Louis RAVOIRE1875 - 1939
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2497
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1900 - 1939 (Yangon [Rangoun])
Biographie
[2497] Louis Ravoire, né le 7 juillet 1875 à Vaulx (Haute Savoie), diocèse dAnnecy, y fit ses études primaires et ses études secondaires à Rumilly. Il entra au Grand séminaire de Belley en 1894, fit son service militaire et entra aux Missions Etrangères le 5 septembre 1898. Ordonné prêtre le 24 juin 1900, il partit pour Rangoon le 25 juillet.
Après quelques mois détude de langlais, il est placé dans la paroisse tamoule Saint Antoine, vicaire du Père Mouriane. Il soccupe des cultivateurs tamouls éparpillés dans toute la mission. Il sillonne le pays à bicyclette, visitant les divers centres : Moulmein, Bassein, Pyapon. Il tâche de retrouver les tamouls catholiques récemment arrivés de l'Inde, en menant une vie errante, il prêche, confesse, baptise, marie et surtout établit un status animarum qui facilitera le travail de ses successeurs.
La mission tamoule comprend cinq postes de jungle, desservis par sept prêtres et à Rangoon, sept autres prêtres connaissant le tamoul sont à la disposition des nombreux Tamouls immigrés du sud de lInde.
A lissue de cinq années de brousse, le Père demande son changement et fut nommé à Paukseinbe chez les Karians. Il dut apprendre une nouvelle langue ce qu'il fit durant une année puis, fut transféré dans la paroisse de Danbi, district d'Hanza, où il devait rester trente trois ans et y mourir.
Il dirige dans ce centre une école-orphelinat donnant une formation chrétienne solide à de nombreux enfants des villages de sa paroisse s'attachant à faire de ce poste un séjour agréable pour les enfants. Il creusa un grand étang servant aux baignades, régates et pêche ; le terrain étant très vaste, il initie les enfants à planter bananiers, citroniers, orangers, manguiers, papayers qui font aujourdhui la richesse de ce lieu ; létang bordé de platanes fournit le bois à la maison, les sentiers entretenus deviennent plus accessibles.
De Noël à début mai, le missionnaire prit l'habitude de visiter les villages environnants. Les Karians païens sont animistes pour la plupart ; mêlés aux Birans, ils pratiquent le bouddhisme. Les sermons du Père Ravoire ont pour but de former des catholiques instruits et capables de dialoguer avec les protestants. Pour éviter que ses paroissiens n'empruntent de l'argent à des taux élevés, il fonde une coopérative en espèrant que les intérêts seront remboursés ; les Chrétiens continuent malheureusement à se servir chez les Chettys et utilisent l'argent du Père pour payer leur dettes aux Indiens, vrais usuriers.
En 1919, en congé en France, il retourne en Birmanie en 1920 où éclate une rebellion : bandes armées semant la terreur ; échappant à des attaques il sauve son école-orphelinat, Cette période de grande anxiété le fatiguen, il revient en France, séjournant à Vichy, pélèrinage à Lourdes, séjour à Montbeton. Désirant repartir en Birmanie, malgré rhumatismes, douleurs occulaires, vertiges, une autre épreuve l'attend: un prêtre, en 1937, influence une partie des chrétiens à se révolter contre l'évêque et les missionnaires. Le plus exalté de ces rebelles avait été sauvé vingt ans auparavant de la ruine par le Père Ravoire.
En mars 1939, M. Ravoire reçut un vicaire en la personne de M. Dubromel qui ne connaissait pas le birman ; le Père partit le 3 mars dans les montagnes pour visiter la Mission, à son retour le 13 mars il souffrit de la fièvre des bois. Son état empira et le 26 mars 1939, il expira
Il repose à Danbi près de M. Butard près de la petite église en briques roses dont il avait dot son poste.
Nécrologie
M. RAVOIRE
MISSIONNAIRE DE LA BIRMANIE MÉRIDIONALE
M. RAVOIRE (Louis-Aurélien) né le 7 juillet 1875 à Vaulx, diocèse d’Annecy (Haute-Savoie). Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 5 septembre 1898. Prêtre le 24 juin 1900. Parti pour la Birmanie méridionale le 25 juillet 1900. Mort à Danbi le 26 mars 1939.
