André SAGARD1894 - 1946
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3258
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1924 - 1946 (Jilin [Kirin])
Biographie
[3258] Marie, Lucien, André SAGARD naquit le 11 août 1894, à Ménil-sur-Belvitte, diocèse de Saint-Dié, département des Vosges. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de Mattaincourt, puis se dirigea vers le grand séminaire de St.Dié où il fit sa formation sacerdotale et fut ordonné prêtre le 16 juillet 1922. Il fit ensuite une année de vicariat à Thaon.
En 1923, il sollicita et obtint de Mgr.Foucault la permission de quitter le diocèse pour entrer dans la Société des Missions Etrangères. Il arriva au séminaire de la rue du bac le 15 septembre 1923. Au terme de son année de probation, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique de Mandchourie Septentrionale (Kirin) qu'il partit rejoindre le 22 septembre 1924. Avec six autres partants, il s'embarqua à Marseille le jeudi 25 septembre 1924.
Arrivé à Kirin, M.Sagard commença à l'évêché, l'étude de la langue chinoise. En 1925, Mgr. Gaspais l'envoya à Fou-yu-hien, ville commerçante de la province de Kirin, située au coude du fleuve Soungari qui se dirige vers Harbin, au nord est. Dès son arrivée, M.Sagard, visita tout son district, et constata un renouveau de ferveur. Une trentaine de catéchumènes se firent inscrire, en vue de leur préparation au baptême. Grâce à la générosité de ses chrétiens, en 1927, il pût repeindre son église. Il essaya aussi de développer son école.
En 1927, M.Rouger, supérieur du séminaire, partant en congé, Mgr. Gaspais appela comme professeur au petit séminaire M.Sagard qui y enseigna jusqu'en 1929 date à laquelle ayant cédé sa chaire à M. Beaudeaux, il fut chargé de la procure de la mission à Chang-chun. Il succéda dans cette fonction à M. Peignont. Pour permettre à M.Sagard d'être plus libre dans sa tâche de procureur et d'administrateur des biens de la mission, la paroisse de Changchun fut alors confiée à un prêtre chinois, le P. Hilaire Kang. A Chang-chun, M. Sagard poursuivit la construction de l'église paroissiale entreprise par M. Peignont. Elle fut dédiée à Ste Thérèse de Lisieux et bénite le 29 mai 1932 par Mgr. Gaspais. En l'honneur de cette même sainte, lors de son départ pour la procure, en 1929, M.Sagard offrit un bel autel dans la chapelle du grand séminaire.
Au matin du samedi 19 septembre 1931, les japonais occupèrent la ville de Chang-chun (Hsinking). Le 24 mai 1932, M.Sagard reçut à la procure de Chang-chun, Mgr. de Guébriant. En 1933, à son travail de procureur, il ajouta la charge d'aumônier du "Jen-tse-tang", oeuvre confiée aux Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie comprenant une école secondaire pour jeunes filles russes orthodoxes, une école primaire pour les chinoises, un orphelinat et un hospice de vieillards. Plus tard, il bâtit le pensionnat Ste Thérèse à la tête duquel il mit une religieuse chinoise.
Le 20 mai 1934, M. Sagard, confiant par interim à M. Liogier le service de la procure, prit le transsibérien à Harbin pour Paris, qu'il atteignit le 1 juin suivant. Le 11 janvier 1935, il s'embarqua à Marseille à bord du "d'Artagnan", les Soviets lui ayant refusé l'autorisation de passer par la Sibérie. Le 28 février 1935, il arriva à Hsinking, capitale du Mandchoukuo. Par lettre du 25 mars 1935, Mgr. Gaspais le nomma provicaire , vicaire délégué, et supérieur des religieuses du Saint Coeur de Marie.
Voulant manifester leur sympathie envers les missions catholiques, les autorités du Mandchoukuo invitèrent Mgr. Gaspais, représentant du Saint Siège, accompagné de M.Sagard, à une réception offerte le 23 novembre 1935, à Hsingking (Changchun) par M.le Ministre des Affaires Etrangères et à laquelle prirent part MM.les Ministres de l'Intérieur et de l'Education, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires. Quelques jours plus tard, Mgr Gaspais et M.Sagard furent reçus en audience solennelle par Sa Majesté l'Empereur du Mandchoukuo qui exprima sa reconnaissance envers le Saint Père qui lui avait envoyé à titre personnel, une belle médaille d'or. En 1937, M.Sagard fut du nombre de ceux auxquels Sa Majesté l'Empereur du Madchoukuo décerna des décorations. Ainsi, le 22 décembre 1937, lui fut remise une "distinction du troisième ordre". Au titre de conseiller, il était membre du Bureau de la Représentation du Saint Siège auprès du gouvernement du Mandchoukuo.
