Gaston DEGAS1880 - 1907
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2772
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1904 - 1907 (Qui Nhon)
Biographie
[2772]. DEGAS, Gaston-François, originaire de L’Orbrie (Vendée), naquit le 4 (m) ou le 8 (é) juin 1880, commença ses études chez le curé de sa paroisse natale, et les continua à Fontenay, au petit séminaire des Sables-d'Olonne, et au grand séminaire de Luçon. Tonsuré avant son arrivée au Séminaire des M.-E. le 10 septembre 1900, il reçut la prêtrise le 26 juin 1904, et partit le 3 août suivant pour la Cochinchine orientale. Il étudia la langue à Tung-son, et fit ses premiers travaux apostoliques au Phu-yen. Il administra ensuite le district de Ninh-hoa (Khanh-hoa), et bientôt y tomba malade. Le 27 juillet 1907, à Ninh-hoa, il fut prématurément emporté par un accès de fièvre bilieuse.
Nécrologie
M. DEGAS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE ORIENTALE
Né le 4 juin 1880
Parti le 3 août 1904
Mort le 27 juillet 1907
Gaston Degas vit le jour à l’Orbrie, au diocèse de Luçon, le 4 juin 1880, d’une famille modèle, aux mœurs patriarcales. Chaque jour, matin et soir, la prière était faite en commun. Le père, menuisier de son état, travailleur courageux, n’avait qu’un rêve et une seule ambition : l’édu¬cation de ses deux enfants, Gaston et sa sœur, plus jeune que lui de quelques années.
M. Ferdinand Degas avait eu la pensée d’être prêtre lui-même. Aussi accueillit-il avec joie la nouvelle de la vocation de Gaston. Mais il fut vivement affecté de ses goûts apostoliques. Mme Degas, profondément chrétienne, aimait ses enfants d’une grande tendresse. Elle accepta toutefois généreusement le sacrifice que lui demanda son fils. Bien plus, elle mettra tout en œuvre pour fléchir la volonté et adoucir la douleur de son mari.
Après sa première communion (1), Gaston entra à l’institution Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte. Il y eut comme directeur M. l’abbé Gen¬dreau, frère de Mgr Gendreau, vicaire apostolique du Tonkin occiden¬tal. Ce digne prêtre aimait beaucoup son élève et l’entretenait souvent de son frère le missionnaire, parti bien loin pour convertir les pauvres infidèles. Ce fut la première étincelle qui lui fît entrevoir dans son âme d’enfant sa vocation future.
M. l’abbé Barré, alors curé de l’Orbrie, initia Gaston aux premiers éléments de la langue latine, et le fit entrer au petit séminaire des Sables-d’Olonne en octobre 1893.
(1) Nous tenons ces détails d’un des amis intimes de notre missionnaire.
Les leçons du premier maître avaient été profitables, car Gaston Degas eut, dès en entrant, un rang très honorable dans sa classe. Sous des dehors assez nonchalants, il cachait une grande activité intellec¬tuelle, qui se manifestait du reste par ses succès de fin d’année et par des progrès continus qui lui firent atteindre la première place dans les dernières années de ses humanités. Mais les honneurs et les applau¬dissements qu’il pouvait recevoir semblaient faire bien peu d’impres¬sion sur lui. La pensée de sa vocation l’absorbait tout entier.
Un des principaux traits de son caractère est alors une certaine horreur de toute manifestation de sensibilité. Il veut être viril et sa volonté dépassait peut-être un peu la mesure dans les moyens qu’elle prenait pour arriver à ce résultat. I1 avait cependant une âme extrêmement sensible et délicate, comme en témoignent les rares privilégiés qui ont vécu dans son intimité.
Il avait aussi une prédilection marquée pour les souffrances volon¬taires. Dès sa jeunesse, pendant les vacances, il s’exerçait aux mortifications de la vie apostolique, dormant les nuits étendu sur le plancher de sa chambre, la tête reposant sur son dictionnaire grec.
Avec ses condisciples, Gaston était le bon camarade, toujours plein d’entrain. Il n’était point ennemi de la joie, et sa franche gaiete s’épa¬nouissait souvent en spirituelles boutades.