Louis Aurélien Ravoire est né à Vaulx, en Haute-Savoie, d’une famille nombreuse et chrétienne qui devait donner quatre de ses enfants à l’Église : le fils aîné, aujourd’hui prélat de Sa Sainteté et curé doyen aux Etats-Unis, deux filles religieuses, dont l’une mourut supérieure de Communauté aux environs de Lyon, et enfin Louis, le missionnaire. Ayant fait ses études au Collège de Rumilly et commencé au séminaire de Belley sa théologie interrompue par une année de service militaire, il devenait le 5 septembre 1898, as¬pirant au Séminaire des Missions-Étrangères ; travailleur cons¬ciencieux en cours d’année, il donnait libre carrière à son caractère gai en entreprenant durant les vacances pendant lesquelles il avait la charge d’organiser des séances récréatives pour la plus grande joie de tous.
Prêtre le 24 juin 1900, il s’embarque pour la Birmanie méridionale le 25 juillet suivant. Après quelques mois employés à étu¬dier l’angais, il est placé à la paroisse Saint-Antoine, la seule qui existait alors pour les Tamouls, si nombreux dans cette Mission. Son curé est M. Mourlanne déjà accablé par le travail que lui donnent les Tamouls catholiques de Rangoon ; l’administration des cultivateurs de même race éparpillés dans tous les coins du poste revient tout naturellement au jeune et unique vicaire et pour ce dernier commencent les randonnées apostoliques du nord au sud, de l’est à l’ouest de la mission tamoule ; le bagage indispensable est chargé à l’arrière de la bicyclette et le voilà parti pour visiter tour à tour les divers centres de Moulmein, Bassein, Pyapon. M. Ravoire doit évidemment administrer les chrétientés et aussi se mettre à la recherche des catholiques récemment arrivés des Indes et encore inconnus aux prêtres de Birmanie ; ici, ce sont ses ouailles qui le mettent sur la piste des nouveaux arrivés, là des tombes marquées de la croix indiquent la présence de nouvelles brebis. Dire la joie de ces pauvres gens en voyant leur prê¬tre est impossible ; toute sa vie, M. Ravoire gardera un souvenir ému de cette vie errante ; partout où il passe, il prêche, confesse, baptise, marie et surtout établit un « status animarum » qui faci¬liera les tournées suivantes et le travail de ses successeurs. Les aventures ne manquent pas non plus ; il aimera à raconter cette nuit où ses chrétiens durent veiller pour le protéger contre des Birmans qui l’ayant pris pour un policeman anglais, voulaient le tuer. La mission tamoule actuelle compte cinq postes dans la jungle desservis par sept prêtres, et à Rangoon, sept autres confrères connaissant la langue sont à la disposition des nombreux immigrés du sud des Indes. Après cinq ans de cette vie active, le vicaire rêvant d’un travail moins dispersé, demanda et obtint du Vicaire apostolique son affectation à un seul poste de la jungle ; son vieux curé de Saint-Antoine pleura son départ, et lui-même, jusqu’à la mort du vénéré M. Mourlanne, lui conservera une très cordiale affection. A Paukseinbé, M. Ravoire fit ses premières armes chez les Carians ; c’était une nouvelle langue à apprendre, les progrès furent rapides, mais il ne resta pas longtemps à cet en¬droit ; un an après, en effet, il recevait sa nouvelle destination pour Danbi, dans le district d’Henzada, où il devait travailler trente-trois ans et y mourir.
La vie du missionnaire de la jungle birmane consiste à diriger l’école-orphelinat, où une formation chrétienne solide est donnée aux enfants des nombreux villages catholiques, et à visiter tou¬tes ces petites localités. — « Quand je suis arrivé à Danbi, ai¬mait à répéter M. « Ravoire, je n’avais qu’un désir : celui de rendre mes gens plus heureux sur la terre et leur « assurer le paradis dans l’autre monde ». — Cet idéal, ne devait jamais le quitter. Aimant les enfants, il s’attache à faire de son poste de Danbi un séjour agréable. A grands frais, il fait creuser un étang superbe où l’on se baigne et l’on s’amuse ; trois canots servent à faire des régates les jours de fête ; et pour ne pas oublier le côté pratique, le bon missionnaire achète, au début des pluies, du poisson qui assurera la subsistance du curé et des enfants. A Danbi, le poste dispose d’un immense terrain ; M. Ravoire aidé de son petit monde, qu’il ne veut jamais laisser inactif, y plante sans se las¬ser : bananiers, citronniers, orangers, manguiers, papayers, qui font aujourd’hui de Danbi un des endroits le mieux établi de la Mission. Le bois de chauffage est rare et difficile à se procurer dans la plaine ; là encore l’homme pratique exploite son talent à garnir le pourtour de l’étang d’une grande quantité de platanes qui assureront plus tard l’approvisionnement de la maison. La Birmanie est très pauvre en routes ; aucun sentier ne relie les différents villages pour y arriver, il faut suivre les interminables lacets des talus de rizières ; à l’intérieur de ces bourgades, à la saison des pluies, les chemins sont souvent inondés et pleins d’une ¬boue fétide. Aussi au poste de Danbi, travaille-t-on sans cesse à maintenir les allées en bon état. — « Je tiens ce sens esthétique¬ de mon papa, disait-il « aimablement ; quand la Savoie est revenue à la France, le premier soin de celle-ci a été de « percer partout de nouvelles voies de communication : mon père en était si ravi qu’il a refusé « toute compensation pour la route qui traversait ses propriétés, et cet amour des belles routes, « il me l’a communiqué » . — Les travaux du jardin occupent les enfants matin et soir, avant et après les classes ; le reste du temps est consacré à l’étude, au catéchisme, à la prière.