En 1936, M.Sagard, en plus de ses fonctions de procureur et de provicaire, et avec l'aide d'un vicaire mandchou, reçut la direction du district de Kao-chan-tchoun. En 1939, il fut élu délégué suppléant, lors de la réunion préparatoire à l'Assemblée Générale de la Société, prévue pour 1940. Le 15 novembre 1939, dans la cathédrale de Kirin, Mgr.Gaspais conféra l'ordination épiscopale à Mgr. Lemaire. M.Sagard parlant au nom de tous les missionnaires, souhaita à ce dernier un long et fructueux épiscopat.
Le 15 août 1945, survint la défaite japonaise, suvie de l'occupation russe, puis de combats entre troupes rivales communistes et nationalistes; tout cela, engendra insécurité malheurs et désordres. La capitale Hsingking reprit son ancien nom de Chang-chun. L'hiver 1945-46 fut très rude. À toutes ces misères, s'ajouta une épidémie de typhus qui emporta des milliers de victimes. M.Sagard contracta le mal, et le 11 février 1946, à Changchun, il rendit son âme à Dieu.
Le 15 février 1946, ses funérailles se déroulèrent dans l'église Sainte Thérèse qu'il avait bâtie. La guerre civile ne permit qu'à quelques prêtres du vicariat de se joindre au clergé de Chang-chun. Après l'absoute, donnée par Mgr. Gaspais le corps fut conduit au cimetière de la ville, où il repose au milieu de ses confrères défunts.
Nécrologie
[3258] SAGARD Marie (1894-1946)
Notice nécrologique
En mars dernier, alors que semblait close la longue liste des deuils de la guerre, parvenait en France l’annonce inattendue de la mort de M. Sagard, prêtre de la Société des Missions-Étrangères de Paris, originaire du diocèse de Saint-Dié. Tous ceux qui l’avaient connu et aimé — et ils sont nombreux ont été vivement impressionnés par cette triste nouvelle, venue d’Extrême-Orient. Beaucoup de prêtres vosgiens ont aussi réalisé que, désormais, il manquerait quelqu’un dans leur vie apostolique, parce que celui qui, par vocation travaillait en leur nom sur la terre d’Asie, n’était plus.
Né le 11 août 1894, à Ménil-sur-Belvitte, Marie-Lucien-André Sagard fit ses études dans les séminaires de Mattaincourt et de Saint-Dié. C’est là, qu’après une éducation familiale très chrétienne, il fut enrichi par des prêtres foncièrement surnaturels de ce capital sacerdotal et missionnaire que, plus tard, il devait en Mandchourie si heureusement gérer et faire fructifier.
Ordonné prêtre le 16 juillet 1922, il fit ensuite une année de vicariat à Thaon. Ceux qui l’ont alors connu savent de quelles promesses étaient riches son ardente nature et son âme sacerdotale. Cependant, depuis longtemps, il pensait à l’apostolat lointain : il lui semblait qu’il y trouverait plus d’occasions d’y exercer l’abnégation totale ; il entrevoyait aussi dans le sacrifice plus complet de la famille et du pays natal, une source d’actes de charité pour les âmes.
Il sollicita et obtint de S. Exc. Mgr Foucault la permission d’entrer dans la Société des Missions-Étrangères de Paris. Il choisit cette Société parce que ses Missions sont toutes en Extrême-Orient et qu’il savait cet immense réservoir d’hommes proportionnellement moins pourvu d’apôtres que d’autres continents. Par ailleurs cette Société s’offrait à lui, la seule exclusivement missionnaire. Il savait aussi, que dans son esprit traditionnel, cette Société se considère comme un Corps séculier de l’Eglise de France, délégué par le Saint-Siège pour fonder des églises en Extrême-Orient.
Après un an au Séminaire de la rue du Bac, M. Sagard reçut sa destination pour le Vicariat (aujourd’hui diocèse) de Kirin en Mandchourie. Le 22 septembre 1924, après les adieux à ses parents et à ses nombreux amis, il partit. A Kirin, il étudie d’abord la langue chinoise auprès de son évêque, Mgr Gaspais. Bientôt, il est envoyé dans le district de Fou-Yu, sur les confins de la Mongolie. Là, il se donne résolument à la formation des chrétiens et à la conversion des païens. Il est tout à tous, employant son temps, ses forces, au service des âmes. Vrai lorrain, de caractère très énergique, il est dur pour lui-même, mais, dans ses relations il s’efforce d’être doux et indulgent. Méthodique, il réagit instinctivement devant le désordre et il en souffre. Si parfois il lui arrive de se souvenir qu’en 1918, il a été lieutenant, il sent vite la peine que son ton un peu trop impératif a pu causer : à force de délicates prévenances, sans rien relâcher des principes, il réussit toujours à guérir la plaie qu’il a involontairement ouverte.
