Jean-Baptiste MAUNIER1874 - 1935
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2450
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1899 - 1935 (Hué)
Biographie
[2450] Jean-Baptiste, Marius MAUNIER naquit le 23 Juin 1874, à Barjols, diocèse de Toulon-Fréjus, département du Var. Il était fils unique et son père avait un commerce de chaussures assez florissant. Il fit ses études primaires à l'école publique de Barjols, passa avec succès son brevet et obtint la place d'instituteur-adjoint. Il se présenta au concours de l'Ecole Normale et échoua. Il renonça alors, à une carrière d'enseignant ,et commença un apprentissage de pâtissier, à Barjols d'abord, puis à Aix-en-Provence.
Son père mourut le 01 Mai 1892 et sa mère un mois et demi plus tard.Il décida d'entrer au Séminaire, en tant que vocation tardive.Il allait vers sa dix-neuvième année. Un chanoine de Fréjus le prit avec lui, et en deux ans lui fit faire des études secondaires suffisantes pour entrer au Grand Séminaire.
Bien que malingre, de santé frêle et délicate,il se sentit attiré par les missions.Il consulta, pria, vendit tous ses biens et partit pour le Séminaire des Missions Etrangères, où il entra laïque le 16 Octobre 1894.Tonsuré le 22 Septembre 1895,Minoré le 27 Septembre 1896,Sous-diacre le 24 Septembre 1898, Diacre le 25 Février 1899, il fut ordonné prêtre le 25 Juin 1899, reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Septentrionale (Hué) qu'il partit rejoindre le 02 Août 1899.
Arrivé dans sa mission, Mgr.Caspar plaça le nouvel arrivant à Culac,à l'extrémité nord de la mission, sous la direction de M.Cadière, qui fut son professeur de langue viêtnamienne.Malgré sa santé délicate et une certaine timidité, M.Maunier se donna tout entier à l'étude du viêtnamien qu'il arriva à parler parfaitement, et s'initia aux caractères chinois.
En 1902, la paroisse fut divisée; M.Cadière partit à Bô-Khê. M.Maunier devint curé de Culac, et fut chargé d'administrer quelques rizières appartenant au Vicariat.Cette gestion était d'autant plus difficile que le village avait presque totalement apostasié.Il fut victime de roueries de gens sans scrupules. Craignant de compromettre les intérêts de la Mission,au bout de quelques mois, il demanda son changement.
En Septembre 1902,Mgr. Caspar le nomma professeur au petit séminaire d'An-Ninh où il demanda à enseigner dans les basses classes. En aidant le professeur laïque chargé d'enseigner les caractères chinois aux élèves du séminaire, il se perfectionna dans la connaissance de cette langue. Mgr. Caspar, partant pour la France en 1906,lui donna, en signe de reconnaissance,tous ses livres de chinois.
En 1915, il prit la direction de la paroisse de la paroisse de Nhut-Dong, dans la province de Thua-Thiên.Il composa des petites brochures et plaquettes pieuses à l'intention des soldats ou travailleurs viêtnamiens en France.
En 1919, il fit un essai de vie contemplative en devenant postulant au monastère cistercien de Phuoc-Son.Mais à cause de la nourriture insuffisante, l'aspirant religieux ne tarda pas à tomber malade et dût être hospitalisé à Hué. Mgr. Allys ne lui permit pas de retourner au Monastère.
En 1920, il fut nommé curé de la petite paroisse de Ba-Ngoat où il ne fit que passer. M.Girard, supérieur du petit séminaire, avait besoin d'un professeur. M.Maunier regagna le séminaire où il retrouva les classes de septième et de huitième, et assura l'économat de la maison.En 1924, M.Girard étant décédé, il fut supérieur intérimaire pendant six mois.
En 1926,il demanda à aller travailler chez les Kaleu", tribu montagnarde, habitant les montagnes de l'Ouest. Mgr.Allys accepta, et lui donna la petite chrétienté de Thuy-Ba, ce qui lui permit de visiter ces populations. Il consigna dans plusieurs cahiers, leurs us et coutumes, et rédigea un dictionnaire "Kaleu" qu'il remit aux PP. Rédemptoristes de Hué.
En 1931, Mgr.Chabanon le nomma aumônier de la Ste Enfance à Kim-Long, avec résidence au Grand Séminaire. Il aimait visiter les pagodes autour de Hué,et parlait religion avec les bonzes qui devenaient ses amis. Au lendemain de sa sépulture, quatre bonzes, ayant appris son décès, vinrent se recueillir pieusement devant sa tombe fraichement fermée.
