Jean-Baptiste DESONGNIS1906 - 1944
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3433
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1931 - 1944 (Hung Hoa)
Biographie
[3433] Jean-Baptiste, Marie, Thaddée, Joseph DESONGNIS naquit le 10 février 1906, à Remaisnil, alors diocèse d'Amiens, rattaché aujourd'hui au diocèse d'Arras, département de la Somme.
Après ses études secondaires à Arras, il entra, laïque, au séminaire des Missions Etrangères, le 18 septembre 1925. Tonsuré le 29 juin 1928, il reçut les premiers ordres mineurs le 22 décembre 1928, et les seconds ordres mineurs, le 29 juin 1929. Sous-diacre le 29 juin 1930, diacre le 20 décembre 1930, il fut ordonné prêtre le 28 février 1931, et le 29 juin 1931, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique de Hung-Hoa qu'il partit rejoindre le 7 septembre 1931.
Après 37 jours de traversée, M.Desongnis débarqua à Hai-Phong, et le 26 octobre 1931, arriva à Hung-Hoa, auprès de Mgr. Ramond qui lui donna le nom viêtnamien de Dê, le garda à l'évêché pour qu'il devienne un on Tonkinois", en fit parfois son compagnon lors de ses tournées apostoliques, et lors de son séjour à Chapa, confiant au benjamin de la mission la charge de prêcher en viêtnamien.
Au retour d'une période militaire de quinze jours au camp de Tông, M. Desongnis devint, vers octobre 1932, l'auxiliaire de M. Vandaele, à la Procure, en remplacement de M. MIllot. En octobre 1933, il fut envoyé comme vicaire de M. Chabert à Tinh-Lam, succursale de la paroisse de Vinh-Lôc, voisine de la mission de Hanoï, au sud du vicariat. Au début de février 1935, il fit une tournée d'environ deux mois, dans la Haute Région, visitant les postes militaires de la province de Lao-Kay, du territoire militarie de Lai-Châu, des provinces de Son-La et Hoà-Binh. Peu après, traversant Tuyên-Quang, Ha-Giang où il passa le samedi saint de 1935, il visita, le plus souvent à cheval, les postes militaires établis à la frontière chinoise, et dans la province de Lao-Kay. Il fut de retour au début de juin 1935. En mai 1936, il refit ces mêmes visites, un voyage de plus de deux mois, dans des conditions difficiles..
En 1938, au lendemain des fêtes du têt, MM.Desongnis et Millot s'installèrent à Son-La, où vivait une petite communauté composée de 400 chrétiens venus d'un peu partout, et d'une centaine de Muongs, mais chef-lieu de la province de ce nom, région habitée principalement par des populations montagnardes qu'ils commencèrent à contacter, en s'initiant leurs habitudes et en étudiant la langue "thô". Ils continuèrent aussi à visiter les postes militaires de la frontière de Chine, et de la région de Lai-Châu. En septembre 1939, tous deux furent mobilisés, et la guerre de 1939 ruina cette première fondation..
Lors de la semaine sainte de 1940, M.Desongnis rapidement démobilisé, venait de succéder à M; Cornille à Vinh-Quang (Ban-Heo); il passa à travers le plancher de sa maison sur pilotis; quelques jours après, M.Doussoux qui était là, dût le faire évacuer sur Yên-Bai. Le docteur dirigea l'accidenté vers la clinique St. Paul à Hanoï, où il séjourna jusqu'en juillet 1940 puis il rentra à Vinh-Quang, chrétienté viêtnamienne en pays thai. En 1941, il reprit ses visites dans la région de Nghia-Lô, Son-La, et chez les "orpailleurs" dans la région de Van-Yên
Le 25 avril 1944, M.Desongnis alla administrer les derniers sacrements à un malade à deux kilomètres; pour arriver à la maison de ce chrétien, il fallait traverser, en radeau, une rivière large de quatre vingts mètres.. Au retour, M.Desongnis trouvant son embarcation sur l'autre rive, et ne voulant pas attendre, chercha un passage à gué.dans lequel il s'engagea. En raison de la rapidité du courant et de l'instabilité des gros galets, sur lesquels il glissa, après trois chutes, il fut happé par les tourbillons violents des eaux d'un gouffre et disparut dans les flots.
Un paysan témoin du drame donna l'alerte; les villages thaïs offrirent leurs plongeurs les plus expérimentés. Le mandarin .vint sur les lieux du drame, dirigeant les recherches.Vers les trois heures du matin, dans un filet de pêche, le corps de M.Desongnis fut ramené sur la rive, et transporté à Vinh-Quang. (Ban-Heo)..
L'inhumation eût lieu le 27 avril 1944, à Ban-Heo (Vinh-Quang); la cérémonie rassembla, pour un dernier hommage, témoignage de leur estime, toute la population et toutes les autorités de la région.
