Antoine DOUSPIS1871 - 1917
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2362
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1898 - 1917
Biographie
[2362] Antoine, Adrien DOUSPIS naquit le 8 novembre 1871, à Monistrol-sur-Loire, diocèse du Puy-en-Velay, département de la Haute-Loire. Il reçut les ordres mineurs le 31 mai 1896.
Le 3 juin 1896, il entra, minoré, au séminaire des Missions Etrangères. Sous-diacre le 26 septembre 1897, diacre le 5 mars 1898, il fut ordonné prêtre le 26 juin 1898, reçut sa destination pour la mission du Kouang-Tong (Canton) qu'il partit rejoindre le 27 juillet 1898.
Arrivé à Canton, Mgr. Augustin Chausse, préfet apostolique garda près de lui pendant deux mois, M.Douspis qui se mit à l'étude de la langue chinoise et fut envoyé ensuite dans le district du Chongsa. Il parcourut à cheval ce pays immense et montagneux, mais sa santé en souffrit. Mgr.Mérel lui confia alors le poste de Tchak-Pou, district de Hoa-Lo près de Swatow .Il y apprit la langue hoklo, parlée en cette région. Peu de temps après, il fut ramené près de Canton, dans le Pamy, district ingrat, montagneux et difficile à administrer. Mais, pour raison de santé, Mgr. Mérel le rappela et le chargea de l'orphelinat de Canton. Là, M. Douspis travailla à l'éducation spirituelle et humaine des jeunes orphelins. Il s'interessa à ceux qui étaient doués pour les études, et leur donna des cours de latin. Il dirigea les autres vers des métiers artisanaux tels que tailleurs, cordonniers, fabricants de chaises, de chapelets, de cierges...
En 1903, Mgr. Mérel le nomma curé de Swatow, et procureur de cette partie de la Mission. M.Douspis eût donc la charge de faire les commissions des confrères, et de leur expédier courrier et colis, car la poste n'était pas encore organisée. A Swatow, ville portuaire florissante, il gagna la sympathie de tous, nouant de bonnes relations avec les consulats.et les autorités locales. L'occasion lui fut donnée de réaliser ses grands projets. Il établit des ateliers de broderies pour les femmes dont les produits étaient vendus à Hong-Kong. Mais surtout, prévoyant la division de la Mission de Canton, il créa des ressources pour faciliter l'érection et la marche du nouveau vicariat.apostolique de Swatow/
Il chercha des fonds. Pour cela, il écrivit de nombreuses lettres en Europe et en Amérique. Il envoya à ses correspondants des bibelots chinois, des cartes postales chinoises, des photographies. Cependant, sa santé toujours délicate l'obligea à faire quelques séjours à Béthanie; en 1907,.il dut rentrer en France pour se soigner. Il en profita aussi pour faire connaitre sa mission, et ses besoins..
A Swatow, il construisit la procure et acheta des terrains; il bâtit une école, une maison pour l'oeuvre de la Sainte Enfance. Dans le compte-rendu des travaux de 1908, il écrit à son évêque : Ma chapelle et mon école sont en construction et deux villages se sont ouverts à l'évangélisation. Au village de O-Ting-poué, j'ai pu terminer ma petite chapelle..." En la fête de l"Ascension de 1909, eût lieu la bénédiction de l'église de Swatow, en présence de deux évêques, des missionnaires et des prêtres chinois de la région. Mandarins et notables chinois, consuls des pays d'Europe , d'Amérique et du Japon, et plusierus milliers de chrétiens participèrent à cette fête.
En 1914, la division de la mission de Canton donna naissance au nouveau vicariat apostolique de Swatow confié à .Mgr.Adolphe Rayssac. Celui-ci déchargea alors M.Douspis fatigué, de ses fonctions de procureur, mais il le maintint dans ses charges de chef de district et de curé de Swatow jusqu'en 1917.
En 1917, M.Douspis, en raison de son état de santé, fut obligé de gagner Béthanie à Hong-Kong. Vers la mi-septembre 1917, souffrant beaucoup de crises d'étouffement, il fut dirigé sur l'hôpital de Hong-Kong. C'est là qu'il rendit son âme à Dieu, vers neuf heures et demie, le 4 octobre 1917.
Dans la soirée, sa dépouille mortelle fut transportée à Béthanie; la sépulture eût lieu le lendemain matin. Il ne fut pas possible de ramener son corps à Swatow, comme le desiraient les chrétiens. M.Douspis fut donc inhumé au cimetière de Béthanie.