En Juin 1932, un séjour de huit mois à Béthanie, (Hong-Kong) lui fut nécessaire pour refaire sa santé. Mais le 08 Février 1935, la hernie dont il souffrait depuis longtemps, s'étrangla. On l'opéra d'urgence, et tout se passa bien. On pouvait espérer un prompt et complet rétablissement. Mais le matin du 19 Février 1935,après avoir communié et déjeuné, alors qu'il conversait avec son garde-malade, sa tête s'affaissa, sans un cri, sans un soupir; une embolie au coeur venait de l'enlever.
Ses obsèques eurent lieu au Grand Séminaire le 21 Février 1935. Il repose maintenant dans le cimetière réservé aux prêtres, dans l'enclos du Grand Séminaire de Hué.
Nécrologie
M. MAUNIER
MISSIONNAIRE DE HUÉ
M. MAUNIER (Jean-Baptiste-Marius), né le 23 juin 1874, à Barjols (Fréjus, Var). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères, le 16 octobre 1894. Prê¬tre le 25 juin 1899. Parti pour la Cochinchine septentrionale, le 2 août 1899. Mort à Hué, le 19 février 1935.
M. Maunier Jean-Baptiste-Marius naquit le 23 juin 1874 à Barjols, chef-lieu de canton dans le département du Var. Son père avait un commerce de chaussures assez florissant. Sa mère était très pieuse, et eut sur son fils unique une profonde influence ; il n’en parlait d’ailleurs jamais qu’avec la plus grande vénération. La piété de la mère avait passé tout naturellement dans le cœur de l’enfant. On se souvient encore à Barjols et à Collobrières, où il séjournait parfois chez son oncle, de quelques traits qui tradui¬sent bien sa piété naïve d’enfant. On rencontre un peu partout en Provence au bord des champs et aux carrefours des chemins de petits édicules surmontés d’une niche avec une statue de la Sainte Vierge ou d’un Saint. Un jour que de petits polissons avaient détruit un de ces oratoires, le petit Marius dit à l’un de ses amis : « Cette nuit, tu viendras avec moi et nous le répare¬rons ». Avec son camarade il fit l’ascension d’un pic sauvage des montagnes des Maures, nommé « le Bessillon ». Le bruit courait qu’il y avait des sangliers dans cette région, et Marius était très peureux. L’excursion eut lieu sans incident, mais au retour il dit à son compagnon: « Mettons- nous à genoux pour remercier le bon Dieu de n’avoir pas rencontré les sangliers. » Dans le vallon solitaire de la Malière, dans ce même massif des Maures, son oncle avait une petite bastide, habitée seulement au moment des travaux des champs. L’enfant y avait placé une petite statue de la Sainte Vierge et il se plaisait à en faire le but de ses prome¬nades méditatives.
Jean-Baptiste fut élevé à l’école laïque, puisqu’il n’y avait pas d’école libre à Barjols. Son maître était intelligent, mais anti-¬religieux. Grâce à l’influence de la mère, la piété de l’enfant n’en subit aucune altération. Beaucoup de ses compatriotes se sou¬viennent avantageusement de lui et déclarent avoir gagné énormément en sa compagnie. L’un d’eux, apprenant la mort du missionnaire, écrivait : « C’était un excellent condisciple, un ami de grande bonté. Il lui est bien arrivé quelquefois de me réprimander, mais ses observations étaient si justes et fermes dans leur modération !... Il était le meilleur d’entre nous. Plus de quarante ans se sont passés, et son influence sur mon âme est en¬cote vivante. Le souvenir de ses hautes qualités demeure en moi ineffaçable, et je lui garderai toujours ma reconnaissance pour les bons exemples et les sages conseils qu’il m’a constamment don¬nés. » Un autre de ses condisciples, aujourd’hui curé dans le dio¬cèse de Fréjus, n’est pas moins élogieux : « Il fut pendant des années, dit-il, mon meilleur ami. Nous nous liâmes d’ami¬tié à l’école laïque. Je dois à son exemple ma persévérance reli¬gieuse après la première communion ; je lui dois aussi ma voca¬tion au sacerdoce. »
L’écolier était devenu jeune homme. A la fin de ses études primaires, il passa avec succès son brevet, et obtint la place d’instituteur-adjoint. Il se présenta ensuite au concours de l’Ecole Nor¬male et échoua. Renonçant alors à l’enseignement, il voulut être pâtissier ; il commença son apprentissage à Barjols, puis le con¬tinua à Aix-en-Provence. Mais ce ne fut que pour quelques mois le métier ne lui plaisait plus. D’ailleurs, l’appel de Dieu se faisait déjà entendre à son cœur. Il a raconté lui-même qu’à Aix, un jour qu’il portait une commande chez un client, il rencontra les élèves du petit séminaire en promenade. Il fut touché de la bonne tenue des séminaristes et se dit en lui-même : « Ne serait-il pas possible que je sois moi aussi avec eux ? »