L’administration des villages chrétiens et la recherche de nou¬veaux adeptes sont le principal travail du missionnaire durant la saison sèche qui va de Noël au début de mai ; le reste du temps est employé aux grands travaux des rizières et les gens très occupés n’ont recours au prêtre que pour leurs malades. Dès son arrivée à destination, le missionnaire s’enquiert de l’état du village ; un « status animarum », rigoureusement tenu à jour, empêche les oublis et l’administration commence : visite de toutes les familles ; trois fois le jour, réunion à la chapelle, là où il y en a une, ou chez le chef du village, là où les catholiques trop pauvres n’ont pu bâtir une salle de prières ; le matin, confessions, messe, communions et sermon ; à midi, prières et sermon ; le soir, instruction encore et prières, suivies de longs bavardages avec ses chrétiens heureux de rencontrer leur prêtre pour lui poser mille questions, surtout religieuses. Les Carians païens sont animistes pour la plupart ; là où ils sont mêlés aux Birmans, ils pratiquent le bouddhisme ; les baptistes américains ont fait parmi eux un grand nombre d’adeptes ; les controverses sont fréquentes, et, pour ne pas perdre la face, nos catholiques tiennent à honneur de bien connaître leur religion. Les sermons de M. Ravoire ne sont jamais improvisés ; il a, en suivant les chapitres du caté-chisme, composé, toute une somme de théologie adaptée aux be¬soins de ses fidèles. Sa bibliothèque souvent mise à mal par les fourmis blanches, n’est pas riche, mais il a pu conserver depuis le temps de son petit séminaire, les méditations sur l’Évangile, élévations sur les mystères, sermons de Bossuet qui furent ses livres préférés. Très assidu à lire la vie des saints, l’Ami du clergé, il trouve dans ces lectures un aliment toujours nouveau pour ses prédications. Un fait certain est que les chrétiens de Danbi sont foncièrement instruits de leur religion.
Par ailleurs, M. Ravoire est plein de bonté pour ses ouailles ; en voyage, il emporte toujours des médicaments qui lui permettront de soulager les malades. Une plaie dont souffrent les cultivateurs de la Birmanie, et celle-là plus difficile à guérir, est le prêt à usure consenti par les « Chettys » du sud des Indes ; les emprunteurs incapables de payer les intérêts, s’élevant parfois jusqu’à 30 % , se voient dépossédés de leurs champs, de leurs bes-tiaux, et même de leur maison. Pour aider ses chrétiens, ce bon confrère n’hésite pas à placer une bonne partie de son patrimoine en prêts, mais si quelques-uns sont fidèles à rembourser, il ne tarde pas à s’apercevoir que le capital ne rapporte pas beaucoup ; on emprunte au missionnaire et au « Chetty »; au terme fixé par les prêteurs, on fait l’impossible pour payer sa dette au second. Au premier les Carians disent : vous êtes notre père et notre mère, nous sommes vos enfants. Alors on renvoie le paiment des dettes à des jours meilleurs, à un avenir toujours indéterminé... Magré cela, les vrais pauvres ont toujours pu faire appel à sa générosité. Non content de soulager ses fidèles miséreux, il aime encore à venir en aide à ses confrères voisins moins fortunés que lui, par des dons en nature ou en espèces ; il leur transmet aussi des intentions de ¬messes que son frère aîné lui envoie libéralement d’Amérique.
En 1919, M. Ravoire rentre en France en congé régulier et en profite pour aller voir son frère aîné en Amérique où il accepte du ministère ; tout en appréciant la vie confortable des Etats-¬Unis, il ne cesse de regretter sa Birmanie et, sa santé à peu près rétablie, il s’embarque pour Rangoon d’où il regagne son cher Danbi.
