Pierre MEYNIEL1880 - 1961
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2706
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1903 - 1961 (Mysore)
Biographie
[2706] Pierre MEYNIEL naît dans une famille paysanne le 10 décembre 1880 à Saint Julien de Jordanne, paroisse du diocèse de Saint-Flour dans le Cantal. Il fait ses études primaires à Saint Julien et ses études secondaires à Saint-Flour. Entré aux Missions Étrangères en 1898, il reçoit la tonsure le 22 septembre 1899, les ordres mineurs le 22 septembre 1900, le sous-diaconat le 28 septembre 1902, le diaconat le 7 mars 1903, la prêtrise le 21 juin 1903 et part le 22 juillet suivant pour la Mission de Mysore, puis celle de Bangalore.
De 1933 à 1905, il est d'abord vicaire à Chikmagalur (1), passe plusieurs mois à Arsikere (2) et est affecté en fin d’année à Saint François-Xavier de Bangalore où il reste jusqu’en 1909. De là il est envoyé dans la région toute païenne de Wynaad, à Sultan's Battery (3), trois ans plus tard en 1912 à Solur (4). Les conversions y sont lentes et difficiles par suite de l'hostilité des Hindous et des castes. Peu à peu cependant, avec l'aide des catéchistes qu'il forme et des écoles qu'il ouvre, il réussit à constituer deux chrétientés. Mobilisé en 1914, il reprend Solur en 1919, jusqu'en 1923. En 1921, il peut enregistrer quatre-vingts baptêmes.
De 1923 à 1934, il est à Shettihally (5) parmi des Chrétiens apathiques et quelque peu incultes. Grâce à ses catéchistes et ses écoles, il s'efforce de les instruire et de les former à la vie chrétienne : en 1931, il réussit à mettre un catéchiste dans chaque village afin d'instruire les enfants et de veiller aux prières.
A Bégur (6) de 1934 à 1939, il suit la même méthode. Il y construit un couvent de sœurs. Il passe ensuite deux ans à Saint Joseph de Bangalore, puis retourne à Solur où il construit une église. Affaibli par les maladies et ayant presque perdu la vue, il se retire à l'hôpital de Sainte Marthe de Bangalore en 1950.
Atteint d'un cancer en 1960, il meurt le 9 mars 1961.
1 – Au nord-ouest de Mysore.
2 – Au nord de Mysore.
3 - Au sud-ouest de Mysore, maintenant au Kerala.
4 – A l’ouest de Bangalore.
5 – Entre Bangalore et Mysore.
6 – A l’ouest de Bangalore, proche de Chikmagalur.
Nécrologie
Le Père Pierre Meyniel *
Après de longues et dures souffrances, le R. P. Meyniel est décédé paisiblement le 9 mars à l’hôpital Ste-Marthe. Il avait supporté ses douleurs avec grande patience et courage, récitant son rosaire, et accueillant d’un sourire tous ceux qui venaient le visiter. Toujours il avait suivi le dur et épineux chemin de la vie, gardant en mémoire le texte de St Paul : “Les souffrances dia moment présent ne méritent pas d’être mises en balance avec la gloire à venir, telle qu’elle sera révélée en nous”. Ses misères et afflictions s’étaient aggravées de la terrible maladie du cancer qui l’avait saisi voici quelque huit mois. Il en était suprêmement heureux, et remerciait Dieu de cette précieuse opportunité de se conformer toujours plus étroitement à Sa divine volonté.
Au soir de son décès, sa dépouille mortelle fut conduite à l’église de Solur qui avait été le centre de ses espoirs et de ses travaux apostoliques. Le village entier y accourut pour lui rendre son hommage de respect et d’amour. Le lendemain matin, une grand’messe pontificale fut célébrée par Mgr l’archevêque. Après l’Evangile, Monseigneur paya son tribut aux vertus et qualités du Père, à son zèle infatigable, à son entier oubli de lui-même. Monseigneur avait pris pour texte la louange de Moïse par Dieu : “Aimé de Dieu, aimé des hommes ; sur son nom reste une bénédic¬tion”. Mgr Francis Noronha prit ensuite la parole en langue kanara.
Pendant que se fermait le cercueil, il était extrêmement touchant de voir les larmes rouler sur les joues des assistants ; ce qui eut aussi sa réaction sur les quelque trente prêtres présents aux obsèques. Ce qui me frappa le plus fut la propre figure du Père, si claire, et si calme, et si digne, sans encore la moindre trace de décomposition. Un ménage allemand qui avait pris l’habitude de lui rendre visite à l’hôpital était présent aussi à l’enterrement. Lui-même avait fait choix du cimetière commun, et y avait fixé l’emplacement de sa tombe.