Nécrologie
M. DOUSPIS
MISSIONNAIRE DE SWATOW
M. DOUSPIS (Antoine-Adrien), né à Monistrol-sur-Loire (Le Puy, Haute-Loire), le 8 novembre 1871. Entré au séminaire des Missions-Étrangères le 3 juin 1896. Prêtre le 26 juin 1898. Parti pour la mission de Canton le 27 juillet 1898, à Swatow en 1914. Mort au Sanatorium de Béthanie à Hongkong le 4 octobre 1917.
Antoine-Adrien Douspis, né le 8 novembre 1871, à Monistrol-sur-Loire, fut ordonné prêtre au Séminaire des Missions-Étrangères le 26 juin 1898. Exactement un mois après il partait pour la Mission de Canton où Monseigneur le garda près de lui pendant deux mois.
Là M. Douspis se mit aussitôt à étudier les premières notions de la langue du pays et à apprendre le catéchisme en chinois, et Monseigneur, ayant eu tout le temps de juger de ses bonnes qualités, l’envoya avec une entière confiance faire ses premières armes dans le district du Chongsa.
Notre confrère apportait avec lui une gaieté toute française et un zèle que rien ne pouvait rebuter, il s’attira vite l’affection de ses chrétiens et de ses confrères voisins. Dans les passes difficiles, il avait toujours le bon mot pour relever le moral et faire contre mauvaise fortune bon cœur. Une anecdote montrera tout particulièrement son invariable belle humeur.
Il dut, un jour, entreprendre un long et fatigant voyage pour administrer les sacrements à un malade. Monté sur son cheval, il voulut passer à gué un large ruisseau à fond sablonneux ; sa monture déjà fatiguée, sentant le moelleux du sable et la bonne fraîcheur de l’eau, se coucha au milieu du ruisseau, tandis que notre bon P. Douspis, surpris et peu habitué à ce genre d’exercice prenait un bain forcé : mais les chrétiens qui le suivaient n’eurent pas le temps d’avoir peur ; ils virent leur curé émergeant de l’eau et chantant de sa forte voix : « Pour être missionnaire dans notre congrégation… » et s’ils n’en saisirent pas le sens, ils comprirent bien, au ton, que ce n’était pas une complainte. « Le bon soleil aura tôt fait de me sécher, » ajouta joyeusement M. Douspis, et il entraîna son cheval sur la rive.
M. Douspis se donnait tout entier et sans réserve à son devoir. Dans ce pays immense et montagneux, il eut un champ proportionné à son zèle, mais non à sa santé. Ces courses le fatiguaient tant qu’il fut souvent obligé de s’aliter. Une pluie froide et torrentielle l’ayant trempé jusqu’aux os au cours d’une sortie, il tomba gravement malade. Aussi Mgr Mérel l’envoya-t-il ensuite dans un poste moins pénible, à Tchakpou, district de Hoalo, près de Swatow. Mais à peine avait-il appris le nouveau dialecte de ce pays, qu’il était rappelé près de Canton, dans le Pamy, district moins montagneux que le premier, mais plus ingrat et plus difficile, à administrer. En dehors des quelques familles réunies autour de sa chapelle, il devait aller à une ou deux journées de distance chercher ses chrétiens disséminés çà et là et il revenait malade d’épuisement, après quinze jours de voyage au cours duquel il n’avait vu qu’une trentaine de ses ouailles. C’était la solitude dans la foule. Pouvant facilement se rendre à Canton, où il réparait ses forces par un ou deux jours de repos et par une nourriture plus substantielle, il tint ainsi quelque temps, sans que ses supérieurs se doutassent de son surmenage. Mais quand Mgr Mérel s’en aperçut, il le rappela et le chargea de l’orphelinat de Canton.
M. Douspis avait un cœur infiniment généreux. Surveiller les enfants, leur faire le catéchisme, leur apprendre la propreté et l’hygiène, cela ne pouvait suffire à son ardeur et à son goût des vastes entreprises. Il conçut donc un plan gigantesque. Il fit un choix parmi ses enfants et mit à part ceux qui avaient quelque aptitude à l’étude. A ces derniers il voulait faire donner une instruction toute particulière, et il enseignait lui-même les premières notions du latin à ceux qu’il jugeait aptes au Séminaire. Les autres, il entreprit de les former dans les arts mécaniques, pour leur permettre de vivre plus tard honorablement ; tout en rendant service à la Mission.