En 1930, éclate en toute la Birmanie une grande rébellion ; des bandes armées parcourent le pays, spécialement les districts ¬d’Henzada et de Tharrawaddy ; des attaques de jour et de nuit jettent la terreur partout. Le gouvernement, débordé, commence par réquisitionner les fusils de la population civile, craignant de les voir tomber entre les mains des rebelles ; M. Ravoire doit aussi donner le sien ; mais dès le lendemain, il se présente au¬près de l’officier civil et demande que son arme lui soit rendue : « Je regrette beaucoup, lui répondit-on, les « ordres sont formels ; ce fusil pourrait vous être pris ». — « Monsieur, dit le missionnaire, en « croisant les bras sur sa poitrine, j’ai été soldat français et un soldat français ne rend jamais « ses armes ». — L’officier déconcerté rend aussitôt le fusil réclamé et comme le poste isolé s’est pas en sécurité, il accorde une garde indigène et c’est pendant des mois une vie d’alertes continuelles ; des bandes rô¬dent aux environs ; un jour l’attaque de la résidence est décidée, mais un ancien orphelin chrétien, apostat, brigand lui-même, menace ses complices : — « Ce « prêtre est mon père, il m’a élevé, nourri, je ne marcherai jamais contre lui et si voulez lui « faire du mal, vous aurez affaire à moi ». — Trois nuits consécutives, une autre bande interroge les esprits avant de se ruer sur la Mis¬sion, chaque fois la réponse est défavorable et les pillards supers¬titieux n’osent agir. La responsabilité d’une école-orphelinat d’une soixantaine d’élèves et ces perpétuelles anxiétés dans lesquelles il vivait l’ayant énormément fatigué, il doit reprendre le chemin de la France ; saison à Vichy, pèlerinage à Lourdes, séjour à Montbeton, tout cela ne lui apporte qu’un soulagement très relatif. Il s’ennuie en France, et bientôt repart pour la Birmanie où il re¬prend sa vie active malgré les rhumatismes, vertiges et douleurs d’yeux.
A ces misères que la vieillesse apporte avec elle, une épreuve autrement douloureuse vient s’ajouter bientôt. En 1937, un mau¬vais prêtre excite une partie des chrétiens à la révolte contre leur évêque et les missionnaires ; Danbi n’est pas épargné. Les meneurs de ce mouvement sont naturellement ceux qui doivent le plus à ce digne confrère ; le plus exalté de la bande avait été sauvé de la ruine exactement vingt ans auparavant par M. Ravoire qui avait payé toutes ses dettes. Comme Jésus il pardonne et prie pour ses bourreaux, car c’est un vrai martyre du cœur qu’il subit en ces circonstances. Plusieurs fois l’idée lui vient de quitter le poste et de se retirer en un endroit plus tranquille ; mais constatant que les ouvriers apostoliques sont si peu nombreux, il reste fidèle à son devoir et devient l’objet d’une vénération plus affectueuse encore de la part de la portion restée saine de son immense troupeau ; toutefois il ne se console pas de la défection des autres. En mars 1939, M. Ravoire reçoit avec joie un jeune vicaire, en la personne de M. Dubromel ; celui-ci ne connaissant pas encore le birman, son curé veut terminer la visite de la dernière chrétienté. Le 3 mars, il part donc pour les montagnes, et le travail achevé, il est de retour à Danbi le 13 avec la fièvre des bois, qui peu à peu devient inquiétante. Un médecin appelé d’Henzada ne peut qu’adoucir les dernières souffrances du malade et le di¬manche de la Passion, après avoir reçu les sacrements, M. Ra¬voire rend son âme à Dieu. Bon serviteur du Christ, il a persévéré jusqu’à la fin, toujours fidèle à son devoir dans la paix comme dans les tribulations, il repose maintenant près de son aîné à Danbi, M. Butard, à quelques mètres de la petite église en briques roses dont il a doté son poste.
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Références
[2497] RAVOIRE Louis (1875-1939)
Références biographiques
An.ME.OOP251/12P147.271.320/39P139+
C.R.00P263/01P387/06P203/077P238/0999/210/11P211/12P252.255//13P264.414.415/16P149/17P120/21P1122/22P132/23P143/25PP121.122/27P134.135/31P221111/32P247/37P192/38888888P187/39P174.220.256
B.ME.24P188/33P227.875.85PH/34P139/39P365.437.+++48PH/50P695
Ec.RBac.278.279.299.399+