Après sa rhétorique, M. Degas rentre au grand séminaire de Luçon. Néanmoins ses aspirations étaient ailleurs. Tonsuré le 29 juin 1900, il demande à être reçu aux Missions-Étrangères, et arrive à Paris le 10 septembre de la même année. Les qualités du jeune homme nous disent ce qu’il sera comme aspirant, soit au séminaire de l’Immaculée-Conception à Bièvres, soit à la rue du Bac.
Il est ordonné prêtre le 26 juin 1904, et le lendemain il reçoit sa destination pour la Cochinchine orientale.
Avant de s’embarquer, il retourne une dernière fois dire adieu à sa famille, à ses amis, à la terre de Vendée.
Le jour de sa première messe à l’Orbrie fut un jour de fête parois¬siale. Chacun contemple avec admiration ce jeune prêtre qui lui représente l’idéal du dévouement sans limite, dans l’élan de sa forte jeunesse.
Au milieu des siens, M. Degas se montre gai, s’intéresse aux moindres choses et s’efforce de leur donner toutes les marques de sa tendre affection.
Un mois après, le 3 août, il s’embarquait à Marseille. Mais voici qu’un contre-temps imprévu vint retarder de quelques jours son bon¬heur de voir sa chère mission.
En longeant la côte d’Annam, le navire qui le porte s’échoue sur une pointe de rocher. Les voyageurs restent immobilisés trois jours en attendant qu’un autre bateau vienne les recueillir et leur permettre de continuer leur route. — Ce même navire plus tard se brisera en face de la province de Nhatrang et du district même où notre jeune mis¬sionnaire devait bientôt terminer sa trop courte carrière. Fut-ce un avertissement du ciel ? M. Degas eut-il alors comme un pressentiment de ce qui devait arriver ? Nous l’ignorons. Mais il est à croire que plus tard cette coïncidence le frappa et accentua l’émotion si vive qu’il ressentit en quittant le Phu-yen pour aller à Ninh-hoa.
M. Degas aborde à Tourane et reçoit bientôt sa destination pour Tung-son. Là il se met courageusement à l’étude de la langue. Il écrit lui-même : « Je me mets à l’étude de « l’annamite avec acharnement. Ce n’est pas le plus facile. C’est même assez pénible de se « rasseoir sur les bancs de l’école comme un enfant, d’épeler du matin jusqu’au soir et de se « remettre à faire des fautes d’orthographe. »
Mais sa volonté tenace triomphe des difficultés, et il peut bientôt commencer son apostolat.
« Les desseins de la Providence sont insondables, écrit son confrère qui nous donne les détails sur les derniers jours du missionnaire.
« Qui aurait pu croire, en effet, que ce jeune confrère, arrivant à Nha-trang, il y a six mois, serait sitôt enlevé à notre affection et à nos espérances ! Il venait de la province voisine, le Phu-yen, où il avait fait ses premières armes. Tout semblait lui présager un long et fructueux apostolat. Au Phu-ven, il avait conquis les cœurs de ses chrétiens. C’était avec ardeur qu’il se prodiguait pour le bien de leurs âmes, allant, par monts et par vaux, dans cette région si accidentée et aux voyages si pénibles. Sa santé, bien qu’ébranlée par la lièvre, lui semblait être de fer. Il ne la ménageait, hélas ! que trop peu. Dans ces pays tropicaux, le plus fort, s’il n’y prend garde, succombe plus vite que le faible, quand il veut trop compter sur sa vigueur. Si M. Degas emporta, du district de Hoa-vong et Hoc-gao, l’estime et l’af-fection des chrétiens, qu’il avait conquis par son ardeur et sa bonté, il emporta aussi, à son insu, le germe de la maladie qui devait le terrasser.
« Durant cinq mois, il avait administré le district en l’absence du titulaire, M. Jean, éloigné par la maladie. Le supérieur de la mission, appréciant sa valeur, l’appelait à diriger, seul, le district de Ninh-hoa.