Son père mourut le 1er mai 1892 et, un mois et demi après, sa mère le suivait dans la tombe. Ce fut après la mort de ses parents qu’il mit son idée à exécution. Comme il avait fait de très bonnes études primaires, il lui suffisait, à la rigueur d’étudier le latin, il fallait se hâter, car il entrait déjà dans sa dix-neuvième année. Un bon chanoine de Frésus, qui s’occupait de vocations tardives, le prit avec lui et en deux ans lui fit faire les études secondaires¬ suffisantes pour entrer au grand séminaire. Ce ne fut pas vers celui de son diocèse que se dirigea le candidat, au sacerdoce ; il ne songea jamais à être prêtre en France. Etant encore pâtissier, il se sentait déjà attiré vers les missions, mais il était frêle, ma¬lingre, délicat, craintif ; aurait-il la santé suffisante pour supporter les rudes travaux de l’apostolat missionnaire ? Il consulta, surtout pria beaucoup. Convaincu que le bon Dieu le voulait à son service, il ne fit pas les choses à demi ; il quitta tout généreusement pour être à Dieu seul. M. Maunier exécuta à la lettre le con¬seil héroïque de N.-S : « Vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi ». Il possédait des terres et des maisons, le tout valait une centaine de mille francs, une vraie fortune à l’époque ; il en distribua une partie à ses parents, le reste, il le donna aux bonnes œuvres et partit pour le Séminaire de la rue du Bac. Ce détachement. absolu fit une impression profonde sur ses compatriotes. En 1931, un missionnaire de Hué, de passage à Barjols, en recueillit les échos. Après quarante¬ ans, on en parlait encore avec admiration dans le pays natal : « Ah ! Marius Maunier ! C’était un jeune homme si parfait ! Il avait une fortune ; il l’a toute donnée ; puis il est parti au loin prêcher la religion. Nous ne l’avons plus revu. C’est un saint ». Il vint donc au Séminaire des Missions-Etrangères en 1894. Il y resta cinq ans. L’année de caserne lui fut particulièrement péni¬ble à cause de sa santé délicate. L’Aspirant-missionnaire fut exem-plaire en tout : humble, aimé de tous et certainement cher au cœur de Dieu, il accomplissait sans bruit tout son devoir. Le 25 juin 1899, il recevait l’onction sacerdotale et le 2 août suivant il partait pour la Mission de la Cochinchine septentrionale (Hué).
Mgr Caspar plaça M. Maunier sous la direction de M. Cadière à Culac, à l’extrémité nord de la Mission. Ce poste était un des plus pénibles du Vicariat ; d’abord parce que très étendu, et ensuite parce que les chrétiens n’étaient pas des plus fervents. Malgré une santé assez délicate et une grande timidité notre confrère se montra vaillant dans l’exercice du saint ministère. Il se donna tout entier à l’étude de la langue et avec un professeur tel que M. Cadière, il devait faire de rapides progrès. Le maître, d’une nature très ardente, entraînait parfois un peu loin le disciple : celui-ci, à bout de souffle, se réfugiait alors à la chapelle au pied du tabernacle pour y reprendre haleine. Il fut toute sa vie recon¬naissant envers son ancien curé de ne l’avoir pas ménagé, ce qui lui valut de parler l’annamite à la perfection.
En 1902, la paroisse fut divisée : M. Cadière prit la partie maritime et M. Maunier resta dans la montagne, à Culac. Il eut à s’occuper des quelques arpents de rizières que le Vicariat possé¬dait dans cette région. Cette gestion, en soi déjà difficile, l’était devenue davantage encore par suite de l’apostasie presque totale du village. Le nouveau curé, âme candide et droite, fut facilement victime des roueries de gens sans scrupules. Ecœuré de pareils procédés et craignant surtout de compromettre les intérêts de la Mission, il demanda son changement. Mgr Caspar l’envoya au petit séminaire d’An-ninh, où il devait rester jusqu’en 1915. Les années qu’il passa dans cet établissement furent certainement les plus agréables de sa vie de missionnaire, car il aimait la jeu¬nesse et l’enseignement. Malheureusement, n’ayant fait que des études secondaires nécessairement incomplètes, son bagage scien¬tifique était assez restreint. Il s’en rendait bien compte ; et sur sa demande, il obtint de n’enseigner que les basses classes. A cette époque, le séminaire était obligé de faire appel à un lettré chré¬tien du voisinage pour l’enseignement des caractères chinois ; ce professeur n’avait ni méthode ni autorité, aussi les élèves fai¬saient peu de progrès, et la discipline laissait beaucoup à désirer. M. Maunier, pour le bien de la maison, se mit à l’étude de la langue chinoise et y réussit assez bien. Ainsi, il parvint à diriger les classes en surveillant et en contrôlant l’enseignement du pro¬fesseur laïque. Mgr Caspar, sinologue distingué, fut si satisfait de cette bonne volonté, qu’en partant pour la France en 1906, il donna au jeune professeur tous ses livres chinois, dont beaucoup étaient des ouvrages de valeur.