Mgr Gaspais ne tarde pas à découvrir le talent caché dans cette jeune recrue. Il l’envoie au petit séminaire de Kirin pour s’y occuper de l’économat, tâche ingrate entre toutes en pays de mission. C’est une première étape nécessaire. Deux ans après, en 1929, il est appelé à l’administration des biens matériels du Vicariat. Dans cette charge de Procureur, il donne toute sa mesure, il remplit un ministère de charité envers les confrères de passage, surtout s’ils arrivent malades ou fatigués. Il créa en 1931, pour les missionnaires, le « Trait-d’union », bulletin semeur d’optimisme qui parut chaque mois, assez régulièrement, jusqu’au début de la guerre.
En 1932, après deux années de fatigues et de soucis, il achevait, à Changchun, la construction de l’église Ste-Thérèse, une des plus belles du Vicariat. Plus tard, voyant les jeunes employées chrétiennes venues de la campagne en danger de se perdre dans la capitale du Mandchoukouo, il leur ménageait quelques chambres à l’école de filles et s’occupait de leur formation spirituelle. Enfin, grâce à de généreuses aumônes, il bâtit non sans grandes difficultés, par suite de la hausse constante du coût de la vie, le spacieux pensionnat Sainte-Thérèse, dont il confia la direction à une religieuse chinoise.
En plus de son travail de procureur, M. Sagard s’occupait de la maison confiée aux Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie qui comprend une école secondaire pour jeunes filles russes-orthodoxes, une école primaire pour les chinoises, un orphelinat et un hospice de vieillards. Chaque jour, il y allait à bicyclette pour remplir son ministère et, chaque semaine, il y faisait une conférence avec projections.
À ces emplois déjà nombreux, Mgr Gaspais lui ajouta, en 1935, la lourde charge de vicaire délégué et provicaire du Vicariat. Il lui confia enfin le supériorat des deux couvents indigènes du Saint-Cœur de Marie. Il apparaissait, chaque année davantage, comme le rouage indispensable de l’administration et du progrès de la Mission. Il s’acquittait avec zèle de toutes ses fonctions, en savourait en silence les croix qu’elles lui apportaient et, tout en désirant d’en être déchargé et envoyé en brousse, il attendait avec un constant sourire l’heure de la Providence.
Cette heure sonna au début de février 1946 : ce fut celle d’un départ qu’il n’avait peut-être pas prévu pour sitôt... L’hiver 1945-46 fut très rude, puis survinrent la défaite japonaise et l’occupation russe occasionnant de grandes misères. Le typhus emportait des milliers de victimes. Avec quelques orphelines japonaises, recueillies par les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, la maladie avait pénétré chez les religieuses ; plusieurs furent atteintes et une succomba. C’est très probablement là que M. Sagard contracta lui-même le mal. Il essaya de résister, mais il dut s’avouer vaincu et s’aliter. Son état empirait de jour en jour. Pressentant la gravité de son cas, il écrivit ses dernières volontés. Après cinq jours de soins, le médecin s’avouait impuissant. M. Sagard reçut alors les derniers sacrements ; ensuite, il ne sembla plus avoir de lucidité que par intervalles. Tout le monde priait pour la guérison du missionnaire très aimé ; mais la Sainte Vierge montra qu’elle aussi le voulait et le 11 février, au soir de la fête de Notre-Dame de Lourdes, notre cher confrère rendait sa belle âme au Maître des Apôtres. Le lendemain une lettre arrivait, la première depuis plusieurs années : elle annonçait la mort de sa mère. Le 15, les funérailles eurent lieu dans l’église de Sainte-Thérèse. La guerre civile ne permit qu’à quelques prêtres du Vicariat de se joindre au clergé de Changchun. Après l’absoute, donnée par Mgr Gaspais, le corps fut conduit au cimetière de la ville, où il repose au milieu de ses confrères défunts.
Références
[3258] SAGARD Marie (1894-1946)
` Références biographiques
AME 1924 p. 236. 1931 p. 158. 159. 1938 p. 85.
CR 1924 p. 137. 1926 p. 36. 1927 p. 37. 40. 1930 p. 62. 63. 1932 p. 73. 1933 p. 55. 1934 p. 44. 1935 p. 37. 42. 1936 p. 44. 1938 p. 41. 265. 266. 1947 p. 15. 16. 306.
BME 1923 p. 526. 1924 p. 612. 808. 1925 p. 44. 1927 p. 629. 1928 p. 167. 1930 p. 171. 1931 p. 417. 441. 832. 1932 p. 610. 774. 1933 p. 951. 1934 p. 121. 563. photo p. 400. 1935 p. 215. 337. 418. 577. 1936 p. 186. 274. photo p. 586. 1938 p. 177. 461. 681. 834. 835. 1939 p. 117. 265. 639. 1940 p. 79. 111. 242. 411. photo p. 118.
MC 1946 p. 87.
EC1 N° 39. 65. 291. 444.