Février 1996
Nécrologie
M. DESONGNIS
MISSIONNAIRE DE HUNGHOA
M. DESONGNIS (Jean-Baptiste-Marie-Thaddée-Joseph) né le 10 février 1906 à Remaisnil, diocèse d’Amiens (Somme). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 18 septembre 1925. Prêtre le 28 février 1931. Parti pour Hunghoa le 7 septembre 1931. Mort à Yenbay le 25 avril 1944.
M. Desongnis arriva à l’évêché de Hunghoa vers le 20 octobre 1931 ; S. Exc. Mgr Ramond l’accueillit avec joie et lui donna le nom annamite de Dê. Après un séjour de plus d’un an à l’évêché, il fut envoyé auprès de M. Chabert à Vinhloc. Ce dernier lui confia bientôt la paroisse de Tinhlam, où seul il eut à s’occuper de 1.500 nouveaux chrétiens, groupés en dix chrétientés. Il s’y donne de grand cœur. Le chef de district ne l’abandonna pas à sa seule initiative ; quand il le pouvait, il venait passer quelques semaines avec son vicaire pour l’habituer aux mille détails de l’administration d’une paroisse. Très zélé, M. Desongnis visita plusieurs fois par an ses chrétiens pour leur permettre de remplir leurs devoirs religieux et enseigner le catéchisme aux enfants et aux adultes. Ni la distance, ni les mauvais chemins ne l’arrêtaient quand il s’agissait d’aller au secours d’un malade. Quoique d’un caractère vif et un peu autoritaire, sa charité lui attira vite la sympathie de ses ouailles.
Après deux ans de formation pratique, M. Chabert lui confia la fondation d’une nouvelle paroisse composée uniquement de néophytes. Là, il fallait faire du neuf : bâtir l’église et la cure au centre paroissial, construire une chapelle dans les chrétientés récentes. Il s’acquitta si bien de cette tâche, qu’après peu de temps, Mgr Ramond crut pouvoir l’envoyer dans un pays encore fermé à l’Evangile. Pour préparer le jeune missionnaire à cette lourde tâche, il le pria de visiter les postes militaires échelonnés le long de la frontière de Chine. Au cours de ses longues pérégrinations, M. Desongnis fit la connaissance avec les différentes races de la Haute-Région tonkinoise : thai, nung, mèo, man, xa, etc., et sentit naître en lui un ardent désir de les évangéliser. Au retour de l’une de ces randonnées, il fut envoyé dans un vaste district qui s’étend de Tuyen-Quang à Hagiang. Il se trouvait on ne peut mieux placé pour explorer cette région et rechercher les endroits les plus favorables à l’évangélisation. La mort de M. Gauja survenue peu après, en juillet 1937, obligea M. Desongnis à résider à Tuyen-Quang jusqu’à la nomination du successeur.
M. Desongnis fut alors désigné avec M. Millot, son ancien d’un an, pour la province éloignée de Sonla, le pays des Thais noirs. Les débuts furent pénibles ; pas de logement, pas la moindre installation. Il dut se contenter d’une simple case dans le quartier chinois du marché, à Chiengle, en attendant de pouvoir construire la chapelle rêvée. Les travaux d’aménagement furent vite entrepris, si bien qu’en moins d’un an, la petite église et sa résidence étaient terminées, au grand étonnement des sympathisants.
Si à certains jours il était plus libre de son temps, il en profitait pour visiter les villages des environs, en quête de la brebis égarée. Tous les soirs pendant l’hiver 1938-1939, une quinzaine de Thais prenaient part à la récitation des prières dites à haute voix par les missionnaires et les domestiques, seuls chrétiens de l’endroit. Peu à peu, les autochtones se sentaient attirés vers la vraie religion par la grande bonté du missionnaire. Malgré les difficultés d’une nouvelle langue à apprendre, des superstitions à vaincre, il y avait donc là de belles espérances. C’est alors qu’éclata la guerre, ruinant tout espoir de continuer le travail à peine ébauché. Les deux missionnaires mobilisés durent rejoindre Hanoi. M. Desongnis ne fut maintenu sous les drapeaux que peu de temps. Il aurait été heureux en quittant l’uniforme de reprendre le chemin de Sonla, mais c’est à Banhéo dans la région de Nghialo qu’il fut nommé en remplacement de M. Cornille, qui devait, pour raison de santé quitter définitivement ce pays malsain, après un séjour record de plus de vingt-cinq ans.
Il quitta les Thais de Sonla pour retrouver ceux de Nghialo qui parlent la même langue et ont les mêmes coutumes. Il pouvait donc continuer son apostolat si bien commencé ; d’ailleurs les Thais de Sonla ne devaient pas être totalement abandonnés, puisque chaque année il allait les voir. Dix jours de voyage à cheval, à travers les montagnes, ne l’effrayaient nullement.