« A peine arrivé à son poste, M. Degas se mit à l’œuvre avec courage. Les difficultés de tous genres, l’éloignement des chrétientés, le caractère indolent des indigènes de cette partie de l’Annamn, ne le rebutèrent point. Durant six mois, son zèle se donna carrière, et, sur ce nouveau théâtre, il allait se développer largement ; mais le bon Dieu se contenta de cette bonne volonté ! L’ébranlement général que sa santé avait subi au Phu-yen ne fut point enrayé par le climat moins insalubre de Ninh-hoa. Bien qu’extérieurement vigoureux et alerte, le Père était affaibli, souffrait, et le cachait à tous. La prudence humaine, en pareille matière, n’était point, nous l’avons dit, sa vertu dominante. Il ne se ménageait pas du tout et s’exposait souvent, sans motif, aux intempéries et surtout au soleil ardent. Dans la lutte contre cet astre de feu, le Vendéen, comme tout autre, est toujours vaincu. C’est ce qui lui arriva.
« A partir des premiers jours de juillet, M. Degas avait paru plus énervé, plus inquiet que de coutume. Il sortait souvent pour se dis¬traire. Du 9 au 15, il avait résumé sa petite comptabilité, sur un cahier neuf, de quelques feuilles, trouvé dans son buvard. Pendant les jours qui précédèrent sa dernière crise, il s’était montré excessivement ouvert et confiant avec son serviteur, causant incessamment de ses plans, de ses projets divers. Celui-ci en était tout surpris, car le Père était, d’ordinaire, très réservé. Enfin, ce fut le dimanche 21, qu’un très violent mal de tête et une grande fatigue l’obligèrent au repos. Pour lui, c’était l’annonce d’un de ces terribles accès de fièvre bilieuse qu’il connaissait déjà. Le lundi et le mardi, il souffrait moins, mais était abattu et ne parlait presque pas. Vers le soir de ce mardi 23, un Européen de Ninh-hoa, étant venu le voir, constata quelques diva¬gations d’esprit à la fin de l’entretien. Le chef du poste de douane prévint alors, par dépêche, M. Laurent de la gravité du cas. Par suite de conjonctures malencontreuses, celui-ci, très éloigné, ne put arriver que le mercredi soir à la nuit. Il trouva le malade assis dans une chaise longue, calme, presque souriant, serrant la main à ses visi¬teurs, semblant les reconnaître, mais ne parlant, depuis le matin, qu’un langage incompréhensible pour tous, sans doute le patois ven¬déen. A toute question faite en français, en latin ou en annamite, il ne répondait, et ne répondit plus qu’en ce langage étrange.
« Depuis la veille, ces messieurs de Ninh-hoa s’étaient remplacés auprès de lui, et l’avaient soigné de leur mieux, avec un remarquable dévouement. Le confrère arrivé continua ces soins, et la nuit et le jour ; mais aucune amélioration ne se produisait. Aussi, dès le len¬demain jeudi, le médecin de Nha-trang fut mandé par dépêche. Quel¬ques instants avant son arrivée, le vendredi matin, notre cher malade avait paru entrer en agonie. Des ablutions totales plus fréquentes, des injections diverses, réussirent à faire baisser, momentanément, la température du corps ; mais la tête restait toujours prise, et le hoquet revenait de plus en plus violent. Néanmoins, tous ces soins prolon¬gèrent la vie de notre cher confrère jusqu’au samedi, à 6 h. ½ du matin. Il rendit alors son âme au bon Dieu.
« Il y a tout lieu d’espérer que, malgré son obstination à ne parler que cette langue inconnue, M. Degas eut conscience des derniers sacrements, qui lui furent administrés dans la matinée du jeudi. Il comprit, sans doute aussi, les exhortations pieuses qu’on lui fit pour le préparer à paraître devant le Souverain Juge. Il n’est pas douteux, pour le confrère qui l’assista, que, par une faveur spéciale, la sainte Vierge, patronne de Ninh-hoa, lui obtint cette prolongation d’une vie qui s’éteignait, afin que le cher Père mourût un samedi. Ses funé¬railles eurent lieu le dimanche, à l’issue de la messe de paroisse. Toute la petite colonie française y assista et témoigna de sa sympathie pour le regretté M. Degas. »
Ave, Maris stella !
Iter para tutum
Ut videntes Jesum
Semper collœtemur !
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Références
[2772] DEGAS Gaston (1880-1907)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1905, p. 159. - Miss. Quinhon. Mém., 1904, p. 5 ; 1905, pp. 73, 77 ; 1907, pp. 13, 70. - Sem. rel. Luçon, 1907, Notice, p. 867.
Notice nécrologique. - C.-R., 1907, p. 407.