Il ne put qu’ébaucher ce plan qui, d’ailleurs, ne pouvait être développé que peu à peu. Mais il en posait les jalons et en causait volontiers aux chrétiens de son entourage. Son ambition était d’avoir des ateliers de tailleurs, de cordonniers, de fabricants de chapelets et de cierges ; il voulait autour de lui des artisans de tout genre. Son imagination voyait déjà ses ateliers peuplés par les jeunes gens sans travail, et les enfants en quête d’une profession, envoyés par ses confrères des districts lointains ; et ainsi se rehaussait le prestige de la Mission de Canton.
Ce plan reçut un commencement d’exécution, il installa un tailleur et organisa un atelier de vanniers. On y fabriquait déjà des chaises et d’autres objets en rotin quand, en 1903, Mgr Mérel l’envoya à Swatow, comme curé et comme procureur de cette partie de la Mission.
A cette époque Swatow n’avait pas de procure proprement dite, le missionnaire du district voisin et les missionnaires de passage rendaient aux autres confrères le service de leur expédier leurs commissions, ainsi que leur correspondance, car la poste n’était pas encore organisée. Tous les confrères apprirent donc avec plaisir la nomination de M. Douspis ; mais leur contentement fut bien plus vif quand ils eurent appris à le connaître. Il conquit d’emblée l’amitié de tout le monde. Il avait une manière de recevoir si naturellement aimable, avenante, et empreinte d’une joie si sincère, que l’on se trouvait immédiatement à l’aise chez lui. Sa joie était communicative et chassait vite la tristesse de son hôte si, par hasard, celui-ci broyait du noir. Par ses chansonnettes ou ses bons mots, par sa manière de tourner un petit compliment, il déridait les mines les plus rébarbatives ; on le quittait avec peine et on se le rappelait jusque chez soi, car les enveloppes des lettres qui passaient par ses mains, portaient toujours un petit mot jailli de son cœur et rappelant sa charité. Même succès auprès des Européens. Ses manières distinguées, son ton parfait joints à son amabilité lui concilièrent bientôt la sympathie de tous, et rendirent très cordiaux ses rapports avec les Consuls.
Le poste de Swatow était essentiellement favorable à l’éclosion des grands projets ; aussi M. Douspis entrevit-il le parti qu’il y avait à prendre. A cette époque, on parlait déjà de diviser la Mission de Canton en deux vicariats : Swatow devait naturellement devenir le centre de l’un d’eux. « Faisons d’abord, conseilla notre confrère, la division en pratique avant de la faire en théorie. Ayons notre procure, notre église, notre Sainte-Enfance, notre école et notre Séminaire ; après cela la division se réalisera sans peine. »
C’est la réalisation de ce plan qui prit le meilleur de sa vie de missionnaire.
M. Douspis ne calcula pas les difficultés, et ne s’arrêta pas à la question des ressources qu’exigeait une telle entreprise, il se jeta tête baissée dans son œuvre et s’y donna tout entier avec sa fougue naturelle. Que n’imagina-t-il pas pour la faire connaître ? Ses lettres s’en allèrent dans toutes les directions de l’Europe et de l’Amérique, il se créa des relations, des amis et envoya un peu partout des bibelots chinois, des images chinoises, des cartes postales illustrées à la chinoise, des photographies, que sais-je encore ? Il dépensa beaucoup, mais il reçut beaucoup, il attira l’argent comme il attirait les cœurs. Alors il put bâtir la procure et acheter peu à peu des terrains. Il bâtit son église et installa des chrétiens tout autour, il construisit une école puis une Maison pour la Sainte-Enfance. Il fit même venir des Sœurs euro¬péennes ; mais hélas ! par suite du manque de ressources et de personnel, conséquence de la guerre, leur Supérieure dut les rappeler.
Voilà l’œuvre de M. Douspis, voilà sa vie. Vie d’autant mieux remplie que sa chétive santé arrêtait souvent son zèle. Il dut faire de nombreux séjours au sanatorium de Béthanie et sur l’ordre du médecin, lui fallut en 1907, aller se retremper en France. Mais il entendait bien que ce voyage servit à l’accroissement de son œuvre ; il multiplia les conférences à ce sujet et se donna tant de mal, qu’il contracta une fluxion de poitrine dont il faillit mourir. Aussitôt guéri, il s’empressa de regagner son poste, car il tenait à « emporter ses os dans la terre des Missions.