Banheo était une chrétienté annamite dirigée par M. Cornille en plein pays thai. Ce zélé et saint missionnaire n’avait pas réussi à convertir les Thais, mais il avait établi des chrétiens du Delta sur des terres demandées en concession à l’Administration. M. Desongnis comptait bien, tout en se dévouant aux annamites, reprendre l’évangélisation de cette région. C’est pourquoi il désirait vivement que ces catholiques émigrés des provinces surpeuplées du Tonkin devinssent meilleurs et soient un exemple vivant pour les races autochtones. Toutefois, la conduite d’un certain nombre d’entre eux était loin de le satisfaire ; aussi il ne les ménagea pas, mais appréciant la bonté et le dévouement du Père pour tous, ils finirent par accepter toutes ses remontrances et s’améliorèrent.
Quant aux Thais, si M. Desongnis souffrait de les voir réfractaires à toute idée sérieuse de conversion, il constatait cependant que leurs dispositions à son égard devenaient meilleures. On peut s’imaginer ce qu’il en coûte au missionnaire d’abnégation continuelle, de bonté, de dévouement pour gagner les âmes à Dieu. Il jetait en terre la bonne semence avec l’espoir de récolter plus tard, ou d’autres après lui, Mais Dieu en avait décidé autrement. Il rappela à Lui M. Desongnis soudainement le 25 avril 1944.
La veille de sa mort, il avait rencontré son confrère M. Doussoux et s’était confessé. Le lendemain, il alla administrer les derniers sacrements à un malade à deux kilomètres, mais avant d’arriver à la maison de ce chrétien, il dut traverser en radeau une rivière large de quatre-vingts mètres. Au retour, M. Desongnis trouva son embarcation à l’autre rive. Notre confrère ne voulant pas attendre, se mit en quête d’un endroit où il pourrait passer à gué. Pensant l’avoir trouvé, il s’y engagea résolument, mais le courant était un peu rapide et de gros galets rendaient le passage difficile. Il fit d’abord une première chute, puis une deuxième qui le rapprochèrent d’un gouffre qu’il ne soupçonnait pas et enfin une troisième qui lui fit perdre pied et il disparut. Seul un paysan fut témoin du drame. Des gens accoururent à son appel et tentèrent vainement le périlleux sauvetage. Les villages thais païens offrirent leurs plongeurs les plus réputés. Le Mandarin arrivé sur les lieux deux heures après l’accident, dirigea les recherches jusqu’à la nuit. Pendant sept heures le gouffre profond de douze mètres fut exploré. De nombreuses anfractuosités et de grandes herbes rendaient l’opération très difficile et dangereuse. Des jeunes gens païens y sont allés au péril de leur vie, affirmait le Mandarin.
M. Doussoux ne put arriver qu’à la nuit. Des païens connaissent parfaitement les torrents de ce pays continuèrent les fouilles à l’aide d’éperviers de pêche. C’est dans l’un de ces filets, qu’à trois heures du matin le corps de notre confrère fut enfin retrouvé et ramené à la rive, à la lueur des torches, devant une centaine de spectateurs émus et respectueux.
L’enterrement eut lieu le lendemain matin. Cinq à six cents chrétiens et environ quinze cents païens thai, muong, man, mèo avec les notables de leurs villages firent à M. Desongnis un cortège comme on n’en avait jamais vu. Le Mandarin bouddhiste de Nghialo était venu en personne avec un groupe de miliciens chargés de fleurs. Par une coïncidence imprévue, deux fonctionnaires français, M. Guinec, Inspecteur des affaires politiques au Tonkin et M. le Résident de France à Yenbai, le Mandarin chef de la province de Yenbai de passage dans la région, se joignirent à la foule recueillie pour rendre un dernier hommage à notre cher disparu.
Les chrétiens entretiennent pieusement sa tombe. Du haut du ciel, il leur obtiendra la fidélité à Dieu, et son intercession contribuera à amener les païens thais à la lumière de l’Evangile.
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Références
[3433] DESONGNIS Jean-Baptiste (1906-1944)
Références bibliographiques
AME 1931 p. 178. 229. 1939 p. 37. CR 1931 p. 275. 1933 p. 136. 1936 p. 125. 1937 p. 130. 277. 1939 p. 121. 1940 p. 81. 1947 p. 69. 357. 1949 p. 185. BME 1925 p. 511. 1931 p. 692. 851. 910. photo p. 828. 1932 p. 280. 463. 548. 624. 783. 784. 1933 p. 62. 63. 451. 865. photo p. 452. 1934 p. 874. 875. 1935 p. 277. 362. 439. 518. 1936 p. 453. 750. 1937 p. 521. 1938 p. 263. 479. 480. 695. 1939 p. 279. 428. 500. 660. 733. 1940 p. 417. 421. 498. 501. 561. 623. 1941 p. 421. 422. 725. 1949 p. 310. 708. 1950 p. 64. 507. 1952 p. 539. 541. MDA avril 1948 p. 75. mai 1949 p. 90. 91. EC1 N° 86. 224. 229. 437.