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* MEYNIEL Pierre, né le 10 décembre 1880 à Saint-Julien-de-Jordanne, au diocèse de Saint-Flour. Etudes primaires au pays natal, secondaires à Saint-Flour. Entré aux Missions-Étrangères en septembre 1898. Sous-diacre en septembre 1902, diacre le 7 mars et prêtre le 21 juin 1903. Parti pour la mission de Mysore le 22 juillet de la même année ; passe au diocèse de Bangalore en 1940. En retraite à Ste-Marthe depuis 1950. Décédé le 9 mars 1961 à Ste-Marthe.
Le P. Meyniel était né en France, à Perruchez, le 10 décembre 1880. Il avait fait ses études sacerdotales au séminaire des Missions-Étrangères de Paris et y avait été ordonné le 21 juin 1903. Destiné au diocèse de Mysore (l’ancien, d’avant la division) il arriva dans l’année même à Bangalore. Son premier poste frit celui de vicaire à Chikmagalur. En janvier 1905, il frit transféré à Arsikere. Puis, de 1905 à 1909, il fut vicaire à l’église St-François-Xavier. Il fut ensuite envoyé dans la jungle du Whynaad, contrée à malaria qui fait maintenant partie du diocèse de Calicut. Il y apprit le malayalam, et y travailla au milieu de pauvres gens qui furent grandement impressionnés par l’exemple de sa vie, de son zèle apostolique, de sa bonté, et de sa générosité. Un bon nombre d’entre eux se firent instruire dans la foi.
C’est en 1912 qu’il fut appelé à Solur, village situé à quelque 30 miles de Bangalore. Il évangélisa la localité et s’intéressa à ses ouailles avec une sollicitude toute paternelle. Depuis Solur, il visitait Nelamangalam, à mi-chemin de Bangalore, lieu dont les habitants n’avaient encore jamais entendu parler de l’Evangile du Christ et de sa douce et humaine influence. Il lui arriva un jour de défier le démon en passant toute la nuit dans une maison hantée ; nombre de pierres lui furent lancées ; lui cependant, à coup de prières et d’eau bénite, réussit à mettre fin à cet étrange phénomène. Les habitants furent tout surpris d’apprendre le lendemain matin que le Père avait passé une nuit tranquille et était toujours en vie. Lui-même ne tenait guère à attribuer cet incident aux machinations du démon ; mais il n’en pouvait non plus donner d’autre explication.
Il fut appelé sous les drapeaux pour la première guerre mondiale, et dut donc rentrer en France en 1914. Après la guerre, en 1919, il rentra à Solur. Quatre ans plus tard il était transféré à Settihalli, où il passa onze pleines années, mettant de la vie dans son peuple, et construisant trois écoles dans les villages d’alentour. Là, il eut à surmonter une crise. A un meeting du “ Conseil de Village” il prit une décision qui déplut à certains. Ils résolurent de le tuer et prirent leurs mesures en conséquence : ils attendraient son retour en un endroit bordé d’épais buissons, en bordure de la route Hassan-Settihalli. Alors qu’il revenait d’Hassan sur sa motocyclette, les mécréants se précipitèrent vers lui, armés de fusils. Lui, à ce moment précis, fut obligé de faire halte pour quelque défaut dans le moteur. Déconcertés par son attitude soudaine et le supposant prévenu par quelque lumière ou vision divine, les mécréants s’enfuirent d’eux-mêmes. Il les appela, mais si grandes étaient leur confusion et leur terreur qu’ils s’enfuirent. Quelques jours plus tard ils l’approchèrent de nouveau, lui avouèrent leurs intentions de meurtre, lui demandèrent son pardon et sa bénédiction.
En 1934 le Père fut transféré à Begur où il construisit un couvent et se dépensa pendant six ans avec son zèle et son enthousiasme habituels. Son poste suivant fut la charge de la paroisse St-Joseph dans la cité de Bangalore ; ceci en 1939. Deux ans plus tard, il rentrait de nouveau à Solur qu’il avait autrefois commencé d’évangéliser et qui lui offrait de grands espoirs.
Sur la fin de décembre 1949 il me pria de le relever de la charge de ce poste et de l’autoriser à se retirer à Ste-Marthe, sa vue baissant et une forte tension sanguine lui rendant impossible de poursuivre ses travaux dans ce village. Au cours de mes visites j’avais pu noter par moi-même l’inconfort de cette station et la pauvre condition de ses catholiques. Le Père était venu à leur secours, vivant lui-même de millet (la nourriture locale) dans un petit presbytère à côté d’une vieille chapelle ; un nouveau presbytère avait été bâti en 1949, et une église spacieuse en 1948.