Ce besoin de se créer des ressources ne lui faisait pas oublier ses devoirs de pasteur. Il était bon pour ses chrétiens, généreux avec les païens et, toujours le cœur sur la main, secourait tous ceux qui lui criaient misère. Sa popularité fut aussi grande parmi les uns que parmi les autres. On le vit bien au jour d’inauguration de son église. Quantité de païens désiraient assister à la fête, mais la place manqua, car toutes les autorités chinoises étaient venues et toute la colonie de Swatow avait tenu à faire acte de présence.
Il devait être avec le bon Dieu comme il était avec ses confrères et……..prochain, simple et aimant. Il avait une confiance immense en sa bonté et en sa bonne Providence. « Je ne travaille pas pour moi, disait-il, si le bon Dieu veut son église il saura bien me venir en aide. » Un jour, il se trouvait avec plusieurs confrères sur un vapeur qui les conduisait à Hongkong ; après quelques moments consacrés à la méditation, l’un d’eux s’écria : — Avouez qu’il n’est pas commode de méditer avec ce roulis ? — Eh ! laissez donc, répondit M. Douspis, le bon Dieu nous connaît bien, il sait bien que nous ne voulons pas lui faire de la peine, il nous en passera bien d’autres. »
Après que la Mission eut été divisée, Mgr Rayssac, voyant que la santé de M. Douspis se délabrait de plus en plus, le déchargea du fardeau de la procure. Il continua l’administration de son district jusqu’en 1917, et, à ce moment, il fut contraint de retourner à Béthanie. Habitués aux phases de son mal, nous pensions qu’il s’en tirerait comme d’habitude. Il n’en fut rien ; les périodes d’améliorations devinrent très rares et son état commença à donner des inquiétudes. Vers la mi-septembre on l’envoya à l’hôpital, chez les Sœurs, afin qu’aucun soin ne lui manquât, mais il n’y resta pas longtemps. Dès le dernier dimanche de septembre, il se trouvait plus fatigué et, la nuit surtout, des crises d’étouffements le faisaient beaucoup souffrir. Le jeudi suivant, après un mieux trompeur, les étouffements le reprirent, sa gorge se contracta. A trois heures, quand les Pères Ouillon et Vignal arrivèrent il avait perdu l’usage de la parole mais gardait sa connaissance. M. Vignal lui ayant proposé les derniers sacrements, il essaya de parler, mais en vain. On ne sait s’il se rendait compte encore de la réalité quand, peu après, M. Vignal lui administra l’extrême-onction et lui appliqua l’indulgence in articulo mortis.
Peu après neuf heures, le malade donna de nouveau l’illusion d’aller mieux. Mais à neuf heures et demie, il remit presque subitement son âme à Dieu, assisté de M. Vignal et des Sœurs. Le P. Ouillon l’avait quitté croyant sa crise passée.
Le corps de M. Douspis transporté dans la soirée à Béthanie, fut veillé par les confrères ; on l’enterra le lendemain matin. Dans l’assistance aux funérailles, on remarquait avec Mgr Bigollet et des confrères de Béthanie et de Nazareth, le P. Etienne venu de Canton par le bateau de nuit, les Pères Ouillon et Souvey, un Père Italien et un Père Dominicain. La messe fut chantée par le P. Vignal, assisté des Pères Tour et Albouy.
Quand les chrétiens de Swatow apprirent la nouvelle du décès de ce Père si sincèrement aimé, ils furent très affectés, ils auraient voulu faire transporter son corps à Swatow. Sa Grandeur acquiesça volontiers à leur demande et fit les démarches nécessaires, mais il était trop tard. Le télégramme annonçant la mort de M. Douspis avait mis deux jours pour parvenir à Swatow, notre confrère était déjà enterré et la loi de la colonie de Hongkong s’opposait à son transport.
Notre confrère repose au cimetière de Béthanie, à côté du P. Robert, mort également à l’hôpital où il l’avait accompagné lui-même.
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Références
[2362] DOUSPIS Antoine (1871-1917)
Références biographiques
AME 1898 p. 232. 1913 p. 159. 1917-18 p. 298. CR 1898 p. 271. 1902 p. 113. 1906 p. 127. 1907 p. 150. 1908 p. 121. 1909 p. 131. 1913 p. 164. 1917 p. 148. 239. 1918 p. 53. 126. 1919 p. 135. BME 1958 p. 890. Hir n° 114 p. 5.