En 1915, M. Maunier quitte le petit séminaire pour prendre la direction de la paroisse de Nhut-dong, dans la province de Thua-Thiên, poste des plus malsains à cause de la malaria qui y règne en maîtresse. Les circonstances étendirent le champ d’ac¬tion de notre missionnaire bien au-delà de ses chrétientés. On était alors en pleine guerre ; beaucoup d’Annamites catholiques s’étaient enrôlés comme soldats ou comme ouvriers en France. Il se procura leurs adresses, entra en relation avec eux et avec les aumôniers militaires ; il leur écrivit et leur envoya de petites bro¬chures religieuses et plaquettes pieuses qu’il composait lui-même afin de les encourager, de les soutenir et de les maintenir dans la vie chrétienne. En 1918, M. Denis (Frère Benoît) commençait son œuvre monastique de Phuoc-son. Il trouva dès le premier jour en M. Maunier un admirateur et un bienfaiteur. L’enthousiasme alla si loin, que le curé de Nhut-dong sentit naître en lui certaines aspirations à la vie contemplative ; si bien, qu’en 1919, il de¬manda à être agrégé au nouveau monastère. Il s’efforça de suivre la règle austère des Trappistes comme postulant ; mais pour lui la nourriture était trop insuffisante. Phuoc-son a pour principe, en effet, de se contenter du régime des Annamites les plus pau¬vres, c’est-à-dire de pas grand’chose ; de plus, on y observe les jeûnes monastiques dans toute leur rigueur. L’aspirant-religieux ne tarda pas à tomber malade. Transporté à l’hôpital de Hué, le diagnostic du médecin était facile : « Votre confrère meurt de faim, dit le docteur, faites-le manger, et il sera bien vite sur pied. » C’est ce qui advint en effet.
Mgr Allys ne laissa plus son missionnaire retourner au monas¬tère ; il lui donna la petite paroisse de Ba-ngoat où il ne fit que passer. M. Girard, Supérieur du petit séminaire, ayant besoin d’un professeur, demanda son ancien collaborateur. M. Maunier reprit donc sa vie paisible de professeur de septième et de huitième ; il exerça en plus les fonctions d’économe de la maison ; puis à la mort de M. Girard en 1924, il fut supérieur intérimaire pendant six mois. Durant ce second séjour au petit séminaire comme au premier notre confrère avait la pleine confiance des élèves. Aussi le plus grand nombre des séminaristes l’avait-il choisi comme directeur de conscience. Mais voilà qu’en 1926, M. Maunier est repris du désir du ministère actif. Toujours épris d’idéal, il vou¬lait, conformément à la récente Encyclique du Pape Pie XI sur les missions, aller travailler à la conversion des tribus sauvages « Caleu », qui habitent les montagnes de l’ouest. Mgr Allys acquiesça à sa demande instante dans la mesure du possible. Il lui donna la petite chrétienté de Thûy-ba, à proximité des régions sauvages. Le missionnaire y fit de fréquentes randonnées : il allait dans les villages « Caleu », y séjournait parfois plusieurs journées. Les sauvages l’aimaient beaucoup et ils venaient en groupe lui rendre ses visites à Thûy-ba. Au point de vue spirituel, le résultat de ces relations a été nul, du moins en apparence ; toutefois le missionnaire a recueilli sur les coutumes de ces sauvages une foule de renseignements qu’il a consignés par écrit. Il a composé aussi un dictionnaire « Caleu » qu’il a remis aux Pères Rédemp¬toristes de Hué, dans l’espoir qu’un jour ces religieux iront évan¬géliser cette région.