Voici deux ans, il revisitait son cher village, en la compagnie de son successeur, le P. Brouillet. La nouvelle de son arrivée se répandit de suite dans les villages environnants. Les hindous, les musulmans, les pauvres, se pressèrent pour revoir leur grand ami et bienfaiteur, si grands étaient leur estime, leur admiration, leur amour, leur affection pour cet apôtre du Christ. Il ne put rester plus longtemps avec cette foule qui ne lui laissait ni paix ni repos, et dut rentrer promptement à Bangalore.
Le P. Meyniel combinait en lui les qualités d’un bon pasteur, avec celles d’un père bon et aimant. Pour ses confrères dans le sacerdoce comme pour son troupeau, il était un modèle exemplaire. Il assurait tous les devoirs de son office avec un soin méticuleux, et s’efforçait constamment de gagner tous les hommes au Christ et de sauver leurs âmes. Il était véritablement “aimé de Dieu et aimé des hommes, une bénédiction reste sur son nom”.
Il était un joyau caché, homme de Dieu, homme des hommes. Toujours serein et satisfait ; il n’avait d’autre ambition que celle d’instruire ses chrétiens et d’en faire des fidèles exemplaires. La tâche était rude, car, du point de vue intellectuel et social, ils étaient retardataires, et, économiquement parlant, dénués de moyens. Tout don qu’il lui arrivait de recevoir servait à alléger leur pauvreté et leur misère.
En août 1960, quand il fut informé de la maladie mortelle qui venait de faire son apparition, sa réaction spontanée fut celle d’une joie suprême : “Dieu merci ! J’ai maintenant quelque chose à offrir, moi qui ne puis plus rien faire d’autre”.
A l’intérieur d’un missel pour l’usage des prêtres à vue fléchissante, feu le P. Sébastien D’Silva avait écrit de sa main les quelques mots suivants, que j’ai vus et lus ce 26 mars : “Ce livre doit être retourné à l’hôpital Ste-Marthe, en souvenir du grand missionnaire, le P. Meyniel. Dieu le bénisse, et le récompense de son travail méritoire. Il est venu dans l’Inde pour les Indiens. Il y est mort pour eux. S. D’Silva, Ramanagaram, 1-10-51.” (*)
Sa vie fut de complet détachement, dans l’obscurité. Sa devise semble avoir été celle que proposent les mots de l’Imitation Ama nesciri et pro nihilo reputari ; cette maxime spirituelle inspira toute sa vie. Il était d’ailleurs très intéressé par les progrès de l’archidiocèse. Pour chaque prêtre ou séminariste il avait des mots de réconfort et de conseil. Il noue a quittés, mais sa mémoire ne sera jamais oubliée. Il aura été l’une des plus belles fleurs qui auront fleuri sur l’arbre du catholicisme français et de la culture française dans la maison historique de la Société des Missions-Étrangères de Paris.
† S. Exc. Mgr Thomas POTHAKAMURY,
archevêque de Bangalore
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* Note du traducteur : Il y a dans le mot du P. D’Silva un anachronisme évident, le P. Meyniel n’étant mort qu’en 1961. Mais ceci n’enlève rien à la valeur de son témoignage, tout spontané. Nous pouvons d’ailleurs lui retourner le compliment, car le P. D’Silva, lui aussi, n’a eu d’autre objectif sur terre que de se dépenser pour ses compatriotes. R. I. P.
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Références
[2706] MEYNIEL Pierre (1880-1961)
Références biographiques
AME 1903 p. 378. 1915-16 p. 127. 141 + note. CR 1903 p. 305. 1907 p. 292. 1909 p. 236. 1910 p. 264. 267. 1913 p. 291. 1913 p. 291. 1915 p. 178. 1916 p. XI. 1921 p. 126. 1924 p. 126. 1925 p. 136. 137. 1926 p. 154. 155. 1931 p. 249. 1932 p. 276. 1937 p. 213. 214. 1938 p. 215. 1939 p. 187. 1948 p. 134. 1950 p. 119. 1960 p. 91. BME 1923 photo p. 69. 1925 p. 79. 1931 p. 81. 923. 1936 p. 797. 873. 1937 p. 185. 571. 1953 p. 794. 1959 photos p. 744 et 745. 1961 p. 320. 412 (notice). Miss. d'Asie. 1950 p. 96. EC RBac N° 678. 694. NS 4P127. - 34P246.