’imputer à la vieillesse menaçante de son aîné cette lenteur dans les affaires qui n’était peut-être que de la prudence : la jeunesse est sans pitié. Hélas ! M. Granger ne pensait guère à nous quitter le premier !
En décembre 1930, on vint le chercher un jour pour un malade éloigné ; quatre heures durant, il essuya une pluie froide et continue ; la fièvre le saisit dans le train qui le ramenait à Yen-Bai ; il ne devait pas s’en remettre. Une jaunisse effrayante se déclara bientôt, l’appétit tomba, le patient baissa à vue d’œil. Conduit à la clinique des Sœurs de Saint-Paul à Hanoï, il comprit vite la gravité de son état ; un premier examen radiographique ne laissait pour ainsi dire plus aucun espoir : la vésicule biliaire était attaquée, et seule une intervention chirurgicale pourrait peut-être amener un peu de mieux. Mgr Ramond était alors à la clinique, immobilisé par un accident à la jambe ; M. Granger, qui pouvait encore dire sa messe, lui apportait chaque matin la sainte communion. L’opération devait-elle être tentée ? D’après l’homme de l’art, elle offrait quelque chance d’éviter la mort à bref délai. En toute simplicité, M. Granger demanda à son Evêque s’il devait accepter. Mgr Ramond, lui-même bien embarrassé, le laissa libre, mais le malade insista, et Sa Grandeur, après consultation du médecin, lui conseilla d’accepter cette unique chance de salut.
Le samedi 31 janvier avait été fixé pour l’opération.. Le malade voulut s’y préparer par une retraite de trois jours et une confession générale : « Maintenant, dit-il, joyeux à son Evêque, je me confie à la sainte volonté de Dieu ! « Hélas ! l’opération montra bien vite ce que les médecins avaient pressenti ; notre confrère mourait d’un cancer à la vésicule biliaire ; la mort était imminente. Ses souffrances étaient atroces et elles durèrent trois jours. La bonne Sœur Saint-Jean, en lui faisant des piqûres pour le soulager un peu, l’exhortait à offrir ses souffrances à Dieu : « Oh ! oui, bien volontiers, dit-il, j’offre tout cela pour la guérison de Monseigneur, pour tous mes confrères, pour la Mission. » Il demanda et reçut avec la plus édifiante piété les derniers sacrements. Il put jouir de sa parfaite connaissance jusqu’au dernier moment. Le vénéré Mgr Gendreau vint le voir et l’encourager paternellement. Dans l’après-midi du 2 février, Mgr Chaize lui rendit visite : « Je sens que je m’en vais, lui dit-il », et faisant un grand signe de croix, il se remit entre les mains de Dieu. Quelques minutes plus tard, il nous quittait pour un monde meilleur.
Ce fut à la clôture de la retraite annuelle à Hunghoa que les missionnaires apprirent la mort de M. Granger. Une dizaine d’entre eux purent se rendre à Hanoï pour les funérailles. Elles eurent lieu dans la cathédrale le 4 février. NN. SS. Gendreau et Chaize, ainsi que beaucoup de missionnaires de Hanoï et des religieux de cette Mission assistèrent à la messe solennelle de Requiem chantée par M. Méchet qui, en outre, quoique bien fatigué, voulut aussi donner l’absoute en l’absence de Mgr Ramond, bien peiné de ne pouvoir quitter sa chambre de malade pour aller bénir la dépouille mortelle de son cher missionnaire. M. Hue, provicaire de Mgr Ramond, présida la conduite au cimetière ; c’est là que M. Granger repose, à côté du bon M. Chatellier, son ancien curé et son ami de toujours ; les deux tombes sont voisines.
M. Granger fut pour nous un modèle de régularité, toujours fidèle qu’il était, comme au Séminaire, à ses exercices de piété. Dieu l’a rappelé à Lui en la fête de la Purification de Notre-Dame ; nous en avons la douce confiance, la Sainte Vierge lui aura ob¬tenu la récompense éternelle. Que du haut du Ciel il protège la Mission de Hunghoa !
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Références
[2096] GRANGER Claude (1868-1931)
Références biographiques
AME 1894 p. 196. 1901 p. 312. 1931 p. 93. CR 1894 p. 304. 1897 p. 157. 1898 p. 153. 1901 p. 147. 1902 p. 173. 1906 p. 405. 1908 p. 162. 356 sq. 1909 p. 160. 1911 p. 149. 1912 p. 187. 1913 p. 202. 1915 p. 96. 1916 p. 112. 1917 p. 86. 1924 p. 81. 1929 p. 141. 1930 p. 163. BME 1924 photo p. 621. 1926 p. 317. 1929 p. 182. 500. 755. 1930 p. 53. 186. 241. 496. 1931 p. 227. 1940 p. 130. EC1 N° 215.
Mémorial GRANGER Claude, Marie page