M. Maunier, qui n’avait jamais eu une santé bien florissante, voyait avec les années ses infirmités se multiplier et s’aggraver : le cœur surtout était atteint sérieusement. Mgr Chabanon, se ren¬dant compte de son état, lui donna, en 1931, une demi-retraite : il le nomma aumônier de la Sainte-Enfance à Hué, établissement auquel est adjoint un petit hospice de vieillards. Ce ministère lui plut ; il passait une grande partie de ses journées auprès des petits orphelins qu’il formait à la vie chrétienne et auprès de bons vieux qu’il préparait au baptême ou à la mort. Ayant sa rési¬dence au grand séminaire, il était aussi directeur de conscience d’un certain nombre de séminaristes.
Pendant les dernières années de sa vie, un de ses buts préférés de promenade était les pagodes, si nombreuses autour de Hué. Avec bonhomie et sans les froisser, il parlait religion et discutait avec les bonzes qui devenaient ses amis. La nuit le surprit une fois dans une de ses visites ; le bonze aimablement l’invita à par¬tager sa table et son toit. Comme le missionnaire alléguait pour rentrer chez lui l’obligation de dire la messe le lendemain matin : « Qu’à cela ne tienne, répartit naïvement le bonze, vous ferez vos cérémonies ici de ce côté de la pagode, et moi je ferai les mien¬nes de l’autre côté. » Quand M. Maunier mourut, on fut très étonné de voir arriver, quelques heures après l’enterrement, qua¬tre bonzes : « Nous avons appris, dirent-ils, la mort de M. Mau¬nier ; comme nous le connaissions et l’estimions beaucoup, nous venons assister à ses funérailles. » Quand ils apprirent que la cérémonie était terminée, ils demandèrent alors à être conduits sur la tombe fraîchement fermée, et là, ils se tinrent debout pen¬dant quelques instants fort respectueusement. Le spectacle n’au¬rait pas été banal de voir quatre bonzes assister aux obsèques d’un prêtre catholique.
Parmi ses multiples infirmités, M. Maunier comptait une hernie très gênante. Vu son âge et surtout le mauvais état de son cœur il ne voulait pas se faire opérer. Le 8 février 1935, la hernie s’étrangle subitement et le pauvre infirme se voit à deux doigts de la mort. Heureu-sement, l’hôpital n’est pas loin. L’opération est faite d’urgence : cinq médecins y concourent. Tout se passa bien et l’on pouvait espérer un prompt et complet rétablissement. Dix jours après, le malade commençait à se lever et le médecin lui-même pensait que tout danger était désormais écarté : or, le matin du 19 février, après avoir communié et déjeûné, il conver¬sait tranquillement avec son garde-malade, quand soudain il baissa la tête et s’affaissa, sans un cri, sans un soupir : une embo¬lie au cœur venait de l’enlever. M. Darbon, aumônier de l’hôpi¬tal, accourut et ne put que lui donner les derniers sacrements sous condition.
Les obsèquent eurent lieu au grand séminaire le 21 février. M. Roux, son compatriote, chanta la messe, et Monseigneur le Vicaire Apostolique donna l’absoute. S. Exc. Le Délégué Apostolique, une quarantaine de missionnaires et prêtres indigènes, une quinzaine de religieuses de Saint-Paul et de nombreux chrétiens assistaient aux obsèques. Tous les Enfants de la Sainte-Enfance ainsi que les vieillards étaient venus prier pour leur aumônier. Plusieurs personnalités françaises étaient présentes parmi lesquelles le représentant du Résident Supérieur et le Résident de la Province. Notre confrère repose maintenant dans le petit cimetière réservé aux prêtres et aux missionnaires dans l’enclos du grand séminaire. Il était dans la soixante-et-unième de son âge, et la trente-sixième de son sacerdoce et de sa vie de missionnaire sans aucun retour en France. ― M. Maunier a été pour tous ses confrères un missionnaire pieux, zélé, d’une conduite exemplaire, vivant de l’esprit sacerdotal et apostolique.
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Références
[2450] MAUNIER Jean-Baptiste (1874-1935)
Références biographiques
AME 1899 p. 232. 1903 p. 308 (art.). 1917-18 p. 297. 1921 p. 220. 1935 p. 137. CR 1899 p. 295. 1905 p. 187. 1916 p. 133. 1932 p. 215. 1935 p. 155. 242. 1936 p. 266. 1937 p. 159. BME 1924 p. 536. 544. 545. 1926 p. 59. 1931 p. 913. 1932 p. 553. 643. 950. 1933 p. 236. 293. 304. 550. 1934 p. 648. photo p. 153. 1935 p. 205. 283. MC 16P291. 17P135. 18P171. 20P233. 29P66. EC1 N° 63. 306.
Bibliographie
Contr. Scientifique des Missions 1932 p. 131. par P. Fournier.